Koutéré : plus de 600 étudiants tchadiens bloqués à la frontière Tchad-Cameroun

Ces apprenants qui sont bloqués à Koutéré doivent regagner les universités camerounaises pour la reprise des cours

Plus de 600 étudiants tchadiens doivent reprendre les cours au Cameroun, mais ils sont bloqués à Koutéré, frontière entre le Tchad et le Cameroun. Leur retour dans ce pays d’accueil fait suite à la décision du gouvernement camerounais de rouvrir les établissements scolaires et universitaires.

« La situation est compliquée », leur a fait savoir le gouverneur de la province du Logone Oriental, Moussa Haroun Tirgo après une visite ce lundi 1er juin. En effet, après avoir eu vent de la situation qui prévaut à la frontière, le gouverneur s’est rendu sur les lieux pour prendre le pool et réconforter ces derniers

Le patron de la province du Logone oriental a eu son confrère de Maroua au bout du fil. C’est après la conversation qu’il a expliqué aux pensionnaires des universités camerounaises que la situation est compliquée mais les issues sont engagées afin qu’une solution soit trouvée.  Le gouverneur redoute un nouveau confinement des étudiants, car selon lui ça poserait un problème de prise en charge.

Exposés aux intempéries, les étudiants demandent aux autorités de faire le maximum pour qu’une solution soit trouvée dans de brefs délais.

Signalons que ces étudiants sont bloqués à la frontière depuis le samedi 30 mai 2020

Tchad : la population dans la psychose des enlèvements contre rançon

Les enlèvements contre rançon persistent à Koutéré, localité située dans la sous-préfecture de Laramanaye, province du Logone Oriental.

Koutéré, située à 110 km de Moundou -chef-lieu de la province du Logone Occidental-, les habitants de Koutéré, cette ville frontière avec le Cameroun vivent dans la peur quotidienne, malgré la présence des forces de l’ordre aux postes frontières.

Dès la tombée de la nuit, chacun s’enferme chez lui de peur d’être kidnappé. Tout devient calme comme dans une ville fantôme. Un habitant nous conseille de n’ouvrir à personne dans la nuit. Même pour se soulager, il faut avoir un pot dans sa chambre.

Il y a moins d’un mois, un taximan de la localité a été abattu par des inconnus chez lui, en présence de sa femme.

Jonas lui, est un ancien otage, la trentaine, visage arrondi, teint noir. Ce jeune homme a été enlevé il y a un mois dans son champ, dans un village du Cameron voisin, par des hommes armés. Il a été conduit par ses ravisseurs dans une forêt en territoire tchadien.

C’est à Bogdibo, village Camerounais faisant frontière au Tchad que nous l’avons rencontré. Discret, regard fuyant comme un fugitif, ce jeune tchadien né au Cameroun a accepté après plusieurs heures de négociations de nous raconter les circonstances de son enlèvement. Il nous conduit discrètement derrière une maison dissimulée derrière des hautes herbes loin des regards.

« Il ne faut faire confiance à personne car ils sont partout », nous confie-t-il.

Il pose ses conditions. « Pas de photos ni d’enregistrement sonore ». Alors il raconte.

« Il était midi environ. J’étais dans mon champs quand quatre hommes armés de kalachnikov m’ont invité à les suivre. Sans résister, je les ai suivi. Il y avait deux autres otages avec eux. Nos ravisseurs portaient des tenues militaires avec des bérets rouges comme celui des militaires tchadiens. Ils parlaient l’arabe tchadien », explique Jonas.

« Nous avons marché jusqu’à tard dans la nuit et sommes arrivés dans leur camp situé en plein coeur d’une forêt. Là, il y avait trois autres brigands habillés comme nos kidnappeurs, mais eux portaient des pistolets au lieu des kalachnikov », poursuit l’ex-otage.

 

« Sur un lit pico était assis leur chef. C’est un homme élancé de teint noir qui donnait des instructions en arabe. On nous a enchaîné côte à côte tous les trois. Nous sommes restés au centre du camp jusqu’au lever du jour. Le matin, nos ravisseurs nous ont demandé les contacts de nos familles respectives. Ils ont appelé nos familles pour leur annoncer que nous étions leurs otages et qu’il fallait payer pour notre libération », explique Jonas.

À chaque famille, les ravisseurs ont exigé la somme de 3 millions de francs CFA. C’est ainsi qu’a débuté une négociation qui a duré près d’un mois.

« Seul l’un de nous parmi les otages était désigné pour échanger avec nos familles pour leur donner de nos nouvelles. J’ignore combien nos familles ont payé ni dans quelle condition. Un matin, les éléments ont demandé à leur chef s’ils pouvaient nous libérer. Le chef s’y opposa et leur demanda d’attendre. Ces derniers ne trouvaient aucune raison de nous garder puisque les rançons étaient versées », selon Jonas.

Les ravisseurs insistèrent auprès de leur chef. Finalement, c’est vers 14h que trois des ravisseurs ont conduit les otages à 2 heures de marche puis ont montré le chemin.

« Nous avons marché quatre heures encore. Épuisés, nous avons passé la nuit sous un arbre en pleine brousse. Nous avons repris la marche au lever du jour. Nous avons marché toute la journée et c’est à la tombée de la nuit que nous avons rejoint un petit village. Nous y avons passé la nuit. Épuisés par la marche, nous avons dormi jusqu’à 10 heures du matin avant de reprendre la route pour arriver plusieurs heures après à Koutéré, avant de regagner nos familles », révèle le jeune homme.

Aujourd’hui, le jeune Jonas dit ne pas avoir envie de traverser la frontière jusqu’au Tchad de peur d’être kidnappé à nouveau.