Tchad: la société civile en pleine crise de leadership

Au Tchad, les organisations de la société civile semblent plus divisées que jamais. Cela se ressent au quotidien dans l’action…

Au Tchad, les organisations de la société civile semblent plus divisées que jamais. Cela se ressent au quotidien dans l’action politique de ces organisations.

Après la montée en puissance de certaines organisations de la société civile opposées à la candidature du président  Deby  en 2016, l’on assiste depuis deux  ans à un relâchement, à moins d’action, et à des divisions. Des batailles de positionnement et de leadership s’opèrent.

Difficultés à harmoniser les points de vue

Une situation due notamment à l’échec  de plusieurs manifestations et autres initiatives des organisations de la société civile.  C’est ce qu’explique Grace Helta, Responsable du Projet pour une alternance crédible au Tchad, le PACT. « Les querelles intestines et les divisions sont souvent alimentés par certains individus qui veulent juste conserver leurs intérêts égoïstes. Tout le monde veut se faire leader, tout le monde se lève et crée des actions à seul (organiser une manifestation) sans toutefois concerter les autres. On se moque de nous même. Par ce que c’est la même conviction, il faut que cette façon de faire s’arrête. Nous devrions nous mettre ensemble pour que le gouvernement et la population nous prennent au sérieux. Et comme ça, nous pourrions réussir nos actions. Mais s’il faut évoluer en rang dispersé, je regrette,» conclut Grace Helta.

Un climat favorable au pouvoir

Pour Sosthène Mbernodji, coordonnateur du Mouvement citoyen pour la préservation des libertés, le MCPL, cela crée un climat malsain que les pouvoirs publics en exploitent. « C’est un climat qui ne favorise pas une bonne lutte. Et là, aussi longtemps que possible, tant qu’on n’est pas unis, tant qu’on n’accorde pas nos violons le régime va continuer à nous piétiner. Et pour preuve, le projet funeste de modification de la constitution est passé comme lettre à la poste par ce qu’on ne peut pas fédérer nos forces, unir nos énergies pour faire barrage,» s’offusque le coordinateur du MCPL. En dehors du manque d’unité d’action et de coordination au sein des organisations  de la société civile, s’ajoute aussi des manipulations politiques déplore Sitack Yombatina Béni, juriste et socio-anthropologue. « La société civile s’est laissé embrigader par les hommes politiques des fois même par le pouvoir de telle sorte qu’aujourd’hui on a une société civile de X, une société civile de Y, de Z. Vous avez déjà une population qui ne croit plus aux politiques publiques, qui ne croit plus aux hommes politiques. Et donc si demain les populations doivent se rendre compte que finalement elles n’ont personne sur qui compter, y compris qui devrait en principe être leur guide mais également leur boussole, finalement on en arrive une société ouverte à toutes sortes d’abus. »

Le dysfonctionnement et la faiblesse de la société civile tchadienne se traduisent également par le manque de culture démocratique. Certaines  de ces organisations qui continuent par réclamer le départ du président Deby depuis une dizaine d’année, n’ont jamais connu l’alternance. Ce sont les mêmes leaders qui sont à la tête de ces organisations depuis leurs créations.

 

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