Tchad : le Code des personnes et de la famille, une question qui déchire

L’évocation de la question du Code des Personnes et de la Famille divise les participants au dialogue national inclusif et souverain. Malgré les explications de la ministre de la Femme, le doute plane.

Hommes politiques, autorités traditionnelles et religieuses, et acteurs de la société civile prenant part au Dialogue national inclusif et souverain ne parviennent pas à s’accorder sur le sujet. Les participants d’obédience musulmane craignent que l’acceptation de ce code favorise l’instauration de l’homosexualité au Tchad.

Pour la ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’enfance, Amina Priscille Longoh, il s’agit d’une mauvaise interprétation.  « 80% des intervenants n’ont pas lu ce Code. Ceux qui l’ont lu savent qu’il n’est jamais question d’entretenir ou d’instaurer l’homosexualité au Tchad. » Elle rappelle que, l’article 155 dudit Code stipule : « clairement qu’il ne peut jamais avoir en République du Tchad, un mariage entre deux personnes de même sexe».

La clarification de la ministre ne convainc pas Abbas Abakar Abbas du CSAI : « la société refuse parce que ça ne rime pas avec ses cultures, ses valeurs », s’est-il exclamé. Un avis que partage Cheikh Ali Nahar Zene. Ce dernier s’oppose à tout débat sur le mariage homosexuel : « ce n’est pas de notre culture. Un homme qui épouse un homme, et une femme qui épouse une femme, nous ne sommes pas des animaux ».

La réaction du directeur de cabinet civil adjoint de la présidence

De l’avis du Directeur du cabinet civil adjoint de la présidence de la République : « 98% de ceux qui parlent du code de personnes et de la famille n’ont même pas lu une page de ce document qui a été pourtant débattu à l’AN.» « Extraordinaire, cette paresse intellectuelle», s’exclame-t-il sur sa page Facebook. Abdel-Nasser Garboa est favorable au débat sur le Code des personnes et de la famille. Il précise d’ailleurs que c’est un impératif. « La République fédérale ou unitaire doit avoir son code. Il faut lire le projet avant de le critiquer. Le Tchad est laïc. C’est important de le savoir.» lance le directeur du cabinet.

La ministre de la Femme de son côté insiste : « C’est le Code des personnes et de la famille, ce n’est pas le Code de la femme comme beaucoup le confondent. (…) Depuis 25 ans, nous continuons à parler de ce Code avec toujours la même méfiance, malheureusement expressément entretenue. Ce que nous avons entendu, dans la salle, est malheureusement tout, mais sauf l’expression d’une nation unie et laïque », souligne Amina Priscille Longoh.

Tchad : les Oulémas interdisent de parler de la religion musulmane au dialogue

Les autorités de la religion musulmane au Tchad, mettent en garde les participants au dialogue national inclusif et souverain sur le débat relatif au Code des personnes et de famille.

Le rapport de synthèse de la commission thématique « paix, cohésion sociale et réconciliation nationale » à l’origine des polémiques en dehors et à l’intérieur du Palais de la culture où se déroulent les travaux du DNIS.  Les Oulémas mettent en garde les participants et le président du présidium et les tiennent pour responsables de tout ce qui adviendrait.

Pour ces autorités musulmanes, les questions touchant à l’islam ne doivent en aucun cas être soulevées dans les débats. Tout en reconnaissant que la réconciliation nationale et la paix sont une condition sinequanone pour tout développement, les oulémas musulmans exigent la suppression de tout ce qui est mentionné dans le document du dialogue surtout les questions qui touchent la religion musulmane.

« Vous êtes donc responsable devant DIEU le jour de la redirection puis devant le peuple que vous représentez à ce dialogue », déclarent les oulémas.