Tchad : le changement climatique touche 70% des femmes rurales

Le ministre de l’environnement, de la Pèche et du Développement Durable du Tchad plaide pour les réductions ambitieuses des émissions de gaz à effet de serre, la réforme de la finance climatique internationale.

« Quelle est votre vision pour intégrer la conservation de la nature et améliorer la résilience climatique des communautés locales au niveau national et régional? », c’est la question qui a fait l’objet de débat lors des échanges autour d’un panel de haut niveau de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), ce 3 décembre 2023 regroupant les ministres en charge de l’environnement du Tchad, des deux Congo, du Cameroun et le secrétariat exécutif de la COMIFAC.

«Le changement climatique a des conséquences dramatiques sur les populations, les écosystèmes et les économies au Tchad. Au Tchad, les sécheresses récurrentes, les inondations exceptionnelles de 2022 ayant touché 18 des 23 provinces et submergé 25% de la capitale N’Djamena, la dégradation rapide des ressources forestières de 50% ces 20 dernières années montrent l’extrême vulnérabilité de notre pays face au dérèglement climatique », affirme le chef du département de l’environnement du Tchad, Mahamat Abdelkerim Hanno dans son intervention.

Pour lui, les communautés locales qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre sont en première ligne. Ce qui fait que 70% des femmes qui travaillent dans le secteur agricole sont les plus touchées. Face à cette urgence, la vision de son département pour intégrer la conservation de la nature et améliorer la résilience climatique des communautés locales est double.

« L’ambition du Tchad en matière de restauration des terres est clairement déclinée dans ses documents programmatiques notamment le document sur la neutralité de terre, Plan National d’Adaptation (PNA) et la Contribution Déterminée au Niveau National (CDN) pour la réalisation des plus de 800 000 km2 d’ici 2030 et la mise à échelle des bonnes pratiques résilientes adaptatives locale pour atteindre la cible de la neutralité de la dégradation des terres », indique le ministre de l’environnement du Tchad..

Le ministre Mahamat Abdelkerim Hanno fait comprendre qu’imposer des mesures ambitieuses d’adaptation pour renforcer la résilience des communautés face à la variabilité accrue du climat, devient une priorité des priorités pour les différents pays qui font face aux changements climatique.

Le ministre en charge de l’environnement du Tchad propose que cette initiative se développera à travers la promotion de bonnes pratiques agro écologiques et pastorales ; la sécurisation de l’accès à l’eau; la diversification des moyens de subsistance ; le développement de systèmes d’alerte précoce aux catastrophes et la mise en place de filets de sécurité sociale.

Au niveau régional souligne le chef du département de l’environnement, le Tchad préconise 3 actions prioritaires. Il s’agit premièrement de promouvoir des politiques agricoles et commerciales régionales permettant d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations face à la multiplication des chocs climatiques ; de préserver les corridors écologiques et la connectivité transfrontalière des Aires protégées pour la survie de exceptionnelle de la biodiversité régionale et le maintien des services écosystémiques dont dépendent les communautés et enfin, développer de mécanismes régionaux de prévention et de gestion des risques climatiques pour améliorer de manière significative la résilience des communautés locales et/ ou vulnérables.

« La lutte contre le changement climatique ne pourra être gagnée que si une solidarité internationale s’organise autour de 3 enjeux qui sont entre autres, les réductions ambitieuses des émissions de gaz à effet de serre, la réforme de la finance climatique internationale et une augmentation substantielle des moyens financiers octroyés pour l’adaptation dans les différents pays. Le temps presse. Des décisions courageuses doivent être prises d’urgence lors de cette COP28 pour sauver des vies », plaide le ministre de l’environnement, de la Pèche et du Développement Durable du Tchad, Mahamat Abdelkerim Hanno.

Source ministère de l’Environnement

Loin de la théorie, le changement climatique est déjà une réalité accablante en Afrique

Un sentiment d’urgence sans précédent anime aujourd’hui les pays africains pour passer à l’action, s’adapter et développer leur résilience.

« Un texte de Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre »

Chaque année, leurs populations sont confrontées à des inondations plus nombreuses, des températures élevées, l’érosion côtière, la dégradation des terres, et d’autres chocs climatiques. En Afrique de l’Ouest et du Centre les récentes inondations ont affecté des millions de personnes et forcé des dizaines de milliers à se déplacer loin de chez elles et de leurs sources de revenu. Evoquer le changement climatique est une chose, mais comme le dit un proverbe africain, « voir et entendre dire, sont deux choses différentes ».

Pourtant, l’Afrique émet moins de 4 % des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale et la région est la principale source d’absorption de carbone grâce au bassin du Congo. La crise climatique vient remettre en cause des gains de développement durement acquis et renforcer les cycles de pauvreté, de fragilité, et de vulnérabilité. Au terme des récentes Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington, il ressortait clairement que le changement climatique est au cœur des préoccupations des dirigeants africains.

Le nouveau Rapport national sur le climat et le développement (CCDR, en anglais) – récemment publié pour les pays du G5 Sahel et à paraître pour le Cameroun, le Ghana et d’autres pays– montre que le changement climatique pourrait entraîner des pertes annuelles de 2 % à 12 % du PIB d’ici 2050. Au Sahel, 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050 si rien n’est fait. Les recherches montrent aussi que la mise en place de réformes en faveur d’une croissance rapide, résiliente et inclusive est à la fois la meilleure forme d’adaptation climatique et la meilleure stratégie pour atteindre un développement durable.

Dans ce contexte, quelles sont les priorités essentielles pour nos pays, à l’heure où les délégations se préparent pour la Cop 27 de Charm el-Cheikh ?

Renforcer l’agriculture climato-intelligente pour assurer la sécurité alimentaire

Erick Kaglan/Banque mondiale, Togo

Au cours des dix dernières années, la crise de la sécurité alimentaire s’est aggravée en raison de la récente flambée des prix de l’énergie et des engrais. Pour y faire face, la Banque mondiale a augmenté son financement, avec 17,7 milliards de dollars dédiés à l’Afrique subsaharienne, dont 5,1 milliards de nouveaux engagements. Ce financement vise à renforcer la production et la résilience des systèmes alimentaires, faciliter les échanges commerciaux, développer des chaînes de valeur inclusives et soutenir les ménages vulnérables ainsi que les producteurs. Dans le cadre de cet effort, le Programme de résilience des systèmes alimentaires pour l’Afrique de l’Ouest, qui accompagnera quatre millions de personnes, contribuera à accroître les rendements grâce à une agriculture climato-intelligente.

L’augmentation vertigineuse du prix des engrais, multiplié par trois en Afrique subsaharienne depuis 2020, renforce les risques de pénuries et de hausse des prix des produits alimentaires. Sans intervention rapide, l’insécurité alimentaire pourrait augmenter dans la région, avec plus de 100 millions de personnes exposées à une insécurité alimentaire extrême.  La résolution de cette crise doit passer par les actions suivantes : une collaboration entre les gouvernements et l’industrie des engrais pour développer un marché régional transparent et efficient, une meilleure compréhension des besoins des sols et, enfin  l’adoption de pratiques agricoles durables pour stimuler la productivité et faire progresser les revenus des agriculteurs. Les investissements dans l’agriculture climato-intelligente portent également leurs fruits, avec une meilleure préparation à la sécurité alimentaire, des chaînes de valeur plus fortes et une gestion intégrée des paysages.

Faire du capital naturel une richesse

En Afrique centrale, le bassin du Congo abrite 70 % des forêts du continent, représentant ainsi le plus important puits de carbone au monde puisqu’on estime que ses forêts stockent entre 25 et 30 milliards de tonnes de carbone. Il s’agit également d’un des principaux foyers de biodiversité sur la planète, mais hélas il s’épuise rapidement. Le bassin du Congo constitue aussi une importante source de revenus pour les personnes vulnérables, et la région devra faire de cet atout une source de revenus à la fois au niveau local, national et mondial grâce à l’appui de la communauté internationale.

Aux côtés des gouvernements et des partenaires tels, l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale, le Fonds de partenariat pour le carbone forestier, le Programme d’investissement pour la forêt, le Fonds pour l’environnement mondial (GEF), PROGREEN, et REDD+, la Banque mondiale s’engage à appuyer le développement forestier intelligent dans le bassin du Congo. Elle mène cette action en donnant les moyens d’agir aux communautés locales et autochtones et en promouvant l’utilisation transparente et efficace des ressources naturelles.

Ainsi le Gabon et la République du Congo ont pris les devants pour lutter contre la dégradation des terres. Ils observent d’ores et déjà les bénéfices liés à la séquestration du carbone sur la création d’emplois et le renforcement de la résilience climatique. La prochaine priorité consistera à assurer la participation des pays africains aux marchés du carbone pour dégager des financements supplémentaires.

 

Le Tchad figure parmi les pays les plus vulnérables au changement climatique

Le Niger, le Mali et le Tchad, figurent parmi les sept pays les plus vulnérables au changement climatique dans le monde et leur capacité d’adaptation est fortement limitée par la pauvreté et la fragilité.

Le rapport national sur le climat et le développement, publié par le Groupe de la Banque mondiale pour les pays du G5 Sahel, indique que 13,5 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté à travers la sous-région d’ici 2050, du fait des chocs liés au changement climatique. D’après ce rapport, le Sahel est particulièrement vulnérable à la dégradation des terres et la désertification. « La région est en effet confrontée à une sévère augmentation des sécheresses, des inondations, et autres impacts causés par le changement climatique. », peut-on lire.

« Le changement climatique affecte sévèrement les populations et vient remettre en cause les gains de développement durement acquis. L’analyse indique que le changement climatique renforce les cycles de pauvreté, de fragilité, et de vulnérabilité dans le Sahel, » souligne Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale« Avec une population qui devrait doubler au cours des 20 prochaines années pour atteindre 160 millions de personnes, les pays du Sahel doivent accélérer leur croissance et prioriser l’adaptation climatique s’ils veulent concrétiser le dividende démographique et mettre la région sur la voie d’une croissance durable et inclusive. »

Par ailleurs, fait savoir explique Clara de Sousa, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad : « Il existe de réelles opportunités pour développer un Sahel plus résilient. »

Pour atténuer l’impact de cette crise et aider le secteur agricole à développer sa résilience climatique à moyen terme, le Groupe propose d’étendre les programmes de protection sociale et les initiatives en faveur des paysages agricoles pour adopter de meilleures pratiques de gestion des ressources et accroître l’usage des technologies adaptives.

Tchad : le personnel du ministère de l’environnement outillé sur les dangers des changements climatiques

Le ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement Durable, organise du 5 au 6 avril 2022 à la maison de la Femme, un atelier de renforcement des capacités des acteurs de lutte contre les changements climatiques, sur la collecte et la gestion des données.

L’objectif fixé en organisant cet atelier est de renforcer les capacités des acteurs de la lutte contre les changements climatiques sur la collecte de données et la gestion de base des données, mais aussi de présenter aux acteurs les fiches de collecte de données et la base des données ; d’informer et sensibiliser les participants sur l’importance de la base des données ; de présenter aux acteurs le dispositif de Suivi/Evaluation de l’adaptation ; de présenter la charte pour gestion de la base de données et enfin de rédiger un rapport de l’atelier.

Pour les organisateurs de cet atelier, la mise en place de la Base de données (BDD) sur l’adaptation au changement climatique vise à favoriser la mobilisation et la mutualisation des données des différents acteurs de façon à les rendre facilement accessibles et de permettre une veille nationale sur l’adaptation au changement climatique.

Il vise aussi la valorisation de l’information et le développement des synergies entre acteurs ainsi que la mutualisation des outils permettant la lisibilité, la transparence et la traçabilité des données sur l’adaptation au changement climatique au Tchad.

C’est pour cette raison que le Ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement Durable à travers la Direction de Lutte contre les Changements Climatiques, dans le cadre d’un protocole d’accord signé avec le projet de Renforcement de la Productivité des Exploitations agropastorales familiales et Résilience (RePER) à organiser cet atelier de renforcement de capacités des cadres de son département.

Le Tchad se déploie pour faire face au changement climatique

A l’instar des autres pays du monde, le Tchad cherche à mettre sur pied des mécanismes pour faire face aux effets du changement climatique en réduisant ses émissions nationales

Dans l’optique de lutter contre les effets du changement climatique, le gouvernement a lancé le, Mesurage de reportage de vérification (MRV), un qui vise à renforcer les capacités pour le développement du système national. Le MRV a également pour objectif, le développement des indicateurs pour le suivi de la mise en œuvre de la contribution déterminée au niveau national.

La phase pilote du projet sera piloté à hauteur de 94,7 millions de FCFA pour un an sous fonds des partenaires. La charge a été confiée aux deux cabinets internationaux, GHGMI basé à Washington et le CIEPA. Trois  consultants nationaux spécialisés en énergie, forêt et en agriculture prendront également part à cette phase pilote.

Le directeur technique du ministère de l’Environnement et de la Pêche, Mahamat Abdoulaye Issa souligne que ledit projet sera aussi soutenu par le Bureau des nations Unies pour les services d’appuis aux projets (UNOPS), un  partenaire de mise en œuvre de l’ICAT et par ailleurs signataire de la convention de financement avec le ministère de tutelle.

La contribution déterminée au niveau national est implémenté par plusieurs Etats, signataires de l’accord de Paris.

Tchad : le ministère de l’hydraulique forme sur les enjeux du changement climatique

Il s’est ouvert le 1er septembre à N’Djamena une formation en analyse des tendances climatiques à moyen et long terme pour trouver les voies et moyens pour faire face aux aléas climatiques et améliorer la résilience des communautés

Cet atelier de formation est organisé par le ministère de l’hydraulique urbaine et rurale du 1er au 4 septembre en faveur des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux. Ces derniers sensibiliseront à leur tour, les associations des jeunes, les femmes et les peuples autochtones. Il s’inscrit dans le cadre du projet de renforcement de la résilience des communautés locales face aux impacts des changements climatiques. Les travaux seront axés autour de l’analyse des tendances climatiques à moyen et long terme. Il sera question de familiariser les participants au logiciel XLSTAT, dans l’optique de collecter les données, les analyser et interpréter les résultats pour faire des projections des tendances climatiques et les prises de décisions et orienter les actions du gouvernement pour une résilience de la population, face aux effets du changement climatique.

Les composantes auxquelles s’articulent ce projet sont entre autres, la mise en place d’une base de données climatiques et socio économiques fiables devant servir d’outil d’aide à la prise de décision, au renforcement des capacités des acteurs impliqués pour l’intégration et l’adaptation aux changements climatiques dans la planification et la budgétisation.

Saleh Hagar, représentant du ministre de l’hydraulique indique qu’il y’a également le défi visant à démontrer la capacité technique et de gestion du Fonds national de l’eau (FNE), dans son processus d’accréditation auprès du Fonds Vert pour le climat. Il exhorte le FNE à persévérer dans ce processus d’accréditation.

Tchad : les cadres des ministères formés à la protection de l’environnement par l’UICN

Les cadres du ministère en charge de l’Education  nationale et ceux de l’Environnement, des Eaux et de la Pêche sont formés, à travers un atelier qu’organise l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) du 4-5 avril, pour être des formateurs au sujet de l’éducation au changement climatique pour le développement durable.

C’est à la faveur d’un atelier de formation des formateurs qui se tient du 4 au 5 avril, dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Amélioration  de l’information, éducation et communication des populations rurales et périurbaines à l’adaptation aux changements climatiques » que les cadres du département en charge de l’Education nationale et les techniciens de l’environnement entendent renforcer leurs capacités.

Organisé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ces assises visent à outiller les participants au sujet de l’éducation environnementale qui fait suite au processus d’élaboration du manuel d’éducation au changement climatique pour le développement  durable au Tchad, conçu pour la cause.

A la fin de cette  formation, les participants qui sont en majorité des enseignants des lycées, collèges et du primaire seront amenés à améliorer les méthodes d’apprentissage et d’enseignement aux enfants et aux jeunes, la nature et les enjeux liés au changement climatique.