Nouveau gouverneur à la BEAC : la conférence des chefs d’Etat annoncée demain

Suivant le principe de rotation, Abbas Tolli sera remplacé par un ressortissant de la République Centrafricaine.

Le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), Abbas Mahamat Tolli a achevé son mandat de sept ans non renouvelables à la tête de la banque centrale des pays de la Cemac. Cette transition devrait entraîner des changements dans la configuration actuelle du gouvernement de la Beac, conformément au principe de rotation par pays et par ordre alphabétique pour les postes clés.

Transition avec tension

Le Camerounais Eugène Nsom, directeur général du contrôle général a sorti une note pour rappeler la vacance de poste du gouverneur de la BEAC en raison de la fin du mandat d’Abbas Tolli. « (…) en application des dispositions des articles 51 alinéas 3 et 51.4 des statuts, le mandat de sept ans non renouvelables de monsieur Abbas Mahamat Tolli, commencé le 6 février 2017, s’achève le 6 février 2024. À cette date, monsieur Abbas Mahamat Tolli n’a plus de mandat et d’habilitation légale à être représentant du pays dont il est originaire au sein du gouvernement de la Beac. Il y a donc vacance du poste de gouverneur de la Beac, et ce, dès le 7 février 2024 au matin », a écrit le directeur général du contrôle général de la Beac.

Une sortie qui n’a pas laissé Abbas Tolli indifférent, puisqu’en réaction il a son tour écrit au vice-gouverneur, au secrétaire général et aux directeurs généraux pour marquer son indignation. « Depuis un certain temps, le DGCG dépasse de manière répétitive les limites de ses compétences et empiète sur les responsabilités réservées au Gouverneur et au Vice-gouverneur par les statuts de la banque … »

« …La nomination du gouverneur de la Beac relève exclusivement de la compétence de la conférence des Chefs d’État de la Cemac. La procédure de passation des charges est clairement établie et sera assurée par le président du comité ministériel de l’UMAC. Il n’appartient donc pas au DGCG de créer ses propres normes au sein de la banque centrale », souligne le Tchadien qui devrait d’ici peu céder son siège à la République Centrafricaine selon le principe de rotation de la Beac.

La conférence des Chefs d’État de la Cemac sera donc tenue demain 09 février 2024 par visioconférence.

Cemac : voici les dossiers au menu de la Conférence des chefs

La 15e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) est prévue le 17 mars 2023 à Yaoundé, au Cameroun.

Les chefs d’État de la sous-région Cemac vont se retrouver à Yaoundé le 17 mars prochain à Yaoundé au Cameroun. Plusieurs questions sont au menu de la rencontre des représentants des six pays. Au cours de cette conférence des chefs d’État, les sujets susceptibles d’être traités sont entre autres, la mise en œuvre du Programme des réformes économiques et financières ; de l’évolution du processus de rationalisation des Communautés économiques régionales d’Afrique centrale. La question de la réforme du FCFA pourrait également faire l’objet des discussions. Ainsi que les conséquences de la guerre en Ukraine et de la cryptomonnaie sur les économies de la sous-région. Il est également fort probable qu’il ait des nominations au sein de certains organes et institutions de la Cemac.

Il est à préciser que les dirigeants de plusieurs organes et institutions de la Cemac arrivent en fin de mandat. Il s’agit notamment du président de la Cemac, poste assuré depuis mars 2019 par le président Paul Biya, pour un mandat d’un an. Le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra prendra les rênes de la Cemac.

Des nominations interviendront également dans les six organismes de la Cemac, en fonction depuis février 2017 pour un mandat de 5 ans ; de la présidence de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique Centrale (Cosumaf), appartenant au Tchad depuis décembre 2017 pour un mandat de 5 ans.

Tchad : le président de transition quitte N’Djamena pour Addis Abeba

Mahamat Idriss Deby participera à la 36ème Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union Africaine consacrée à « l’Accélération de la mise en œuvre de la Zone de Libre Echange Continentale (ZLECAF) ».

Le résident de transition, Mahamat Idriss Deby Itno a quitté N’Djaména ce 17 février 2023, pour Addis Abeba. Dans la capitale éthiopienne, il prendra part à la 36ème Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine consacrée à « l’Accélération de la mise en œuvre de la Zone de Libre Echange Continentale (ZLECAF) ».

Outre le 36ème sommet de l’Union africaine, Mahamat Idriss Deby participera à la 2ème Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Commission Climat pour la Région du Sahel (CCRS).

Quelques membres du gouvernement et de son cabinet ont effectué le déplacement pour lui dire au revoir, à l’aéroport international, Hassan Djamous.

Tchad : allocution du président de transition à la conférence des chefs d’Etat de la CEEAC

Ci-dessous le discours prononcé par Mahamat Idriss Deby à la 2ème Session extraordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC qui s’est tenue à Kinshasa.

  • Excellence Monsieur FELIX ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République Démocratique du Congo, Président en exercice de la CEEAC ;
  • Excellences Mesdames, Messieurs, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC ;
  • Mesdames ; Messieurs les Ministres ;
  • Monsieur le Président de la Commission de la CEEAC ;
  • Mesdames ; Messieurs ;

Je voudrais, avant tout propos, exprimer mes vifs remerciements et ma haute appréciation à l’endroit de Mon Frère, le Président FELIX ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président en exercice de la CEEAC,pour avoir pris l’initiative de nous convier à ce Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de notre Communauté, en format Conseil de Paix et de Sécurité de l’Afrique Centrale, à l’effet d’échanger sur la situation relative au processus de transition en République du Tchad, et le féliciter pour son leadership éclairé.

Je saisis cette occasion pour me réjouir de la participation des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC à ce Sommet, et les remercier pour leur soutien et accompagnement au processus de transition au Tchad, dès sa mise en place, en avril 2021, au lendemain du décès tragique du Maréchal du Tchad IDRISS DEBY ITNO (Paix à son âme).

La tenue du Sommet extraordinaire de la CEEAC, le 4 juin 2021 à Brazzaville au Congo, avait témoigné à suffisance de l’intérêt que vous accordez à la situation dans mon pays et au bien-être de son Peuple.

Au Président de la Commission, à tous les pays frères et amis, aux partenaires techniques et financiers, j’adresse mes sincères gratitudes et remerciements pour leur engagement et les contributions multiformes qu’ils ne cessent d’apporter à mon pays pour la réussite de sa transition.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs.

Permettez-moi de vous dire combien je mesure l’importance de cette rencontre qui intervient aux termes de la première phase de la transition au Tchad.

Elle représente une occasion appropriée et toute indiquée qui nous permet de nous pencher sur les multiples enjeux de l’heure et d’avoir une concertation constructive et franche au seuil de la deuxième phase du processus de cette transition en cours au Tchad

Excellences,

Mesdames, Messieurs ;

Notre rencontre se tient aussi, malheureusement, au lendemain des événements tragiques qui se sont produits dans mon pays, dans le cadre d’une insurrection armée bien planifiée contre les institutions de la République.

En effet, les 20 et 21 octobre, des événements graves et malheureux se sont passés dans notre capitale N’Djamena, mais aussi, dans plusieurs autres grandes villes du pays. Beaucoup de nos compatriotes y ont perdu la vie et d’autres blessés. La justice est à pied d’œuvre pour apporter l’éclairage nécessaire afin de situer les responsabilités.

Une vraie insurrection minutieusement préparée dont les auteurs ont attaqué des commissariats de police, des domiciles des personnalités politiques, des sièges des partis politiques. Ils ont pris pour cible des personnes jugées hostiles ou neutres à leurs projets.

Ils ont incendié des véhicules et détruit des biens publics et privés. Plus grave encore, ils ont tué froidement des dizaines des femmes et des hommes parmi lesquels plusieurs membres des Forces de l’Ordre.

Ces événements ont failli plonger notre pays dans une véritable guerre civile n’eut été la réaction ferme et appropriée du Gouvernement qui a pris, rapidement, toutes ses responsabilités pour rétablir intégralement l’ordre public.

C’est donc dans la consternation, mais aussi dans la dignité et la solidarité que nous sommes en train d’enterrer nos martyrs et soigner nos blessés.

Nous avons déclaré un deuil national de 7 jours en mémoire de nos compatriotes lâchement assassinés.

Aussi, plusieurs enquêtes judiciaires sont ouvertes pour faire jaillir la lumière, établir les faits et situer les responsabilités dans la transparence et la plus grande rigueur.

Excellences,

Mesdames, Messieurs ;

Toutes les grandes actions prévues par la Feuille de Route de la Transition ont été mises en œuvre dans les délais requis, avec ses deux points phares, à savoir le Pré-dialogue ayant abouti à l’Accord de Doha, signé le 8 août 2022, entre le Gouvernement et les Politico-Militaires, et le Dialogue National Inclusif et Souverain, tenu du 20 août au 5 octobre 2022 à N’Djaména.

Bien évidemment, le Gouvernement de large ouverture que nous avions mis en place s’est attelé à assurer la paix, la sécurité et l’inviolabilité de notre intégrité territoriale tout en veillant à répondre aux attentes légitimes de nos populations face aux aléas de la vie quotidienne. Mais conscient que rien ne peut se réaliser sans l’effectivité de la paix, toute l’attention du gouvernement était focalisée sur la réussite du Dialogue National Inclusif que nous avions déclaré Souverain.

En effet, le Dialogue National Inclusif et Souverain qui constitue un tournant décisif dans la conduite de la transition au Tchad, a réuni plus de 1500 participants, issus de toutes les corporations, représentant la population tchadienne et a pu dégager des pertinentes recommandations et résolutions liées aux thématiques relatives à la paix, la cohésion sociale et la réconciliation nationale ; à la forme de l’Etat, la Constitution, les réformes institutionnelles et le processus électoral ; aux droits et libertés fondamentales ; aux politiques publiques sectorielles et aux questions sociétales.

A l’issue de ce Dialogue, les participants, en toute objectivité, ont décidé, souverainement, d’engager le pays sur une deuxième phase de transition en révisant la Charte de transition, consacrant ainsi, la modification des organes de la transition et son extension pour une durée maximale de 24 mois.

Comme nous l’avions souligné lors de la clôture de ce Dialogue, cette première phase nous a permis d’assurer la continuité de l’Etat, garantir la paix, la quiétude, la sécurité des populations, préserver l’intégrité territoriale de notre pays et sauvegarder la souveraineté internationale de la République du Tchad.

Cependant, il convient de signaler qu’il y a eu une minorité qui a opté de ne pas prendre part à ce rendez-vous historique, mais cela fait, n’est-ce pas, partie des règles du jeu démocratique où l’unanimité n’est jamais la règle ! Le Tchad étant une démocratie, il ne peut en être épargné.

Bien évidemment, la porte du dialogue reste toujours ouverte afin de permettre à tous nos frères et sœurs de reconsidérer leur choix et de se joindre à la deuxième phase du processus. C’est dans cette optique que nous nous sommes engagés solennellement à faire libérer l’ensemble des prisonniers politiques détenus dans nos prisons.

Le même esprit de consensus, de dialogue et de transparence sera privilégié, de telle sorte que la conduite de la deuxième phase de la transition puisse contribuer au raffermissement de notre démocratie.

Excellences,

Mesdames, Messieurs ;

Nous avons entamé cette nouvelle étape par la mise en place d’un Gouvernement d’Union Nationale de Transition qui s’attèle désormais à l’exécution d’un cahier de charges ambitieux, notamment le Référendum constitutionnel qui décidera de la forme de l’Etat et l’organisation des élections libres, transparentes et démocratiques, afin d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel tant attendu par le peuple tchadien.

L’exécution de plusieurs engagements dans les principaux domaines des infrastructures socio-économiques, le maintien et la sauvegarde de la sécurité intérieure de notre pays, sont les défis majeurs qui attendent également ce Gouvernement.

A cet égard, le Tchad reste résolument engagé dans le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) qui représente une solution durable pour résoudre la question sécuritaire dans notre pays. Nous attendons sur ce volet les contributions diverses de tous les pays amis, et partenaires techniques et financiers pour accompagner le Gouvernement de la République du Tchad dans la mise en œuvre de ce processus.

Pour toutes les actions retenues dans le cahier de charges, il a été décidé de mettre en place un Comité de Suivi-évaluation qui va s’assurer de l’effectivité et la conformité de leur mise en œuvre.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs.

Je sais combien votre accompagnement actif a été déterminant dans l’évolution de la première phase de la transition, grâce à Vos pertinentes Instructions consignées dans la Déclaration de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC du 4 juin 2021.

Ces Instructions restent toujours d’actualité quand l’on sait que les mesures adoptées visent, je cite, un « accompagnement nécessaire à la réussite de la transition politique jusqu’à la mise en place des Autorités et Institutions issues des futures élections démocratiques ».

L’occasion nous est aujourd’hui donnée de revisiter ces Instructions et, au besoin les renforcer davantage, afin de les rendre opérationnelles pour cette phase ultime de la transition.

Aussi, le cahier de charges dévolu au Gouvernement d’Union Nationale de Transition nécessite-t-il des moyens matériels et financiers considérables que le Tchad ne pourra supporter tout seul. C’est pourquoi, Vos Instructions du 4 juin 2021, quant à la mobilisation des ressources financières, matérielles et techniques, sont déterminantes pour la dernière phase de cette transition.

Quant à l’environnement sécuritaire dans lequel évolue le Tchad, il reste toujours très préoccupant au regard de la montée en puissance du terrorisme et son expansion au-delà du Sahel et de notre sous-région. La question du mercenariat se pose avec insistance. Elle ne laisse personne indifférente dans notre Communauté.

C’est pourquoi, il nous faut rester solidaires et vigilants, engager et mutualiser nos moyens de ripostes pour faire face efficacement à tous ces défis sécuritaires.

Excellences ;

Mesdames, Messieurs.

 Le Tchad vit également aujourd’hui l’une des conséquences du changement climatique la plus dramatique de son histoire, à travers des inondations sans précédent. Ces inondations sont très accentuées dans la ville de N’Djaména et ses environs, et ont fait déjà des milliers de victimes.

Nous saisissons cette occasion pour en informer cette Auguste assemblée et solliciter vos concours divers en faveur de ces sinistrés qui font face à une épreuve douloureuse.

Pour finir, je tiens à vous assurer que le Tchad sait compter sur votre engagement, sur le soutien de la Communauté internationale pour l’accompagner dans cette phase ultime de la transition.

 Je vous remercie pour votre aimbale attention