Liberté de la presse 2023 : le Tchad classé 109ème sur 180

Le Tchad régresse dans le classement 2023 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), ce mercredi 03 mai 2023. Occupant la 104ème place en 2022, le pays est classé 109ème en 2023.

« La situation politique et sécuritaire du Tchad reste très instable et fait peser des risques importants sur l’exercice du journalisme. La mort, en avril 2021, du président Idriss Déby Itno a donné lieu à une période de transition, prolongée de deux ans en octobre 2022. »

A l’occasion de la célébration de la 21e édition de la Journée mondiale de la presse ce 3 mai, Reporters sans frontières (RSF), présente l’évolution des conditions d’exercice du journalisme dans 180 pays et territoires, dont le Tchad. Le classement révèle des évolutions majeures et parfois radicales, liées à une instabilité politique, sociale et technologique.

Le Tchad régresse de 5 pas dans ce classement. Occupant la 104ème place, le pays passe à 109.

D’après RSF, il apparaît que la situation est “très grave” dans 31 pays, “difficile” dans 42 et “problématique” dans 55, alors qu’elle est “bonne” ou “plutôt bonne” dans 52 pays. Autrement dit, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10 et satisfaisantes dans seulement 3 pays sur 10.

Tchad : l’aide à la presse quitte de 150 millions à 300 millions de F

L’annonce a été faite par le premier ministre, Saleh Kebzabo.

L’aide à la presse sera de 300 millions de F en 2023 selon le chef du gouvernement Saleh Kebzabo. « Jusqu’ici, l’aide à la presse était de 150 millions de Fcfa chaque année. Je ne sais même pas combien vous toucher. L’aide à la presse a doublé en 2023, personne d’entre vous n’en a parlé », a déclaré samedi le chef du gouvernement, dans un message de vœux adressé aux militants de son parti UNDR.

« On a augmenté cette année, on va augmenter l’année prochaine pour que la presse travaille dans de bonnes conditions mais en retour, on va vous demander d’être professionnels. Non pas des journalistes commerçants », a souligné Saleh Kebzabo.

Selon le membre du gouvernement, l’idée est d’avoir une presse au-dessus de tout soupçon. « Une presse qui soit engagée dans le développement du pays, sur des bases objectives de critiques ».

Pratique du journalisme risqué

 La situation politique et sécuritaire du Tchad reste très instable et fait peser des risques importants sur l’exercice du journalisme. La mort, en avril 2021, du président Idriss Déby Itno n’offre pour l’instant aucune perspective nouvelle pour la démocratisation du pays a souligné Reporter sans frontière.

Pour cette organisation, La présence de groupes armés sur le territoire comme Boko Haram et l’État islamique constitue un facteur d’insécurité pour les journalistes, comme est venu le rappeler la mort d’un caméraman de la télévision nationale ayant sauté sur une mine en 2019. En février 2022, le reporter d’une radio communautaire a été tué par balles au cours d’une attaque dans le sud du pays.

Les professionnels subissent également la violence des forces de l’ordre lors de la couverture des manifestations contre le gouvernement et sont victimes de la répression menée par les autorités en ligne. En 2018 et 2019, les réseaux sociaux ont été coupés pendant 470 jours consécutifs, faisant du Tchad l’un des pires cybercenseurs du continent africain ces dernières années.

Tchad : RSF demande la levée de la suspension d’Al Chahed

L’hebdomadaire tchadien a été suspendu le 30 aout dernier par la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel pour trois mois.

 

Dans un communiqué de presse ce mercredi 05 septembre 2018, Reporters sans frontières (Rsf) demande à la haute autorité des médias et de audiovisuel (Hama), l’organe de régulation des médias tchadiens de revenir sur sa décision de suspendre pour trois mois l’hebdomadaire Al-Chahed pour “divulgation de fausses nouvelles”.

Le jeudi 30 août dernier, la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama), après saisine du ministère des Affaires étrangères, suspend pour trois mois, le journal Al-Chahed pour “plagiat” et “divulgation de fausses nouvelles” suite à un article établissant un lien entre le Qatar, le Soudan et la rébellion au Nord du pays.

Dans une analyse intitulée : “Qui est derrière les forces rebelles tchadiennes dans le nord?”, le journal évoque les contradictions de la politique de coopération du Soudan avec le Tchad et cite aussi le Qatar, pointé régulièrement du doigt, mêmes par les autorités tchadiennes pour  “tentatives de déstabilisation” au point de rompre les relations diplomatiques il y a un an avant de reprendre en février 2018.

Pour suspendre cet hebdomadaire, la Hama a estimé que les liens établis n’étaient justifiées par “aucun fait ou élément matériel”.

Reporters Sans Frontières condamne cette sanction qu’il qualifie de disproportionnée et demande la levée de cette suspension. « La Hama a pour rôle de veiller à la déontologie et à l’éthique et non de s’ériger en tribunal des opinions. Si des personnes ou des Etats s’estiment être mis en cause, il existe des recours légaux comme la possibilité de faire publier un droit de réponse », déclare Arnaud Forger, responsable du bureau Afrique de RSF qui précise que, « l’analyse politique fait partie du champ applicable de plein droit à l’exercice du journalisme ».

Reporters sans frontières (RSF) est une organisation non gouvernementale internationale reconnue d’utilité publique en France se donnant pour objectif la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes. Fondée à Montpellier par quatre journalistes (Robert Ménard, Rémy Loury, Jacques Molénat et Émilien Jubineau) en 1985, sa devise est : « Sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu ».