Procès de Patrick Ho : le nom d’Idriss Deby encore cité

Procès de l’homme d’affaire chinois se déroule actuellement au tribunal de Manhattan. Il a fait des révélations sur le Président Tchadien.

 

Patrick Ho a contre-attaqué. À la suite du témoignage à charge de Cheikh Tidiane Gadio, dans le cadre de son procès pour corruption qui se déroule en ce moment au tribunal de Manhattan, l’homme d’affaires chinois a déballé contre ce dernier.

Selon Libération, qui a rendu compte de l’audience, Ho assure que l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères tente de se donner le beau rôle en affirmant qu’il ignorait que des paquets-cadeaux remis au Président tchadien, Idriss Déby, contenait 2 millions de dollars en espèces. Le journal ajoute qu’il a déclaré que non seulement Gadio était au courant, mais qu’il réclamait 100 mille dollars, pour le Forum de Dakar, dont la première édition se tenait à ce moment-là.

L’homme d’affaires chinois a enfoncé le clou en affirmant, selon la même source, que, “de la même façon”, Gadio a pris de l’argent de Total, de Hertz et d’une société de téléphonie zimbabwéenne. Et qu’il avait menacé d’aller au Tchad détruire la réputation de Ho et Cie, s’il ne rentrait pas dans ses fonds. Cette menace serait contenue dans un message envoyé à son fils, Babacar Gadio, qui se trouvait à l’époque à Dubaï.

Libération, repris par Seneweb, rapporte que lorsque l’avocat de Ho l’a interrogé sur ce message, Gadio a répondu qu’il s’agissait d’une façon d’exprimer sa frustration.

Ce n’est pas tout. Selon Libé, au cours de son interrogatoire, Gadio aurait reconnu avoir touché 20 mille dollars d’un homme d’affaires dont le nom n’a pas été révélé.

Le procès Ho se déroule depuis mardi dernier à Manhattan. L’homme d’affaires chinois est accusé d’avoir versé des pots de vin de 2 millions de dollars au Président du Tchad pour obtenir des contrats pétroliers dans son pays. Gadio était accusé d’avoir servi d’intermédiaire et d’avoir touché 400 mille dollars en contrepartie.

L’ancien chef de la diplomatie a nié les faits. Arrêté et emprisonné pendant quelques jours à New York, au début de l’affaire, au mois de novembre 2017, il a été assigné à résidence avant que la justice américaine n’abandonne les poursuites contre lui en échange d’un témoignage à charge contre Patrick Ho.

Tchad: le Président Deby cité dans une affaire de corruption

Les autorités américaines avaient arrêté en novembre 2017, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2012 au Sénégal et l’ancien ministre de Hong Kong, Patrick Ho Chi Ping.

 

Après avoir conclu un accord avec la justice américaine, Cheikh Tidiane Gadio aurait balancé son co-accusé, Patrick Ho, et le Président tchadien, Idriss Deby.

« Ho et certains dirigeants de la société d’énergie ont remis 2 millions de dollars (environ 1 milliard 200 millions de francs Cfa) en espèces, dissimulés dans une grosse boîte cadeau au Président du Tchad lors d’une rencontre d’affaires qui s’est tenue au Tchad vers décembre 2014 », aurait déclaré Gadio par écrit, d’après Libération, qui cite Berman.

Le journal rapporte que l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise a affirmé qu’il ne connaissait pas, avant son ouverture sous ses yeux, le contenu de la boîte cadeau et n’a jamais conseillé cette transaction à Ho.

Son rôle se serait limité à aider l’homme d’affaires chinois à rédiger la lettre par laquelle il déclare avoir fait don de cet argent au Tchad. Une exigence de Déby qui, selon Libération reprenant Gadio, avait refusé de prendre l’argent directement.

Le président Déby avait démenti à l’époque les accusations. Celles-ci étaient fondées sur l’utilisation par M. Gadio et Ho du système bancaire américain pour traiter près d’un million de dollars de gains, envoyés sous couvert de dons.

Patrick Ho sera jugé au mois de novembre prochain. Ses avocats demandent sa libération sous caution, arguant qu’avec la fin des poursuites pour son désormais ex co-accusé sénégalais sa détention ne se justifierait plus.

Cheikh Tidiane Gadio est l’un des candidats en lice pour l’élection présidentielle sénégalaise de 2012. En novembre 2017, il est arrêté à New York. La justice américaine le soupçonne d’avoir obtenu des concessions pétrolières au profit d’une entreprise chinoise en échange de pots-de-vin en Ouganda et au Tchad.