Tchad : la CIST donne un mois au gouvernement pour régulariser la situation des travailleurs

La Confédération indépendant des syndicats du Tchad (CIST) poursuit son combat. Il donne un mois au gouvernement et au CMT pour régler les problèmes de salaires et avantages sociaux des travailleurs.

 

Dans un récent communiqué, le CIST a exigé le paiement sans délai et en intégralité des frais de transports à tous les fonctionnaires. Aussi la prise en compte, sans condition, des effets financiers des avancements et reclassement et leurs rappels à compter de janvier 2020. Conformément, à l’accord du 9 janvier 2020 et le rappel des salaires des agents suspendus et réhabilités et autres nouveaux intégrés.

La confédération précise que cette autre communication a valeur de préavis de grève, allant du 1er au 30 septembre 2021. Dans la même ligne, le SG de la CIST Mahamat Nasradine Moussa, va revendiquer le paiement régulier des pensions des retraités ainsi que les allocations des agents admis à la retraite et le traitement rapide de leurs dossiers de pension.

Les syndicalistes dénoncent la mauvaise foi du Conseil militaire de transition. Ayant fait la promesse de respecter les termes du protocole d’accord du 09 janvier 2020. Malheureusement, aucun effort pour décrisper la situation sociale, n’est perceptible et la cherté de vie devient insupportable. La CIST entend scruter la bonne volonté du CMT et son gouvernement, mais, peine perdue.

Tchad : « chaque membre du CMT touche un salaire de dix millions » Yaya Dillo

La révélation fracassante sur le salaire des membres du Conseil militaire de transition (CMT), a été faite le 03 août 2021, par l’opposant Yaya Dillo Djerou, sur sa page Facebook

 

« Chaque membre du CMT touche un salaire de dix millions (10 000 000) FCFA/mois, soit une masse salariale mensuelle de 150 millions FCFA qui équivaut à la masse salariale de 2 500 jeunes payés au SMIG (150 000 000/60 000 = 2 500) », déclare l’homme politique. Le président du parti Socialise sans frontière (PSF) regrette qu’à cela s’ajoute : « la mise en chômage forcé des employés de l’hôtel Chari au profit des conditions luxueuses de la Primature. ».

 

L’opposant tchadien, Yaya Dillo de conclure que : « le CMT est la version intensifiée de la mauvaise gouvernance et de l’insouciance sociale habituelle du Système MPS. ». *

Cette révélation a suscité l’indignation des internautes. Surtout les diplômés sans emplois qui ont repris les termes du ministre de la Fonction publique, qui déclarait que : « la Fonction publique est saturée ». La question du refus de recruter les jeunes a de nouveau été mise sur la table.

Yaya Dillo Djerou, auteur de la révélation, est l’opposant dont la maison avait fait l’objet d’un assaut le 27 février 2021 à N’Djamena. Lequel avait entrainé la mort de sa mère et de son fils.

Tchad : « il n’y aura pas les salaires pour les jours de grèves », Kalzeubé Payimi Deubet

C’est la quintessence d’une note du ministre d’Etat, secrétaire général à la présidence de la république, Kalzeubé Payimi Deubet adressée au ministre de la Fonction publique, de l’emploi et du dialogue social

Le secrétaire général à la présidence fait savoir que c’est une instruction du chef de l’Etat : « Je vous relaie par la présente, et pour le suivi, les hautes et claires instructions du Maréchal du Tchad, chef de l’Etat. Selon lesquelles il n’y aura pas les salaires pour les jours de grèves », écrit le membre du gouvernement.

« Etant donné que le Maréchal du Tchad tient à l’exécution ferme de ces instructions, il vous est demandé de prendre toutes les dispositions appropriées à cet effet. », renchérit Kalzeubé Payimi Deubet.

Rappelons que les fonctionnaires tchadiens ont décidé de lever le mot d’ordre de grève suite à la plaidoirie des leaders religieux. Ils étaient entrés en grève pour revendiquer les avantages sociaux. Les agents de l’Etat avaient accordé aux autorités religieuses, un temps limité dans la durée pour négocier avec le gouvernement afin de trouver une solution aux revendications.

Tchad : près de 2000 fonctionnaires privés de salaire à cause des faux diplômes

Au total 1991 présumés faux diplômes ont été décelés. Il y a eu 607 au ministère de l’Education nationale, 407 au ministère de la Santé et 197 au ministère des Finances et Budget. 

Au Tchad, près de deux mille fonctionnaires n’ont pas perçu leurs salaires du mois de mars pour détention de faux diplômes, selon les résultats d’un audit en cours au sein de la Fonction publique, travaillant dans différents départements ministériels.

En outre, 156 faux diplômés ont été dénombrés à la Sécurité publique, 78 au ministère de l’Environnement, de l’Eau et de la Pêche, 75 au ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Le ministère de la Communication, l’Assemblée nationale et la présidence de la République comptent respectivement 2, 3 et 7 agents détenteurs de faux diplômes.

Face à la situation, certains fonctionnaires ont pris d’assaut la Direction de la solde du ministère des Finances pour avoir des explications, mais ils ont été redirigés vers les Directions des ressources humaines (DRH) de leurs ministères respectifs où les listes des fonctionnaires incriminés peuvent être consultées.

« Si une personne est inscrite sur la liste par erreur, elle a un mois pour prouver le contraire », renseigne un cabinet d’audit.

Dans cet audit, seuls les diplômes nationaux obtenus dans les universités, écoles et instituts professionnels du Tchad ont été pris en compte.

Tchad : les agents communaux réclament le payement de leurs salaires

Justifiants de plusieurs mois d’arriérés de salaires, les employés des communes de la ville de N’Djamena avaient donné un préavis de grève afin que leur situation soit réglée.

 

La crise économique et financière que traverse le Tchad depuis bientôt quatre ans paralyse toute l’administration tchadienne y compris les différentes communes d’arrondissements du pays.

A N’Djamena, par exemple, les agents des 11 communes accusent plusieurs mois d’arriérés de salaire. Le syndicat national des agents des communes du Tchad a appelé par deux fois ses militants à aller en grève pour exiger le versement de leurs salaires, mais sans succès.

Les agents des 11 communes d’arrondissement de la ville de N’Djamena, y compris ceux de la mairie centrale, accusent aujourd’hui entre trois et quinze mois d’arriérés de salaires.

La situation a amené les responsables du Syndicat national des communes du Tchad à lancer pour la première fois une grève d’avertissement de trois jours puis une grève sèche illimitée.

Mais ces responsables ont capitulé sous les menaces et pressions des autorités communales. Quelques agents apprécient diversement ce revirement.

« Je suis contre parce que la dernière fois que l’on a suspendu la grève, ça n’a pas abouti à une solution. Au niveau du 7e arrondissement, on a 10 mois d’arriérés et donc supporter une semaine ce n’est pas grave », témoigne ce chef de service des sapeurs-pompiers.

Le président du Syndicat national des agents des communes du Tchad, Adoum Tchiéré, explique que « étant donné que le dialogue est l’arme d’un syndicaliste, nous leur accordons une semaine au moins. Il y a des menaces, mais nous ne cédons pas ».

Il poursuit : « Si les gens n’honorent pas leur engagement, nous irons jusqu’au bout. Si nous sommes arrivés à cette situation ça veut dire qu’il y a une mauvaise gestion que nous avons toujours décriée ».

Le maire de la commune du 7e arrondissement, Ahmat Mahamat Guemé, déclare que des « recouvrements » sont arrivés sur le terrain, estimant que « nous pourrons arriver à soulager nos employés, surtout de parvenir de transfert de nos subventions qui sont au niveau du Trésor« .

« Nous sommes en train d’autoriser les avances sur salaire à beaucoup de nos agents », ajoute-t-il.

La plupart des agents des 42 communes issues de la première élection locale de janvier 2012, dont le mandat a été prorogé en 2016 par le président de la République, sont dans la même situation. Ceux des communes de Bongor, Laï, et Pala au Sud du Tchad ont tenté également de répondre au mot d’ordre de grève lancé par leur syndicat.

Mais ils ont été dissuadés par les responsables exécutifs communaux de leurs localités. En revanche, la commune de Moundou capitale économique du Tchad retient son souffle.

Longtemps asphyxiée économiquement par le pouvoir, elle vient de recevoir exceptionnellement du chef de l’Etat, une somme de 500 millions de FCFA pour relancer ses activités. Un geste qui alimente les débats dans le milieu politique.

Des Tchadiens doutent du bien-fondé des mesures d’austérité prises par l’Etat

Depuis de nombreux mois déjà, le Tchad est traversé par diverse crèves. L’essentiel des grévistes réclament le payement intégral de leur salaire. En effet le gouvernement a procédé à des réductions salariales des fonctionnaires.

 

 

Installé sous un arbre, à l’abri des rayons brûlants du soleil si familiers à N’Djamena, Mahamat Issa Moussa compte une liasse de billets. « C’est mon salaire du mois », lâche ce professeur tchadien de 42 ans, l’air affligé. Aujourd’hui, il perçoit un revenu mensuel de 75 000 francs CFA (115 euros), contre 240 000 francs CFA il y a six mois.

Depuis janvier, les primes et indemnités des fonctionnaires sont divisées par deux. C’est l’une des seize mesures d’austérité imposées par le gouvernement pour lutter contre la crise économique dans laquelle le pays est englué depuis la brusque chute des prix du cours du pétrole en 2014. Objectif : économiser 300 millions d’euros par an.

« Je ne vais pas réussir à joindre les deux bouts. Entre mon loyer, mon prêt à la banque et l’alimentation, je dois me défendre », bougonne Mahamat Issa Moussa avant de fourrer son maigre pactole dans la poche de son boubou. L’espoir de retrouver son salaire intégral a effleuré l’esprit de ce père de famille, un après-midi de juin, lorsqu’un flash d’information diffusé à la radio publique lui a « gratté l’oreille », se souvient-il.

Il y apprenait que la Banque mondiale projetait, dans son rapport annuel sur les perspectives économiques mondiales, un taux de croissance de 2,6 % en 2018. Une embellie volontiers confirmée par le ministère des finances et du budget, qui prévoit pour sa part une croissance de « 5,2 % en 2018, contre – 4,6 % en 2017 ». Hélas pour Mahamat Issa Moussa, malgré ces prévisions qui étonnent plus d’un économiste à N’Djamena, le gouvernement a décidé de maintenir le cap de l’austérité.

« On a crevé le plafond »

Lundi 6 août, le président Idriss Déby Itno a douché les espérances des 92 000 fonctionnaires. « Depuis 2003, lors de la mise sur le marché de notre premier bateau pétrolier, les fonctionnaires ont forcé le gouvernement à augmenter les salaires chaque année. […] On a crevé le plafond », a déclaré le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse. La dette publique atteint 48 % du PIB. Les autorités ont donc réduit drastiquement le budget de l’Etat, passant de 2,5 milliards d’euros en 2011 à 1,4 milliard d’euros en 2017.

Le Tchad a dû renégocier sa dette colossale contractée auprès de Glencore, société anglo-suisse de négoce de matières premières. La maturité de la dette, d’un montant de 1,1 milliard d’euros, passe de dix à douze ans, tandis que le taux d’intérêt est ramené de 7,5 % à 2 %. Une bouffée d’oxygène qui a permis à N’Djamena de bénéficier, en juillet, d’un décaissement de près de 43 millions d’euros dans le cadre d’un prêt de 275 millions d’euros accordé en 2017 par le Fonds monétaire international (FMI). D’autres efforts budgétaires seraient nécessaires pour débloquer la somme restante.

« Que les partenaires sociaux comprennent : on va revenir en arrière », a prévenu Idriss Déby Itno, alors que la baisse des salaires est à l’origine d’une grogne sociale sans précédent. Une grève illimitée paralyse le secteur public depuis plus de six mois. Elle touche à la fois les écoles, l’administration et les hôpitaux.

« Le ras-le-bol est là »

« Nous ne pouvons pas accepter la coupe de nos salaires. Nous n’avons pas à payer le prix de la mauvaise gouvernance », s’insurge Michel Barka, président de l’Union des syndicats du Tchad, dans son bureau exigu à la Bourse du travail, à N’Djamena. « Le ras-le-bol est là, les travailleurs sont poussés à l’extrême. Ils veulent même stopper le service minimum dans les hôpitaux », tempête le militant, frappant du poing sur sa pile de dossiers.

Michel Barka salue tout de même « de bonnes solutions adoptées par le gouvernement », notamment l’audit des diplômes et le recensement des fonctionnaires qui ont permis, selon lui, d’écarter 9 000 travailleurs fictifs depuis 2012. Mais il dénonce le non-respect de l’accord du 14 mars signé entre les syndicats et le gouvernement. « Les salaires de juin auraient dû être versés intégralement, il n’en a rien été », déplore-t-il. Depuis, les négociations sont au point mort.

« Le cabinet qui a négocié cet accord, composé à l’époque par le secrétaire général de la présidence, Jean-Bernard Padaré, et le directeur de cabinet de la présidence, Issa Ali Taher, a sauté, regrette un ministre proche du dossier. Le deal était de verser les salaires proportionnellement aux augmentations de croissance. Mais le gouvernement a totalement changé de cap. Plus qu’un problème économique, c’est devenu un problème de dialogue. Chacun protège son poste, personne n’ose dire que la ligne adoptée est mauvaise. Résultat : personne ne sait où cette situation va mener le pays. »

« Une goutte d’eau »

Quel bilan peut-on tirer des seize mesures d’austérité ? Dans son rapport titré « Budget en chute, répression en hausse, le coût humain des mesures d’austérité », présenté à N’Djamena en juillet, Amnesty International déplore « l’instauration de mesures rétrogrades non conformes aux critères en matière de droits humains ».

« Selon le droit international, un Etat peut prendre des mesures d’austérité, mais il doit veiller à ne pas violer certaines obligations comme l’accès aux soins et à l’éducation. Or sur le terrain tchadien, ce n’est pas le cas. Les populations qui ont un faible revenu à cause de la crise économique se retrouvent à payer cher pour des soins, voire à ne plus pouvoir se soigner », explique Balkissa Ide Siddo, chercheuse pour Amnesty.

D’autres mettent en cause l’efficacité de ces coupes salariales. « C’est une goutte d’eau dans l’économie endettée du Tchad. En diminuant le pouvoir d’achat d’une partie de la population, c’est tout un pays qui tourne au ralenti, analyse un économiste tchadien, conseiller auprès de l’Union européenne. Il n’y a pas de fonds de stabilisation permettant d’asseoir des ressources fixes en cas de fluctuation des prix du brut. Croissance ou non, faute de diversification de l’économie, le gouvernement devra diminuer les salaires pour retrouver l’équilibre par rapport à la base de ses ressources réelles hors pétrole. »