Tchad : manifestation conte le pouvoir du CMT prévue le 29 juillet 2021

La coordination des actions citoyennes, Wakit Tama entend descendre dans les rues de N’Djamena le 29 juillet 2021, pour exprimer son mécontentement contre le Conseil militaire de transition

Après plus de trois mois d’exercice, le Conseil militaire de transition est toujours contesté. La plateforme de revendication Wakit Tama estime que la junte qui a pris le pouvoir après la mort de l’ancien président, Idriss Deby Itno est illégale et illégitime. « Le peuple tchadien rejette toute dévolution dynastique du pouvoir et sa confiscation par les armes en exigeant une véritable conférence nationale souveraine », écrivent les responsables du mouvement.

« Le CMT et son gouvernement ont opté pour le passage en force », s’indigne le coordinateur du mouvement, Max Loalngar. Wakit Tama accuse également le CMT de n’avoir pas trouvé une solution à : « la grogne des diplômés sans emploi, la situation des retraités et des justiciables désabusés…ils n’ont pas l’intention d’organiser une véritable réconciliation dans un esprit de justice et de vérité. Ils se révèlent incapable de juguler nos malheurs et la misère que vit le peuple. »

D’où la marche prévue le 29 juillet 2021, pour exiger une conférence nationale sincère ou le peuple désignera les personnes capables de diriger le pays pour le bien-être de tous.

Trois itinéraires ont été arrêtés, informe le coordinateur de Wakit Tama, Un groupe partira du terrain Festafrica à Moursal dans le 6ème arrondissement pour atteindre la place de la Nation dans le 2ème arrondissement. Un autre quittera le rond-point Adoum Tchéré vers la place de la Nation et la troisième équipe débutera la marche au rond-point Travaux de Farcha pour la destination commune : place de la Nation.

Tchad : une nouvelle rencontre entre le 1er ministre et le mouvement Wakit Tama

Les responsables du mouvement de revendication, Wakit Tama ont une fois de plus été reçu le 26 juillet 2021, par le premier ministre de la transition, Pahimi Padacké Albert

Les échanges ont porté sur la préparation et l’organisation du prochain dialogue national inclusif. Le coordonnateur de la plateforme de revendication de Wakit Tama, Me Max Loalngar a fait savoir au premier ministre de la transition que les responsables de son mouvement ne sont pas conviés au futur dialogue.

Pourtant, informe-t-il, un mémorandum a été transmis au Conseil militaire de transition (CMT) et également au ministre de la Réconciliation nationale et du Dialogue en début du mois de juin. Pour Me. Max Loalngar, Wakit Tama ne restera pas en marge du processus du dialogue inclusif. Cette grande messe attendu de tous les tchadiens.

Précisons que le 08 juillet dernier, le premier ministre de la transition Pahimi Padacké Albert avait déjà accordé une audience à la plateforme Wakit Tama, à l’effet. Il était question pour les deux parties de discuter des troubles dans la société, la libre circulation des biens et des personnes à la frontière Tchad-Cameroun. Surtout des tchadiens à mobilités réduites bloquées au Cameroun.

« Nous avons dit au Premier ministre que normalement la liberté d’aller et de venir ne doit pas être limitée. On peut comprendre que des mesures de sécurité imposent des contrôles mais normalement  ceux qui ont leurs tricycles, ceux qui ont leurs motos doivent se rendre librement au Cameroun et revenir. Il faut simplement faire le contrôle comme on le fait avec les propriétaires des engins à quatre roues », a laissé entendre Me Max Loalngar après l’audience

Tchad: Les annonces d’enquêtes sur la mort de manifestants doivent aboutir à des poursuites

Les annonces d’enquêtes par les autorités sur l’usage d’armes à feu par les forces de sécurité lors des manifestations organisées entre avril et mai derniers au Tchad, doivent se concrétiser par la poursuite des personnes suspectées d’homicides illégaux, au travers de procès équitables, a déclaré Amnesty International mardi 1er juin 2021

 

Sur la base de témoignages recueillis auprès de victimes, de leurs proches et d’associations de défense des droits humains, l’organisation confirme qu’au moins 16 personnes ont été tuées à N’Djamena la capitale et Moundou au sud, des dizaines d’autres blessées et au moins 700 autres arrêtées, certaines libérées peu après les manifestations organisées par la coalition Wakit Tama entre le 27 avril et le 19 mai. Elles avaient été interdites par les autorités et réprimées par les forces de sécurité.

Amnesty International considère que si la liberté de réunion pacifique peut connaitre des limitations dans des conditions précises, il ressort que les raisons évoquées pour l’interdiction de ces manifestations, à savoir les possibles troubles à l’ordre public, sont disproportionnées.

« Nous avons interrogé des manifestants dont certains avaient été encerclés par trois groupes de forces de défense et de sécurité constitués de gendarmes et de policiers. L’un d’eux nous a rapporté qu’un policier avait tiré sur lui, lui occasionnant des blessures au genou gauche, » a déclaré Abdoulaye Diarra, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International.

« Les armes à feu ne sont pas un outil de maintien de l’ordre. Elles ne doivent être utilisées qu’en dernier recours, face à un risque imminent de mort ou de blessure grave. Les autorités tchadiennes doivent pleinement respecter les lignes directrices de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples pour le maintien de l’ordre par les agents chargés de l’application des lois. Elles ont annoncé l’ouverture d’une enquête. Celle-ci doit être indépendante et impartiale et aboutir à l’identification et la poursuite des auteurs des homicides et des blessures sur des manifestants. »

Amnesty International s’est entretenue avec des victimes et des témoins qui ont décrit le recours à la force léthale par les forces de défense et de sécurité. Par exemple, lors de la marche du 8 mai, où un policier a tiré sur les manifestants et tué l’un deux, selon un témoin oculaire.

« Il y avait un groupe de manifestants qui s’étaient donnés rendez-vous au 6ième Arrondissement (Unité administrative). Mais la police avait déjà occupé les lieux. Les policiers ont commencé à lancer des grenades lacrymogènes et la scène a duré plusieurs minutes. C’est alors qu’un jeune sur sa moto a été touché par une balle », a-t-il déclaré.

Les autorités de la transition ont annoncé le 19 mai que le policier qui avait tué le jeune manifestant sur sa moto avait été radié. Elles n’ont pas précisé s’il faisait l’objet d’une procédure judiciaire.

La manifestation du 27 avril a également été le théâtre d’une intervention de policiers armés à bord de véhicule pick-up qui patrouillaient dans les rues de N’Djamena. Amnesty International a recueilli plusieurs témoignages de proches de victimes tuées lors de cette manifestation.

Elles ont été touchées par balles et sont décédées dans différentes structures de santé. L’une des victimes a reçu trois balles dont deux dans le torse. Les témoins ont indiqué que les tirs provenaient de membres des forces de sécurité et d’agents en civil depuis une voiture non immatriculée aux vitres teintées.

Une victime a déclaré à Amnesty International :

« … Le 27 avril, un policier a tiré deux coups de sommation en l’air, puis un autre a pris son arme, s’est mis à genoux et a dirigé l’arme vers moi. Je pensais qu’il s’agissait de grenades lacrymogènes…Je me suis rendu compte que mon genou gauche saignait. … J’ai compris que j’étais touché par balle. J’ai été amené à l’hôpital. Même là-bas, j’ai été recherché par les policiers. En fin de soirée, ils sont venus brutaliser ma famille et sont entrés jusqu’au salon de notre maison. Le lendemain, ils sont revenus vers 2h du matin pour m’intimider. »

Dans le 9ième Arrondissement de N’Djamena, d’autres témoins ont déclaré avoir vu le 27 avril des hommes armés à bord de véhicules aux vitres teintées tirer sur la foule sans réaction des militaires et policiers présents. Trois personnes ont été blessées et l’une d’elles, un garçon de 19 ans, a succombé à ses blessures au Centre hospitalier universitaire de Walia.

« Il était âgé de 19 ans. Ils ont été évacués au CHU. Il a reçu trois balles, dont deux sur son flanc gauche et une à la cuisse. Il est décédé juste quand nous arrivions au bloc opératoire, » a déclaré le témoin.

Les manifestations organisées par la société civile ou l’opposition étaient systématiquement interdites depuis avril. Ce qui n’est pas le cas pour les marches de soutien au Comité militaire de transition (CMT).

Un membre de la société civile l’a confirmé à Amnesty International :

« Les marches de contestation qui sont organisées depuis le mois d’avril ont été interdites et réprimées par les forces de sécurité quand celle organisée en soutien au CMT a été autorisée le 12 mai 2021. »

Cette différence de traitement confirme que les interdictions de manifestations dans la même période étaient des mesures disproportionnées et non conformes au droit international.

Dans un communiqué publié le 7 mai 2021, le ministère de la Sécurité publique et de l’immigration avait indiqué que les manifestations pacifiques étaient autorisées si elles répondaient aux critères édictés par la loi.

Le ministre de la Communication avait, quant à lui, justifié l’interdiction de la marche du 8 mai par le refus des organisateurs d’indiquer leur itinéraire et de mettre en place un service d’ordre interne.

« Depuis plusieurs mois, on constate des atteintes régulières au droit à la liberté de réunion pacifique au Tchad. Chacun doit pouvoir exercer en toute sécurité son droit à la liberté de réunion pacifique. Ce droit est garanti par les lois tchadiennes et les textes internationaux, » a déclaré Abdoulaye Diarra

Tchad : échange entre l’ambassadeur des Etats-Unis et les leaders du mouvement de revendication

Le chargé d’affaires par intérim de l’ambassade des États-Unis, David Gilmour s’est entretenu avec les responsables du mouvement de revendication Wakit Tama le mercredi 26 avril 2021

Les discussions ont été axées sur le processus de transition politique au Tchad et l’organisation du dialogue national inclusif qui sera organisé. Le secrétaire général de la Convention tchadienne de défense des droits de l’Homme, Mahamat Nour Ibédou a participé aux discussions.

 

Le diplomate américain et le mouvement de revendication Wakit Tama ont : « souligné l’importance d’organiser un dialogue national inclusif ouvert à toutes les parties prenantes et de construire des institutions fortes et indépendantes », confie l’ambassadeur des Etats-unis

Le chargé d’affaires de l’ambassade des Etas-Unis également a exprimé son soutien au droit fondamental de rassemblement pacifique et a affirmé qu’il continue d’encourager tous les tchadiens à s’unir pour bâtir un gouvernement représentatif et démocratique.

La plateforme Wakit Tama s’oppose farouchement à la gestion de la transition par la junte. Elle entend organiser des manifestations jusqu’à obtenir gain de cause. Plus de 10 personnes ont perdu des vies au cours des marches précédentes ; de nombreux blessés ont également été enregistrés.

 

Tchad : à Moundou plusieurs personnes manifestent pour la dissolution du CMT

Les populations de Moundou, chef-lieu de la province du Logone occidental,  sont massivement sorties le mercredi 19 mai 2021 pour demander la dissolution du Conseil militaire de transition (CMT)

Les habitants de la capitale économique du Tchad manifestent depuis l’aube, suite à l’appel du mouvement de revendication Wakit Tama. Ils revendiquent la dissolution du CMT et la lutte contre l’ingérence de la France dans les affaires internes du pays. Des drapeaux de la république de France ont été brulés au cours des manifestations.

Les manifestants ont pris d’assaut, les grandes artères de la ville. Scandant : « le peuple tchadien exige le départ de l’armée française de son sol », écrit en français et en arabe, les deux langues officielles du pays. La plateforme Wakit Tama, mouvement de la société civile, à l’origine des manifestations demande la dissolution de la junte au pouvoir : « non !non !non au Conseil militaire de transition » et le départ la non-ingérence de la France dans les affaires internes : non !non !non ! à la France colonialiste ».

La police a fait usage des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Des arrestations ont également été signalées.

Il est a rappelé que cette marche a été interdite par le le ministre de la Sécurité publique Souleyman Abakar Adam. Il a mis en garde en ces termes : « En cas de violation de l’arrêté, les initiateurs de cette manifestation sont tenus pour responsables de tout ce qui adviendra devant les juridictions de la République ».

Tchad : une plateforme d’artistes soutient le mouvement de revendication ‘’Wakit Tama’’

Dans un communiqué de presse, la plateforme  des artistes tchadiens, Au Nom Du Respect (ANDUR),  a fait savoir qu’elle se joindra à la marche de samedi 8 mai 2021 pour soutenir le mouvement Wakit Tama

La plateforme Au Nom Du Respect (ANDUR) apporte son « total soutien à la grande marche du peuple lancé ce mardi 04 avril par le mouvement citoyen Wakit Tama ». Elle demande aux Tchadiens de descendre dans les rues de N’Djamena et dans tout le Tchad le samedi 08 mai 2021, pour manifester une fois de plus, leur désaveu du Conseil militaire de transition (CMT) et son gouvernement de transition présenté dimanche dernier.

La plateforme condamne la « répression sanglante  des manifestants par les hommes de mains du CMT », lors des marches du 27 avril 2021. ANDUR regrette que : « 15 morts de nombreux blessés et plus de 700 arrestations enregistrées », avaient été enregistrés.

Pour la plateforme, le droit de manifester est un acquis de la Constitution en République du Tchad. Le peuple tchadien est dans son droit le plus patriotique et civique pour revendiquer le retour à l’ordre constitutionnel, afin de : « panser le coup d’Etat savamment orchestré par la France et une partie des tchadiens assoiffés du pouvoir le 20 avril 2021, causant la mort du tyran  Idriss Deby Itno ».

Dans le communiqué, la plateforme Au Nom du Respect a condamné la « méthode répressive dont fait montre le CMT vis-à-vis des paisibles citoyens, et rappelle audit Conseil militaire de transition, d’encadrer les manifestations de façon pacifique pour éviter au peuple tchadien qui n’a que trop souffert, une dérive sociale”.

Elle appelle la population à la vigilance face à l’infiltration  par la police dans les rangs des manifestants.

Le Tchad s’est réveillé ce 27 avril sous un vent de manifestations

Des partis politiques, organisations de la société civiles manifestent ce 27 avril 2021 pour s’opposer à une transition militaire et l’ingérence de la France dans les affaires internes du pays.

Les manifestations annoncées par le mouvement Wakit Tama et rejoint par certains partis politiques et organisations de la société civile sont effectives depuis ce matin. A N’Djamena dans plusieurs provinces les populations sont sorties avec les sifflets, couvercles de marmites pour manifester contre une transition militaire au Tchad. C’est à travers des bruits de couvercles de marmites et d sifflets, que les premiers manifestants ont réveillé ceux qui étaient encore dans leurs chambres.

Certains leaders de l’opposition, à l’instar de Succès Masra et François Djékombé sont également sur le terrain. Ceux derniers dénoncent l’usage des balles réelles pour disperser les manifestants. Dans une vidéo, Succès Masra, le leader des transformateurs présente un échantillon de balles et des douilles de gaz lacrymogènes. « Les gars, je voudrais vous dire que ça c’est les balles réelles qui ont été tirées », laisse entendre Succès Masra en encourageant les jeunes manifestants sortis depuis 4 heures du matin au lieu de 7heures, comme initialement prévu.

Les manifestations chantent l’hymne nationale en suivant l’itinéraire initialement annoncée.