Tchad : le collectif contre la vie chère exige le départ du groupe Castel

Le collectif tchadien contre la vie chère (CTVC) entend mener une manifestation pacifique et citoyenne demain samedi 7 novembre 2020 pour demander le départ du groupe Castel Tchad, propriétaire des brasseries du Tchad (BDT)

La manifestation annoncée par le président du collectif contre la vie chère, Dingamnayal Versinis fait suite à l’augmentation : « d’une manière unilatérale et exagérée, des prix des boissons alcoolisées et non alcoolisées », brassées par le groupe Castel depuis le 1er janvier 2020. Il invite les grossistes et les pouvoirs publics à prendre les dispositions nécessaires. Le collectif demande aux populations de N’Djamena et celles des provinces à se rassembler dans les grands ronds-points et carrefours le 7 novembre pour exprimer leur ras-le-bol.

Le CTVC dénonce : « le comportement esclavagiste et méprisant de l’actuelle équipe dirigeante des Brasseries du Tchad ». Il regrette que malgré les multiples revendications des consommateurs, les prix des boissons connaissent une augmentation.

Dingamnayal Versinis déplore également le licenciement exclusif d’un nombre important du personnel tchadien, la fermeture de l’usine de Moundou sans en informer les autorités du ministère de tutelle, ni les consommateurs au mépris des lois et règlements en vigueurs.

 

Tchad : le CTVC demande aux brasseries de diminuer les prix de boissons

Le collectif tchadien contre la vie chère (CTVC) au cours d’une communication faite le 17 octobre 2020, a demandé aux Brasseries du Tchad de réduire dans de brefs délais, les prix des boissons alcoolisées et non alcoolisées

Le président de la CTVC, Dingamnayal Versinis, estime que le groupe Castel Tchad ne respecte pas les textes de loi du Tchad. D’après lui, cette multinationale a usé des moyens peu orthodoxes pour occuper une situation de monopole dans la production des boissons au Tchad. Les BDT foulent aux pieds la souveraineté du pays et les intérêts des concitoyens », regrette Dingamnayal Versinis.

Le collectif contre la vie chère fait savoir qu’elle appellera à une marche pacifique dès le 7 novembre dans tout le pays si rien n’a changé. Il exige entre autres, la réduction des prix des boissons alcoolisées et non-alcoolisées brassées au Tchad, la réhabilitation des employés de nationalité tchadienne licenciés et la réouverture de l’usine de Moundou fermée depuis le 1er mai 2020. Le collectif ajoute que la Brasserie de Moundou n’est par rouverte, il faut fermer celle de N’Djamena et quitter le Tchad.

Le président de la CTVC, Dingamnayal Versinis regrette que le groupe Castel Tchad se transforme en usine de production des chômeurs et un refuge des expatriés.

C’était le dernier avertissement aux BDT précise le président du collectif.

Kaguer Nargaye : « on a perdu plus de la moitié du marché »

Le directeur d’agence Sud des brasseries du Tchad, Kaguer Nargaye, revient sur les raisons de la mise au chômage technique de plusieurs employés de l’entreprise. Une situation qui a entrainé un désarroi et une crise sociale pour de nombreuses familles.

Depuis quelques mois, les Brasseries connaissent une crise, une crise sans pareille. Cette crise a conduit à la mise en chômage technique d’un certain nombre de personnel. Quelle est la situation actuelle des Brasseries ?

Notre crise a commencé depuis le 2 janvier 2020, suite à la fin de la convention d’établissement que nous avons avec l’État tchadien qui nous exonérait sur certaines taxes. Depuis le 2 janvier 2020, on doit payer toutes les taxes. Nous sommes contraints de revoir en intégrant toutes ces taxes qu’on doit à l’État, c’est-à-dire les taxes qui étaient exonérées.

Le 2 janvier 2020, j’ai convié tous les grossistes ici pour communiquer les nouveaux tarifs. A partir de ce jour-là, les détaillants, les consommateurs et les grossistes se sont soulevés, ils ont réagi et sont partis en grève. Sur le mois de janvier nous n’avons pas vendu. On comptait sur nos échanges avec le Gouvernement. La direction générale a fait toutes les démarches qui n’ont pas donné.

Début février, les grossistes ont décidé de reprendre avec nous. Ils sont venus acheter avec nous et sont partis mettre le produit sur le marché. Les consommateurs, trouvant que les produits sont un peu chers, ont réagi et la consommation ne passait pas. Les grossistes, comme ils n’ont pas vendu, ne peuvent pas venir acheter chez nous. Cette crise que nous traversons en ce moment nous empêche même de produire. Sur le mois de février, on a fait que trois provisions.

Alors que par le passé, on a une moyenne de 20 provisions sur le mois. Voilà, cette crise nous a amené à mettre en chômage technique depuis le 19 février 2020, un bon nombre de personnel. Si la situation perdure six mois après, on va procéder à la seconde phase qui est le licenciement technique.

Le chef de l’Etat était à Moundou il y a quelques jours. Avez-vous échangé avec lui sur ce dossier ?

Le président de la République était ici le 28. J’ai eu l’occasion de lui en parler. Lui-même a dit qu’il connait la crise que traversent les Brasseries. Hier, le 29, nous avons reçu notre ministre de tutelle, du commerce et de l’industrie. On a échangé ici. On a fait le point sur l’état d’avancement de notre dossier au niveau du Gouvernement.

Son service technique a fait le travail. Maintenant, la suite va passer par le ministère des Finances et on attend. Je pense que tous les ministres ne sont pas à N’Djamena. Ils seront de retour à N’Djamena à partir du 10 mars. Après le 10 mars, je pense qu’ils vont essayer de voir notre situation. Cette situation, si elle ne s’arrange pas, alors nous allons mettre en licenciement technique une partie du personnel. On a perdu plus de la moitié du marché. Ça va nous amener même à fermer l’une de nos usines. Voilà la situation que nous traversons qui est très grave.

Toutes les hautes autorités sont conscientes de cette situation.

S’il y a un plaidoyer à faire auprès du Gouvernement, lequel feriez-vous ?

C’est de demander au Gouvernement de revoir les lignes de taxes pour que nous revoyons les prix en baisse parce que les consommateurs trouvent les prix actuels très élevés, donc ils ne peuvent pas consommer, c’est au-delà de leur pouvoir d’achat.