Tchad : des slameurs tchadiens écrivent du slam en langue maternelle

C’est le résultat d’un apprentissage au cours d’un atelier qui s’est achevé vendredi 19 juillet par un mini concert de restitution à la maison de la culture Baba Moustapha.

L’atelier des vers et des proses a tenu ses promesses après trois mois d’échanges et d’apprentissage. En effet, lors du concert de restitution qui s’est déroulé le 19 juillet à la maison de culture Baba Moustapha de N’Djamena, le public a vécu cette expérience unique.

Témoignages des slameurs

L’atelier a été une expérience tout aussi unique pour ses participants qui ont découvert un autre atout. «Je n’avais jamais pensé écrire dans ma langue. J’avais des amis quand qui me demandaient d’écrire en langue. Quand j’écrivais, c’était difficile de savoir à quelle ethnie j’appartenais. Je trouvais ça tellement bizarre mais grâce à cet atelier j’ai pu écrire couramment en ma langue et je me suis dévoilée et ça m’a vraiment fait du bien. C’était vraiment une belle expérience », souligne Akegodet Kadadet Grace, slameuse.

« C’était un plaisir pour moi de participer à l’atelier des vers et de proses. Moi je suis un autodidacte, je n’ai pas eu une formation au départ. C’est d’abord une passion, j’ai commencé sans connaître les B.A-Ba. Il me fallait un cadre pour approfondir ce que je savais déjà faire. Cet atelier nous a permis de rehausser notre niveau en écriture, ça nous a aidé aussi surtout à écrire des textes en nos langues. », a affirmé le slameur NLK

Pour NLK, de telles initiatives devraient se perpétrer, pour que le slam tchadien rayonne. Un souhait que Say Baa l’un des initiateurs des Vers et des proses a sûrement déjà exaucé car en ce moment un autre atelier similaire se tient à la maison de quartier de Chagoua. Mais cet atelier est animé par tous les slameurs du collectif Tchad slam.

« Je suis partagé entre plusieurs émotions. Au début Il y avait beaucoup d’interrogations et de doutes mais les participants nous ont fait confiance. Globalement on a fait un petit pas parce que cet atelier porte une marque assez particulière : les slam en langue. C’est dans l’optique de vulgariser nos langues nationales parce que personne ne viendra le faire à notre place. C’est le plus valu de cet atelier là. Maintenant c’est un soulagement », explique le slameur Say Baa.

La série d’atelier des Vers et des proses est l’initiative de deux jeunes slameurs, Say Baa et Fanny d’Or. Elle a débuté le 3 mai et se tient tous les 1er et 3e vendredi du mois. Lors de ce concert de restitution au cours duquel dix participants ont mis en pratique ce qu’ils ont appris pendant trois mois, un “open mic” ou micro libre a permis aussi au public de s’essayer au slam.

Les initiateurs Des vers et des proses ont par ailleurs lancé un appel au don de livre. « On s’est rendu compte que de nombreux lycées de N’Djamena n’ont pas de bibliothèque. Il faudrait que nous en tant que slameur osons faire quelque chose. Faut pas tout attendre du gouvernement. Ce projet est simple, si une personne à un vieux livre, un vieux journal, que ce soit des romans, des livres pédagogiques, qu’il soit généreux, qu’il nous le remette pour pouvoir faire un don, au lycée », explique Say Baa.

Tchad : Say Baa et Fanny d’Or, les slameurs de la rue

Slamer dans la rue, une première au Tchad. Initié par deux slameurs tchadiens, Say Baa et Fanny d’Or, le slam dans la rue est en phase test devant les établissements de la capitale tchadienne. L’acte 1 de cette scène a été produit devant le lycée technique commercial fraco-anglais dans le 7ème arrondissement.

Vulgariser le slam, tel est l’objectif du slam dans la rue. Art peu connu du grand public et qui manque de spectacle, le slam fait du chemin pour sa valorisation et sa vulgarisation.  Le projet du slam dans la rue vient apporter sa pierre à l’épanouissement de ce genre musical au Tchad. «  On considère le slam comme une récitation mais en réalité, on fait aussi du show », a déclaré Say Baa, le slameur.

L’éducation, la paix, la solidarité, l’amour, la violence faite aux femmes à la place de la jeune fille dans la société sont entre autres les thématiques que traitent les initiateurs du projet slam dans la rue à travers leurs textes. « Faire connaître le slam à toutes les femmes mais les faire aimer la chose est l’une de nos ambitions », déclare Fanny D’or, l’une des initiateurs du projet.

Encore à ces débuts, l’initiative est déjà fortement louée. Pour Sylvia, élève au Lycée technique commercial Franco, en voyant les deux slameurs en « plein soleil d’avril » déclamer leurs textes prouve l’importance de la chose. « J’ai aimé les textes et l’engagement des organisateurs. Si le slam n’est pas important, ils ne seront pas sous ce soleil. Et ça me tente d’apprendre », ajoute-t-elle.  Un avis que partage Ali, élève en classe de G2 dans le même lycée.

Il faut souligner que le festival N’djam s’enflamme en slam a été un tremplin dans la valorisation du slam au Tchad. Le prochain acte du slam dans la rue aura lieu sur une grande artère de la ville de N’Djamena afin d’atteindre plus de cible.

Culture : l’Institut Itinérant du Slam organise une résidence de slam du 1er au 21 mars à N’Djamena

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la semaine de la francophonie.

L’Institut Itinérant du Slam est un concept qui vise à insuffler un nouveau souffle au slam à travers des formations, des ateliers et des échanges d’expériences dans différents pays. Ainsi, le concert de restitution se tiendra le 22 mars à 19h30 à l’IFT. La première partie de ce concert sera assuré par le formateur Croquemort.

En effet, Xénopi, Danapih, M-Res, Docta Ibra, Gracias et Djémi, sont les slameurs et slameuses retenus pour la résidence qui commence ce 1er mars 2019. Cette résidence intitulée « De l’idée à la scène » se déroule à l’Institut français du Tchad (IFT) et au studio de Preston Concept Record (PCR). Elle est dirigée par Didier Lalaye alias Croquemort, slameur tchadien et Gabriel Kada alias Bokal, ingénieur de son et rappeur.

Faire du slam un véritable art de la scène et l’ouvrir vers des collaborations, des réseaux de diffusion, des festivals et autres concerts à travers le monde est le but de cette résidence. Elle veut rendre le slam musical, professionnel, attractif, vendable en prenant en compte le contrôle de l’écriture poétique, le rythme de déclamation, l’écriture musicale et enfin la gestion de la scène de spectacle.

 

Coupe d’Afrique du slam poésie : N’Djamena accueille la compétition

Depuis le 06 novembre 36 pays du continent s’affrontent avec comme pour seule arme les mots. Cette compétition est une initiation de l’association Coupe d’Afrique du Slam Poésie.

 

Cette première édition regroupe 36 pays africains représentés chacun par un candidat.   On cite entre autres le Cameroun, le Maroc, l’Egypte, la RDC, le Burkina Faso, l’Angola, le Tchad… La Coupe d’Afrique du Slam Poésie (CASP) a été initiée en réponse à une réelle volonté de renforcer les synergies et les collaborations panafricaines. Elle se tiendra sur une semaine, du 05 au 10 Novembre 2018 au village artistique sis à l’espace Talino Manu de N’Djamena.

Le CAPS est inspiré du festival « Ndjam S’enflamme en slam » organisé chaque année depuis 2014 par l’artiste Didier Lalaye alias Croquemort.

Le représentant du Ministre du développement touristique, de la culture et de l’artisanat Deyta Patrick, se réjouit de cette initiative qui, selon lui, est une première dans l’histoire de l’Afrique avant d’ouvrir les festivités de la coupe.

Le président du comité d’organisateur Didier Lalaye  a souligné le caractère important de l’histoire et les difficultés rencontrées par les organisateurs.

Le Slam est une branche musicale qui fait place aux mots, à la poésie et célèbre ces derniers. Il est devenu une expression culturelle très importante dans plusieurs pays d’Afrique. Il est la liaison entre l’art de la musique et la poésie.