Tchad : Saleh Kebzabo condamne les manœuvres du gouvernement pour interdire sa marche

Le président de l’Union pour le développement et le renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo a précisé dans un communiqué ce 24 août qu’il ne renoncera pas à sa marche pacifique pour dénoncer les enlèvements contre rançon dans la province du Mayo Kebbi Est.

« Nous irons au contact des populations comme prévu », peut-on lire sur sa page Facebook le 22 août dernier. Il est revenu dessus ce jour à travers un communiqué dans lequel il fait savoir que le gouvernement a lâchement décidé d’interdire les marches que l’UNDR comptait organiser, pourtant dans le respect des lois et mesures officielles. L’UNDR a également dénoncé les « façons arrogantes » d’interdire toute sorte d’expression populaire et met en garde le gouvernement contre une explosion sociale difficile à maitriser.

Le parti politique d’opposition souligne qu’il est contre l’enlèvement des citoyens contre rançon dans le Mayo-Kebbi Est. Laquelle situation est récurrente depuis quelques années sans qu’une solution ne soit trouvée par les autorités en charge de la sécurité. De plus, le communiqué fait état de suspicion de complicité des forces de l’ordre. Il souligne qu’environ 50 millions de FCFA ont été extorqués à la population de ladite province cette année. A cela s’ajoute, les cas de pertes en vies humaines et des traumatismes causés à la population.

La marche pour la paix et la sécurité de l’UNDR fait savoir Saleh Kebzabo doit être organisée à Fianga, Pala, Lagon et Léré. Dans le communiqué, il s’interroge sur la crainte du ministre de l’intérieur, auteur de l’interdiction « sans raison » de la « marche symbolique pour demander plus de sécurité et de paix ».

L’UNDR estime que cette marche, au lieu d’être interdite, devrait être encadrée par les forces de l’ordre.

Tchad : enlèvements contre rançons, le gouvernement interpellé

Les partis politique et les acteurs de la société civile condamnent les enlèvements contre rançons au Tchad. Ce phenomène qui prend de l’ampleur dans les provinces du Mayo-kebbi ont été dénoncé par les protecteurs des droits de l’homme, ils demandent au gouvernement de prendre ses responsabilités

Le 8 juillet dernier, le secrétaire général des Droits de l’Homme Sans Frontières (DHSF), Djonkissam Kalandi via un communiqué a demandé à l’Etat de prendre ses responsabilités et assurer son devoir régalien de protection des citoyens, du : « Tchad en général et aux deux Mayo Kebbi en particulier ». Dans le communiqué, il est demandé à l’Etat d’utiliser tous les moyens pour poursuivre les délinquants jusqu’à leur retranchement, même jusqu’à leur retranchement, même dans un territoire étranger

En effet, les enlèvements contre rançons sont devenus un phénomène récurrent dans ces deux provinces du pays. Dans la du 6 au 7 juillet dernier, les ravisseurs ont encore pris en otage trois hommes dans le département du Lac Léré. Après le forfait, ils ont traversé la frontière pour entrer au Cameroun.  Hier ils ont exigé une rançon de 28 millions, sans quoi ils exécuter les otages. L’organisation de protection des droits de l’homme indique que si  l’Etat n’assure pas la sécurité des personnes et de leurs biens, c’est une fuite de responsabilité.

Le président Union national pour le développement et le Renouveau, Saleh Kebzabo a plusieurs fois interpellé les autorités sécuritaires sur la question d’enlèvement contre rançons dans les provinces du Mayo Kebbi.

Tchad : 4 otages ont été libérés après avoir payé une rançon de 8 millions

Ces derniers ont été enlevés le 30 mai par cinq personnes armées dans la province du Mayo Kebbi Ouest. Ils ont été conduits vers le Cameroun par leurs ravisseurs

Après avoir passé 13 jours de captivités, ces derniers ont payé une rançon de 8 millions pour recouvrer la liberté. L’enlèvement avait eu lieu dans le canton Tagopo, province du Mayo Kebbi Ouest. Les otages sont une femme de ménage âgée de 45 ans du nom Salamatou Saleh et trois jeunes garçons. Ils ont respectivement  14, 18 et 20 ans.

Les anciens otages affirment avoir été torturés par les kidnappeurs. En racontant le film de leur enlèvement les otages expliquent que, les hommes armés ont déjoué la trajectoire des forces de l’ordre en faisant des navettes dans les localités du Mayo Kebbi Ouest. Les villages dans lesquels ils ont tourné sont entre autres Vouli, Zavou et Mbibafne. D’après les victimes, les oppresseurs étaient en contact régulièrement avec leurs complices présents sur le territoire tchadien.

Le président du parti l’Union National pour la Démocratie et le Renouveau (UNDR), Saleh Kebzabo a condamné les enlèvements contre rançon l0 jours dernier. Le député a demandé aux autorités sécuritaires de mettre des mécanismes sur pied pour protéger les populations.

Tchad : la population dans la psychose des enlèvements contre rançon

Les enlèvements contre rançon persistent à Koutéré, localité située dans la sous-préfecture de Laramanaye, province du Logone Oriental.

Koutéré, située à 110 km de Moundou -chef-lieu de la province du Logone Occidental-, les habitants de Koutéré, cette ville frontière avec le Cameroun vivent dans la peur quotidienne, malgré la présence des forces de l’ordre aux postes frontières.

Dès la tombée de la nuit, chacun s’enferme chez lui de peur d’être kidnappé. Tout devient calme comme dans une ville fantôme. Un habitant nous conseille de n’ouvrir à personne dans la nuit. Même pour se soulager, il faut avoir un pot dans sa chambre.

Il y a moins d’un mois, un taximan de la localité a été abattu par des inconnus chez lui, en présence de sa femme.

Jonas lui, est un ancien otage, la trentaine, visage arrondi, teint noir. Ce jeune homme a été enlevé il y a un mois dans son champ, dans un village du Cameron voisin, par des hommes armés. Il a été conduit par ses ravisseurs dans une forêt en territoire tchadien.

C’est à Bogdibo, village Camerounais faisant frontière au Tchad que nous l’avons rencontré. Discret, regard fuyant comme un fugitif, ce jeune tchadien né au Cameroun a accepté après plusieurs heures de négociations de nous raconter les circonstances de son enlèvement. Il nous conduit discrètement derrière une maison dissimulée derrière des hautes herbes loin des regards.

« Il ne faut faire confiance à personne car ils sont partout », nous confie-t-il.

Il pose ses conditions. « Pas de photos ni d’enregistrement sonore ». Alors il raconte.

« Il était midi environ. J’étais dans mon champs quand quatre hommes armés de kalachnikov m’ont invité à les suivre. Sans résister, je les ai suivi. Il y avait deux autres otages avec eux. Nos ravisseurs portaient des tenues militaires avec des bérets rouges comme celui des militaires tchadiens. Ils parlaient l’arabe tchadien », explique Jonas.

« Nous avons marché jusqu’à tard dans la nuit et sommes arrivés dans leur camp situé en plein coeur d’une forêt. Là, il y avait trois autres brigands habillés comme nos kidnappeurs, mais eux portaient des pistolets au lieu des kalachnikov », poursuit l’ex-otage.

 

« Sur un lit pico était assis leur chef. C’est un homme élancé de teint noir qui donnait des instructions en arabe. On nous a enchaîné côte à côte tous les trois. Nous sommes restés au centre du camp jusqu’au lever du jour. Le matin, nos ravisseurs nous ont demandé les contacts de nos familles respectives. Ils ont appelé nos familles pour leur annoncer que nous étions leurs otages et qu’il fallait payer pour notre libération », explique Jonas.

À chaque famille, les ravisseurs ont exigé la somme de 3 millions de francs CFA. C’est ainsi qu’a débuté une négociation qui a duré près d’un mois.

« Seul l’un de nous parmi les otages était désigné pour échanger avec nos familles pour leur donner de nos nouvelles. J’ignore combien nos familles ont payé ni dans quelle condition. Un matin, les éléments ont demandé à leur chef s’ils pouvaient nous libérer. Le chef s’y opposa et leur demanda d’attendre. Ces derniers ne trouvaient aucune raison de nous garder puisque les rançons étaient versées », selon Jonas.

Les ravisseurs insistèrent auprès de leur chef. Finalement, c’est vers 14h que trois des ravisseurs ont conduit les otages à 2 heures de marche puis ont montré le chemin.

« Nous avons marché quatre heures encore. Épuisés, nous avons passé la nuit sous un arbre en pleine brousse. Nous avons repris la marche au lever du jour. Nous avons marché toute la journée et c’est à la tombée de la nuit que nous avons rejoint un petit village. Nous y avons passé la nuit. Épuisés par la marche, nous avons dormi jusqu’à 10 heures du matin avant de reprendre la route pour arriver plusieurs heures après à Koutéré, avant de regagner nos familles », révèle le jeune homme.

Aujourd’hui, le jeune Jonas dit ne pas avoir envie de traverser la frontière jusqu’au Tchad de peur d’être kidnappé à nouveau.