Tchad : Amnesty international recommande une enquête urgente sur l’homicide de proches Yaya Dillo

Après avoir écouté les explications des officiels tchadiens sur le raid meurtrier chez l’opposant Yaya Dilllo, Abdoulaye Diarra, chercheur d’Amnesty international sur l’Afrique central, invite les autorités à ouvrir de toute urgence une enquête.

Le chercheur d’Amnesty international note que : « Les autorités tchadiennes doivent ouvrir de toute urgence une enquête indépendante, impartiale et efficace sur le recours à la force meurtrière lors d’une descente au domicile de Yaya Dillo, candidat de l’opposition à l’élection présidentielle, et sur l’homicide de proches de cet homme.

« Yaya Dillo a affirmé que sa mère, son fils et trois de ses sympathisantes ont été tués lors d’un raid effectué par les forces de sécurité à son domicile. Selon le gouvernement, la police a essayé d’exécuter deux mandats judiciaires, a riposté à des tirs provenant de la résidence de Yaya Dillo, et deux personnes ont été tuées et cinq blessées, parmi lesquelles trois membres des forces de sécurité.

« Ces homicides illustrent les fortes tensions auxquelles le Tchad est en proie à l’approche de l’élection du mois prochain. On déplore d’ores et déjà des violations des droits humains, qui prennent la forme d’une interdiction de manifester et d’arrestations arbitraires. Certaines informations font par ailleurs état de coupures d’Internet relevant d’une attaque injustifiée contre la liberté des médias et la liberté d’expression.

« Face à cette instabilité et craignant une escalade de la violence, nous demandons aux autorités tchadiennes de diligenter une enquête indépendante et efficace sur le recours par la police à une force meurtrière, afin d’établir les faits et de veiller à ce que toute personne soupçonnée d’être pénalement responsable soit amenée à rendre des comptes dans le cadre d’un procès équitable. Les autorités doivent aussi rétablir l’espace politique et civique au Tchad, qui se réduit à grande vitesse actuellement, en garantissant le droit à la liberté d’expression et de réunion, et en assurant que la connexion Internet ne connaisse aucune interruption. », conclut le chercheur de cette institution.

Raids contre l’UFR au Tchad : l’armée française dresse son premier bilan

L’état-major de l’armée française a donné des précisions jeudi matin 7 février sur ses frappes au nord-est du Tchad. Une vingtaine de bombardements ont eu lieu dimanche, mardi et mercredi avec comme objectif d’arrêter la progression d’une colonne de véhicules armés. Au total, sept avions Mirage ont été mobilisés : cinq venants de Ndjamena et deux de Niamey, au Niger.

Les forces françaises tentent désormais de déterminer si elles ont atteint leur objectif : stopper la progression du groupe armé. Et le colonel Patrick Steiger, porte-parole de l’état-major des armées françaises, ne dit pas s’il y aura d’autres frappes dans les heures ou les jours qui viennent : « L’appréciation de situation est encore en cours. A l’heure actuelle, il reste à préciser quelles sont leurs intentions et quel est leur état exact. Tout le reste ne serait que spéculation. Je vous rappelle que c’est bien une demande qui a été faite par les autorités tchadiennes auprès de la France, et que les autorités tchadiennes conservent également la capacité de répondre à cette menace. Ce n’est pas une affaire française. »

Quant au cadre de l’intervention, le colonel Steiger précise qu’il ne s’agit ici ni de l’opération antiterroriste Barkhane ni d’agir selon les termes d’un accord bilatéral entre la France et le Tchad, mais bien de répondre à une demande d’assistance des autorités tchadiennes : « Un accord de défense ou un accord technique ou un accord intergouvernemental, c’est lié à quelque chose de spécifique. Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse pas faire autre chose du moment que le cadre légal, en l’occurrence cette demande formelle du Tchad à la France, est établi. Je voudrais préciser que ceci n’est pas dans le cadre de l’opération Barkhane. Le fait qu’on utilise « les moyens stationnés à Ndjamena » pour des raisons de proximité, réactivité, disponibilité, j’ose croire que tout le monde comprend la logique qui est derrière. C’est bien différent de Barkhane. »

Des parlementaires français, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, s’interrogent sur l’intervention de Paris au Tchad. Au Sénat, la commission de la défense et des forces armées devrait entendre, à ce sujet, la ministre des Armées, Florence Parly. Le président de la commission, Christian Cambon, ne conteste pas cependant la légitimité des frappes françaises. A ses yeux, elles s’imposaient, notamment pour la sécurité des troupes françaises dans la capitale tchadienne.