Le combat contre le paludisme porte ses fruits (OMS)

Les efforts déployés à travers le monde et les investissements faits pour renforcer les systèmes de santé ont permis d’éviter la contamination d’environ 185 millions d’individus et le décès de 997 000 personnes.L’Organisation mondiale de la santé (OMS), dans son Rapport annuel sur le paludisme publié ce jeudi, se réjouit des résultats obtenus dans la lutte contre cette maladie. Le nombre de cas de contamination et de décès évités en 2021 s’élèvent respectivement à environ 185 millions et 997 000, informe l’organisme onusien en charge de la santé mondiale. Ce dernier ajoute que de nombreux pays, très près de l’élimination totale du paludisme, ont continué de progresser sur cette voie.

Par ailleurs, l’OMS se félicite de la stabilisation du nombre des décès après une hausse substantielle au cours de la première année de la pandémie de Covid-19. Les cas de paludisme sont également restés stables dans l’ensemble, passant de 245 à 247 millions. Ce résultat a été possible grâce aux efforts héroïques des pays et à des partenariats solides, malgré les défis importants auxquels les nations ont été confrontées au cours de cette période, mais aussi les autres menaces biologiques qui vont croissant, soutient l’OMS.

« La lutte contre le paludisme n’est pas aussi mauvaise qu’il aurait pu l’être », a salué Dre Corine Karema, directrice générale intérimaire du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme.

Malgré ces résultats convaincants, alerte l’OMS, la maladie demeure une menace mortelle pour des millions de personnes à l’échelle planétaire.  Le combat contre le paludisme demeure à un point trop statique, en particulier en Afrique où le fardeau de la maladie reste accablant et disproportionné, ce continent concentrant globalement 95 % des cas et 96 % des décès, signale-t-elle.

Les obstacles à la lutte contre cette endémie, notamment le déploiement limité des outils disponibles, la résistance émergente aux médicaments, aux insecticides et l’absence de diagnostics, parallèlement à l’augmentation des coûts d’approvisionnement et de livraison, font que les financements requis pour recentrer les efforts et atteindre les objectifs mondiaux d’ici 2030 sont, aujourd’hui plus qu’hier, absolument nécessaires, indique l’OMS.

« Les crises humanitaires qui se multiplient et le ralentissement économique mondial de cette année pourraient compromettre davantage une situation déjà précaire », met en garde l’Organisation Mondiale de la Santé.

Face à ce risque, le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme appelle tous les pays à continuer à investir dans la lutte. Ces investissements sont indispensables pour renforcer les systèmes de santé et que tous ceux qui ont besoin d’accéder à des outils antipaludéens efficaces et ciblés, adaptés aux circonstances locales, puissent le faire et bénéficier d’une prise en charge de qualité dans le cadre de centres de soins primaires.

Même si les outils actuels sont économiquement avantageux, avance l’organisme onusien, l’effort d’investissement demeure pressant pour en développer d’autres ainsi que des solutions innovantes, et les mettre à l’échelle.

A l’en croire, il existe des opportunités prometteuses pour distribuer plus de moustiquaires à base de pyréthrinoïdes-PBO, et poursuivre les essais de moustiquaires imprégnées d’insecticide, l’utilisation de nouveaux produits de contrôle des vecteurs, de vaccins en cours de développement, d’immunisation passive avec des anticorps monoclonaux (dans le domaine de la chimio-prévention) et de nouveaux tests diagnostiques.

« L’élimination du paludisme est possible. Depuis 2000, plus de 20 pays dans le monde ont atteint l’objectif de +zéro cas de paludisme+, et d’autres pays en sont proches. Le renforcement du leadership national, la coordination régionale et l’intensification de la surveillance de la maladie seront des axes essentiels pour contrôler les cas de paludisme et l’éliminer dans ces pays. Il est donc primordial de les soutenir à mesure qu’ils se rapprochent du but pour parvenir, ensemble, à un monde exempt de paludisme », a conclu Dre Karema.

Burkina Faso : vers de nouvelles de compétences pour les VDP

Le gouvernement va soumettre à l’Assemblée législative de transition un projet de loi, élargissant le domaine d’intervention des supplétifs civils de l’armée.Le Conseil des ministres du gouvernement burkinabè a adopté, mercredi 7 décembre 2022, un avant-projet de loi portant institution de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ce projet de loi introduit la possibilité de recruter des supplétifs armés au niveau national pour aider à la lutte contre le terrorisme.

Le gouvernement a indiqué qu’il s’agit d’une relecture de la loi de janvier 2020. Celle-ci stipule que les VDP doivent servir et résider dans leurs communes, villages ou secteurs. 

« Le nouveau projet de loi permet désormais de faire des aménagements, essentiellement de prendre en compte la compétence territoriale des VDP. Avec la loi de 2020, leur compétence territoriale était limitée aux communes », a expliqué Mahamoudou Sana, ministre délégué en charge de la Sécurité.

Il a souligné qu’avec le nouveau projet de loi, le gouvernement pourra recruter des VDP nationaux « pour qu’ils puissent agir sur l’ensemble du territoire national ».

En octobre dernier, le gouvernement du Faso a lancé le recrutement de 50.000 supplétifs civils de l’armée. Au terme du processus, plus de 90.000 candidatures ont été enregistrées.

« L’élément nouveau, c’est qu’il s’agit de l’aménagement de certaines matières. Ce qui va permettre de donner une base juridique à la Brigade de veille pour la défense de la patrie (BVDP). Le projet va aussi permettre d’améliorer certaines conditions des VDP », a insisté le ministre délégué en charge de la Sécurité.  

Covid-19 : baisse de la charge pandémique en Afrique (OMS)

Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible.

Au moment où l’Afrique enregistre son plus bas niveau de nouveaux cas de Covid-19 depuis le début de la pandémie en 2020, une récente augmentation de quatre semaines souligne l’importance de la vigilance à l’approche des fêtes de fin d’année. Il s’agit de la première augmentation soutenue de ce type en quatre mois, rapporte le Bureau Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un son dernier rapport reçu ce jeudi à APA.

L’organisme onusien souligne que cette hausse de cas a été enregistrée jusqu’au 20 novembre, mais le nombre de nouveaux cas a légèrement diminué au cours des deux dernières semaines se terminant le 2 décembre 2022, rompant ainsi la tendance à la hausse.

Toutefois, les nouveaux cas signalés fin novembre représentent moins de 10 % des cas enregistrés à la même période en 2021 et 2020. « Bien que les décès liés à la pandémie aient augmenté de 14 % au cours de la semaine se terminant le 27 novembre par rapport à la semaine précédente, ils sont restés faibles (53), soit environ 4 % des décès enregistrés au cours de la même période en 2021 et 2020. Le nombre actuel de cas de Covid-19 n’exerce pas de pression significative sur les structures de santé, car le nombre d’hospitalisations reste faible », a expliqué l’OMS.

« Malgré la récente résurgence, il y a de l’espoir que l’Afrique sera épargnée des difficultés qu’elle a connues ces deux dernières années, lorsque la hausse des cas et des décès avait réduit à néant tout espoir de vie normale et engendré de profondes désolations. Même si les tendances actuelles permettent de maîtriser la pandémie, nous suivons de près l’évolution de la situation. Nous devons rester vigilants, continuer à accroître la couverture vaccinale et être prêts à adopter des mesures de prévention plus strictes, si cela s’avère nécessaire », a indiqué Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.

Selon elle, les investissements réalisés ces trois dernières années dans la lutte contre la Covid-19 portent leurs fruits. La Région est mieux outillée pour faire face au virus et ses systèmes d’intervention d’urgence sanitaire ont été renforcés.
En 2022, la réduction globale de la charge pandémique en Afrique allège la pression sur les ressources nationales de santé publique, ce qui donne l’occasion aux pays de renforcer les services de santé perturbés et de porter plus d’efforts sur d’autres priorités de santé publique telles que la vaccination de routine, la surveillance des maladies et la riposte à d’autres épidémies.

Grâce à une surveillance renforcée, cette année la Région a signalé jusqu’à présent 106 épidémies et situations d’urgence sanitaire liées à des crises humanitaires, soit près de 17 % de plus qu’en 2021 et presque autant qu’en 2019 avant l’apparition de la pandémie de Covid-19. Environ 25 épidémies de maladies évitables par la vaccination ont aussi été signalées en 2022. Selon un décompte de l’OMS, treize épidémies ont été signalées en 2020 et 19 en 2021.

Burkina : l’armée se dote de nouvelles bases aériennes

Le président Ibrahim Traoré a signé, lundi 05 décembre 2022, plusieurs décrets portant réorganisation de l’armée, rendus publics ce mercredi.De nouvelles bases aériennes ont été créées au sein de l’armée de l’air du Burkina Faso, notamment à Fada N’Gourma (Est) et à Kaya (Centre-Nord), des régions durement éprouvées par le terrorisme.

La base stationnée à Fada N’Gourma s’appelle « base aérienne 111 (BA 111) » et celle de Kaya est dénommée « base aérienne 134 (BA 134) ».

Les deux bases seront chargées « de la préparation opérationnelle des personnels et matériels en mesure de participer à l’exécution des missions dévolues à l’armée de l’air », ont précisé les décrets présidentiels parcourus par APA.

Elles seront commandées par des officiers de l’armée de l’air, nommés par le président du Faso, en l’occurrence le capitaine Ibrahim Traoré. Ils seront assistés par des commandants en second.

La création de ces deux bases porte à quatre le nombre de bases aériennes dont l’une à Ouagadougou et l’autre à Bobo-Dioulasso.

Le capitaine Traoré a signé deux autres décrets portant nomination d’officiers.

Le premier a nommé le colonel-major Célestin Simporé Commandant des opérations du théâtre national (COTN). Jusque-là, il était Chef d’état-major général des armées adjoint. Il remplace le lieutenant-colonel Yves Bamouni, réputé proche du président déchu Paul-Henri Damiba.

Quant au second, il porte sur la nomination du colonel Céleste Coulibaly, commandant du Centre intégré des opérations. Ancien aide de camp du président Blaise Compaoré, il avait été nommé en mars dernier, chef de la division Opérations.

Depuis la prise du pouvoir en fin septembre 2022, le président Traoré a nommé ses proches dans plusieurs postes de responsabilités au sein l’armée.

Burkina : la Cédéao « très préoccupée » par la situation sécuritaire

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) appelle à des actions urgentes pour appuyer le Burkina Faso dans ses efforts visant à éradiquer les attaques terroristes sur son territoire.Au Burkina Faso, la situation sécuritaire se dégrade au fur et à mesure que les jours passent. Les attaques des groupes jihadistes sont devenues presque quotidiennes au grand dam des populations civiles, principales victimes de ces assauts des insurgés. Cette situation ne laisse pas indifférente la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Lors de sa soixante-deuxième session ordinaire, tenue dimanche à Abuja, la capitale nigériane, la Conférence des chefs d’Etats de l’organisation sous régionale « exprime sa vive préoccupation face à l’aggravation de la situation sécuritaire régionale créée par la recrudescence et l’expansion des attaques terroristes et leurs conséquences humanitaires ».

L’organisation communautaire se dit « en particulier très préoccupée » par la situation sécuritaire au Burkina Faso et ses potentielles conséquences sur les pays côtiers. Partant de là, elle appelle à des actions urgentes pour appuyer le Burkina Faso dans ses efforts visant à éradiquer les attaques terroristes dans ce pays miné par l’insécurité.

La Conférence souligne l’urgence d’accélérer la mise en œuvre du Plan d’actions prioritaires 2020-2024 de la Cédéao pour éradiquer le terrorisme, notamment par une amélioration de la mobilisation des ressources et un renforcement des capacités opérationnelles et logistiques de la région pour mieux mener la lutte antiterroriste.

Les Chefs d’Etat et de gouvernement ont, en outre, réitéré leur engagement en faveur de la mise en œuvre effective du Plan d’Actions Prioritaires 2020-2024 de la Cédéao pour éradiquer le terrorisme dans la région, tel qu’adopté lors de leur 56e session ordinaire tenue le 21 décembre 2019 à Abuja.

Dans cette perspective, ils s’engagent à verser de toute urgence leurs contributions d’un milliard de dollars au Fonds régional de lutte contre le terrorisme créé à cet effet.

Face à la multiplication des initiatives visant à combattre les groupes armés, la Conférence a souligné l’impérieuse nécessité d’une meilleure coordination et d’une harmonisation plus structurée des différentes initiatives de lutte contre le terrorisme dans la région, sous l’égide de la Commission de la Cédéao, afin de créer davantage de synergies et de mutualiser les ressources disponibles. 

Burkina : Condamnation des appels au meurtre de journalistes

Plusieurs journalistes ont exprimé leur solidarité à leurs confrères.Le gouvernement a condamné, lundi après-midi, les appels à meurtre de journalistes, suite aux comptes rendus de la rencontre entre le capitaine Ibrahim Traoré et la société civile et la suspension de RFI dans le pays.

Dans une vidéo, à visage découvert,  Mohamed Sinon, l’un des responsables du Collectif des leaders panafricains a appelé, dimanche, via le réseau social Whatsapp, à « tuer » des hommes de médias qu’il a accusé d’être « des ennemis internes (…) et des complices » de la France. Il a nommément cité les journalistes Newton Ahmed Barry et Alpha Barry, fondateur du groupe Oméga Médias ainsi que leurs familles. D’autres membres de la même organisation ont appelé à s’en prendre à Lamine Traoré, journaliste à Oméga Média.

Les membres du Collectif qui affichent leur proximité avec le capitaine Traoré ont reproché à Oméga Média d’avoir révélé que le président a confirmé une tentative de coup d’Etat lors d’une rencontre avec la société civile.

Quant à Newton Ahmed Barry, les « leaders panafricains » l’ont accusé d’être un « complice » de la France lorsque le journaliste a jugé « illégale » la mesure de suspension des programmes de RFI au Burkina Faso.

Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo s’est inquiété de la « surenchère verbale » et des « dérives de langage » observées dans l’espace public allant de « l’appel à la violence physique, au saccage des biens jusqu’au meurtre des personnes ».

« Le gouvernement assumera ses responsabilités »

« Le gouvernement a appelé les auteurs à se ressaisir et l’opinion publique à se démarquer de tels agissements qui compromettent la cohésion sociale et notre vivre-ensemble. Il entend assumer pleinement ses responsabilités », a insisté M. Ouédraogo.

Dans l’après-midi, des membres du Collectif des leaders panafricains se sont opposés à l’arrestation de Mohamed Sinon, contraignant la police à rebrousser chemin. « Il a été arrêté dans la soirée », a confié une source policière.

En attendant les réactions des organisations professionnelles de journalistes, plusieurs hommes médias ont exprimé leur solidarité à leurs confrères et appelé à boycotter les activités dudit Collectif. 

Les jihadistes du Sahel font allégeance au « Calife » de l’Etat islamique

La communication des jihadistes montre une impressionnante facilité de mobilisation.Tué au combat en zone syro-irakienne, le « Calife » de l’Etat islamique (EI) Abou al Hassan al Hachimi al Qourachi a été remplacé par Abou al Hussein al Husseini al Qourachi, selon un message audio du porte-parole de l’organisation jihadiste diffusé mercredi 30 novembre. Dans cet élément sonore de près de 10 minutes, Abou Omar al Mouhajir a invité les partisans de l’EI à faire allégeance au nouveau chef décrit comme un « vétéran du jihad ».

Au lendemain de cette annonce, les différentes « provinces » de l’organisation jihadiste se sont exécutées, à commencer par le Nigéria, en Afrique de l’Ouest. Dans ce pays le plus peuplé du Continent les allégeances relayées par les canaux de propagande de l’Etat islamique, sont faites à partir de six zones, essentiellement dans le nord-est.

La branche sahélienne érigée en « province » en mars dernier a également mobilisé plusieurs dizaines de combattants armés pour la « cérémonie d’allégeance » dans le sud de Ménaka, m à la frontière entre le Mali et le Niger, mais aussi dans le Gourma malien. 

« Démonstration de force »

« Le message de l’EI Sahel est clair. Ils veulent faire une démonstration de force en montrant qu’ils sont nombreux, mais aussi qu’ils jouissent d’une liberté de mouvement comme en témoignent les convois longs et sinueux et les grands rassemblements en plein champ », estime Héni Nsaibi, chercheur à Acled (Armed Conflict Location and Event Data Project).

Selon Rida Lyammouri, chercheur associé au Think tank marocain, Policy Center for the News South (PCNS), « l’EI Sahel a saisi cette occasion pour consolider sa montée en puissance amorcée depuis quelques mois dans les régions de Gao et de Ménaka, au Mali ». Dans ces deux régions du nord du Mali, les jihadistes sont soupçonnés par des organisations de défense des droits humains d’exactions contre les civils de la tribu touarègue des Daoussahak. Ils se livrent également à une guerre fratricide avec le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), l’autre groupe jiahdiste implanté dans la région mais affilié au rival Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

Comme au Nigeria, la communication de l’organisation jihadiste montre une impressionnante facilité de mobilisation avec des centaines de fantassins se déplaçant à moto sans être inquiétés par les forces de défense et de sécurité des pays, comme en témoignent les images diffusés sur les réseaux sociaux par les jihadistes eux-mêmes.

« Il est facile pour eux de se déplacer en grand nombre parce qu’il n’y a pas à l’heure actuelle d’adversaires suffisamment capables de les inquiéter de manière imminente dans les zones concernées », explique Héni Nsaibi, soulignant « l’impact du départ des forces françaises du Mali.

Dans le Liptako malien et le Gourma burkinabé et malien , les forces françaises sont parties et n’interviennent que du côté  burkinabé dans des circonstances particulières », ajoute-t-il.

Le président français a annoncé la « fin officielle de Barkhane » mercredi 9 novembre dans un contexte de crise diplomatique avec le Mali dirigé depuis mai 2021 par des militaires.

Rida Lyammouri soutient, lui aussi, que la filiale de l’Etat islamique bénéficie du « vide laissé par l’Opération Barkhane au Mali et l’instabilité politique au Burkina Faso ».

Au Mali, « la présence de l’armée et de ses partenaires de la compagnie militaire privée russe controversée Wagner se limite aux zones urbaines tandis que les milices ne peuvent pas faire grand-chose de plus que récupérer du bétail errant », insiste M. Nsaibia. 

Soldats ivoiriens détenus: vers de nouvelles sanctions contre Bamako

Depuis juillet dernier, des militaires ivoiriens sont détenus par Bamako pour « tentative de déstabilisation » de la transition.Les autorités maliennes disposent de moins d’un mois pour libérer les 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis juillet dernier pour « mercenariat ». Sans quoi, elles exposent le Mali à de nouvelles sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Réunis dimanche 4 décembre en session ordinaire à Abuja, au Nigeria, les chefs d’État ouest-africains en sont arrivés à cette éventualité comme l’a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, à la fin de la rencontre. Le président togolais, Faure Gnassingbé sera chargé de porter le message au colonel Assimi Goïta dans les prochains jours.

Cet ultimatum fait suite à l’échec de la médiation de la Cédéao dans ce contentieux. Saisie par Abidjan après que le colonel Goïta a exigé l’extradition de personnalités maliennes faisant l’objet de poursuites judiciaires chez elles, l’institution régionale avait envoyé une « mission de haut niveau » à Bamako pour obtenir la libération des des militaires ivoiriens, en vain. Le maintien en détention de 46 d’entre-eux après la médiation de Lomé ayant abouti à la libération des trois femmes du groupe, préoccupe toujours la Cédéao.

La menace de nouvelles sanctions contre le Mali risque cependant de ne pas « résoudre le problème ». « Quoique l’on pense du dossier, elle est en instance devant les juridictions du Mali », rappelle, sous le sceau de l’anonymat, un chercheur ouest-africain en sciences politiques. Ce dernier doute de l’efficacité d’un nouvel embargo après celui infligé au Mali de janvier à juillet 2022 pour son refus de remettre le pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Pour le même chercheur, un pays comme « le Sénégal ne peut pas se permettre de refermer ses frontières pour un contentieux bilatéral de cette nature et dans un contexte économique propre ». La Cédéao n’a pas précisé la nature des sanctions qui seront infligées à Bamako, souligne notre interlocuteur qui déconseille d’ores et déjà une « intervention militaire ». « Le Mali n’est pas la Gambie ou la Guinée Bissau », prévient le chercheur.

Burkina : suspension de RFI

Le pays est pourtant cité en exemple, en matière de liberté d’expression.Le gouvernement de Transition a annoncé, ce samedi, « la suspension » des programmes de la Radio France Internationale (RFI).

La mesure concerne tout le pays et prend effet dans « l’immédiat jusqu’à nouvel ordre », peut-on lire d’un communiqué signé par le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, ancien journaliste à la télévision nationale.

La suspension intervient après la diffusion de deux reportages sur les antennes de la radio française. Le premier, diffusé ce samedi, porte sur « le relai d’un message d’intimidation des populations attribué à un Chef terroriste », selon l’exécutif fait allusion au chef d’Ansarul islam, branche locale du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Dans la vidéo de 5 minutes, Jafar Dicko a mis en garde les autorités contre l’implixarkon des civils dans la guerre contre le terrorisme. 

Quant au second reportage reproché à RFI, il traite de la confirmation d’une tentative de coup d’Etat par le Président de la Transition le capitaine Ibrahim Traoré.

Le gouvernement a reproché au média français un « manquement grave » et l’accuse de propager une « information mensongère ». Il s’est indigné face « à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le Peuple burkinabè est engagé pour plus de liberté et de dignité ».

 » Décision illégale »

Le journaliste d’investigation Newton Ahmed Barry a dénoncé la décision du gouvernement qui, selon lui, n’est pas habilité à suspendre un média. » Cette prérogative revient au Conseil supérieur de la communication (CSC). Sauf si la loi a changé », a-t-il insisté. Il a expliqué que les délits qui appellent à la suspension d’un media procédent d’abord d’une audition par le CSC avant toute sanction. Laquelle est susceptible d’être déférée devant un juge.  » Museler ou persécuter la presse ne transforme pas le mensonge en vérité. C’est pas non plus parce que le mensonge est tu ou ignoré qu’il finit par devenir une vérité… Il faut revoir la militarisation de la gouvernance politique. Un État n’est pas une grande caserne », a suggéré l’ancien Président de la Commission nationale électorale indépendante (CENI).

La suspension de RFI est un nouveau pas dans la détérioration des relations entre le Burkina Faso et la France. Depuis plusieurs semaines, des manifestants réclament le départ des forces spéciales françaises basées à Kamboinssin. Ils s’en sont pris aux enseignes de l’ambassade de France à Ouagadougou et de l’institut français, à plusieurs reprises. Le Premier ministre Me Apollinaire Kyelem de Tambela avait accusé la France, sans la nommer, de manquer de loyauté dans la lutte contre le terrorisme au Burkina.

Longtemps pris pour exemple en matière de liberté d’expression et de la presse, le pays est en chute libre. Le Burkina a été crédité d’une note de 2, 25/4 en 2021, alorqu’il était noté à 2,37 en 2016; 2,44 en 2017; 2,68 en 2018.

Le gouvernement a réaffirmé son attachement à la liberté de presse et d’opinion, mais « également au droit du public à l’information ». Il a invité cependant au respect des règles et principes édictés en la matière dans le pays. 

Avant le Burkina Faso, le Mali a pris une décision similaire contre RFI pour les mêmes griefs.

Burkina : l’activité minière à l’épreuve du terrorisme

Face à l’insécurité, plusieurs sociétés minières ont réduit leurs activités, à défaut de mettre la clé sous le paillasson.C’est un message qui a réveillé Salam Congo, conducteur d’engins miniers à Ouaré (Centre-Est), une usine de la compagnie Avesoro ressources, l’informant de la cessation des activités de la société pour fin janvier 2022.

« C’était prévisible. La zone de la mine est sous contrôle des terroristes depuis longtemps. Certains convois ont été attaqués, d’autres ont sauté sur des engins explosifs. Le transport et la sécurité des employés coûtaient de plus en plus cher »,  a expliqué ce polygame et père de sept enfants.

Par la suite, les mines de Youga et Nietiana, dans le Centre-Est (du canadien Avesoro ressources), de Namissiguima dans le Nord (de l’australien Riverstone Karma), de Taparko et Bouroum dans le Centre-Est (du russe Nordgold) ont successivement fermé leurs portes du fait de l’insécurité. Pour la seule année 2022, ce sont six mines industrielles qui ont cessé leurs productions pour le même motif.

« Les mines qui ont fermé ne l’ont pas fait de gaieté de coeur », s’est désolé Adama Soro, président de la Chambre des mines du Burkina.

En attendant de trouver un nouvel emploi, M. Congo se tourne les pousses, à l’image des 2257 autres employés directs miniers, au chômage, selon le rapport 2020 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Les emplois indirects perdus sont estimés entre 5000 et 7500, toujours selon la même source.  

Sur les 17 sociétés minières que compte le pays, seulement huit sont toujours en activité. La production industrielle de l’or, par exemple, a baissé de 20% en mars 2022 (5.22 tonnes), comparativement à la même période en 2021 (26.1 tonnes), selon le ministère de l’Economie, des Finances et de la Prospective. 

Le journaliste, Elie Kaboré, directeur de publication du journal en ligne « Mines Actu Burkina » a noté, lui, une baisse générale de la production minière. Entre janvier et septembre 2022, 43,651 tonnes de ressources minières ont été produites contre 50,126 tonnes à la même période en 2019, soit une chute de 13,4% entre 2022 et 2021.  

L’ITIE a rapporté que ces fermetures ont engendré la perte et un manque à gagner aux recettes de l’Etat de près de 25 milliards de FCFA. Au premier semestre de l’année en cours, 331 communes reparties dans les 13 régions du pays ont engagé plus de 144  milliards FCFA, au titre du Fonds minier de développement local (FMDL). La cessation des activités des mines industrielles constitue « des manques à gagner pour les budgets des collectivités en termes de taxe superficiaire, de patente, d’investissement dans les infrastructures socio-économiques…», a relèvé Elie Kaboré.

Les exactions des groupes armés non étatiques ont fini par avoir raison de la sérénité du climat des affaires dans le secteur minier. « La fermeture des projets de recherche n’est pas de nature à assurer un avenir radieux pour le secteur minier. On arrivera à un moment où il sera difficile développer de nouveaux projets miniers parce que la recherche a manqué », s’est-il inquiété.

Outre les attaques contre le personnel et les biens des entreprises minières, le commissaire de police Harouna Bambara a noté des harcèlements de sites et les attaques contre les convois miniers. En novembre 2019, une embuscade contre un convoi transportant des employés de la société canadienne Semafo, à Boungou, a fait 37 morts et 60 blessés.

L’officier de police a affirmé que les mines en exploitation sont obligées à investir « massivement » dans le transport et la sécurité des travailleurs et des biens. Pendant que certaines sociétés ont opté pour le transport aérien des employés, d’autres ont choisi de renforcer les escortes des convois de travailleurs, a indiqué le commissaire de police. Il a soutenu que, selon le Code minier, c’est à l’Etat d’assurer « la sécurisation des activités minières et des sites miniers ».

A cet effet, il a été créé en 2014, l’Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM) dont la mission est d’assurer la sécurité et d’améliorer les conditions sécuritaires des sites miniers. Le journaliste Elie Kaboré a appelé à « réaffirmer le rôle de l’ONASSIM en le dotant de moyens conséquents ». Il a invité le gouvernement à « intégrer la sécurisation des mines dans la stratégie globale de lutte contre le terrorisme ».

Burkina : l’appui de Paris sollicité pour armer les VDP

Le Premier ministre s’en est encore pris à la France, dénonçant son indifférence face aux souffrances des populations, acculées par les djihadistes.Le Burkina Faso souhaite que la France appuie les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), en armes, en munitions et dans leur prise en charge financière, en guise de mesures concrètes de son engagement contre le terrorisme, a rapporté, ce mercredi, un porte-parole du Premier ministère, Jean-Victor Ouédraogo qui rendait compte d’une audience du mardi, entre le chef du gouvernement de la transition, Me Apollinaire Kyelem de Tambela et l’ambassadeur de France au Burkina, Luc Hallade.

Le Premier ministre a demandé à ce que les efforts des partenaires soient focalisés sur les aspirations du peuple burkinabè, « engagé à se défendre pour la liberté, contre la barbarie et le terrorisme ». Pour lui, c’est pour cette raison que le pays a lancé une opération de recrutement de 50 000 supplétifs civils de l’armée qui a permis d’enregistrer plus de 90 000 candidatures, selon la Brigade de veille pour la défense de la patrie (BVDP).

Me Kyelem de Tambela « a indiqué que la France pourrait aider cette résistance populaire en fournissant des armes et des munitions et en prenant également  en compte la prise en charge financière des braves combattants », a indiqué le porte-parole du gouvernement.

La France, dos au mur

L’activiste Wendpouire Charles Sawadogo a estimé que « les autorités de la Transition veulent mettre la France dos au mûr, elle qui a toujours refusé l’emploi des supplétifs ».

« On peut tout à fait comprendre [l’attitude de la France] vu les risques de dérives qui peuvent en découler… Facile ensuite d’accuser la France d’avoir armé et payer les auteurs de telles dérives », a réagi Christian Courbois, observateur de la situation sécuritaire au Sahel.

Au cours de la même entrevue, le Premier ministre s’en est, à nouveau, pris à la France. « Cela fait six ans que le Burkina Faso est acculé et ça n’émeut personne », s’est indigné Me Kyelem de Tambela qui a rappelé à l’ambassadeur Luc Hallade, que son pays a fait montre d’une sollicitude différente quant il s’est agi de venir en aide à l’Ukraine dans le récent conflit qui l’oppose à la Russie.

Pour lui, cette attitude de la France interroge sur la franchise des relations d’amitié et de coopération qui lient les deux pays. Il a ajouté que les Burkinabè cherchent une bouée de sauvetage pour leur pays. « Et si cette bouée de sauvetage doit provenir d’un autre pays autre que la France, pourquoi pas ? », s’est interrogé le Premier Ministre.

En mi-novembre, Me Kyelem de Tambela avait mis en doute la loyauté de certains partenaires dans la lutte contre le terrorisme, sans nommer la France.

Maintient des forces spéciales françaises sous condition

Cette montrée de coups de gueule contre l’ancienne métropole intervient dans un contexte marqué par des manifestations contre la présence des soldats français dans le pays. À ce propos, le Premier ministre assure que toutes les options étaient sur la table.

Mardi 29 novembre, l’ambassadeur de France à Ouagadougou a souligné que les « forces spéciales françaises resteront tant que les autorités burkinabè le souhaiteront, mais sous un format adapté (…) ». Le diplomate a insisté sur la possibilité d’organiser des missions conjointes entre Forces francaises et Forces burkinabè sous le commandement d’un officier burkinabè.

Depuis début 2015, le Burkina fait face à une instabilité politique, consécutive d’une crise sécuritaire sans précédent. Les exactions des groupes jihadistes ont fait plusieurs milliers de victimes et entraîné le déplacement de près de deux millions de personnes.

L’Etat islamique annonce la mort de son « calife »

L’Etat islamique est en pleine expansion sur le continent africain.L’Etat islamique a annoncé, mercredi 30  novembre dans un élément sonore de près de 10 minutes de son porte-parole Abou Muhajir al Hachimi al Qourachi, la mort de son «  calife ». Abou al Hassan al Hachimi Al Qourachi a été tué au cours d’un combat dont le lieu n’a pas été précisé, décrypte Wassim Nasr, journaliste à  France24 et spécialiste des mouvements jihadistes. 

D’origine  irakienne comme Abou Bakr al Baghdadi, premier chef de l’Etat islamique  tué par les Etats-Unis en octobre 2019, Abou al Hassan al Hachimi al  Qourachi a remplacé son compatriote Abou Ibrahim al Hachimi al Qourachi  après la mort, en février 2022, de ce dernier dans le nord de la Syrie  lors d’une opération des forces spéciales américaines.

Très  discret comme son prédécesseur, Abou al Hassan al Hachimi al Qourachi  est arrivé en février dernier, à la tête de l’Etat islamique, alors en pleine expansion dans le monde, particulièrement en Afrique où il compte sept « provinces », après avoir perdu du terrain dans la zone syro-irakienne d’où il a été proclamé en juin 2014.

En mars dernier, l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) qui était rattaché à la « province de  l’Afrique occidentale », placée sous l’autorité d’un « wali »  (gouverneur) nigérian a été promue province à part entière et revendique  ses opérations sous le nom de l’Etat Islamique au Sahel (EIS). Depuis mars, l’EIS concentre ses actions dans le nord malien, entre les régions  de Gao et de Ménaka, tuant plusieurs centaines de civils, indiquent des organisations de défense des droits humains.

Dans  la même logique, la branche mozambicaine a été détachée de la province de l’Etat islamique en Afrique australe, dans laquelle elle évoluait sous la direction des Forces Démocratiques alliées (ADF), des islamistes  radicaux ougandais, installés dans l’Est de la République démocratique  du Congo (RDC). Dans le nord du Nigeria, principalement dans le Bassin  du Lac Tchad, l’État islamique en Afrique occidentale multiplie les  assauts contre les forces armées nigérianes et tentent d’administrer des territoires. 

Selon plusieurs  experts, cette politique d’expansion décidée par le commandement central  de l’organisation jihadiste sera poursuivie quel que soit le chef. Abou  al Hassan al Hachimi al Qourachi est déjà remplacé par un « vétéran du  jihad », Abou al Hussein al Husseini al Qourachi, a indiqué le porte-parole de l’État islamique appelant à « vouer allégeance » au nouveau « calife ».

Burkina: les civils face aux représailles jihadistes

Le capitaine Ibrahim Traoré, qui s’est emparé du pouvoir au Burkina Faso, a décidé d’impliquer les civils dans la lutte contre les insurgés islamistes.Les nouvelles autorités de la transition vont lancer l’offensive contre les groupes jihadistes. En plus d’augmenter les effectifs de l’armée, une campagne de recrutement de 50 000 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) a été lancée sous la supervision de la Brigade de veille et de défense patriotique (BVDP).

Les VDP, de 18 à 79 ans…

Responsable des dernières attaques contre les forces de défense et de sécurité et des civils dans la région du Sahel, la branche locale du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) n’a pas tardé à réagir. Dans une vidéo de cinq minutes dont des extraits ont été largement diffusés sur les réseaux sociaux lundi 28 novembre, Jafar Dicko qui préside aux destinées d’Ansarul Islam, fondé en 2016 par son frère ainé feu Malam Ibrahim Dicko, mort en mai 2017, a mis en garde les autorités contre l’enrôlement de civils dans la guerre contre les jihadistes. Des menaces de représailles sont aussi envoyées aux candidats pour « la défense de la patrie » et à leurs villages d’origine.

Alors qu’elles s’étaient fixé un objectif de recrutement de 50 000 VDP, les autorités burkinabè ont reçu les candidatures de 90 000 personnes âgées de 18 à 79 ans. On retrouve des policiers radiés, des soldats à la retraite, des membres des groupes d’autodéfense et des chasseurs dozos parmi les prétendants. Tous les corps de métiers sont représentés. Des ministres et des syndicalistes ont aussi répondu à « l’appel de la patrie ». Cependant, tout le monde ne sera pas recruté. Les étrangers, les syndicalistes et les hommes politiques doivent régulariser leur situation s’ils veulent servir comme VDP, précisent nos sources.

« Des bandits… »

Les candidats retenus bénéficieront d’une formation militaire de deux à quatre semaines, selon le décret de juin 2022 portant statut du VDP. Ils signeront un engagement renouvelable de deux ans avec l’Etat avant d’être mis à la disposition de la BVDP et ils devraient percevoir une prime de 60 000 francs par mois. Sans doute pour motiver ces soldats d’un genre nouveau avec qui, désormais, l’armée agira sur le théâtre des opérations, assure le capitaine Traoré lors de sa rencontre avec les VDP dont l’institutionnalisation remonte à 2019 sous le magistère de Roch March Christian Kaboré.

Le jeune officier subalterne a très tôt annoncé les couleurs contre les jihadistes qu’il a qualifiés de « bandits » lors d’un déplacement à Djibo. Pourtant, revendiquant l’attaque du 26 septembre contre un convoi de ravitaillement à destination de cette ville de la région du Sahel, à plus de 200 kilomètres au nord de Ouagadougou, le GSIM avait invité les nouvelles autorités à privilégier la voie du dialogue pour sortir de l’impasse sécuritaire.

A travers cette opération qui a coûté la vie à 27 militaires et 10 civils, les jihadistes affirmaient avoir porté « un coup économique » qui a provoqué « un tremblement au sein de l’armée », faisant alliance au putsch du 30 septembre contre le lieutenant-Damiba, lui-même auteur du renversement de Roch Kaboré, après une attaque jihadiste à Inata, toujours dans le nord du Burkina Faso.

Burkina : L’armée transforme les voitures civiles en véhicules militaires

A sa prise du pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré a demandé que les véhicules non utilisés du parc automobile soient mis à la disposition de l’armée.Le génie militaire est en train de transformer des véhicules de l’Etat pour les besoins de l’armée, a appris APA de sources militaires.

Stationnés au parc automobile de l’administration publique, ces véhicules non utilisés par les agents publics sont cabossés, remontés en cargo militaires, et répeintes aux couleurs des forces armées nationales.

Une source bien au fait de l’actualité de l’armée a affirmé que ce sont les véhicules de marque Land Cruiser de type BJ cédés par le parc automobile au compte du ministère en charge de l’Economie qui viennent d’être transformés par l’armée.

« Désormais, ces véhicules autrefois inutilisés seront utiles à l’armée et aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ils serviront sur le théâtre des opérations militaires contre les groupes armés terroristes », a expliqué l’une de nos sources.

Les opérations de transformation des véhicules se poursuivent, alors qu’une autre source indique que les équipements militaires sont insuffisants et plusieurs centaines de véhicules de l’armée ont été détruits par les engins explosifs et au cours des combats avec les jihadistes.

« L’acquisition de nouvelles voitures demandent des moyens et des procédures qui prennent du temps alors que des voitures civiles sont garées pour souvent de petites pannes », a soutenu une source militaire.

A sa prise du pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré a demandé aux secrétaires généraux des ministères de lui faire le point des voitures non utilisées du parc automobile afin qu’elles soient mises à la disposition des soldats.

« Vous avez des véhicules pickups dans vos ministères, parfois inexploités pour des petites pannes. Faites-nous le point. Nous en avons besoin », a ajouté le Capitaine Traoré.

L’opération de transformation des véhicules se poursuit par le génie militaire.

Burkina : Nouvelle manifestation de soutien au Capitaine Traoré

Des rumeurs circulent sur une éventuelle tentative de déstabilisation du régime en place.Une centaine de personnes ont manifesté, ce lundi à Ouagadougou, en soutien au président Ibrahim Traoré visé, selon eux, par un complot, a constaté APA.

Les manifestants ont dit disposer d’informations sur une présumée « une tentative de déstabilisation » du régime du Capitaine Ibrahim Traoré.

«Nous ne voulons plus de coup d’Etat. Et toute personne qui va tenter deviendra président mais ne gouvernera pas », a affirmé Elza Nongana, autoproclamé porte-parole des manifestants.

Plusieurs éléments audiovisuels parvenus à APA et circulant sur les réseaux sociaux font cas de tentative de sabotage des actions du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis début octobre 2022 après la chute du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lui-même tombeur de Roch Kaboré, huit mois plus tôt.

Réunis à la Place de la nation, les jeunes ont exigé des assurances que le Capitaine Traoré était bien en sécurité. Ils ont appelé les Ouagalais à les rejoindre dans les rues pour soutenir le président de la transition.

« Nous sommes ici pour avoir la confirmation que le capitaine Ibrahim Traoré va bien et nous y resterons jusqu’à ce que nous ayions des informations», a insisté M. Nongana.

Depuis fin septembre 2022, des jeunes manifestent régulièrement pour apporter leur soutien au nouvel homme fort du pays. A la mi-octobre, plusieurs personnes avaient battu le pavé pour exiger que le capitaine Ibrahim Traoré soit désigné Chef de l’Etat à la veille des assises nationales au sortir desquelles, il a été maintenu à la tête du pouvoir pour une transition de 21 mois. 

Burkina : Plus d’un million d’élèves affectés par l’insécurité

Le Burkina Faso a « franchi la barre dramatique d’un million d’enfants » affectés par la fermeture des écoles en raison de la crise sécuritaire, a alerté l’ONG « Save the Children » dans un communiqué.Beaucoup d’écoles sont fermées à cause de l’insécurité qui prévaut au Burkina Faso depuis plusieurs années. Se référant aux données du Secrétariat technique de l’Education en situation d’urgence, une structure du ministère en charge de l’Education, l’ONG « Save The Children » a rapporté qu’à la date du 31 octobre 2022, le nombre d’établissements d’enseignement fermés dans le pays est passé de 4 258 à 5 709, soit une hausse de 1 451 structures éducatives.

Ces fermetures représentent environ 22% des structures éducatives et affectent 1 008 327 élèves, soit 490 622 filles (48,66%) et 517 705 garçons (51,34%), ainsi que 28 919 enseignants, soit 9 171 femmes et 19 748 hommes, a indiqué la même source.

« Il s’agit d’une situation dramatique qui interpelle les autorités et les différents acteurs du secteur de l’éducation. Pour l’heure, et vu l’urgence, il est primordial pour les gouvernants, les donateurs et la communauté humanitaire de trouver et de financer des solutions alternatives immédiates pour atténuer les risques liés à cette situation », a déclaré Benoit Delsarte, directeur Pays de « Save the Children ».

Il a expliqué qu’en plus de priver les enfants de leur droit à l’éducation et au développement intellectuel, la fermeture des classes les expose à de nombreux autres risques qui compromettent définitivement leur bien-être et leur avenir.

Benoît Delsarte a invité tous les acteurs concernés à « la pleine mise en œuvre de la Déclaration sur la Sécurité dans les Ecoles (DSE) ». C’est « une condition indispensable à la protection du droit à l’éducation pour tous les enfants, surtout ceux vivant dans les zones impactées par les crises et les conflits », a-t-il insisté.

Le Burkina Faso fait face depuis six ans à des attaques jihadistes qui ont causé de nombreux décès, provoqué le déplacement de 1,7 millions de personnes et la fermeture de plus de 5000 structures éducatives.

Burkina : Le Médiateur de la Cédéao chez le capitaine Traoré

C’est la 2e visite officielle de l’ancien président du Niger depuis le putsch du septembre 2022.Le Médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Burkina, Mahamadou Issoufou, s’est entretenu avec le capitaine Ibrahim Traoré sur la conduite et les missions de la transition, ce samedi à Ouagadougou, a rapporté la Présidence du Faso.

La visite a lieu en prélude au Sommet ordinaire des Chefs d’Etat de l’instance ouest-africaine, prévu le dimanche 04 décembre 2022 à Abuja au Nigeria. Il s’agit de la première rencontre des dirigeants des pays membres de la CEDAO depuis le coup d’État du 30 septembre 2022.

« Il est donc normal, en tant que facilitateur et médiateur, que je vienne pour procéder à l’évaluation de la situation de la transition dans le pays, afin d’en faire rapport aux Chefs d’Etat », a indiqué Mahamadou Issoufou.

L’ex-président nigérien s’est également entretenu avec le capitaine Traoré sur les missions de la Transition. Il a rappelé qu’il s’agit de « la reconquête du territoire sous contrôle terroriste, la résolution de la crise humanitaire, le retour à l’ordre démocratique et aussi la mobilisation des ressources afin de permettre à a Transition de réaliser ses missions ».

Les deux hommes ont aussi évoqué la question du comité de suivi et d’évaluation de la Transition. La mise en place de ce comité a fait l’objet d’échanges, en juillet 2022 sous le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba. Il regroupe des membres du gouvernement Burkinabè, les experts de la Cédéao et de l’Union africaine (UA).

Mahamadou Issoufou a dit être également porteur d’un message d’Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations-Unies, en rapport avec l’Union africaine, la Cédéao et le G5 Sahel. Celui-ci concerne l’évaluation stratégique, sécurité-développement dans les pays du « Sahel géopolitique », qui regroupe tous les pays sous menace terroriste et du crime organisé. « Tous ces pays connaissent les mêmes défis : sécuritaire, institutionnel, climatique, démographique, humanitaire et développement économique et social », a insisté l’ancien président du Niger.

Le Médiateur de la Cédéao a dit avoir eu des échanges « dans une atmosphère très franche ». Chose qui lui  permis d’avoir une « parfaite identité de vue sur l’ensemble des questions abordées ».

C’est la 2e visite officielle de Mahamadou Issoufou au Burkina depuis le putsch qui a porté Ibrahim Traoré au pouvoir. Début octobre, il avait conduit une mission d’information pour rencontrer les nouvelles autorités du pays, au lendemain de la chute du lieutenant-colonel Damiba. Cette visite avait été accompagnée de manifestations dans les rues de la capitale, contraignant le capitaine Traoré à recevoir la délégation de la Cédéao à l’aéroport de Ouagadougou.

Médias: les organes de régulation de l’Uémoa en conclave au Sénégal

La lutte contre les discours de haine était au menu de cette rencontre tenue récemment dans la capitale sénégalaise.Les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) s’engagent à lutter contre la prolifération des discours de haine et la désinformation. Ainsi, leur organe de régulation de l’audiovisuel ont tenu leur 9e Assemblée générale, jeudi 24 et vendredi 25 novembre 2022 au Sénégal, rapporte l’Agence de presse sénégalaise  (Aps, publique).

L’évènement de deux qui a également vu la participation de la République de Guinée avait pour thème :  »La lutte contre la prolifération des discours de haine ou violents dans les médias et la désinformation ».

Selon Babacar Diagne, président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) du Sénégal, « cette rencontre est l’occasion pour nous d’aborder cette thématique qui est d’une importance capitale pour les pays africains en général et ceux constituant notre chère plateforme en particulier ».

« Les technologies élargissent le champ du possible en matière de communication, fragilisant en même temps les socles de sociétés traditionnellement multiculturelles et ethniques », a indiqué M. Diagne, par ailleurs ancien directeur général de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS, publique).

Poursuivant, il a souligné que « de la liberté d’expression dont le principe est universalisé et renforcé par la radio et la télévision ouvertes aux interpellations citoyennes, notre monde a progressivement glissé vers l’universalité  de contenus ».

Prenant la parole, le président de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) de Côte d’Ivoire, René Bourgoin a affirmé que « cette Assemblée qui nous réunit traduit clairement notre vision commune et mieux notre détermination à renforcer nos systèmes de régulation face à tous les défis auxquels nous faisons face ».

Bcéao : Jean Claude Kassi Brou officiellement installé gouverneur

L’ancien ministre ivoirien de l’Industrie et des Mines doit notamment travailler à la stabilisation de l’inflation notée dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).Jean Claude Kassi Brou a été officiellement installé dans ses fonctions de gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) ce vendredi 25 novembre à Dakar, au Sénégal. Il a été nommé à ce poste le 04 juin 2022 dernier en remplacement de son compatriote Tiemoko Meyliet Koné, promu vice-président de la République de Côte d’Ivoire depuis le 19 avril 2022.

« Dans l’exécution de cette mission, l’une des priorités du moment est de réduire l’inflation, qui se situe actuellement à un taux élevé », a indiqué le président du Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), Sani Yaya à M. Brou.

Pour y arriver, « vous aurez à mobiliser les instruments de politique monétaire adaptés à cette circonstance, dans un contexte marqué par des chocs multiples, notamment celui induit par la guerre russo-ukrainienne, les défis sécuritaires et les effets de la pandémie de Covid-19 », a conseillé Sani Yaya.

Ce dernier, également ministre de l’Economie et des Finances du Togo, a par ailleurs invité le nouveau gouverneur à consolider l’œuvre entamée par ses prédécesseurs, à veiller au respect de l’application des dispositions, traités, accords et conventions, des statuts et protocoles de la Bcéao.

Dans l’exercice de cette nouvelle mission, le nouveau gouverneur de la Bcéao devra notamment compter sur le concours loyal de ses collaborateurs, mais aussi la coopération de la communauté bancaire et financière des Etats membres et des partenaires, a souligné Sani Yaya.

En effet, note-t-il, des choix efficaces s’imposent pour maintenir les économies de l’Uémoa sur une trajectoire de croissance forte, tout en travaillant à préserver la stabilité macroéconomique des pays concernés, laquelle se trouve « menacée par les soubresauts de la conjoncture internationale ».

« La préservation de la stabilité financière est une mission fondamentale de la Bcéao. Les défis sont nombreux notamment dans le secteur bancaire, monétaire et financier, qui est de plus en plus exposé aux effets de la révolution numérique, avec l’émergence de nouveaux acteurs et produits qui, s’ils sont de nature à faciliter l’inclusion financière et la fluidité des transactions, ne sont pas simples », a-t-il dit.

Conscient du poids de l’héritage qui lui a été légué, Jean Claude Kassi Brou a rappelé que d’importants défis interpellent les dirigeants actuels dans un contexte où les attentes des États, des acteurs du système financier et des populations sont fortes et urgentes.

« Outre la lutte contre l’inflation, d’autres défis retiendront toute notre attention au cours des prochaines années. Il s’agira de la stabilité macroéconomique, notamment monétaire, gage de la confiance pour les épargnants et les investisseurs nationaux et internationaux, du financement sein de nos économies pour soutenir une croissance saine et durable, du renforcement de la solidité de notre système bancaire, de la poursuite du développement d’un secteur de la microfinance solide et performant en termes d’accès des populations à faible revenu aux services financiers, de l’approfondissement du marché financier régional et de l’accroissement de l’inclusion financière, grâce notamment à toutes les possibilités offertes par la numérisation », a listé M. Brou.

Il a ainsi annoncé la finalisation prochaine de nouvelles lois sur l’activité de la réglementation bancaire, sur la microfinance et sur la réglementation des relations financières extérieures, les Etats membres de l’Union ainsi que sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Burkina: focus sur le «nouveau» potentiel supplétif de l’armée

Depuis sept ans, le Burkina Faso fait face à une insurrection jihadiste qui a fait des milliers de victimes et entrainé le déplacement de près de deux millions de personnes.Au terme de l’opération de recrutement de supplétifs civils de l’armée, plus de 90.000 personnes se sont portées Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), rapporte la Brigade de veille et de défense patriotique (BVDP), dont l’objectif était d’enrôler 50.000 civils.

La BVDP s’est félicitée, dans un communiqué publié jeudi soir, de la « grande mobilisation » des populations et les a félicitées pour leur « engagement au service de la mère patrie ».

Mais qui sont ces potentiels VDP, prêts à en découdre avec les groupes armés terroristes ? Selon les informations obtenues par APA, il s’agit d’hommes et de femmes. La lutte contre le terrorisme « n’est pas seulement une affaire d’hommes. C’est un devoir citoyen et patriotique », a confié une volontaire. La plus jeune VDP a 18 ans, alors que le doyen d’âge a 79 ans, a précisé un agent de recensement.

Quant aux profils des futurs supplétifs de l’armée, l’agent recenseur a révélé la présence d’hommes déjà habitués aux armes. Il s’agit de policiers radiés suite aux mutineries de 2011, de soldats à la retraite, de membres de groupes d’autodéfense koglwéogo, et de chasseurs traditionnels dozo.

Il a ajouté que « des Burkinabè de tous les bords socioprofessionnels et de toutes les communautés » s’ont enrôlés. « On a des menuisiers, des maçons, des ouvriers, des commerçants, des éleveurs, des paysans… Je pense que toutes les ethnies se sont senties concernées. Il y a des lobis, des mossis, des gulmentchés, des dafins, des peulhs. Tout le monde est dedans », a-t-il dit.

Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés avait appelé à un recrutement « sans discrimination », au moment où l’Etat est accusé de puiser les VDP parmi les mossis.

Expert en police de proximité, Oumarou Yaro a affirmé que les VDP « doivent être représentatifs sociologiquement des sensibilités de chaque localité. Ils doivent être un échantillon représentatif de la communauté qu’ils représentent ».

Partant de là, notre source a mentionné l’inscription d’élèves, d’étudiants et de travailleurs du privé et du public, notamment des agents de santé, des enseignants, des agents d’agriculture… « Un fonctionnaire peut s’engager au front pour défendre la nation. Il sera VDP mais bénéficiera toujours de son salaire de médecin, d’enseignant ou autre », a expliqué à APA un officier au sein de Bla VDP.

Parmi les « nouveaux » Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), il trouve des inscrits de luxe comme les ministres de l’Enseignement supérieur, le professeur Adjima Thiombiano, et de la Jeunesse, Issouf Sirima, l’avocat et homme de lettres, Me Frédéric Titinga Pacéré, 79 ans, l’homme politique et ancien ministre, Me Bénéwendé S. Sankara, le seul survivant des évènements du 15 octobre 1987 etc.

« Conformément au statut du VDP, tous les inscrits ne peuvent pas pour le moment être retenus et la BVDP invite tous ceux qui sont dans une situation d’irrégularité à se conformer aux règles, s’ils maintiennent leur décision de servir comme VDP », a affirmé le lieutenant-colonel thomas Savadogo de la BVDP. Cette mesure concerne les inscrits qui ne possèdent pas la nationalité burkinabè, les syndicalistes et les hommes politiques.

Selon le Décret de juin 2022 portant statut du VDP, ceux qui seront retenus bénéficieront d’une formation militaire initiale de deux à quatre semaines. Ils signeront un engagement renouvelable de deux ans avec l’Etat, avant d’être mis à la disposition de la BVDP, elle-même rattachée au Commandement des opérations du théâtre national (COTN), désormais sous tutelle de l’Etat-major général des armées (EMGA).

L’auxiliaire des Forces de défense et de sécurité (FDS) est un « agent » de renseignement, armé, qui prend part aux opérations militaires de lutte contre le terrorisme, en collaboration avec l’armée. Le nouveau VDP aura une prime, informe le Décret, sans aucune précision. Mais selon des sources concordantes, chaque supplétif bénéficiera d’une prise en charge financière de 60.000 FCFA par mois.

Les VDP constituent un maillon essentiel de la stratégie de lutte contre les jihadistes du capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Burkina Faso. Celle-ci est basée sur la Force spéciale anti-terroriste (FORSAT), qui met en avant les supplétifs de l’armée. « Désormais, c’est ensemble qu’on va agir », a indiqué le capitaine Traoré à des représentants de VDP.

Aussi, les recrutements de l’armée se feront désormais au sein des supplétifs civils, selon le gouvernement. Pour le journaliste Serge Oulon, les futures recrues constituent une « alternative au problème d’effectifs dans l’armée ». « Il faut aussi espérer avoir plus d’agressivité, de dynamisme et d’engagement dans le combat d’autant plus que des volontaires ont fait souvent preuve d’une réelle motivation au combat dans certaines zones. Leur bravoure frise souvent le miracle », a commenté le journaliste.

Anti-terrorisme : l’Initiative d’Accra au secours du Burkina Faso

Le pays se réserve le droit de se retirer de cette force conjointe si les résultats ne suivent pas.Le Sommet des chefs d’Etat de l’Initiative d’Accra, réuni mardi dans la capitaine ghanéenne, a annoncé le déploiement de 2000 hommes au Burkina Faso pour contrer l’avancée des groupes armés non étatiques, rapporte la télévision nationale, ce mercredi.

L’Initiative s’est fixée un délai d’un mois pour rendre opérationnelle sa force multinationale conjointe. La task-force comporte un contingent de 10.000 soldats qui seront stationnés à Tamalé au Ghana et un volet renseignement, basé à Ouagadougou au Burkina Faso, a précisé un communiqué des pays membres.

La task-force de l’Initiative d’Accra est un regroupement de sept pays dont le Burkina Faso destinée à faire face à l’expansion du terrorisme. Elle est axée sur « le partenariat et le soutien mutuel entre membres » en matière « d’opérations conjointes, de formation et de partage de renseignements », selon les pays membres.  

« Si cette initiative ne donnerait pas de résultats concrets, le Burkina Faso se réserverait le droit de se retirer de cette initiative. Parce que nous ne sommes pas pour des réunions et sommets sans fin, qui tournent en boucle et sans résultats. Je pense que nous avons été compris », a déclaré le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, représentant le Capitaine Ibrahim Traoré à Accra.

Pour rendre fonctionnelle la force anti-terroriste, l’Initiative a besoin d’environ 550 millions de dollars américains, une enveloppe qui suscite déjà l’intérêt de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union Africaine (UA), l’Union européenne (UE) et de la Grande-Bretagne. Les dirigeants ont recommandé aussi que des actions concrètes, « y compris la collecte de fonds, pour soutenir les pays sévèrement touchés par le terrorisme ».

Le Burkina Faso a plaidé pour un financement endogène, loin du diktat des bailleurs de fonds. « En prélevant par exemple, rien qu’une petite somme sur chaque kilogramme de café vendu, de cacao vendu, de coton vendu, de lingots d’or extrait, nous pouvons réunir les fonds nécessaires pour soutenir cette initiative », a expliqué Tembela.

Les Présidents ont indiqué avoir pris « bonne note » de la volonté du Nigeria de rejoindre le siège de la task-force de « l’Initiative d’Accra » et l’ont désigné comme observateur. Le géant ouest-africain a pris le leadership de la mobilisation et s’est engagé à accompagner la Force conjointe en appuis aérien et logistique.

Pour le chef du gouvernement burkinabè, l’Initiative a pris conscience de la gravité de la situation et les membres se sont engagés à mettre en place très rapidement la task-force pour soutenir les pays confrontés au terrorisme

Lancée en 2017, l’Initiative d’Accra regroupe le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Ghana, le Mali et le Togo. Bamako n’a pas participé au sommet d’Accra. Tous les trois mois, « l’Initiative » tient des réunions ministérielles précédées d’une rencontre technique des responsables en charge de la sécurité et des renseignements. L’organisation est financée par les Etats membres.

Burkina : Les soldats « n’ont rien fait » pour protéger l’ambassade de France (ambassadeur)

L’Union européenne et la France ont appelé les nouvelles autorités de la transition à protéger les enseignes diplomatiques dans le pays.L’ambassade de France à Ouagadougou a demandé aux autorités de renforcer sa protection après les violentes manifestations qui l’ont visée la semaine dernière à Ouagadougou, selon une lettre adressée au gouvernement.

Le 18 novembre, des centaines de manifestants, parés de symboles russes, ont lancé des pierres et d’autres projectiles contre l’enclave diplomatique française avant de se rendre à la base militaire française à Kamboinsin, à la périphérie de la capitale.

Dans la lettre adressée au ministère des affaires étrangères, l’ambassadeur Luc Hallade a déclaré que les soldats Burkinabè « n’ont rien fait » pour protéger la représentation diplomatique pendant la manifestation. Il a affirmé que certains membres des services de sécurité « ont été filmés en train de jouer aux cartes » au moment des faits.

La délégation de l’Union européenne auprès du Burkina Faso qui a condamné, ce mardi, « la violence des actes perpétrés par de nombreux individus mobilisés et organisés à cette seule fin » a déploré « l’absence de réaction appropriée des services de sécurité ». Elle a aussi dit ne pas comprendre que ce type de scénario se reproduise alors qu’une note verbale relative à la sécurisation des missions diplomatiques avait été adressée au Corps diplomatique accrédité au Burkina, début novembre.

L’Union européenne et la France ont appelé le gouvernement à respecter les conventions internationales sur la protection des enclaves diplomatiques, de renforcer la sécurité autour des ambassades et de condamner les auteurs des actes de violences contre les représentations diplomatiques.

Début octobre dernier, des manifestants avaient pris pour cible et tenté d’incendier l’ambassade de France, au lendemain de la prise du pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, le deuxième putsch en moins d’un an dans le pays. Depuis, l’ambassade de France au Burkina Faso n’est toujours pas fonctionnelle. Paris avait exigé en vain des excuses de la part des autorités, à la suite des casses de manifestants à l’époque. 

Sahel: Incertitudes autour de la mort d’un cadre de l’Etat islamique

Cadre de l’Etat islamique au Sahel, le Nigérien Iliassou Djibo, surnommé Petit Chaporé, aurait été tué fin octobre dans dans la guerre fratricide entre jihadistes sahéliens.Activement recherché par plusieurs services de renseignement sahéliens et occidentaux, Iliassou Djibo alias Petit Chaporé aurait été tué. Le jihadiste nigérien aurait trouvé la mort fin octobre dans des affrontements entre l’Etat islamique au Sahel et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), dans l’est du Mali, non loin de la frontière avec le Niger. 

Plusieurs médias nigériens ainsi que des spécialistes des groupes jihadistes ont confirmé la mort du jihadiste. Cependant des sources sécuritaires contactées par APA préfèrent jouer la carte de la prudence. “Selon mes informations, il n’a même pas pris part aux affrontements entre l’EIS et le GSIM”, soutient l’une d’elles.

En tout cas, sa mort serait un coup dur pour la branche sahélienne de l’Etat islamique. Ancien membre du le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), un groupe créé en 2011 par le jihadiste mauritanien Hamada Ould Mohamed Heirou, alors en rupture de ban avec Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et l’arabe malien Ahmed Tilemsi, Petit Chaporé a milité à Almurabitoune, né en 2013 d’une fusion du MUJAO et de la Brigade des Signataires par le Sang du jihadiste algérien, Mokhtar Belmokhtar.  

Recherché par les Etats-Unis

Lorsque Adnan Abou Sahraoui fait allégeance à l’Etat islamique en 2015, il a compté sur des hommes comme Iliassou Djibo pour constituer le noyau dur de la succursale du “Califat islamique” proclamé par Abou Bakr al Baghdadi en Irak. Le 4 octobre 2017, des forces spéciales américaines et des soldats nigériens tombent sur une embuscade des insurgés islamistes. Le bilan est lourd. Huit militaires sont tués, dont quatre Américains et quatre Nigériens. Le 12 janvier 2018, Adnan Abou Walid al Sahraoui (AWAS) revendique cette opération, relevant l’aura de son groupe auprès du commandement central de l’État islamique dont les provinces syro-irakiennes étaient en difficultés. 

Les Américains lancent à travers le programme “Reward for justice” la traque contre les auteurs de cette attaque et offrent jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information facilitant leur capture. Mais Petit Chaporé échappe aux multiples opérations des militaires français visant le commandement de l’EIS en 2021 et qui ont permis de tuer en aout Adnan Abou Walid al Sahroui, avec l’aide des américains. Très actif à la frontière entre le Mali et le Niger, le jihadiste aurait joué un rôle important dans la montée en puissance de l’EIS dans l’est du Mali et les exactions contre les civils dans cette région.

Burkina : les forces spéciales françaises sur le départ ?

Après le Mali, les militaires français pourraient quitter le Burkina Faso.Les forces spéciales françaises présentes au Burkina Faso pourraient quitter ce pays d’Afrique de l’Ouest. Dans un entretien avec le Journal du Dimanche, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, n’écarte pas cette hypothèse. “Il est évident que notre stratégie générale en Afrique interroge toutes les composantes de notre présence, y compris les forces spéciales”, explique-t-il, notant que l’unité des forces spéciales déployées à Ouagadougou et connue sous le nom de “Sabre”, “a un role clé ces dernieres années dans la lutte contre le terrorisme au Sahel”.

Sébastien Lecornu évoque cette éventualité dans un contexte de réarticulation de la présence militaire française au Sahel. En novembre, Emmanuel Macron a annoncé la “fin officielle” de l’opération Barkhane dont la vocation était de combattre les groupes jihadistes au Mali et au Sahel. Le président français s’est donné 6 mois pour décider, avec ses partenaires de la région sahélienne, du nouveau format qu’il espère “plus léger”, répondant à “l’expression de besoins explicites des armées africaines”.

Cette nouvelle stratégie répond aussi à une vague de contestations de la présence militaire française au Sahel. Vendredi 18 novembre, des manifestants, parés de drapeaux russes, ont demandé le départ de l’ambassadeur de France de Ouagadogou. Dispersés à coups de lacrymogènes par des gendarmes burkinabè, ils se sont rendus à la base française de Kamboinsé, à la périphérie de la capitale pour remettre une lettre de protestation aux militaires français.

Le lendemain, devant l’Assemblée législative de transition, le Premier ministre du gouvernement de la transition, Me Apolinaire Jean Kyellem de Tambéla qui faisait sa déclaration de politique générale s’est interrogé sur la sincérité de certains partenaires du Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme.

Terrorisme au Burkina: certains partenaires mis en cause

Me Appolinaire Kyelem de Tembela s’en est pris à la France, sans la nommer.Le Premier ministre Burkinabè a livré, ce samedi 19 novembre 2022, un « discours d’orientation et d’engagement politique » devant les députés de la transition. Dans son adresse, Me Appolinaire Kyelem de Tembela a fustigé l’attitude de « certains partenaires » du pays dans la lutte contre le terrorisme qu’il a accusés de manquer de loyauté et d’être « complices » des djihadistes qui écument le Burkina depuis 2015.

« Certains partenaires n’ont pas toujours été loyaux (…). Comment comprendre que le terrorisme gangrène notre pays depuis 2015, dans l’indifférence, si ce n’est avec la complicité de certains de nos prétendus partenaires ? », s’est-il demandé.

Sans cette » complicité », le chef du gouvernement de la transition s’est demandé où les groupes armés terroristes trouvent-ils les armes, les munitions, le carburant, l’argent qu’ils ont à profusion ?

Le Premier ministre a aussi mis en doute la sincérité des « amis » du Burkina dans la lutte contre le terrorisme. Il a indiqué que ces derniers contrôlent l’espace avec des moyens modernes de détection, mais ne peuvent pas « nous donner les renseignements nécessaires sur les agissements et les mouvements de ces terroristes ». Comment est-ce possible « s’ils sont nos vrais amis ? », s’est-il interrogé.

Me Kyelem n’a pas nommé de pays mais plusieurs personnes accusent la France d’armer les djihadistes. En mi-novembre 2021, un convoi logistique de l’opération Barkhane assurant la liaison Abidjan-Gao a été bloqué à Kaya, à 100 kilomètres au nord-est de Ouagadougou, par des milliers de manifestants qui le soupçonnaient notamment de livrer des armes aux djihadistes et réclamaient son inspection. 

 « Nous essayerons autant que possible de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso », a affirmé le chef du gouvernement burkinabé.

Ce n’est pas la première fois que des autorités du Faso évoquent les possibilités de diversifier les partenaires de la lutte contre le terrorisme. Sous le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, le Premier ministre Albert Ouédraogo avait soutenu que « l’option est désormais de diversifier les partenariats » en matière de coopération militaire « afin d’optimiser les atouts spécifiques de chaque partenaire ». Il avait également insisté sur « le respect de notre indépendance territoriale et la sincérité » dans le nouveau partenariat. 

L’avènement du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir a entraîné une vague de manifestations pro-russes et multiplié les appels au départ de la France du pays. Sa visite officielle chez le colonel Assimi Goïta, président de la transitio du Mali, a fini par convaincre plus d’un de sa volonté de se rapprocher de la Russie. 

La sortie du Premier ministre laisse encore plus perplexe. « Dans la lutte contre le terrorisme, il revient aux Burkinabè, et à eux seuls, de défendre leur patrie en danger. Avec bien-sûr le soutien bienveillant de tous ceux qui voudront nous accompagner… Nous restons convaincus que les Burkinabè sont en mesure de défendre leur pays, pour peu qu’ils aient l’encadrement et les moyens nécessaires », a insisté Me Appolinaire Kyelem.

Depuis octobre 2015, le Burkina Faso est plongé dans une spirale de violences djihadistes, ayant fait plusieurs milliers de victimes et entraîné le déplacement d’environ deux millions de personnes.

Burkina : lancement d’un appel à l’effort de guerre

Près de deux millions de personnes sont déplacées du fait des attaques terroristes, selon le gouvernement.Le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Faso a annoncé, vendredi 18 novembre 2022, la mise en place d’un « comité de collecte des contributions de toutes les bonnes volontés pour accompagner l’effort national » dans la lutte contre le jihadisme.

Dans un communiqué transmis à APA, le chef de l’État burkinabé a précisé que le comité informera l’opinion des « besoins les plus urgents identifiés », recevra « tous les dons sous toutes les formes » et fera un bilan des aides collectées et de leur usage. 

 Les contributions financières sont recevables par paiement mobile et/ou virement bancaire à travers des comptes créés à cet effet, ajoute le document signé par le capitaine Traoré. Les contributions peuvent aussi être en nature et des lieux de stockage seront précisés pour les y transférer. 

Le Burkina Faso traverse une crise humanitaire sans précédent consécutive à la situation sécuritaire marquée par des attaques terroristes ayant fait des milliers de victimes, alertent plusieurs organisations humanitaires et de la société civile. Près de deux millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer à cause des exactions des groupes armés non étatiques. Selon l’Unicef, 3,4 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et 700.000 enfants de moins de cinq ans menacés de malnutrition aiguë dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. 

Le nouvel homme fort du Faso a indiqué que les contributions visent à sortir le pays des crises sécuritaire et humanitaire. « Par souci de transparence et de redevabilité, un point mensuel sera fait et un rapport d’exécution bimensuel sera rendu public sur l’état des ressources et leur utilisation », a promis le capitaine Ibrahim Traoré qui a renoncé, mercredi 16 novembre, à son salaire de Président pour ne garder que celui d’officier de l’armée afin de « montrer l’esprit de sacrifice » qui doit animer les Burkinabè. Ses ministres ont aussi cédé 50% de leur salaire de novembre à la Caisse nationale de solidarité au profit des personnes en difficulté.

Burkina : Des manifestants exigent le départ de l’ambassadeur de France

Les policiers ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants pro-russes.

De nombreux jeunes ont manifesté, une nouvelle fois, dans les rues de Ouagadougou, contre la présence française dans le pays.

Partis du Stade municipal de Ouagadougou, peu avant 9h, ils se sont dirigé vers l’Ambassade de France, scandant des slogans hostiles à l’Hexagone et affichant fièrement des drapeaux russe.

« Aujourd’hui, nous partons pour demander à l’ambassadeur de la France à Ouagadougou (Luc Hallade, ndlr) de rentrer dans son pays. En partant, qu’il n’oublie pas ses soldats », a expliqué un manifestant, portant un t-shirt à l’effigie du président de la Russie, Vladmir Poutine et paré des couleurs russes.

Devant la représentation diplomatique française, les manifestants ont trouvé des forces de l’ordre sur place. Des négociations ont été entamées.

Face au refus des pro-russes de rebrousser chemin, les gendarmes ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les foules. Les manifestants ont répliqué en lançant de gros morceaux de cailloux dans la cour de l’ambassade.

« Cela fait la quatrième fois que les gendarmes ont jeté les gaz, mais on est toujours là. Quand ça va finir (le gaz lacrymogène, ndlr) on va voir ce qu’ils vont faire maintenant », ironise un contestataire.

Depuis plusieurs mois, les manifestations anti-françaises se sont multipliées dans le pays. L’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré, soutenu par de nombreux pro-russes, a cristallisé les positions. Il y a environ un mois, les pro-russes manifestent chaque vendredi contre la présence francaise au Burkina.  

Burkina : Le capitaine Ibrahim Traoré renonce à son salaire de Président

Son prédécesseur, Paul-Henri Damiba avait, au contraire, augmenté le sien.Comme le capitaine Thomas Sankara, père de la révolution d’août 1983, le chef de l’Etat burkinabè Ibrahim Traoré renonce à son salaire de président de la République. Il  touchera uniquement son salaire de capitaine des forces armées nationales.

« Le président de la Transition, Ibrahim Traoré, a décidé de garder son salaire de Capitaine », a annoncé le porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, ce mercredi 15 novembre 2022, à l’issue de l’hebdomadaire Conseil des ministres.

Le porte-parole a indiqué que cette décision vise à « montrer cet esprit de sacrifice qui doit habiter chacun des Burkinabè dans la situation actuelle de notre pays ».

En avril 2022, le président déchu Paul-Henri Damiba avait pris un décret portant rémunération du Président, des ministres et des présidents d’institutions. Le même mois, il avait perçu un salaire de 2 826 400 FCFA. Son Premier ministre, Albert Ouédraogo, quant à lui, avait un salaire de 2 782 717 FCFA. Dans un article, le journal d’investigation « Le Reporter » avait estimé qu’il « bat tous les records de salaire Burkinabè. Ni [les anciens présidents] Blaise Compaoré, ni Roch Kaboré n’a eu le salaire » de l’ex-PM. Les 02 anciens présidents touchaient, respectivement, 2 206 195 FCFA et 2 148 320 FCFA.

La mesure prise par le capitaine Traoré abroge donc le décret d’avril 2022 et restaure celui de décembre 2008. Selon ce dernier, le Premier ministre touche 1 308 000FCFA, les présidents d’institutions 1 215 000FCFA, les ministres d’État 1 205 000FCFA et les autres ministres 1 155 000FCFA. Conformément à cette disposition, les ministres de Ibrahim Traoré vont toucher à nouveau  entre 1 155 000FCFA et 1 205 000FCFA, a déclaré Jean Emmanuel Ouédraogo. Mais les ministres ont décidé de consacrer 50% de leurs salaires du mois de novembre à la Caisse nationale de solidarité au profit des personnes en difficulté notamment les personnes déplacées internes, rapporte la présidence du Faso.

La réduction des salaires de l’exécutif est aussi une promesse du Premier ministre, Appolinaire Kyelem de Tambéla. « Nous allons baisser les salaires du Président et des membres du Gouvernement. Le Président est d’accord et moi aussi », avait-il affirmé dans une interview accordée à Radio Oméga.

La décision est bien appréciée des Burkinabè. L’homme politique et candidat malheureux aux présidentielles de 2015, Tahirou Barry, a estimé que « le sacrifice financier du chef de l’État et son gouvernement n’est rien d’autres que l’expression d’une gouvernance et d’un leadership par l’exemplarité ». Pour lui, ce sont des « des actes qui méritent sincèrement fière chandelle ».

« Joindre l’acte à la parole. Un pas concret du gouvernement de Tambéla… La direction prise est bonne. Le peuple va maintenant consentir les efforts et sacrifices..», a commenté Dieudonné Soubeiga, journaliste.

Le capitaine Traoré est arrivé au pouvoir le 30 septembre dernier par un coup d’Etat contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lui-même tombeur de Roch Marc Christian Kaboré huit mois plus tôt. 

Burkina : Le capitaine Traoré réorganise l’armée

Le capitaine Ibrahim Traoré a signé plusieurs décrets réorganisant les Forces armées nationales (FAN).

Le Burkina comprend désormais six régions militaires pour l’armée de terre, deux régions aériennes pour l’armée de l’air, six régions de gendarmerie et six groupements de force, selon un décret présidentiel, signé le 14 novembre 2022 par le capitaine Traoré. Cette disposition abroge de fait, celle de 1994 portant organisation du territoire national en zones de défense et en régions militaires.

Un autre décret crée six Bataillons d’intervention rapide (BIR). Basés à Ouagadougou, ils peuvent etre déployés sur l’ensemble du territoire national en fonction « des nécessités opérationnelles », précise la note officielle consultée par APA. « Les BIR vont intervenir le plus rapidement possible et le plus en avant, en privilégiant la mobilité et la puissance face à la menace contre l’intégrité du territoire », explique le décret présidentiel.

Le capitaine Ibrahim Traoré ajoute que ces Bataillons sont  mis à la disposition du Commandement des opérations du theatre national (COTN), lui-même désormais placé sous l’autorité administrative du Chef d’Etat-major général des armées (CEMGA) et du commandement opérationnel du CEMGA adjoint.

Le capitaine Farouk Azaria Sorgho a été nommé commandant du 4e Bataillon d’intervention rapide. Il est connu pour avoir lu le communiqué lors du putsch du 30 septembre 2022 contre le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba.

Le président Traoré a également procédé à plusieurs nominations. Le lieutenant-colonel Christian Ouattara a été nommé, dans la foulée, chef d’état-major de l’armée de l’air. Il remplace le colonel Vincent de Paul Ouédraogo, proche du président déchu, Paul-Henri Damiba.

Dans un autre décret, en date du 14 novembre, le chef de l’État burkinabè a nommé de nouveaux commandants de régions militaires. Une quarantaine d’officiers d’active ont été promus à des grades supérieurs pour compter du 1er octobre 2022.

L’ex-député de l’Assemblée législative de transition (ALT), Dr Arouna Louré, acteur de la société civile, a estimé que la promotion des capitaines met en évidence la « fracture entre les officiers subalternes et les officiers supérieurs et généraux ». Pour lui, le fait de les nommer à des rôles de commandant des régions militaires « est très courageux, et en même temps suicidaire ». Il a expliqué que ce sont des postes qui devraient être reversés à des Colonels ou des officiers généraux selon un certain organigramme.

« De même, nous n’aurons plus de lieutenant-colonel au front. J’imagine mal un lieutenant-colonel au front sous le commandement d’un capitaine ou d’un commandant. Ainsi ces nominations voudraient dire une chose : la non employabilité des officiers supérieurs et des officiers généraux », a insisté Dr Louré.

Le capitaine Traoré tente de prendre le contrôle de l’armée. En mi-octobre, il avait nommé le capitaine Oumarou Yabré, directeur général de l’Agence nationale de renseignement (ANR).

Au pouvoir depuis début octobre, le capitaine avait annoncé une réorganisation de l’armée pour la rendre plus opérationnelle et efficace sur le front. Il a lancé une vaste opération de recrutement de soldats de rang et de supplétifs de l’armée.

Afrique : ces anciens présidents qui s’activent pour la paix

Plusieurs anciens chefs d’Etat africains ont réussi leur reconversion en offrant leurs services pour une paix politique durable sur le continent.En Afrique, ce ne sont pas tous les chefs d’Etat qui s’inquiètent de leur devenir au moment de quitter le pouvoir. Ces dernières années, ils sont nombreux à avoir passé pacifiquement la main à un successeur élu par leurs compatriotes pour entamer une seconde vie. Si certains préfèrent se retirer de la politique et profiter de leur retraite, d’autres choisissent par contre de rester sur la scène internationale pour apporter leur expertise dans la construction d’une Afrique démocratique.

Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) par exemple, Uhuru Kenyatta travaille depuis quelques semaines pour mettre fin aux affrontements violents entre l’armée et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Après avoir transmis le pouvoir à son successeur William Ruto, il y a un peu moins de trois mois, l’ex-chef de l’Etat kenyan s’emploie pour une résolution de cette crise dans laquelle le Rwanda est accusé de soutenir la rébellion du M23, qui a pris du galon ces derniers mois.

En tant que nouveau facilitateur de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC, sigle anglais) pour la paix dans la partie orientale de la RDC, M. Kenyatta mène sa mission avec panache. Il a achevé lundi 14 novembre un séjour de deux jours à Kinshasa, la capitale congolaise, lors duquel il a consulté des ministres, des diplomates ainsi qu’une quarantaine de représentants des communautés des deux Kivu et de l’Ituri. Parmi eux, des chefs coutumiers et des membres de la société civile qui ont fait le déplacement.

De présidents à médiateurs africains

Plus loin, dans la région ouest du continent où plusieurs pays sont perturbés par la violence jihadiste et les séries de coups d’Etat, d’anciens chefs d’Etat y sont sollicités pour la recherche de la paix et négocier des transitions « raisonnables » avec les juntes militaires. C’est le cas de Mahamadou Issoufou qui a dirigé le Niger de 2011 à 2021.

Médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Burkina Faso, où il a d’ailleurs obtenu la réduction de la durée de la transition à 24 mois au lieu des 36 initialement prévus par la junte au pouvoir, il parcourt régulièrement la région puisqu’il est aussi à la tête du Panel indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel. Cette mission lui a été « confiée (par) le Secrétaire général des Nations unies en rapport avec l’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le G5 Sahel », expliquait M. Issoufou lors d’une récente audience à Bamako avec le colonel Assimi Goïta, le président de la transition du Mali, un pays où les allers-retours de l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan (2010 – 2015), sont également fréquents en sa qualité de médiateur de la Cédéao.

En Guinée, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi (2016 – 2016) a réussi à rapprocher les positions de l’organisation régionale et la junte militaire dirigée par le colonel Mamady Doumbouya. Après une médiation de plusieurs mois du prédécesseur du président Patrice Talon, les autorités militaires de Conakry ont accepté de rendre le pouvoir aux civils au bout de deux ans en lieu et place des trois ans prévus. « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », s’était réjoui en octobre l’organisation régionale.

Destins tragiques

Ainsi, la liste des anciens chefs d’Etat africains présents sur la scène internationale n’est pas exhaustive. Mais force est de constater que leur destin est plus honorifique que le sort de certains de leurs pairs comme le Burkinabè Blaise Compaoré, les Guinéens Alpha Condé et Moussa Dadis Camara ou encore l’Ivoirien Laurent Gbagbo. Ces derniers ont été obligés de quitter le pouvoir par la rue ou par l’armée avant de connaître des déboires judiciaires.

En Guinée notamment, le procès de l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara avec une dizaine de co-accusés dans le massacre du stade du 28 septembre 2009 se poursuit à Conakry. Renversé par l’armée un an après son élection pour un troisième mandat, son successeur Alpha Condé vit lui-aussi des moments difficiles loin de son pays. La justice guinéenne a ordonné le 3 novembre dernier des poursuites contre l’ex-président, actuellement en Turquie pour raisons « médicales », et plus de 180 de ses anciens ministres et cadres, pour des faits présumés de corruption.