Diplomatie: Florence Parly est au Tchad

La ministre française des Armées est venue parler de a situation sécuritaire qui prévaut actuellement au Lac Tchad et dans le Sahel.

 

Florence Parly, la ministre française des Armées, est à Ndjaména au Tchad. Un déplacement purement sécuritaire consacré à la lutte contre le terrorisme dans la région du lac Tchad et au Sahel.

Après le Niger et le Burkina Faso en juillet 2018, Florence Parly, la ministre de la Défense française arrive à Ndjaména pour poursuivre des discussions en vue de « l’appropriation des opérations de sécurité par les Africains eux-mêmes ». En plus de la visite aux militaires français de l’opération Barkhane, Florence Parly aura des échanges avec le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno, et son ministre délégué à la Défense, Bichara Issa Djadallah.

Problèmes de financement pour le G5 Sahel

La montée en puissance du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) sera au centre des discussions. Confrontée à des difficultés de financement, la coalition des cinq pays du Sahel peine à remplir convenablement sa mission. En témoignent les attaques récurrentes contre ses positions, notamment au Niger, au Mali et au Burkina Faso.

Lutte contre Boko Haram

Le Tchad, relativement épargné au Sahel, est par contre engagé sur un autre front, celui de la lutte contre Boko Haram. Vaincu militairement il y a deux ans, le mouvement islamiste semble avoir retrouvé des capacités opérationnelles. En témoignent les attaques dans les quatre pays riverains du lac Tchad ces derniers mois. Pour faire face à ces défis, les pays africains ont besoin du soutien financier et diplomatique de la communauté internationale, et c’est la raison de cette visite.

La ministre des Armées se rendra à la rencontre des militaires français de l’opération Barkhane déployés à N’Djamena et s’entretiendra avec le général de division Blachon, commandant de la force Barkhane. Elle saluera l’engagement de tous les militaires français impliqués, de jour comme de nuit, dans la plus grande opération française actuelle (4500 militaires).

Florence Parly se déplacera également sur le poste de commandement de la force conjointe du G5 Sahel, ainsi que sur celui de la Force multinationale mixte, en charge de la lutte contre Boko Haram. Ces deux forces illustrent l’appropriation des opérations de sécurité par les Africains eux-mêmes et appellent à davantage de soutien de la communauté internationale, en particulier pour le financement des programmes d’équipement dont les armées sahéliennes ont besoin.

 

 

Tchad : 17 combattants de Boko Haram meurent lors d’une attaque

Les hommes de la secte nigériane ont effectués un assaut dans la nuit de vendredi 28 à samedi 29 septembre dans la région du Lac Tchad.

 

Une attaque d’éléments de Boko Haram a eu lieu dans la nuit de vendredi 28 à samedi 29 septembre sur la rive nord du lac Tchad. C’est la troisième incursion jihadiste sur le territoire tchadien en quatre mois.

Ce sont les localités de Moussarom et Ngueleya, sur la rive nord du lac Tchad, dans l’ouest du pays, qui ont été attaquées. On dénombre six morts du côté des loyalistes. Ce sont des militaires, des douaniers et des agents des Eaux et Forêts. La contre-offensive des forces tchadiennes leur a permis d’abattre dix-sept jihadistes.

La dernière attaque de jihadistes dans le territoire tchadien remonte à la fin juin. Dix-huit paysans qui avaient tenté de regagner leur village avaient été égorgés, obligeant les autorités à faire remonter le niveau d’alerte qui avait considérablement baissé.

Après la fin de la campagne militaire contre Boko Haram il y a deux ans, les observateurs avaient indiqué que la secte, vaincue militairement et en proie à des dissensions, avait perdu en capacité de nuisance. Mais depuis six mois, la fréquence des attaques dans les quatre pays riverains du lac Tchad (Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad) laisse penser, selon le même spécialiste, que le mouvement jihadiste qui contrôle encore des territoires a eu le temps de se reconstituer.

Commission du Lac Tchad : une délégation soudanaise visite la force multinationale

Cette visite s’étend sur une période de sept (7) jours allant du 23 au 30 septembre 2018.

Les autorités militaires de la force mixte multinationale de la Commission du Bassin du Lac Tchad (Cblt) ont reçu ce jeudi 27 septembre 2018 au siège de la force, une délégation militaire soudanaise constituée des cadres de l’armée et des stagiaires de la 18ème promotion de la haute académie militaire soudanaise pour une visite d’étude et de renforcement de capacité.

L’objectif de ce voyage d’étude pour les soudanais est d’échanger avec leurs  frères d’armes sur les techniques de combat face à la secte Boko-Haram qui sème la terreur dans la région du Lac Tchad. La délégation est constituée de cinq cadres et stagiaires de la 18e promotion de la haute académie militaire soudanaise.

Le chef de la délégation soudanaise,  le colonel Aboubakar Issa Nour et l’adjoint-chef de la force mixte de la Cblt, le colonel Seydou Badje se réjouissent pour ces échanges. «Le métier des armes a besoin d’une coopération technique pour échanger sur certaines connaissances spécifiques. Nos échanges avec nos collègues soudanais ont été fructueux pour les deux parties », précise-t-il.

Lac Tchad : 70 pays viennent en aide à la zone

L’Allemagne, qui est l’une des premières destinations des migrants, a promis 100 millions d’euros d’aide humanitaire d’ici 2020.

 

Soixante-dix Etats, organisations internationales et non gouvernementales réunis à Berlin ont promis lundi 1,87 milliard d’euros à la région du lac Tchad, frappée par une grave sécheresse.

A cette somme viendront s’ajouter des crédits de 402 millions d’euros provenant des banques de développement, indique le ministère allemand des Affaires étrangères dans un communiqué.

L’aide internationale a permis d’éviter une famine l’année dernière dans la région, mais plusieurs millions de personnes ont encore désespérément besoin d’aide au Nigeria, au Niger, au Tchad et au Cameroun, a souligné Mark Lowcock, secrétaire général adjoint de l’Onu aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence.

« La crise n’est pas terminée. Il y a encore 10 millions de personnes qui ont besoin d’une assistance vitale », a-t-il déclaré. « Un quart des personnes que nous essayons d’atteindre sont des déplacés et le seul moyen de rester en vie est ce que fournissent les organisations humanitaires », a-t-il ajouté.

L’Allemagne, qui est l’une des premières destinations des migrants, a promis 100 millions d’euros d’aide humanitaire d’ici 2020, en plus des 40 millions d’euros alloués aux efforts de stabilisation et de prévention des conflits, a souligné le chef de la diplomatie, Heiko Maas.

 

 

Lac Tchad: une aide de 20 millions de francs de la Suisse pour le développement de la zone

La nouvelle a été donnée ce 03 septembre à Berlin, lors d’une rencontre des représentants de plusieurs États et organisations internationales.

 

La région du lac Tchad, frontalière avec le Nigéria, le Niger, le Tchad et le Cameroun, est le théâtre de violents affrontements avec le groupe Boko Haram. La population civile souffre des violences, de la situation humanitaire catastrophique et du manque d’infrastructures. En 2018, la Suisse s’engage à hauteur de 20 millions de francs dans les domaines de l’aide humanitaire, du développement et de la promotion de la paix, en privilégiant une approche globale. C’est ce qu’elle a annoncé ce 03 septembre à Berlin, où des représentants de plusieurs États et organisations internationales ont discuté de la réponse internationale à cette crise.

Des millions de personnes sont affectées par la pauvreté, le changement climatique et le conflit avec le groupe Boko Haram dans le bassin du lac Tchad, dont le Nigéria, le Niger, le Tchad et le Cameroun sont riverains. La population civile souffre des violences, du manque d’infrastructures et des conditions humanitaires catastrophiques. Actuellement, quelque 2,4 millions de personnes ont pris le chemin de l’exode en raison du conflit, et plus de 10 millions de personnes sont tributaires de l’aide humanitaire. Dans le même temps, il manque près d’un milliard de dollars pour pouvoir répondre aux besoins humanitaires en 2018. Malgré les succès militaires obtenus contre Boko Haram, la fin de la crise n’est pas en vue et la communauté internationale doit faire preuve d’un engagement soutenu  pour soulager les souffrances de la population et contribuer à un règlement pacifique et durable du conflit.

Face à cette situation, les représentants de plusieurs États et organisations internationales sont réunis aujourd’hui et demain à Berlin, dans le cadre de la Conférence de haut niveau sur la région du lac Tchad, pour discuter des possibilités d’aider la population civile en détresse. Cette rencontre, organisée à l’initiative conjointe de l’Allemagne, du Nigéria, de la Norvège et des Nations Unies, fait suite à la conférence humanitaire qui a eu lieu à Oslo en février 2017. La délégation suisse est conduite par l’ambassadeur Manuel Bessler, délégué du Conseil fédéral à l’aide humanitaire. L’objectif de cette conférence, outre la mobilisation de ressources financières pour soutenir la région, est de permettre de renforcer l’engagement commun et global de la communauté internationale et de favoriser les échanges avec les États concernés.

La Suisse a annoncé l’octroi d’un montant de 20 millions de francs, déjà budgétisé, en faveur des populations de la région. Cette somme, répartie entre l’aide humanitaire, le développement et la promotion de la paix, sert à financer des projets dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la protection, de l’hygiène et de l’éducation, ainsi que de la prévention de l’extrémisme violent et de la réconciliation. Dans sa prise de position lors de la conférence, la Suisse a demandé que les droits de l’homme et le droit international humanitaire soient respectés dans les situations de conflit, appelé à une réponse coordonnée et globale de la communauté internationale et insisté sur la nécessité d’un règlement politique de la crise.

Lac Tchad: la zone a besoin d’être développée selon le CEDPE

Le Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme appelle les pays limitrophe du lac à y accélérer le développement.

 

Comme tout le monde, le Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE) condamne les actes posés par Boko Haram. C’est d’ailleurs par cela que le centre commence le communiqué qu’il a publié ce mercredi 25 juillet. Seulement, il continue en portant un doigt accusateur sur les gouvernements des pays limitrophes au Lac Tchad.

En effet, pour cet organe ces Etats ont leurs parts de responsabilités dans le fait que les actes de la secte terroriste nigériane se soient exacerbés ces derniers temps. Et ceci en ne mettant pas d’accent dans le développement socio-économique de la région.

Selon le centre, sur les 2200 ex membres de Boko Haram qui se sont repentis, 50 seulement étaient inscrits à l’école au moment de rejoindre le groupe armé. Et sur ces 50 anciens élèves, 5 savent lire et écrire. Toute chose qui pousse le CEDPE a pensé qu’avec une bonne éducation, l’idéologie prôner par cette secte n’aurait pas le même écho auprès des populations du Lac Tchad.

D’où l’importance de mettre sur pied des investissements afin de développer la région. D’ailleurs le  Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme projette d’organiser au mois d’octobre prochain atelier. Celui-ci portera sur le rôle que le manque d’éducation joue sur l’expansion de l’idéologie de Boko Haram. À côté de ça, une étude sur la typologie des combattants de Boko Haram, sera publié d’ici cette fin d’année.

C’est le 30 janvier dernier que le centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE) a été inauguré à N’Djamena.

Tchad: Boko Haram tue 18 personnes dans la région du Lac Tchad

La secte islamique nigérian a été également kidnappée 10 femmes lors de cette attaque survenue en milieu de semaine dernière.

 

« Des éléments de Boko Haram ont attaqué un village au sud de Daboua », non loin de la frontière entre le Tchad et le Niger, vers 21h00 (00h00 GMT) jeudi, a indiqué une source militaire. Les assaillants « ont égorgé 18 personnes, blessé deux autres et kidnappé 10 femmes ».

L’insurrection islamiste de Boko Haram a dévasté la région depuis qu’elle a pris les armes en 2009 au Nigeria, faisant au moins 20 000 morts, déplaçant plus de deux millions de personnes et provoquant une crise humanitaire.

Le Tchad, le Cameroun et le Niger ont tous rejoint l’effort militaire du Nigeria pour écraser Boko Haram. Le Tchad a vu une augmentation récente des attaques du groupe. En mai, six personnes ont été tuées, dont quatre membres du gouvernement et un soldat, lors d’une attaque de Boko Haram contre un poste de contrôle de l’armée tchadienne sur une île du lac Tchad.

Boko Haram est un mouvement insurrectionnel et terroriste d’idéologie salafiste djihadiste, originaire du nord-est du Nigeria et ayant pour objectif d’instaurer un califat et d’appliquer la charia. Formé en 2002 à Maiduguri par le prédicateur Mohamed Yusuf, le groupe est à l’origine une secte qui prône un islam radical et rigoriste, hostile à toute influence occidentale. En 2009, Boko Haram lance une insurrection armée dans laquelle Mohamed Yusuf trouve la mort. En 2010, Abubakar Shekau prend la tête du mouvement qui devient un groupe armé et se rapproche des thèses djihadistes d’Al-Qaïda, puis de l’État islamique.

Boko Haram : 4 400 bovins enlevées depuis avril

Le groupe terroriste originaire d Nigeria sévit au sein des bergers installés autour du Lac Tchad.

 

Le terrorisme a apporté outre la terreur, un phénomène qui appauvrit les éleveurs installés aux abords du Lac Tchad à savoir, le vol de bétail. Au Cameroun, au Niger, au Nigeria et au Tchad, les éléments de Boko Hamram enlèvent les bétails par millier de têtes occasionnant parfois des pertes en vies humaines.

Les pays ayant en partage le bassin du Lac Tchad souffrent du vol de bétail perpétré par les membres de Boko Haram en quête de subsistance. Ces enlèvements ont débuté au Nigeria dès le début de la crise avec le groupe terroriste. Mais, depuis quelques années, ils se sont étendus aux pays du bassin du lac Tchad. « Selon des sources locales, 8 447 tête de bovins auraient été emportées par les éléments de Boko Haram dont 4 400 tête d’avril à mai 2018. Ces chiffres sont un témoignage édifiant de l’ampleur de ce phénomène », déclare le chef de division du ministère de l’élevage, Mahamat Ahmat ZenAllah.

Pour le Tchad qui compte 113 560 000 de têtes de bétail, ces vols de bétails sont un véritable frein pour son développement économique. Outre cela, le responsable Suivi Évaluation régional de la délégation régional élevage du Lac, Mahamat Moussa Abdraman précise, « Il ne faut pas oublier que quand ils viennent enlever ces bétails, ils enlèvent aussi les bouviers. S’il y’a résistance, ils éliminent les bouviers et emportent le bétail ».

Par conséquent, des pistes de solution sont envisagées pour remédier à ce problème. Pour mettre fin au vol de bétail, il est recommandé aux gouvernements des pays membres de la CBLT : d’utiliser de dispositifs électroniques tels que les puces pour identifier, localiser et suivre le bétail, de recenser le bétail et de prendre des lois pour poursuivre et punir les voleurs de bétail et les condamner entre autres.

Ces propositions sont les fruits d’une réflexion menée par les participants au Dialogue Régional sur Vol de bétail dans la région du Lac Tchad qui s’est tenu du 5 au 7 juin 2018 à Yola au Nigéria sous la direction de USAID au Nigeria. Le Tchad tout comme le Niger et le Cameroun y ont envoyé leurs représentants grâce au Programme d’Appui à la Cohésion Communautaire (PACC-Tchad) de USAID.

« Crise et développement. La région du Lac Tchad à l’épreuve de Boko Haram »

L’AFD vient de publier l’ouvrage  » Crise et développement. La région du lac Tchad à l’épreuve de Boko Haram », sous la direction de Géraud Magrin et Marc-Antoine Pérouse de Montclos.

Préparée par l’AFD et annoncée par la France à Abuja en mai 2016, l’lnitiative lac Tchad vise à mobiliser des financements pour des projets et programmes au bénéfice des populations impactées par la crise liée à Boko Haram. Dans ce contexte, l’Agence française de développement a souhaité confier à l’IRD la réalisation d’une étude de référence sur la région du lac Tchad avec pour objectif de fournir un état des lieux pluridisciplinaires sur la situation actuelle de la région.

Cette étude est la première à aborder la crise Boko Haram à partir d’une perspective transcendant les frontières politiques et linguistiques entre le Nigeria anglophone et les trois pays francophones riverains du lac Tchad. Réalisée par une équipe pluridisciplinaire d’une quinzaine de chercheurs français, britannique, camerounais, nigériens, nigérians et tchadiens, elle considère la région du lac Tchad comme un système. Ses composantes et leurs interactions environnementales, économiques et politiques sont appréhendées depuis une perspective diachronique avant, pendant et après le pic de violence. L’analyse débouche sur une réflexion prospective à 20 ans.

À partir de 2009, l’insécurité liée à l’insurrection du groupe Boko Haram et à sa répression s’est diffusée depuis le coeur du Borno nigérian vers tout le nord-est du pays puis vers les zones frontalières des pays voisins, Cameroun, Niger et Tchad. La crise a affecté progressivement toute la région du lac Tchad, un des grands espaces transfrontaliers de l’Afrique sahélienne, à la charnière de l’Afrique des savanes et du désert, de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale et orientale.
À partir du constat que la crise a ébranlé le système de relations qui faisait la résilience de la région du lac Tchad, cette étude vise à éclairer les choix cruciaux qui définiront sa trajectoire de développement à venir.

A propos des coordinateurs
Géraud Magrin est un chercheur membre de ProdiG. Il est également professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses travaux portent sur les relations entre exploitation des ressources naturelles et dynamiques des territoires en Afrique de l’Ouest et du Centre, à partir notamment du Tchad, du Sénégal et de la Mauritanie.

Marc-Antoine Pérouse de Montclos est directeur de recherche à l’IRD et membre du CEPED (Centre Population et Développement : Unité mixte entre l’IRD et l’Université Paris-Descartes). Il travaille sur les conflits armés, les déplacements forcés de population et l’aide humanitaire en Afrique subsaharienne.

 

Assèchement et sous-développement du lac Tchad: le coeur de l’insurrection de Boko Haram

Dynamiser l’économie du lac Tchad: la solution paraît simple pour empêcher Boko Haram de s’implanter à long terme dans la région. C’était le centre des discussions entre experts et politiciens réunis le 09 Mai à Maiduguri.

L’insurrection qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés depuis 2009 s’est propagée au fil des années tout autour de ce lac immense, une région négligée depuis des décennies par les quatre pays qui l’entourent: le Nigeria, le Cameroun, le Tchad et le Niger.

La réponse militaire fut commune, à travers la mise en place d’une Force Multinationale Mixte en 2015. Mais pour la première fois, les onze gouverneurs des quatre pays concernés, accompagnés d’agences locales et internationales de la région se sont mis d’accord pour dire que la lutte armée seule n’arrêterait pas le conflit.

« Le problème de Boko Haram a ses racines dans le dessèchement du lac, qui a laissé des millions de personnes sans aucun moyen de subsistance », a déclaré Mamman Nuhu, secrétaire exécutif de la Commission de développement du bassin du lac Tchad.

« La pauvreté n’a pas de frontières, les populations autour du lac Tchad sont confrontées aux mêmes défis », a-t-il déclaré à l’AFP en marge du forum.

« Une fois le lac restauré, le problème de Boko Haram sera définitivement réglé », selon Mohamed Ibn Chambas, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.

 ‘Terrain de recrutement’

En effet l’assèchement du lac a engendré une diminution de 90% de sa surface ces 40 dernières années et est la cause principale selon lui, de l’appauvrissement de millions de pêcheurs et agriculteurs qui dépendent de ses eaux douces et de son arrière-pays fertile.

« Le manque d’opportunités d’emploi pour les jeunes a fait de la région un terrain de recrutement fertile pour les terroristes », a-t-il ajouté.

Le changement climatique peut certes être mis en cause, mais il n’est venu qu’aggraver un chômage endémique, le manque d’accès à l’éducation, la mauvaise gouvernance et la corruption: autant de facteurs qui ont attisés la colère des populations, transformée dans le contexte mondial en radicalisation religieuse.

Le lac Tchad a également toujours été un carrefour aux frontières poreuses où sévissent toute sorte de groupes armés qui organisent des trafics illicites.

La frustration, la grande pauvreté généralisée, et l’absence d’appareil de sécurité étatique étaient du pain bénit pour Boko Haram qui promet des récompenses financières et la possibilité de se marier sans payer de dot à ses combattants.

Sauver le lac

Aujourd’hui, après neuf années de conflit, la situation semble inextricable. En février, des émissaires du Cameroun, du Tchad, du Niger et du Nigeria se sont rencontrés à Abuja pour discuter avec des experts internationaux et des agences de développement de la façon de sauver le lac.

L’un des projets évoqués était la relance d’un projet de construction d’un canal de 2.600 kilomètres (1.600 miles) à partir de la République démocratique du Congo à travers la République centrafricaine pour remplir le bassin.

Mais ce projet, considéré comme utopique par beaucoup, nécessite que la RDC accepte de dérouter une part de ses eaux et de pouvoir lever des fonds d’investissements estimés à 14 milliards de dollars, dans des pays où la corruption est endémique.

« Nous n’avons pas l’argent pour exécuter ce projet, c’est une tâche énorme qui prendra des années à accomplir », a ajouté Bakabe Mahamadou, gouverneur de la région de Diffa (Niger).

Ainsi un problème majeur se pose: qui souhaiterait investir dans une région aussi volatile?

A l’ouverture de la conférence mardi 8 Mai, deux femmes kamikazes ont été tuées dans une tentative ratée d’attaque contre une mosquée de Maiduguri.

Le commandant de la Force multinationale interarmées, le général Lucky Irabor, assure que des troupes sont en place sur les îles du lac Tchad, où les combattants se sont retranchés et semblent agir comme en territoire conquis.

« La situation sécuritaire dans le bassin du Lac Tchad s’améliore », a-t-il affirmé. « Il nous faut rétablir l’autorité civile dans la région pour apporter un développement concret à la population. »​

Une attaque de Boko Haram fait six morts sur une île du lac Tchad

Un poste de contrôle de l’armée tchadienne a été attaqué dans la nuit du 5 au 6 Mai dernier. Quatre agents de l’état, un militaire et un civil, y perdront la vie.

« Des éléments de Boko Haram ont attaqué un poste avancé de l’armée tchadienne de la localité de Gabalami, non loin de Kinassarom, sur une île du Lac Tchad, tuant deux douaniers, deux agents des eaux et forêts, un militaire et un civil », a déclaré une source militaire à l’AFP. Les assaillants ont été « repoussés », mais ont réussi à s’enfuir sans subir de pertes.

Multiplication des attaques au Tchad ces derniers mois

Les attaques de Boko Haram, groupe jihadiste nigérian, se sont multipliées ces derniers mois au Tchad, pays voisin du Nigeria.

Le 18 avril, la télévision nationale tchadienne avait annoncé que trois soldats tchadiens avaient été tués dans un « accrochage » avec des membres de Boko Haram, sans préciser le lieu.

Au même moment, des combats se déroulaient entre le groupe jihadiste et des soldats de la Force multinationale mixte (FMM, force régionale de lutte contre Boko Haram) dans la localité d’Arge, dans le district d’Abadam au Nigeria, à la frontière avec le Tchad.

Le 27 mars, un autre soldat tchadien, ainsi que 20 membres de Boko Haram avaient été tués dans la région du Lac Tchad.

Un mois plus tôt, en février, ce sont deux militaires tchadiens, dont un capitaine, qui avaient trouvé la mort dans une embuscade du groupe jihadiste, dans cette même région du lac.

Cette embuscade était la première action en territoire tchadien de combattants de Boko Haram depuis mai 2017, au cours de laquelle 9 soldats tchadiens avaient été tués.

Boko Haram, principalement actif au Nigeria

Depuis plusieurs années, l’armée tchadienne et des « comités de vigilance » civils patrouillent dans la zone du lac Tchad pour empêcher le retour des jihadistes de Boko Haram dans la région du lac Tchad.

Les membres de Boko Haram ont été chassés par l’armée tchadienne et la FMM de la plupart des localités tchadiennes autour du lac dont ils s’étaient emparés.

Du côté nigérian, l’armée traque les jihadistes dans l’un de leurs principaux fiefs, la forêt de Sambisa (Etat de Borno, nord-est).

Boko Haram sévit essentiellement au Nigeria où il commet des attentats meurtriers et des attaques contre les forces de l’ordre, et procède à des enlèvements de jeunes filles.

Mais le groupe jihadiste frappe également dans plusieurs pays frontaliers (Tchad, Cameroun et Niger).

Depuis 2009, plus de 20.000 personnes sont mortes au seul Nigeria, victimes des actions de Boko Haram et du conflit qui l’oppose à l’armée.

Tchad : Il faut stopper les combattants étrangers, disent les experts de l’ONU

Le Groupe de travail de l’ONU sur les mercenaires a appelé à l’accroissement du soutien financier et des autres ressources pour mettre fin au conflit armé au Tchad et dans les pays avoisinants.

Ces violations comprennent notamment des exécutions et des actes de torture. Davantage de ressources permettront également d’aider des millions de personnes ayant besoin d’aide humanitaire en raison des combats.

Dans une déclaration, au terme d’une visite d’une durée de 9 jours dans le pays, les experts de l’ONU affirment que les activités des groupes armés, dont Boko Haram notamment, ont provoqué une crise humanitaire majeure et qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient placés au centre des efforts pour les combattre.

« Boko Haram a détruit des communautés qui vivaient dans la région du lac Tchad depuis plusieurs années et qui en tiraient leur moyen de subsistance. Ils ont tué près de 30 000 personnes, causé le déplacement interne de près de 2 millions d’individus et ont laissé près de 10 000 millions de personnes dans un besoin urgent d’assistance humanitaire,» a déclaré Patricia Arias, membre de la délégation du Groupe de travail.

« Les violations des droits de l’homme enregistrées qui ont été infligées à la population locale y-compris aux femmes et aux enfants comprennent notamment des exécutions, des actes de torture et des enlèvements. Les femmes ont plus particulièrement été victimes de violences sexuelles et ont été utilisées en tant que kamikazes » a-t-elle affirmé.

«La région du lac Tchad, qui est maintenant le centre des attaques et violences de Boko Haram, est au cœur d’une crise humanitaire de grande ampleur affectant non seulement le Tchad mais les pays avoisinants en l’occurrence le Cameroun, le Niger et le Nigéria. Mais le pays entier fait également face au défi que représente un certain nombre de conflits armés dans lesquels des combattants étrangers et des mercenaires sont engagés » a-t-elle ajouté.

Les experts ont indiqué que plusieurs personnes ont été recrutés de force au sein de Boko Haram y-compris des ressortissants qui proviennent des pays qui bordent le lac Tchad. Néanmoins, ils ont noté que des mercenaires en provenance de l’extérieur de la région, auraient également rejoint le groupe dans le but de fournir des formations, d’après certaines informations.

Les experts des Nations Unies ont mentionné que la compréhension des motivations des personnes qui rejoignent les groupes extrémistes et s’engagent dans des activités mercenaires est essentielle. Plus de la moitié de la population du Tchad a moins de 18 ans et environ 40% vit dans la pauvreté.

Avec un taux de pauvreté aussi élevé, il y a de sérieux risques que les jeunes rejoignent des groupes tels que Boko Haram ou Daesh en vue d’obtenir des gains financiers ou matériels. Dans la région du lac Tchad, région où se trouvent certaines des communautés les plus pauvres et les plus marginalisées, le risque est encore plus élevé” a déclaré Mme Arias.

Néanmoins, le Groupe de travail a clairement spécifié que les menaces sécuritaires ne sont pas uniquement centrées sur la région du lac Tchad. Dans le nord, le conflit impliquant Daesh en Libye a accentué les préoccupations et ce, plus particulièrement à la suite de sa récente alliance avec des éléments de Boko Haram.

À l’est, le conflit au Soudan a entraîné l’afflux de réfugiés dans le pays, alors qu’au sud, le conflit en République centrafricaine a eu le même effet. Au cours de cette visite, certains ont décrit le Tchad comme « une île entourée d’un océan de guerres » ont noté les experts.

Le Monde

Les activités criminelles transfrontalières menées par des groupes armés sont répandues dans certaines parties du pays étant connues comme des «no man’s land» constituant de vastes zones fournissant des routes de passage pour le trafic de drogues, d’armes et d’êtres humains.

En raison de la violence et des conflits armés, le Tchad accueille plus de 400 000 réfugiés. De plus, près de 70 000 ressortissants tchadiens sont retournés, la plupart en provenance de la République centrafricaine, et se trouvent sur divers sites à travers le pays, y compris à N’Djamena.

“La situation humanitaire associée aux menaces sécuritaires est tout simplement accablante” a déclaré Saeed Mokbil, un membre du Groupe de travail. « A N’Djamena, les attaques à la bombe de 2015 par Boko Haram et les incidents des rébellions armées internes ont mis en lumière la volatilité de la situation dans le pays. » a-t-il souligné.

Les mesures de sécurité sont essentielles, mais elles doivent être mise en œuvre en conformité avec les standards de droits de l’homme. Cela comprend la nécessité de veiller à ce que les personnes qui sont arrêtées en raison de leur lien présumé avec des groupes armés tels que Boko Haram ne soient pas détenues sans garanties procédurales. Le Groupe de travail exhorte le gouvernement à s’assurer que les droits de l’homme y-compris le droit à un procès équitable pour les détenus se trouvant dans des endroits comme Koro Toro, soient pleinement respectés.

« La promotion du développement, la réduction de la pauvreté, la construction de la paix et de la cohésion sociale sont des éléments importants en vue de fournir des solutions durables à la population locale. Cela nécessite un important soutien régional et international. Les agences humanitaires ont sérieusement besoin de davantage de ressources et de financement afin de mener à bien les programmes essentiels destinés à soutenir les populations affectées » a affirmé M. Mokbil.

Le Groupe de travail s’est félicité des initiatives positives qui ont été mises en œuvre par les autorités tchadiennes, notamment la ratification de la Convention de l’OUA sur l’élimination des mercenaires en Afrique. Un nouveau code pénal, qui a été adopté l’année dernière comporte une disposition qui criminalise le mercenariat. À ce jour, aucune poursuite n’a été intentée en vertu de cet article du code.

Les membres de la délégation ont tenu des réunions à N’Djamena et se sont rendus sur le site de Gaoui où se trouvent des retournés et réfugiés. Ils ont rencontré des représentants du Gouvernement, des membres du corps diplomatique, des organisations de la société civile, des victimes de violations des droits de l’homme ainsi que des représentants de différentes agences des Nations Unies.

Le groupe de travail présentera le rapport de sa visite au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en septembre 2018.