Tchad : Deby promet 6 milliards de Fcfa pour la relance de la filière coton à Moundou

La ville de Moundou a marqué ce 1er février 2021, la 16ème étape de la tournée présidentielle d’Idriss Deby. Ici, il a annoncé la création par l’Etat, d’un fonds de soutien d’un montant de 6 milliards de FCFA pour la relance de la filière coton.

A son arrivée à Moundou, capitale économique et chef-lieu du Logone occidental, le Maréchal du Tchad s’est entretenu avec les forces vives de la circonscription. Notamment les autorités administratives, traditionnelles et militaires. Les leaders religieux ont également pris part à ces échanges. C’est à l’issue de ces travaux, que l’annonces des prochains chantiers a été fait.

La filière coton a bénéficié d’un accent particulier. Après moult doléances des responsables de Moundou, le numéro 1, Idriss Deby Itno déclare : « l’Etat va créer un fonds de soutien d’un montant de 6 milliards ».

Toutefois, les promesses du président tchadien dans la capitale économique laisse perplexe plusieurs ‘’moundoulais’’. Ces derniers estiment que le pouvoir a délaissé cette ville (capitale économique) qui devrait être le poumon économique et industriel du pays. Ils voient en cette annonce une promesse électorale. Pour eux, plusieurs chantiers lancés dans la même ville sont restés sans suite.

Néanmoins cette nouvelle a soulagé beaucoup de cultivateurs qui voient en cette promesse une possibilité de redonner à la filière coton ses lettres de noblesse comme d’antan.

Coton : Le Tchad veut relancer sa production

Depuis près de 75 ans, la production cotonnière du Tchad est tombée au plus bas. C’est dans le but de pallier à ce problème que la compagnie nationale Coton Tchad a fait appel au géant asiatique Olam.

Au Tchad la saison des semis de coton approche, le géant asiatique Olam vient de racheter 60% de la société cotonnière nationale, le pays sahélien se voit déjà produire 300 000 tonnes de coton graine dans cinq ans, mais il sera difficile pour la filière de remonter la pente. La production est tombée à 25 000 tonnes de coton graine l’an dernier, elle a été divisée par six en deux ans !

Effondrement du coton au Tchad

Entré en récession faute de recettes pétrolières suffisantes, le Tchad ne pouvait plus financer sa société cotonnière, totalement revenue dans le giron de l’Etat. Coton Tchad n’était donc plus en mesure de fournir les semences et les pesticides ni de payer le coton au producteur un prix encourageant : c’était le prix le plus faible de la zone Franc, 220 francs CFA et il avait chuté en cours de campagne. En aval : désorganisation totale. Du coton s’était perdu, ou n’avait pas été égrené…

Olam poids lourd du coton

Aujourd’hui c’est toute une filière en crise qu’il faut relancer et remotiver. L’arrivée d’Olam suscite beaucoup d’espoirs : c’est un grand du coton, il commercialise un quart de la fibre africaine à lui tout seul. Le géant singapourien est aussi présent dans la production et l’égrenage du coton en Côte d’Ivoire, en Ouganda, au Mozambique, en Tanzanie et en Zambie. Olam s’intéresse en outre à plusieurs cultures de rente dans les pays où il s’installe. Au Tchad ce pourrait être le sésame, la noix de cajou, et pourquoi pas la gomme arabique…

Remotiver les producteurs

Pour mettre un pied dans ce pays, le géant singapourien a endossé les dettes de Coton Tchad, c’était impossible pour l’autre candidat à la reprise Advens Geocoton, déjà endetté. Olam envisage de construire 3 nouvelles usines d’égrenage, à Kyabe, à Doba et à Gounou Gaya, au sud et au sud-ouest du Tchad. Le repreneur a également promis qu’il céderait 5% du capital aux producteurs à titre gratuit. En attendant c’est un bon prix au kilo de coton graine qu’il va falloir annoncer aux paysans pour les remotiver à semer dans les prochaines semaines. Il faudra ensuite acheminer au plus vite, d’ici le mois de juillet, les pesticides nécessaires. Si besoin, par avion.