Tchad : 11 officiers impliqués dans la tentative de déstabilisation des institutions

L’annonce a été faite par le gouvernement le 05 janvier 2023.

Le gouvernement annonce ce 5 janvier que 11 officiers de l’armée dont Baradine Berdeï Targuio, président de l’OTDH, sont impliqués dans une tentative de déstabilisation des institutions. La tentative de déstabilisation a été déjouée par les services de sécurité intérieure.

Selon le gouvernement, cette « tentative de déstabilisation » visait à porter atteinte à « l’ordre constitutionnel et aux institutions de la République ».

« Ce plan a été élaboré par un groupe restreint de conspirateurs composé de onze officiers de l’armée avec à sa tête le nommé Baradine Berdei Targuio, président de l’organisation tchadienne des droits humains (OTDH) », poursuit le communiqué précisant que les services de sécurité ont procédé à leur « interpellation à partir du 8 décembre 2022 ».

« Le juge d’instruction en charge […] a procédé à leur inculpation […] en les plaçant sous mandat de dépôt », souligne le communiqué de ses services. « La procédure judiciaire suit son cours et le gouvernement entend faire toute la lumière sur cette affaire et situer les responsabilités », conclut le ministre.

Baradine Berdei Targuio est un militant connu des droits de l’Homme au Tchad et l’OTDH a été créée en 2006. Il était régulièrement l’auteur de critiques à l’égard du chef de l’État et du régime sur les réseaux sociaux.

Propulsé au pouvoir à la mort de son père tué au front contre des rebelles le 20 avril 2021 après avoir dirigé le pays d’une main de fer pendant trente ans, le général Mahamat Déby avait dissous le Parlement, limogé le gouvernement, abrogé la Constitution et promis de rendre le pouvoir aux civils lors d’élections « libres et démocratiques ».

Tchad : des voix s’élèvent pour la libération de Baradine Berdei Targuio

Le CNRD demande dénoncé le « non-respect des lois nationales et internationales, de la liberté d’opinion et des droits les plus élémentaires par le gouvernement du Tchad. ».

Le secrétaire national chargé de la communication et des nouvelles technologies de l’information, et porte-parole du CNRD, Dr. Abdelsalam Kadjangaba, a exprimé mardi sa vive préoccupation après l’arrestation fin janvier de Baradine Berdei Targuio, président de l’Organisation Tchadienne des Droits Humains (OTDH). Il a dénoncé le « non-respect des lois nationales et internationales, de la liberté d’opinion et des droits les plus élémentaires par le gouvernement du Tchad. »

Le CNRD « demande sa libération immédiate et rappelle que les arrestations des militants de droits de l’homme, la traque des activistes de la société civile et des membres de l’opposition politique, la suspension des journaux et radios privés ne résolvent pas le problème de fond de notre pays qui reste la mal gouvernance. »

Il explique « qu’après avoir assisté au sommet du G5 Sahel qui a eu lieu le 13 janvier 2020 à Pau dans le sud-ouest de la France, le président Idriss Déby a prolongé son séjour à Paris pour, semble-il, un contrôle médical. L’absence de communication officielle sur l’état de santé du président a alimenté les rumeurs les plus folles sur la toile et a semé la panique au sommet de l’État. Ainsi, M.Baradine Berdei Targuio a été arrêté manu militari pour avoir évoqué la santé du président sur les réseaux sociaux. Il est détenu dans les locaux de l’agence nationale pour la sécurité (ANS) depuis le 24 janvier 2020. ».

Le CNRD « lance un appel au Haut-Commissariat des Nations-unies aux Droits de l’Homme (HCDH), à Amnesty international ainsi qu’à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour rappeler le gouvernement tchadien à l’ordre afin de respecter ses engagements internationaux. ».

Il appelle « le pouvoir tchadien et ses soutiens extérieurs (à) se résoudre à accepter l’urgence d’organiser des assises nationales réunissant toute la classe politique et les acteurs de la société civile pour mener une transition pacifique afin d’éviter le pire que nous craignons. ».

Au mois de décembre dernier, un autre acteur des droits de l’homme, Mahamat Nour Ahmed Ibedou, secrétaire général de la Convention Tchadienne des Droits de l’Homme (CTDDH), a été arrêté et placé en détention pendant plus d’un mois sans motif sérieux.