Tchad : la CNDH juge ‘’acceptable’’ les conditions de détention dans les prisons secrètes de l’ANS

La Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh) a présenté le rapport de sa mission sur les conditions de détention et de traitement dans les prisons secrètes de l’Agence nationale de sécurité (ANS)

Le rapport de la commission est relatif à une mission dans les prisons de l’ANS le 4 décembre 2020. Il fait suite au communiqué de la Convention tchadienne de défense des droits de l’Homme (CTDDH) selon lequel, l’ANS abrite une prison sécrète qui inflige des traitements inhumains aux détenus.

Après vérification, la CNDH rapporte que la prison sécrète existe effectivement. Néanmoins : « les conditions de détention dans les cellules de l’ANS sont acceptables », informe la commission.

Le rapport a été produit par le président de la CNDH, Djidda Oumar. Il informe que la mission a été menée par quatre personnes. La CNDH dément des lors les conditions de détention des détenus et le traitement dégradant et inhumain préalablement dénoncé.

Djidda Oumar explique que sa délégation a rencontré 15 détenus arrêtés pour « trafic d’êtres humains, trafic d’armes, de munition, rébellion, terrorisme et complicité de terrorisme. »

Le rapport recommande à l’ANS de communiquer afin d’instaurer un climat de confiance entre les citoyens et les institutions. La CNDH regrette également l’absence de communication entre les prisonniers et leurs proches, et de mettre sur pied un dispositif pour traquer à l’effet de traquer les faux agents.

 

Tchad : des révélations de la CTDDH sur des prisons secrètes

Le secrétaire général de la Convention Tchadienne de Défense des Droits de l’Homme (CTDDH), Mahamat Nour Ibedou, a déclaré mercredi que « près de 200 personnes sont en ce moment détenues au secret dans différents cachots inconnus du public et appartenant à la police politique du régime qui est l’Agence Nationale de Sécurité (ANS). »

Selon la CTDDH, « ces personnes irrégulièrement détenues dans des prisons occultes vivent ainsi dans des conditions infra-humaines et subissent des tortures de toutes sortes ainsi que des atteintes quotidiennes à leur dignité. »

« Ces détenus qui sont entassés à plusieurs dans différentes cellules insalubres de ces cahots depuis plusieurs années pour certains d’entre eux, sont pour la plupart malades », précise la CTDDH.

L’organisation des droits de l’homme ajoute que « séjournant dans des conditions d’hygiène inhumaines et sciemment très mal nourries, ces personnes n’ont reçu depuis leur détention aucune visite d’un membre de leur famille qui ont toujours ignoré où elles se trouvent. »

Elle affirme avoir pu localiser « l’une de ces nombreuses geôles occultes de l’ANS et a pu obtenir ainsi la liste des détenus qui s’y trouvent. »

« C’est ainsi que des détenus jugés et condamnés et qui devaient purger leurs peines dans les prisons régulièrement connues, cohabitent avec d’autres prisonniers qui n’ont jamais été présentés à aucun juge », révèle la CTDDH.

 

Détenus ayant été jugés et condamnés :

AHAMAT YAKHOUB ADAM

HASSANE  BOULMAYE

GHABI AGUIT

KAMOUGUE KOREIMI HASSANE

HISSEIN BRAHIM DJOUMA

MAHAMAT TIMANE ERDIMI

MOUSSA HAMIT TARA

MOUSSA HISSEIN BERNEY

OUSMANE TEGUEN MIGUE

SALAHADINE DAGACHE YAYA

YAHYA NORPOUGOU

HAROUN BORGOU BRAHIM

 

Détenus n’ayant été présentés à aucun juge :

AlI AHAMAT MAHAMAT

MAHAMAT CHAYBO GOUDJA

MAHAMAT ALI TIDJANI

HISSEIN WASSADA GABA

YOUSSOUF MOUSSA LESSA

ALI HASSANE KARI

IDRISS TOGOIMI

BICHARA IDRISS SALEH

ALI HASSANE

OUMAR ABAKAR ADOUM

ABDOU TCHARI EREMI

ADOUM CHOUKOU SALIA

BRAHIM YOUSSOUF ADAM

NANTDOBE JOB

KARAMBA LAOUDADI FRANÇOIS

MATAZINA AZARIAL

DJARIAM MATERKEM

DONGA MESSALA

YAPARA DAMPOBE

HAYDALA HASSLA WALANDI

ANDRE POARI

ABDERAHMANE ABDELKERIM

AHAMAT ADAM DOUGOULI

MHT IBRAHIM FADOUL

SABIKH BAHAR IBRAHIM

BICHARA

HASSANE ABDALLAH KEBIR

 

La CTDDH rappelle que « plusieurs autres prisons occultes inconnues du public contenant à peu près le même nombre de détenus au secret sont disséminées dans la ville de Ndjamena. »

Elle condamne avec forces ces « détentions illégales et arbitraires dignes des pratiques nazies et exige l’envoi immédiat des détenus jugés et condamnés dans des prisons régulièrement connues où ils peuvent purger leurs peines et bénéficier ainsi du droit de visite de leurs familles et des droits dévolus à tout détenu condamné ; l’envoi sans délais de tous les détenus non jugés à la police judiciaire en vue de leur éventuel défèrement régulier au parquet afin qu’ils soient jugés et que leur sort soit connu de leur famille. »