Tchad : les magistrats dénoncent l’ingérence du ministre de la justice

Des accusations que le garde des Sceaux n’a pas tardé à recadrer.

Au Tchad, un incident intervenu au palais de justice la semaine dernière a suscité la colère des hommes en toges qui ont convoqué une assemblée générale pour dénoncer de très nombreuses ingérences dans le cours de la justice.

Les magistrats en avaient gros sur le cœur contre le parquet et la chancellerie qui, disent-ils, libèrent des personnes condamnées à tour de bras sur des bases subjectives, comme l’explique Djonga Arafi, secrétaire général du syndicat des magistrats du Tchad : « L’ingérence du ministre de la Justice dans le cours normal de l’appareil judiciaire se traduit par des libérations illégales. La position sociale, aujourd’hui, prime sur le droit. Nous exigeons que tous les condamnés illégalement libérés soient réintégrés sans délai. Et ce, sur l’ensemble du territoire. »

À l’origine du coup de sang des juges, la décision des autorités judiciaires de ne pas mettre en prison un officier condamné jeudi dernier à deux ans de prison ferme. L’officier a expliqué avoir été convoqué par le magistrat en charge de son dossier la veille du verdict, mais n’a pas accepté de le voir avec son avocat.

Des soupçons qui ne sont pas bons pour l’image de la justice, prévient le garde des Sceaux, Djimet Arabi : « Je pensais logiquement que le syndicat devrait avoir une autre réaction. Et cela me permet de rappeler à tous les magistrats, il n’est pas de la vocation des magistrats d’appeler les justiciables pour les voir avant que leur dossier ne soit délibéré. »

Une querelle qui confirme les dénonciations selon lesquelles au Tchad, la justice n’est pas au service de la veuve et de l’orphelin.

Tchad : les tchadiens immigrés en France exigent le départ immédiat de l’armée française du sol tchadien

C’est pour cette finalité que ce comité organisera une manifestation le 7 mars prochain, devant l’Assemblée nationale à Paris.

« Les 4, 5 et 6 février 2019, la France a bombardé une colonne de rebelles au Nord du Tchad faisant plus de 160 morts. Elle a arrêté et remis aux mains de l’armée tchadienne plus de 250 d’entre eux. Nous, tchadien(ne)s immigré(e)s en France, exigeons le départ immédiat de l’armée française du sol tchadien. Pour cela nous organisons une manifestation le 7 mars prochain à 13h devant l’Assemblée nationale à Paris… Nous n’avons pas besoin de la France pour régler nos problèmes, à bas le colonialisme », clame-t-il.

Présente au Tchad depuis 60 ans, l’armée française pose de vrais problèmes au peuple tchadien. En effet, selon le comité, la France n’a jamais soutenu la construction d’un Etat de droit. Elle n’a ni œuvré à l’avènement d’un Etat démocratique au Tchad.

Ainsi, ces ingérences de la France au Tchad, ont suscité d’après ces derniers, de nombreuses indignations dans l’opinion nationale/internationale. C’est dans ces circonstances troubles au contour juridique saugrenu, que la France justifie son intervention militaire et meurtrière.

Aussi, des réelles menaces pèsent désormais sur les leaders de l’opposition démocratique, de la société et toutes voix discordantes qui tentent de mettre à nu l’ingérence de la France au Tchad et les pratiques anti-démocratiques du régime actuel.

Face à ces frappes disproportionnées et illégales de l’armée française, les tchadiens dans leur majorité, s’indignent et dénoncent avec véhémence cette ingérence dans les affaires intérieures du Tchad. « C’est pourquoi, nous avons décidé d’organiser des manifestations pour exiger la souveraineté intégrale du Tchad pour demander le départ immédiat et sans condition de l’armée française de notre pays », soutiennent-ils.

 

Tchad : l’opposition tchadienne réagit suite aux frappes françaises contre des rebelles de l’UFR

Ce mercredi 13 février, le chef de la diplomatie a expliqué aux ambassadeurs accrédités à Ndjamena le cadre de cette intervention pendant qu’une partie de l’opposition demande à Paris d’aller plus loin dans l’ingérence.

Au Tchad, la polémique continue au sujet des frappes françaises qui ont stoppé la progression des rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR), qui affirmaient vouloir descendre sur la capitale pour prendre le pouvoir.  Au corps diplomatique, le ministre des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zene, a expliqué – reprenant l’argumentaire de son homologue français Jean-Yves Le Drian entendu la veille devant des députés réunis en commission – que ce que la France a fait il y a une semaine, c’est ce qu’elle a fait au Mali il y a sept ans : « La France n’a pas soutenu un régime, ni un parti, encore moins un président. Elle a aidé un Etat ami confronté à un ennemi organisé, armé et financé depuis l’étranger pour tenter de prendre le pouvoir par la force. Le Tchad était face à un danger comme l’avait été le Mali face aux colonnes djihadistes qui ont foncé en 2012 sur Bamako. »

La Coalition des partis politiques pour la défense de la Constitution, le plus vieux regroupement de l’opposition, invite Paris à faire plus que sauver le régime. « Les Français qui sont devenus par la force de l’Histoire, nos partenaires principaux, je pense qu’ils ont un bon rôle à jouer au Tchad, celui de favoriser le dialogue entre Tchadiens. Y compris ceux qui ont pris les armes qui ont droit à la parole ; mais cela doit se faire dans le cadre d’un dialogue politique inclusif », lance Poddi Djimet, porte-parole de la Coalition.

Rappelons que ce vendredi, le parti au pouvoir et ses alliés organisent un grand meeting de soutien au chef de l’Etat au grand stade de Ndjamena.