RDCongo: au moins dix morts dans un nouveau massacre près de Beni

Au moins dix personnes ont été massacrées lundi soir près de l’Ouganda dans l’est de la République démocratique du Congo, ont indiqué mardi à l’AFP des sources locales, ce qui porte à 393 le nombre de personnes tuées dans cette région de Beni depuis début novembre.

Des centaines de civils fuyaient mardi matin à pied, en moto, en camion, les lieux de cette nouvelle tuerie attribuée par les autorités au groupe armé ADF (Forces démocratiques alliées), a constaté un correspondant de l’AFP qui s’est rendu sur place.

Le massacre a eu lieu au sud-est de la ville de Beni, où se trouvait encore mardi matin la présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda, en visite dans la région.

« Huit civils, un agent des renseignements et un soldat » ont été tués dans l’attaque du village de Manzahalo, a indiqué un responsable local, John Kambale, à l’AFP. Dix maisons ont été incendiées.

Le bilan a été confirmé par un officier sous couvert de l’anonymat.

Les ADF ont tué 393 personnes depuis début novembre, selon le décompte des enquêteurs du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST en anglais, qui intègre plusieurs organisations). Le KST dénombre onze morts dans la dernière tuerie.

Qualifiés de « terroristes » par les autorités, les ADF ont tué plus d’un millier de civils dans la région de Beni depuis 2014.

D’après les experts et les observateurs, les ADF se vengent sur les civils des opérations de l’armée congolaise lancées fin octobre.

« Malgré la prise du quartier général des ADF, et l’annonce de la mort de 5 des 6 chefs de ce groupe armé par l’armée congolaise, les massacres se poursuivent à un rythme effréné dans le territoire de Beni », observent les enquêteurs du Baromètre sécuritaire du Kivu.

Travaillant avec de multiples sources dans la région, ils avancent que les pertes de l’armée sont très fortes: « Une source ayant requis l’anonymat estime que près de 300 soldats congolais seraient morts depuis le début de l’offensive contre les ADF en novembre ».

« On ne vous laissera pas, on ne vous abandonnera pas », a promis la présidente de l’Assemblée Jeanine Mabunda lundi à des déplacés qui ont fui les précédentes tueries des ADF.

« Notre pays est attaqué à partir de ce territoire. Le problème de Beni, c’est le problème de toute la Nation », a ajouté cette proche de l’ancien président Joseph Kabila dont elle a été conseillère chargée de la lutte contre les violences sexuelles.

A l’origine, les ADF sont des rebelles ougandais musulmans présents dans l’actuelle RDC depuis 1995.

Opposés au régime du président Yoweri Museveni, ils n’ont plus lancé d’attaque contre Kampala depuis des années.

Les ADF « possèdent les caractéristiques à la fois d’un groupe armé et d’une organisation criminelle, et semblent suivre une idéologie islamiste extrême », selon un rapport remis en janvier au Conseil de sécurité des Nations unies.

Il n’y a pas assez d’éléments de renseignements pour prouver « des liens avec des groupes extrémistes islamiques internationaux », ajoute le rapport.

Afghanistan: le président sortant Ashraf Ghani réélu

Le président sortant Ashraf Ghani a été réélu à la tête de l’Afghanistan, selon les résultats définitifs de la présidentielle du 28 septembre annoncés mardi par la Commission électorale indépendante (IEC) et déjà contestés par son principal adversaire Abdullah Abdullah.

« La Commission électorale (…) déclare M. Ashraf Ghani, qui a obtenu 50,64% des votes, président de l’Afghanistan », a déclaré Hawa Alam Nuristani, la présidente de l’IEC, lors d’une conférence de presse.

M. Ghani sera donc probablement assis face aux talibans à la table des négociations lors de futures discussions intra-afghanes visant à décider de l’avenir du pays.

« Que Dieu l’aide à servir le peuple d’Afghanistan… Je prie aussi pour que la paix arrive dans notre pays », a encore ajouté Mme Nuristani.

Les résultats définitifs de la présidentielle sont cependant déjà contestés, comme ils l’avaient déjà été en 2014, par l’équipe d’Abdullah Abdullah.

Le chef de l’exécutif afghan, principal adversaire d’Ashraf Ghani, a obtenu 39.52% des votes, selon l’IEC.

« Les résultats annoncés par la commission n’ont aucune légitimité », a réagi le porte-parole de son équipe de campagne, Faraidoon Khwazoon, interrogé par l’AFP.

« Nous nous sommes retirés du processus (électoral) il y a deux jours. Les commissions n’agissaient pas selon la loi et avaient perdu leur légitimité », a-t-il affirmé.

Le vice-président Abdul Rashid Dostum, un puissant ancien seigneur de guerre et allié d’Abdullah Abdullah, a lui aussi menacé de former un gouvernement parallèle si des résultats « frauduleux » étaient annoncés.

Tant la population afghane que la communauté internationale craignent une répétition du scénario de 2014, quand Abdullah Abdullah avait contesté les résultats du scrutin, entaché de graves irrégularités, ce qui avait débouché sur une crise constitutionnelle.

– Très faible participation –

L’annonce intervient alors que Washington continue de négocier en parallèle un accord avec les talibans en vue d’un retrait des troupes américaines d’Afghanistan, en échange notamment de garanties sécuritaires.

Si le gouvernement de Kaboul a jusqu’ici été écarté de la table des négociations, il doit participer aux discussions intra-afghanes avec les insurgés, censées s’ouvrir après la signature d’un accord antre Américains et talibans.

Lundi, l’envoyé américain Zalmay Khalilzad, qui représente Washington depuis plus d’un an lors des pourparlers entre les deux parties, s’est dit « prudemment optimiste » quant aux progrès réalisés en vue d’un éventuel accord.

Les États-Unis ont « des engagements de la part des talibans sur les questions de sécurité », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Islamabad.

Le président américain Donald Trump a de son côté estimé jeudi dernier qu’un accord bilatéral était « très proche ».

Les talibans, les forces de sécurité afghanes et les Etats-Unis doivent lancer une « réduction de la violence » de sept jours, ont annoncé des responsables la semaine dernière. Celle-ci n’a toutefois pas encore démarré.

Pour l’analyste Atta Noori, l’élection de Ghani est « un pas en avant » dans le processus des négociations. « Un gouvernement chancelant n’était pas en position de pouvoir parler avec les talibans », a-t-il expliqué.

« Les événements à venir sont plus importants que les plaintes d’Abdullah au sujet de fraudes », a encore ajouté M. Noori.

Les résultats ont été annoncés avec plus de trois mois de retard, près de cinq mois après l’élection. Un total de 16.500 plaintes pour irrégularités avaient été déposées par les candidats, ralentissant le processus.

Des résultats préliminaires rendus publics fin décembre avaient déjà montré la victoire à la majorité absolue du chef de l’État afghan.

Cette présidentielle a été marquée par une participation très faible, avec 1,8 million de votes pris en compte par l’IEC, sur un total de 9,6 millions d’électeurs enregistrés. Près d’un million sur les 2,7 millions de votes recensés à l’origine avaient été écartés pour irrégularités.

Escalade dans l’est de l’Ukraine: un soldat tué, cinq blessés (Kiev)

Un soldat ukrainien a été tué et cinq autres blessés dans des combats mardi matin avec les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine dans un incident dénoncé de part et d’autre comme une « provocation ».

« Les rebelles et les occupants (russes) ont organisé une provocation cynique » dans une « tentative de faire échouer le processus de paix », a accusé sur Facebook le président Volodymyr Zelensky.

« Nous avons une armée puissante, elle a riposté fortement. La situation est totalement contrôlée par notre armée », a-t-il assuré plus tard lors d’un point de presse. « Cette provocation ne changera pas notre politique (…) nous avançons résolument vers la fin de la guerre, vers la paix », a encore affirmé le chef de l’Etat.

Cette escalade, « une des pires » de ces dernières années selon l’armée ukrainienne, est survenue dans la région de Lougansk, près des villages de Novotochkivka et Krymské et à moins de dix kilomètres d’un des trois secteurs où les belligérants avaient procédé au retrait des forces l’an dernier.

Tôt le matin, les séparatistes ont tenté de percer la ligne de front en bombardant des positions ukrainiennes à l’aide de pièces d’artillerie de calibre 152 et 120 millimètres, de mitrailleuses et d’un char, a indiqué le service de presse de l’armée.

Des unités d’assaut ont ensuite tenté d’occuper des postes d’observation des militaires ukrainiens, a précisé Rouslan Khomtchak, commandant de l’état-major général de l’armée. Selon lui, le combat a duré plusieurs heures, Kiev a riposté avec des tirs d’artillerie, selon la même source.

« Nous sommes profondément préoccupés » et « appelons d’urgence la Russie à maintenir ses engagements » de paix, a réagi l’ambassade américaine sur Twitter.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté fait état de « victimes des deux côtés » assurant n’avoir pas de détails sur les affrontements.

Le leader séparatiste de Lougansk, Léonid Pasetchnik, a de son côté dénoncé une « provocation sanglante de Kiev », accusant les Ukrainiens d’avoir bombardé la république autoproclamée.

« La position agressive de Kiev remet en cause » l’organisation d’un nouveau sommet de paix sur l’Ukraine attendu a priori en avril réunissant M. Zelensky, et les dirigeants russes, français et allemand, a-t-il affirmé selon l’agence officielle séparatiste.

L’Ukraine est en proie depuis presque six ans à une guerre avec des séparatistes prorusses dans les régions de l’est(- de son territoire, qui a fait plus de 13.000 morts et environ 1,5 millions de personnes déplacées.

L’intensité des combats a nettement baissé après la signature des accords de paix de Minsk en février 2015, mais des regains de violences réguliers continuent d’alourdir le bilan.

Une certaine détente entre Kiev et Moscou, accusée de soutenir les rebelles, est observée depuis l’arrivée au pouvoir l’an dernier de M. Zelensky, qui a notamment rencontré en décembre Vladimir Poutine lors d’un sommet de paix à Paris. Mais la résolution politique du conflit reste quasiment au point mort.

Turquie: acquittement du mécène Osman Kavala dans un procès emblématique

Un tribunal turc a acquitté mardi plusieurs figures majeures de la société civile, dont le célèbre mécène Osman Kavala, une décision inattendue annoncée à l’issue d’un procès emblématique de l’érosion des libertés en Turquie.

Le tribunal de Silivri, près d’Istanbul, a acquitté M. Kavala et huit co-accusés qui comparaissaient mardi « en l’absence de preuves suffisantes » pour appuyer les accusations de « tentative de renversement du gouvernement », selon une correspondante de l’AFP.

Les accusés étaient poursuivis pour leur implication dans des manifestations antigouvernementales en 2013, connues sous le nom de mouvement de Gezi, visant l’actuel président Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre.

Pour nombre d’ONG, ce procès, qui reposait sur peu d’éléments concrets, visait à envoyer un message d’intimidation à la société civile pour dissuader toute nouvelle manifestation d’envergure contre le président Erdogan qui dirige la Turquie depuis 2003.

Le tribunal a par ailleurs ordonné la remise en liberté de M. Kavala, un homme d’affaires et philanthrope incarcéré depuis plus de deux ans dans le cadre de cette affaire qui a suscité la vive inquiétude des ONG et des pays occidentaux quant à la situation des libertés en Turquie.

Après l’annonce de cette décision, les dizaines de personnes présentes au tribunal pour soutenir les accusés ont applaudi à tout rompre, selon la journaliste de l’AFP.

Le tribunal a en outre dissocié les dossiers de sept autres accusés qui n’étaient pas présents au tribunal, dont le journaliste Can Dündar, qui s’est exilé en Allemagne.

Son emprisonnement a fait de M. Kavala le symbole de la répression orchestrée contre la société civile en Turquie, en particulier depuis une tentative de putsch en 2016 contre M. Erdogan suivie de purges massives.

M. Kavala, connu des cercles intellectuels en Europe, était notamment accusé d’avoir financé le mouvement de Gezi. Il risquait la prison à vie.

– « Immenses souffrances » –

« Les acquittements prononcés aujourd’hui sont la bonne décision. La remise en liberté d’Osman Kavala n’a que trop tardé », a déclaré à l’AFP la représentante en Turquie de l’ONG Human Rights Watch, Emma Sinclair-Webb.

« Toute cette affaire a causé d’immenses souffrances à ceux qui ont été visés à tort, à commencer par Osman Kavala. C’est un procès dont le seul but était de s’en prendre à des défenseurs des droits humains », a-t-elle ajouté.

Le mouvement de Gezi a commencé avec un sit-in pour défendre le parc de Gezi, l’un des rares espaces verts au cœur d’Istanbul. Après une répression brutale, il s’est transformé en mouvement plus global contre M. Erdogan.

Hétéroclite, le mouvement rassemblait pêle-mêle des militants écologistes, des étudiants manifestant pour la première fois, des associations défendant les droits des femmes ou encore des musulmans anticapitalistes.

L’affaire est brusquement revenue sur le devant de la scène en 2018 lorsque le président Erdogan a commencé à présenter le mouvement Gezi comme une « tentative de coup d’Etat » préfigurant une tentative de renversement, bien réelle celle-là, en juillet 2016.

Dans son acte d’accusation de 657 pages, le procureur présentait le mouvement de Gezi comme une opération pilotée de l’étranger pour nuire à la Turquie.

En décembre, la Cour européenne des droits de l’Homme avait réclamé la libération immédiate de M. Kavala, soulignant l’absence de « faits, informations et preuves » dans l’acte d’accusation.

Parmi les éléments de l’accusation figurait une carte de la répartition des abeilles sur le territoire turc, trouvée dans le téléphone de M. Kavala. Le document a été présenté comme une preuve que le mécène entendait redessiner les frontières du pays.

Le président Erdogan a plusieurs fois attaqué nommément M. Kavala, l’accusant de « financer les terroristes » et d’être « le représentant en Turquie » du milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, bête noire de plusieurs dirigeants autoritaires dans le monde.

La décision rendue mardi intervient quelques jours après l’acquittement de la célèbre romancière Asli Erdogan dans un autre procès symbolique où elle était accusée d’activités « terroristes ».

Procès fixé au 3 mars pour deux chercheurs français détenus en Iran

Le procès de deux universitaires français détenus en Iran depuis juin, Fariba Adelkhah et Roland Marchal, accusés de crimes contre la sécurité nationale de l’Etat, s’ouvrira le 3 mars à Téhéran, a déclaré mardi leur avocat à l’AFP.

Franco-iranienne, Mme Adelkhah est poursuivie pour « propagande contre le système » politique de la République islamique d’Iran et « collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale ». Seul ce dernier chef d’accusation est retenu contre M. Marchal, son compagnon.

« La date du procès a été fixée pour le 13 Esfand (du calendrier iranien, soit le 3 mars) à 09h00 », a dit Me Saïd Dehqan, joint au téléphone par l’AFP.

Le procès doit avoir lieu devant la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran.

Affirmant avoir « vu leur acte d’accusation » lundi au greffe de ce tribunal, Me Dehqan a nié que les deux chercheurs aient été jugés et condamnés comme l’avait affirmé plus tôt mardi le porte-parole de l’Autorité judiciaire, Gholamhossein Esmaïli.

Mme Adelkhah et M. Marchal « ont été jugés en présence de leur avocat, condamnés, et purgent actuellement leur peine », a dit M. Esmaïli lors de sa conférence de presse hebdomadaire télévisée sans fournir la moindre explication supplémentaire sur le verdict supposé avoir été prononcé à l’encontre des deux Français.

Au contraire, a déclaré M. Dehqan, « nous sommes en train de préparer notre défense » en vue du procès.

Dans son compte-rendu de la conférence de presse de M. Esmaïli, Mizan Online, l’agence officielle de l’Autorité judiciaire, ne mentionne pas les propos du porte-parole sur la condamnation des deux chercheurs du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.

– Refus des « ingérences » –

Citant le porte-parole, Mizan écrit que « l’acte d’accusation (contre Mme Adelkhah et M. Marchal) a été émis », que « les suspects sont en prison et (que) leur procès aura lieu le (3 mars) en présence de leur avocat ».

Mme Adelkhah est une anthropologue renommée, spécialiste du chiisme. M. Marchal est lui spécialiste de la Corne de l’Afrique.

Paris ne cesse de réclamer leur libération, mais face à ces demandes répétées, Téhéran dénonce régulièrement ce qu’il présente comme une ingérence dans ses affaires intérieures.

L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité. Les arrestations d’étrangers en Iran, notamment binationaux, accusés souvent d’espionnage, se sont multipliées depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de dures sanctions américaines contre Téhéran.

M. Esmaïli a encore répété mardi que l’Iran n’acceptait pas les ingérences étrangères dans ses affaires judiciaires internes. « Nous nous souvenons que c’est la France qui a protégé l’un des plus grands suspects de crimes liés à la sûreté de l’Etat dans notre pays, Rouhollah Zam, jugé » à huis clos en Iran, a-t-il ajouté.

M. Zam est un opposant iranien qui était exilé en France.

En octobre dernier, les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, ont annoncé l’avoir arrêté en Irak après l’avoir attiré dans un piège.

– Echange de prisonniers –

Selon Me Dehqan, Mme Adelkhah a mis fin le 12 février à la grève de la faim qu’elle observait depuis le 24 décembre pour protester contre son incarcération.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a qualifié début février d' »insupportables » les détentions de Fariba Adelkhah et Roland Marchal.

Le comité de soutien des deux chercheurs estime que les charges retenues contre eux sont fabriquées de toutes pièces et ne cesse de réclamer leur libération immédiate.

Selon Jean-François Bayart, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et membre de ce comité, l’Iran détient « dix à quinze » ressortissants étrangers, souvent binationaux, comme l’universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert et l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, employée de la Fondation Thomson Reuters.

Par ailleurs, M. Esmaïli a annoncé mardi que Téhéran avait libéré la veille un Allemand détenu en Iran et purgeant une peine de prison de 3 ans dans le cadre d’un échange de prisonniers avec Berlin, après l’élargissement et le retour en Iran d’un Iranien détenu en Allemagne où il était menacé d’extradition vers les Etats-Unis.

L’ENA, n’a, par son statut, pas d’équivalent en Europe et dans le monde: bref tour d’horizon

L’ENA, qu’Emmanuel Macron veut « réformer », forme les élites de la République et leur fournit un « statut », sans équivalent en Europe et dans le monde, hérité de l’histoire des grands corps de l’État, comme l’ensemble des grandes écoles (ENS, Polytechnique…).

Contrairement aux énarques, la très grande majorité des hauts fonctionnaires européens doivent suivre un long cursus hiérarchique, leur interdisant une rapide carrière au sommet.

« Dans la plupart des pays européens, les fonctionnaires, même +hauts+, sont des cols blancs qui ne jouissent d’aucun prestige social particulier (…). En France être énarque c’est posséder un statut qui garantit dès l’entrée l’appartenance à la haute fonction publique », explique à l’AFP Jean-Michel Eymeri-Douzans, professeur des universités et président du groupe européen de l’administration publique.

Les énarques « ont vocation à des carrières sommitales quasi-immédiates: conseil d’État ou inspection des finances à 28 ou 30 ans, ministre à 35 et… président de la République à 39 », ajoute ce spécialiste, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet.

L’ENA, tout comme ses répliques africaines héritées du passé colonial de la France (Tunisie, Tchad, Sénégal…), dont le concours d’entrée s’est démocratisé et qui compte des élèves boursiers, recrute essentiellement dans les classes sociales privilégiées.

Bref tour d’horizon, s’appuyant sur des données de l’Institut Montaigne, de l’université de Bourgogne, de l’Institut européen d’administration publique de Maastricht (IEAP), des travaux de M. Eymeri-Douzans, ainsi que d’un rapport du Sénat daté de 2001:

– Allemagne:

Dans ce pays fédéral, il n’existe pas de système de classes préparatoires ni de grande école centrale. La haute fonction publique (höherer Dienst) est surtout formée dans les universités: Berlin, Munich, Bonn, Cologne, Freiberg, Göttingen où les étudiants obtiennent un diplôme et, de préférence, un doctorat après avoir réussi un ou deux « Staatsexam » (examen d’État). Chaque ministère organise ses concours d’entrée, très sélectifs.

Les carrières sont lentes: on commence dans un bureau de l’administration d’un Land et on devient chef de bureau dans les très gros ministères après 40 ans. Les directeurs de ministères allemands ont plus de 55 ans.

Il existe néanmoins une formation parallèle dans des établissements spécialisés: la « Bundesakademie » (ou BAkÖV) à Brühl, qui forme les fonctionnaires fédéraux, la « Führungsakademie » de Stuttgart, pour les Länder et les fonctions de direction, et les hautes écoles spécialisées dans une quinzaine de Länder. Depuis les années 2000, la Hertie School of Governance, inspirée des écoles politiques publiques américaines, sorte de « Sciences Po » allemand, forme de plus en plus de futurs hauts fonctionnaires.

– Royaume Uni:

Les représentants du « Senior Civil Service » sont très majoritairement formés à Oxford et Cambridge, après une éducation déjà très sélective dans des écoles privées de renom, ces universités n’accueillant qu’à peine 7% des étudiants britanniques. Si la diversité sociale des recrutements s’accroît, 65% de tous ceux en poste sont encore diplômés d' »Oxbridge » et issus de la haute ou très haute bourgeoisie. Certains sont également formés à la London school of economy and political science (LSE) qui est l’équivalent de Sciences Politiques Paris, et a été créée sur son modèle.

– Espagne:

Il n’existe pas de concours d’entrée à l’Instituo Nacional de Administracion Publica (INAP), situé à Madrid, chargé de la formation initiale et continue des fonctionnaires et qui organise les concours pour intégrer les administrations. Etudiants en droit, en relations internationales, économie ou ingénierie se préparent à ces concours spécialisés très sélectifs, souvent à l’issue d’une formation de plusieurs années.

– L’Italie:

A l’instar de l’ENA, la Scuola Nazionale dell’Amministrazione – SNA IT, qui a remplacé en 2013 la Scuola Superiore della Pubblica Amministrazione, fondée en 1957 – remplit les fonctions de sélection et de formation des hauts fonctionnaires de l’administration via un concours central. Calquée sur le modèle français, sous l’autorité de la présidence du Conseil des ministres, elle recrute des cadres italiens, européens et étrangers et est partiellement délocalisée, entre Rome, Caserte (Campanie), Bologne et Acireale en Sicile.

– Suède

Après une formation universitaire, les étudiants effectuent des stages dans les très grosses agences publiques et les tout petits ministères. La formation se fait donc sur le tas et les hauts fonctionnaires travaillent tout de suite au contact des ministres.

– États-Unis:

Il n’existe pas d’école centralisée mais une fabrique à élites administratives, la Kennedy School of Government (HKS), au sein de l’université de Harvard, fondée en 1936 et qui forme surtout les dirigeants étrangers. Même s’il existe de très nombreuses écoles d’administration publique et que les hauts fonctionnaires proviennent d’horizons très variés, la très haute fonction publique (« schools of government », équivalents de Sciences Politiques dans le monde anglophone) reste assez homogène: le passage par des écoles privées puis les grandes universités de l’Ivy League – les huit meilleures universités – est pratiquement obligé. Harvard et Yale ont notamment formé les quatre derniers présidents: Barack Obama, George Bush père et fils, Bill Clinton.

Les Etats-Unis combinent aussi le spoil system (un nouveau gouvernement substitue les fonctionnaires en place par des fonctionnaires au nombre de ses partisans) pour l’accès aux emplois très supérieurs avec une forme de système de carrière à la française ou à l’allemande pour les emplois de direction intermédiaire.

– Corée du Sud:

C’est le National Human Resources Development Institute (NHI), basé à Jincheon, au sud de Séoul, qui forme les hauts fonctionnaires. Les plus hautes fonctions s’adressent à une soixantaine de directeurs généraux d’agences gouvernementales centrales et provinciales et aux cadres supérieurs des institutions publiques.

Présidentielle au Togo: à Sokodé la rebelle, le calme retrouvé au prix d’une lourde répression

Quelque chose d’irréel flottait dans l’air à Sokodé, l’indomptable ville rebelle du centre-nord du Togo, lorsque le président Faure Gnassingbé, en campagne pour un quatrième mandat samedi prochain, y a été acclamé par une foule en transe.

« Comment ne pas être surpris en étant accueilli comme vous l’avez fait aujourd’hui? », a réagi le chef de l’Etat devant la foule la semaine dernière. Ces dernières années, sur ces terres récemment acquises à l’opposition, sa démission avait été réclamée à cor et à cri lors d’autres rassemblements.

En effet, la deuxième ville du Togo a été, dès le mois d’août 2017, le bastion de la contestation politique qui a ensuite gagné tout le pays, après un demi-siècle de la même famille au pouvoir.

Des jeunes avaient érigé des barricades le long de la route nationale qui traverse la ville, mis le feu aux postes de police et attaqué les forces de sécurité.

Mais le nouveau maire de Sokodé, Ouro Gbele Tchanile, est catégorique: « La paix est revenue » et « la crise fait partie du passé ».

Pour le meeting du parti au pouvoir, Unir (Union pour la République), les habitants sont venus par milliers, pour écouter leur président exprimer ses regrets sur le sang versé depuis les premières manifestations populaires d’août 2017 – une vingtaine de morts au total dont au moins dix à Sokodé.

Qu’importe que les supporters aient été fortement encouragés à participer à cette liesse populaire à coups de billets de 2.000 CFA (trois euros), que des bus aient été affrétés des villages environnants avec la promesse d’un repas, que les écoles aient été libérées et que, selon des lycéens interrogés par l’AFP, les professeurs aient pris soin de marquer leur présence dans les rangs.

Un certain enthousiasme populaire était là, et beaucoup se sont dits « touchés » par la minute de silence en mémoire des victimes des manifestations.

« A chaque fois que nous nous opposons avec violence (…) c’est toujours le Togo qui perd », a rappelé le président, au pouvoir depuis 2005, après avoir succédé à son père, Gnassingbé Eyadéma.

– Couvre-feu –

Il y a quelques années, c’était un autre leader qui haranguait les foules à Sokodé, appelant au soulèvement populaire. Mais Tikpi Atchadam, le leader du Parti national panafricain (PNP), fils du pays, a été accusé d’avoir enflammé la jeunesse Tem majoritairement musulmane et se cache désormais au Ghana, selon ses proches.

Il envoie encore quelques messages audio sur Whatsapp dans l’espoir de continuer la lutte, mais son parti est désormais divisé et, explique l’un de ses anciens collaborateurs à l’AFP: « Depuis qu’il est en exil, il faut être honnête, la mayonnaise ne prend plus. »

Car s’il est vrai que Sokodé a renoué avec le calme, cela a été fait au prix d’une répression féroce, et les stigmates et la peur sont encore très présents parmi la population.

L’armée togolaise quadrille toujours la ville et des véhicules remplis de soldats cagoulés et équipés d’armes automatiques sillonnent les rues en continu.

Le couvre-feu imposé à la nuit tombée n’a jamais été levé, les habitants dénoncent des fouilles dans les maisons et des « bastonnades ».

Le quartier Kpalo-Kpalo, l’un des points chauds de la ville où le PNP tenait ses réunions, est bouclé par les soldats et le parti d’opposition, malgré son existence légale, n’a pas de siège. Ses membres doivent se réunir clandestinement.

– ‘On vit cachés’ –

« On vit cachés, on ne peut même plus s’exprimer en tant que leader du PNP », explique à l’AFP un cadre local du mouvement sous couvert de l’anonymat.

« Je suis l’un des rares à pouvoir vous répondre hors de prison, la plupart de mes collaborateurs ont été arrêtés », ajoute-t-il.

Depuis novembre 2019, une cinquantaine de personnes, accusées de préparer une insurrection armée, ont été arrêtées à Lomé et Sokodé, mais aussi au Bénin et au Ghana voisins.

Elles appartiendraient au mystérieux groupe de la « Tiger Revolution », une branche soi-disant radicalisée du PNP, qui rassemblerait les déçus de l’immobilisme d’Atchadam. Le PNP dénonce une machination destinée à « décapiter le parti ».

Exhibés à la télévision nationale avec des amulettes mystiques, des machettes et des kalachnikovs, les accusés ont déclaré devant les caméras avoir projeté de déstabiliser le pays.

« Le calme est revenu, mais c’est un calme précaire. Nous nous sentons stigmatisés en tant que musulmans et Tem, et les tensions peuvent éclater à tout moment », reconnaît un jeune partisan du PNP. « Il y a encore beaucoup de paranoïa et de méfiance entre les jeunes et les forces de l’ordre ».

« Qui veut la paix prépare la guerre », répète le maire dans son bureau à la peinture jaune écaillée, pour justifier la forte présence militaire. « Le tourisme s’est arrêté, le commerce a beaucoup souffert, le développement n’est pas possible sans sécurité ».

Les affiches de campagne d’Unir martèlent qu’il faut « croire en notre futur », et le président-candidat a promis la création de 500.000 emplois directs d’ici à 2022 pour apaiser les frustrations d’une jeunesse frappée par un chômage massif et une grande pauvreté.

En attendant, l’Eglise catholique, avec le soutien notamment de l’ONG Catholic Relief Services (CRS) tente de son côté d’impulser un dialogue réunissant les leaders politiques, religieux et les membres de la société civile.

« Nous essayons d’insister sur le ‘vivre ensemble’ dans nos prêches, dans nos homélies », explique l’évêque de Sokodé, Mgr Célestin-Marie Gaoua. « Les élections c’est l’affaire des politiciens, nous, nous essayons de construire un climat de paix, avant et après ».

Dans un hôpital de Shanghai, cocktail de traitements contre le coronavirus

Médecine traditionnelle, injection de plasma ou encore corticoïdes: dans le principal hôpital de Shanghai qui accueille les malades contaminés par le nouveau coronavirus, un cocktail de traitements est proposé aux malades.

La perspective d’un vaccin contre la pneumonie Covid-19 est encore lointaine. Les médecins, en Chine comme ailleurs, sont contraints d’utiliser d’autres méthodes dans l’espoir de guérir les patients.

C’est le cas au Centre clinique de santé publique de Shanghai — ville la plus peuplée de Chine (24 millions d’habitants). La structure jaune, construite lors de l’épidémie du Sras (2002-2003), a été agrandie ces dernières semaines pour faire face à l’afflux de malades.

Mais ses médecins le reconnaissent : le coronavirus, qui a déjà contaminé plus de 72.000 personnes en Chine, dont près de 1.900 mortellement, pousse le système de santé dans ses retranchements.

« Accueillir autant de cas graves en même temps est un grand défi », déclare à travers son masque facial Lu Hongzhou, le directeur adjoint de l’hôpital, lors d’une visite organisée par les autorités pour la presse.

– ‘Très bon effet’ –

Jusqu’à présent, Shanghai a recensé 333 personnes contaminées, dont un mort. Le Centre clinique de santé publique a accueilli 96% d’entre elles, et compte actuellement 184 patients, les autres étant guéries.

Pour les soigner, l’hôpital utilise notamment des médicaments antiviraux, des corticoïdes (anti-inflammatoires), et fait appel à la médecine traditionnelle chinoise.

« Nous avons des traitements personnalisés pour les patients gravement atteints, car l’état de santé de chacun est différent », souligne Lu Hongzhou.

Selon lui, deux malades qui n’avaient pas réagi aux antiviraux se sont vus administrer un traitement de médecine traditionnelle chinoise (MTC), après quoi leur état s’est amélioré.

« Combiner médecine occidentale et chinoise a un très bon effet », se félicite-t-il, soulignant que 90% de ses patients sont traités en partie grâce à la MTC.

Son collègue Shen Yinzhong, directeur des services médicaux, souligne toutefois que l’hôpital doit réaliser « davantage de tests cliniques pour s’assurer de son innocuité et de son efficacité ».

– Plasma –

Comme d’autres hôpitaux, celui de Shanghai injecte également aux patients du plasma sanguin prélevé sur d’ex-malades. Il est censé contenir des anticorps permettant de diminuer la charge virale de ceux gravement atteints.

« Nous sommes convaincus que cette méthode peut être très efficace », indique Lu Hongzhou dans les couloirs de son établissement, où des spécialistes d’autres structures hospitalières ont rejoint l’équipe soignante, qui ne peut plus prendre de congés.

Les médecins et infirmières qui s’occupent des malades portent des combinaisons intégrales. Mais les journalistes n’ont pas été autorisés à voir les patients, l’hôpital évoquant un risque sanitaire.

Pour protéger le personnel, des dizaines de chambres ont été mises en « pression négative », un système de ventilation permettant à l’air de pénétrer mais pas d’en sortir.

« Les gouttelettes nocives exhalées par les patients sont aspirées et filtrées », explique M. Lu. Le but: empêcher toute fuite d’agents infectieux.

Syrie: bombardements incessants du régime, exode massif

Deux mois après la reprise de son offensive pour reprendre la région d’Idleb en Syrie, le régime de Bachar al-Assad bombarde sans cesse ce dernier grand bastion des jihadistes et des rebelles poussant à la fuite près d’un million de personnes.

La Haut-commissaire de l’ONU Michèle Bachelet, s’est dite « horrifiée » par ces violences dans le nord-ouest du pays en guerre et a réclamé des « couloirs humanitaires » pour faciliter le « passage des civils en toute sécurité ».

Avec les combats et les frappes menées quotidiennement par le régime Assad et son allié russe, environ 900.000 personnes ont été déplacées dans la grande région d’Idleb et ses environs depuis le 1er décembre, en vaste majorité des femmes et des enfants, a affirmé l’ONU lundi, réitérant un appel pour un cessez-le-feu.

Cette vague d’exode en seulement un peu plus de deux mois est sans précédent depuis le début du conflit dévastateur en Syrie qui a jeté à la rue des millions de personnes et fait plus de 380.000 morts depuis 2011.

Les personnes déplacées « sont traumatisées et forcées de dormir dehors par des températures glaciales car les camps (de déplacés) sont pleins », a déploré le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, dans un communiqué.

« Les mères brûlent du plastique afin de réchauffer les enfants. Des bébés et de jeunes enfants meurent à cause du froid », s’est-t-il insurgé.

Quotidiennement dans la province d’Idleb et ses environs, ce sont les mêmes scènes d’exil dont sont témoins les correspondants de l’AFP. Les routes sont envahies par des camions et des voitures bourrés d’affaires empilées à la hâte par des civils cherchant à trouver refuge dans des secteurs jugés plus sûrs, près de la frontière turque.

Exposées à la neige, à la pluie et à des températures hivernales extrêmes, les familles les plus chanceuses trouvent une place dans les camps de déplacés informels où s’entassent déjà des dizaines de milliers de personnes.

Les autres passent la nuit dans leur voiture, ou montent une tente sommaire au milieu des champs.

– Ecoles et hôpitaux bombardés –

« La violence dans le nord-ouest de la Syrie est aveugle », a dit M. Lowcock. « Des établissements de santé, des écoles, des zones résidentielles des mosquées et des marchés ont été frappés ».

Mais le régime ne semble pas prêt à arrêter son offensive malgré les appels à un cessez-le-feu et après que ses forces, aidées par la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais, ont repris plus de 70% du territoire.

Lundi, M. Assad a averti qu’il comptait poursuivre l’assaut. « La bataille pour la libération des provinces d’Alep et d’Idleb se poursuit. »

Ce sont les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) qui dominent plus de la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié. Ces territoires accueillent aussi d’autres groupuscules jihadistes, mais aussi des factions rebelles.

Plus de 380 civils ont péri depuis mi-décembre dans les violences, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les forces gouvernementales concentrent actuellement leurs opérations dans l’ouest de la province d’Alep, a indiqué l’OSDH en faisant état de raids aériens russes mardi dans l’ouest d’Alep et dans secteurs d’Idleb.

Les prorégime tentent de progresser « en direction de la montagne Cheikh Barakat », qui domine de vastes régions dans l’ouest d’Alep et le nord d’Idleb, près de la frontière turque, d’après le directeur de l’Observatoire, Rami Abdel Rahmane.

– Craintes pour les déplacés –

Si le régime reprend Cheikh Barakat, ces régions « pourraient se retrouver à portée de l’artillerie du régime », selon M. Abdel Rahmane. Or c’est là que se trouvent « des camps de déplacés qui accueillent des dizaines de milliers de personnes ».

Dimanche les forces du régime ont conquis toutes les localités aux abords de la métropole d’Alep, sécurisant la ville du pays en éloignant jihadistes et rebelles qui tiraient des roquettes et obus meurtriers.

« Nous sommes pleinement conscients que cette libération ne signifie pas la fin de la guerre », a martelé lundi M. Assad. « Mais cette libération signifie certainement qu’on leur a fait mordre la poussière en prélude à la défaite totale, tôt ou tard ».

Pour des experts, jihadistes et rebelles pourraient préserver une partie de la province d’Idleb.

La guerre en Syrie a été déclenchée par la répression de manifestations prodémocratie pacifiques, mais elle s’est ensuite complexifiée avec l’intervention d’acteurs régionaux et internationaux, outre les groupes jihadistes.

Un couple de danseuses rafraîchit l’étiquette du bal viennois

Le Bal de l’Opera, ce sera robe longue pour Iris et frac noir pour Sophie, premier couple de même sexe choisi pour ouvrir le prestigieux rendez-vous viennois, où le plaisir de valser l’emporte sur « ce qu’il y a dans le pantalon ».

Jeudi soir, devant quelque 5.000 spectateurs aux balcons de l’institution lyrique, et plus de deux millions devant leur télévision, ce qui avait commencé comme un pari deviendra réalité: les deux amies seront alignées parmi les couples triés sur le volet pour l’événement dansant de l’année.

« C’est le bal des bals (…) et nous nous sommes dit +imaginons qu’on envoie une candidature+ », raconte Iris Klopfer, arrivée à Vienne avec sa partenaire, Sophie Grau, pour les répétitions précédant le grand soir.

Originaires d’Allemagne, les étudiantes de 22 et 21 ans sont complices depuis leurs années lycée mais ne sont en couple que sur les parquets de danse et pas dans la vie.

Amatrice de bals, Iris a entraîné son amie dans la sélection drastique à laquelle sont soumis les aspirants débutants et débutantes, ces passionnés de valses, de polonaises, de quadrilles qui ouvrent, dans une chorégraphie parfaitement réglée, les nombreux bals qui se tiennent à Vienne chaque hiver.

« Ce que nous voulions au départ, c’est juste danser ici, rien de plus », explique Sophie Grau, cheveux courts et lunettes à monture sombre. Mais les deux élues souhaitent dire aussi « que ce que tu as dans le pantalon importe peu, pas plus que le corps dans lequel tu es né ».

– Guideur et guidé –

Les organisateurs du bal assurent n’avoir accordé aucun passe-droit aux jeunes femmes, ni modifié les critères de sélection qui incluent une parfaite maîtrise de la valse à gauche, dite « valse viennoise », avec son redoutable croisé de jambe.

Au grand soulagement de Maria Grossbauer, ordonnatrice de la soirée, Iris et Sophie « ont elles-mêmes souhaité qu’une des dames porte un frac noir et que l’autre dame porte une robe blanche », code vestimentaire indispensable à l’harmonie visuelle de la chorégraphie exécutée par les 144 couples.

Pour le reste, Mme Grossbauer dit « se réjouir » d’une brise de modernité, somme toute évidente à ses yeux : « Nous sommes en 2020. Elles sont les bienvenues, comme tous les couples le sont ».

Une évolution « totalement normale » aussi pour le directeur de l’Opéra Dominique Meyer, qui voit dans le couple de danseuses « un message clair contre l’homophobie ».

Radieuses lors de la répétition à laquelle l’AFP a assisté, parfaitement à l’aise parmi les autres débutants et débutantes venus de 11 pays, le duo questionne aussi les rapports traditionnellement établis entre partenaires dans les danses de salon.

« Je sais guider, elle sait guider », observe Iris Klopfer.

« Tout le monde peut apprendre à guider et toute le monde peut apprendre à se laisser guider », observe Sophie Grauer. « L’important, c’est le plaisir qu’on éprouve à danser ensemble ».

« Reine de la nuit », c’est le thème choisi pour le Bal de l’Opéra 2020. Inspiré de « La flûte enchantée » de Mozart, il va comme un gant aux deux têtes d’affiche de l’édition. Plus de 450 bals se tiennent à Vienne chaque hiver, déclinaison locale des festivités de carnaval, dont la tradition remonte au 19ème siècle.

Coronavirus: à travers la planète, les quartiers chinois touchés par la panique

De San Francisco à Melbourne, les quartiers chinois des grandes mégapoles sont étrangement paisibles, désertés par des visiteurs qui ont cédé à la panique depuis l’apparition du nouveau coronavirus en Chine.

« L’alarmisme est omniprésent », se lamente Max Huang, propriétaire du restaurant Juicy Bao, dans le quartier chinois historique de Melbourne.

Son établissement fait partie des dizaines de restaurants que compte le plus vieux « Chinatown » d’Australie qui a vu le jour lors de la ruée vers l’or dans les années 1850.

Même si l’épicentre de l’épidémie du Covid-19 se situe à plus de dix heures d’avion et que l’Australie ne connaît qu’une poignée de cas, la communauté chinoise est stigmatisée, comme un peu partout dans le monde, depuis l’apparition en Chine de ce virus qui a fait près de 1.900 morts.

A Melbourne, les rues sont donc étonnamment paisibles et même la danse du dragon du Nouvel An lunaire n’a pas réussi à attirer les foules.

Les commerçants affirment que leurs revenus ont chuté de plus de la moitié, les obligeant à réduire considérablement les heures de travail de leur personnel… une situation que l’on retrouve à travers tous les quartiers chinois de la planète.

Dans le quartier de Richmond à Vancouver, il est désormais aisé d’obtenir une table au restaurant de l’Empire des fruits de mer.

– Aucun touriste chinois –

« Normalement, nous aurions de longues files d’attente d’environ cinq à dix tables mais aujourd’hui, il n’y a aucune queue », fait remarquer le directeur général adjoint Ivan Yeung.

« Certaines personnes ont déjà annulé leurs fêtes ou repas de groupes. Beaucoup de restaurants connaissent la même situation », se désole-t-il, tout en souhaitant un rapide retour à la normale.

Dans plusieurs pays, l’interdiction d’entrée pour les personnes en provenance de la Chine a durement frappé certains quartiers.

« D’habitude, à cette heure-ci, nous avons des touristes chinois mais là, nous n’en avons aucun », remarque Tony Siu, directeur du populaire restaurant cantonnais R&G Lounge à San Francisco.

En Australie, cette interdiction du territoire a été aggravée par le fait que près de 100.000 étudiants chinois n’ont pas pu rentrer à temps pour commencer leur année universitaire.

« Nos principaux clients viennent de Chine… (c’est pourquoi) c’est très difficile », explique Su Yin, dont le stand de crêpes se situe au pied d’une université de Melbourne qui compte de nombreux étudiants chinois.

Dans l’espoir de rassurer de potentiels clients, certains commerçants ont apposé des affiches stipulant que leurs locaux locaux sont régulièrement désinfectés à titre préventif.

– « Peur des Chinois » –

Certains sont même allés jusqu’à fournir de la solution hydroalcoolique pour les clients et à demander à leur personnel de porter des masques et des gants en caoutchouc.

Mais ces mesures ne remportent pas un grand succès face à la xénophobie qui contribue à aggraver la situation.

Rebecca Lyu, une Chinoise étudiant à Londres, explique avoir eu le plus grand mal à convaincre ses amis de venir dîner ou faire du shopping en sa compagnie.

« Certains de mes amis ont refusé aller manger dans des restaurants de Chinatown parce qu’ils ont peur du virus », déplore-t-elle.

A San Francisco, le magasin de souvenirs de Fred Lo est habituellement très fréquenté par les touristes européens et sud américains mais « depuis deux semaines, il y a beaucoup moins de monde, au moins 50% de moins, même si personne n’est malade ou n’a été en Chine », constate-t-il.

M. Lo estime que les temps sont encore plus durs qu’à ses débuts en 1975.

« Ce n’est pas juste qu’autant de personnes aient peur des Chinois », souligne-t-il.

Ce commerçant, également président de la Chambre de commerce chinoise de Melbourne, regrette que le message qu’il martèle « nous allons bien, n’ayez pas peur » ne soit pas entendu.

A Londres, David Tang a bien remarqué que les personnes l’évitent depuis quelques semaines mais il essaie d’en prendre son parti.

« Je prends le train tous les matins. Un jour, la semaine dernière, tout le monde était debout et il y avait un siège vide à côté de moi » raconte-t-il, alors « j’en ai ri ».

A « mini-Kaboul », 40 ans de vie au Pakistan pour des réfugiés afghans

A « mini-Kaboul », un marché de Peshawar, la capitale du Nord-Ouest pakistanais, tout rappelle l’Afghanistan. Les vendeurs en sont tous originaires, à l’instar des millions de réfugiés afghans vivant au Pakistan, certains depuis maintenant quatre décennies.

Des enfants afghans poussent des chariots de fruits. Le dari, l’une des principales langues afghanes, inusitée au Pakistan, est omniprésent. Le « kabuli palao », plat national afghan, un riz assaisonné garni de viande, est roi.

« Nous avons passé une vie entière ici », observe Niaz Mohammed, un travailleur journalier de 50 ans originaire du Nangarhar, province de l’Est afghan frontalière avec le Pakistan.

Lui affirme avoir fui son pays dans les années 1980, alors que l’Afghanistan s’embrasait après l’invasion soviétique de Noël 1979. Quarante ans et des dizaines de milliers de morts plus tard, la violence ne s’est toujours pas atténuée.

« Nous avons eu des mariages ici, nos enfants sont nés ici. (…) Nous travaillons ici, alors qu’il n’y a pas de paix en Afghanistan, poursuit Niaz Mohammed. Nous sommes heureux ici. »

Lundi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, en visite pour trois jours au Pakistan, à salué « l’énorme générosité » des Pakistanais, qui « n’ont pas seulement ouvert leurs frontières », mais aussi « leurs maisons et leurs cœurs » aux Afghans.

Car le Pakistan est l’un des plus grands pays d’accueil au monde, avec 2,7 millions de réfugiés afghans, enregistrés ou sans papiers, selon Islamabad.

Beaucoup vivent dans des camps, tandis que d’autres se sont construit une nouvelle vie, davantage insérés dans l’économie pakistanaise.

– Suspicion –

A « mini-Kaboul », les 5.000 échoppes sont tenues par des Afghans. Mais leur statut a toujours été temporaire. Les autorités fixent régulièrement des dates limites pour leur départ du Pakistan, qu’elles repoussent à mesure que le conflit s’aggrave en Afghanistan.

De nombreux Pakistanais considèrent ces réfugiés avec suspicion, les soupçonnant d’encourager l’extrémisme et la criminalité, et demandent qu’ils soient renvoyés chez eux.

Lundi, le deuxième vice-président afghan Sarwar Danish a également accusé des groupes insurgés de se servir de camps de réfugiés au Pakistan comme de « camps d’entraînement » pour combattants actifs en Afghanistan, ce que nie Islamabad.

« Il n’y a pas de sanctuaire (pour extrémistes, NDLR) ici », lui a répondu le Premier ministre pakistanais Imran Khan.

Au quotidien, les Afghans du Pakistan vivent en citoyens de seconde classe. Même ceux qui ont passé des décennies dans le pays ne peuvent posséder de terres ou une voiture. Très récemment, ils ont obtenu le droit d’ouvrir un compte bancaire.

Peu après son arrivée au pouvoir mi-2018, Imran Khan avait indiqué vouloir leur accorder la citoyenneté pakistanaise. Mais l’indignation avait été si forte que la mesure est depuis lors enterrée.

Nombre de réfugiés interrogés par l’AFP à Peshawar affirment malgré tout bien se sentir dans leur pays d’adoption.

Javed Khan, 28 ans, est né au Pakistan. Il s’est marié à une Pakistanaise, avec qui il a eu trois enfants. « Je ne partirai que si le Pakistan m’y force », assure-t-il.

La situation pourrait évoluer, alors que Donald Trump a récemment assuré qu’un accord était « très proche » entre Etats-Unis et talibans, permettant aux troupes américaines de se retirer d’Afghanistan en échange de garanties sécuritaires des insurgés.

Ceux-ci,dans un second temps, doivent discuter avec le gouvernement de Kaboul, dont ils n’ont jamais reconnu la légitimité.

– « Je ne veux pas revenir » –

Les deux parties n’en ont qu’après « leur propre intérêt », commente Mohammed Feroz, dubitatif quant à l’impact qu’un tel accord aurait sur sa vie. « Personne ne se soucie de nous. Pour nous, Dieu est le seul espoir », poursuit ce propriétaire d’un négoce d’habits dans « mini-Kaboul », arrivé à il y a 40 ans au Pakistan.

Même si la paix arrivait finalement, la plupart des réfugiés disent vouloir rester au Pakistan, car les opportunités économiques y sont meilleures.

Dans le camp de Khurasan, à la sortie de Peshawar, environ 5.000 Afghans vivent dans le dénuement.

Yaseen Ullah, 26 ans, sa mère et ses huit frères et sœurs, y partagent une petite maison en pisé de deux pièces sans eau courante. Malgré la dureté de leur vie, ils ne souhaitent pas non plus rentrer en Afghanistan.

Là-bas, « je n’ai pas de travail. Qu’est-ce que j’y ferai? », questionne ce chiffonnier de 26 ans.

Niaz Mohammed, père de sept enfants, tous nés dans un camp de réfugiés et qui parlent la langue pachtoune avec un accent pakistanais, est au diapason car il doit selon lui « nourrir (sa) famille ».

« Je le dis du fond du cœur, je préfère rester ici, confesse-t-il. Je ne veux pas revenir ».

En Algérie, les réseaux sociaux, garants de la mémoire d’une contestation inédite

Caisse de résonance du « Hirak », les réseaux sociaux ont façonné et accompagné ce mouvement de contestation antirégime inédit en Algérie, face à un discours officiel faisant fi de l’ampleur de la mobilisation populaire.

« Les réseaux sociaux ont permis de suivre le Hirak en continu et en temps réel, à différents endroits simultanément », explique à l’AFP Zahra Rahmouni, journaliste indépendante en Algérie.

« Ils ont montré la répression policière, brisé les préjugés et contrecarré un discours » qui voulait minorer ce mouvement de protestation non-violent déclenché le 22 février 2019, souligne la journaliste trentenaire.

Depuis un an, Zahra Rahmouni informe en direct ses abonnés sur Facebook, Instagram et Twitter, tout en se documentant elle-même sur ces plateformes.

Lieux d’expression du mécontentement commun, les réseaux sociaux ont été les chambres d’écho d’appels à manifester, les laboratoires des slogans de chaque marche hebdomadaire et les garants du caractère pacifique du « Hirak ».

Dans ce pays de 42 millions d’habitants, 23 millions sont des utilisateurs actifs des médias sociaux, selon le rapport 2019 de la plateforme de gestion des réseaux sociaux Hootsuite et de l’agence digitale We Are Social.

– Black-out médiatique –

« Qu’ils dégagent tous! » « Algérie libre et démocratique! » « Je suis un membre du Hirak! » « Tu n’es pas mon Président! », adressé au chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune, successeur d’Abdelaziz Bouteflika élu en décembre lors d’un scrutin massivement boycotté par la population. Autant de mots-dièse devenus des cris de ralliement de la contestation, lancés à la fois dans la rue et sur la toile.

A l’instar de ce qui se passe sur le terrain, la mobilisation virtuelle est disparate et dispersée, sans leadership, mais elle est opiniâtre, visible sur l’ensemble du territoire et réunit les générations.

Si « les réseaux sociaux ont permis à des Algériens d’exprimer une forme d’engagement politique interdite dans l’espace public, ils ont surtout été une alternative au déficit (d’informations) laissé par de nombreux médias », explique à l’AFP le politologue algérien Chérif Dris.

Face au black-out médiatique des chaînes privées -proches du pouvoir- et de la télévision publique, qui a fait l’impasse quasiment toute l’année sur les manifestations, les réseaux sociaux sont devenus une des principales sources d’information.

En présentant la réalité du terrain dans différentes régions du pays, « ils ont participé à forger la légitimité du mouvement et à déconstruire le discours officiel », observe Chérif Dris.

Mais ils ont aussi nourri des débats enflammés au sein même du « Hirak », comme en témoigne la vive polémique qui a opposé l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, qui a décrété « l’échec provisoire » du mouvement, à des détracteurs le qualifiant de « traître ».

Sur Facebook et Twitter, les échanges ont fusé: les uns constructifs, les autres virulents.

– Mémoire collective –

Bien que polluées par une désinformation massive des pro et antirégime, les nouvelles partagées sur les réseaux, une fois passées au crible, sont porteuses d’une mémoire collective.

Soucieux de conserver une trace du flot d’informations généré par le « Hirak », un groupe de chercheurs a lancé dès février 2019 une collecte d’archives.

Photos, vidéos, tracts, communiqués et déclarations sont récupérés au fur et à mesure que se développe le mouvement, principalement sur les réseaux sociaux.

Pages Facebook d’organisations comme le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), pages anonymes ou groupes créés à la hâte pour faire vivre le débat, constituent une précieuse base de données.

« Au travers des photos de slogans collectées, nous pouvons observer l’évolution des revendications », constate Sarah Adjel, doctorante en histoire et cofondatrice du projet « Algérie: initiative d’archives collectives ».

« Le déliement de la parole qui s’exprime sur les réseaux sociaux est fascinant », affirme-t-elle.

La collecte d’archives est, selon Sarah Adjel, une garantie face à toute « tentative de falsification de l’histoire ».

A long terme, l’ambition est que les documents conservés soient accessibles aux Algériens.

Du côté des autorités, aux tentatives de perturber internet lors des premières marches du « Hirak » ont succédé des offensives de trolls prorégime sur Facebook et Twitter.

Plusieurs activistes ont par ailleurs payé le prix de leur liberté de ton sur les réseaux sociaux, en étant poursuivis à cause de publications Facebook, selon le CNLD.

Dans un communiqué, Human Rights Watch a dénoncé la mise en examen d’un jeune romancier, Anouar Rahmani, pour « insulte au président de la République » et « atteinte à la sûreté de l’Etat », après qu’il eut moqué M. Tebboune sur Facebook.

Une star des réseaux sociaux veut réveiller la Russie sur le VIH

S’inquiéter du sida plutôt que du coronavirus: Le film d’un youtubeur russe a braqué les projecteurs sur le VIH afin de réveiller la jeune génération sur cette maladie qui ronge la Russie dans l’indifférence des autorités.

Avec sa vidéo « VIH en Russie, l’épidémie dont on ne parle pas », Iouri Doud, 33 ans, a rassemblé plus de 13 millions de vues sur YouTube en moins d’une semaine. Et il a fait réagir des responsables politiques d’ordinaire très discrets sur le sujet.

Star des réseaux sociaux très suivie par la jeunesse, Doud est d’abord connu pour ses interviews décontractées avec des politiques et des artistes de tous bords.

Il avait enregistré un premier grand succès l’année passée avec un film pédagogique sur l’histoire du goulag stalinien, thème largement passé sous silence en Russie. La vidéo affiche plus de 19,2 millions de vues sur YouTube.

Toujours dans cette logique éducative, Doud s’attaque cette fois-ci à un thème de santé public largement tabou, détaillant tous les aspects du VIH/sida : vie quotidienne des séropositifs, des modes de contamination, des thérapies, de la prévention.

« Les gens qui vivent avec le VIH en Russie sont tout le temps victimes de discrimination. On en a honte, on les fuit, on les dédaigne », regrette Iouri Doud dans sa vidéo.

– 103.000 infectés –

S’attaquant aux idées reçues en rappelant par exemple que les moustiques et les baisers ne présentent pas de risque, il appelle aussi chacun à se faire dépister, expliquant l’existence de tests salivaires en pharmacie.

En Russie, plus de 1,1 million de personnes vivent avec le VIH sur une population de 144,5 millions. Au moins 300.000 personnes sont mortes du sida depuis 1987 et le rythme de propagation de la maladie reste très élevé.

« Il y a eu 103.000 nouvelles infections en 2018, contre 6.200 en France. Et ces nouveaux cas sont le résultat d’un manque de prévention et d’information », explique Vadim Pokrovski, directeur du Centre fédéral de lutte contre le sida.

« On n’en fait pas assez. Et il ne faut pas seulement soigner les malades », relève aussi Vladimir Maïanovski, directeur d’une organisation de soutien aux séropositifs.

Sur les réseaux sociaux, les commentaires sont généralement laudateurs. « Où peut-on voter pour qu’on montre ce film à l’école ? », écrit Nadia Khiakli, dont la remarque a attiré 29.000 « likes » sur YouTube.

Autre effet, dans les jours ayant suivi la publication du film le 11 février, le nombre de recherches liées au sida en russe sur Google a bondi: pour les mots-clés « acheter test VIH » de 350%.

– « Mauvaise façon » –

Face à ce phénomène, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a jugé que la vidéo « méritait que l’on s’y intéresse ». Le président de la Cour des comptes, Alexeï Koudrine, a promis d’évaluer l’efficacité de l’assistance aux malades.

Iouri Doud a aussi été invité au Parlement pour parler prévention et son film a été montré à la chambre basse, même si seuls quelques députés ont fait le déplacement.

Ces réactions sont d’autant plus inhabituelles que les politiques publiques en la matière ont été décriées par les experts.

« Dans la tête des gens qui prennent des décisions en Russie, le VIH c’est de toute façon les drogués et les gens qui vivent +de la mauvaise façon+ », regrette Igor Ptchelintsev, responsable de l’ONG de lutte contre le sida « Chagui ».

Depuis 2016, plusieurs ONG spécialisées dans la lutte contre le VIH ont été classées « agents de l’étranger », dénomination controversée qui gêne grandement leur travail et la récolte de fonds.

Sous Vladimir Poutine, proche de l’Eglise orthodoxe, les idées conservatrices ont été remises au goût du jour, si bien que des mesures de prévention efficaces n’ont pas été mises en oeuvre, qu’il s’agisse de toxicomanie ou de sexualité. Les campagnes d’information mettent en avant l’abstinence plus que le préservatif.

Un article du quotidien Vedomosti, titré « Doud à la place du ministère de la Santé », a jugé dès lors le blogueur « plus efficace » que l’Etat.

« De nouvelles personnes sont allées se faire dépister. Et il y a même un intérêt parmi les preneurs de décisions. C’est bien! », se réjouit le chercheur Vadim Pokrovski.

En Grèce continentale, les habitants font obstruction à la venue des migrants

« Nous n’accepterons aucune colonisation illégale ». La banderole déployée à Makrygialos, dans le nord de la Grèce, proclame sans détour le refus des villageois d’accueillir 200 demandeurs d’asile en provenance des îles de la mer Egée.

Comme beaucoup d’autres communes de Grèce continentale, ce village de 1.000 âmes se montre inflexible dans le bras de fer qui l’oppose au gouvernement d’Athènes sur une nouvelle répartition des migrants sur l’ensemble du territoire grec.

« Nous sommes déterminés à défendre notre patrie. Nous ferons tout pour les empêcher de venir », a lancé Tasos Yiakoumis, un avocat rencontré à Makrygialos dans une manifestation anti-migrants.

Sept mois après son arrivée au pouvoir, sur la promesse de résoudre la nouvelle crise migratoire en Grèce, le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis se trouve dans une impasse.

Ni les îles de la mer Egée, directement impactées par le flux migratoire constant en provenance de la Turquie voisine, ni le continent ne veulent accueillir les milliers de demandeurs d’asile hébergés dans des camps sordides et surpeuplés.

Quelque 38.000 demandeurs d’asile s’entassent ainsi, beaucoup depuis des mois voire des années, dans les camps de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos, pour une capacité théorique de 6.200 personnes.

Autorités locales et habitants sur ces îles refusent d’en accueillir davantage et exigent l’évacuation immédiate de la vaste majorité des migrants.

Mais la population fait également obstruction sur le continent, où le gouvernement a transféré 9.000 demandeurs d’asile sur les 20.000 prévus l’an dernier.

A Makrygialos, village côtier à 450 km au nord d’Athènes, quelque 300 habitants ont protesté contre l’installation de 200 migrants dans une bâtisse désaffectée ancien foyer pour malades mentaux.

– « Quel touriste » voudra venir? –

« Nous connaissons très bien leur plan, ils veulent islamiser l’ensemble du monde occidental, ça ne passera pas », scande Yiakoumis au microphone.

Un autre orateur prétend que « les réfugiés enlèvent les enfants » et que « la plupart des gens qui viennent en Grèce ont un casier judiciaire et sont recherchés dans leur pays ».

D’autres habitants affirment que le taux de criminalité augmentera si les migrants arrivent dans le village, qui vit surtout du tourisme.

« C’est une zone touristique. Quel touriste voudra prendre des vacances à côté (d’un refuge pour migrants)? », demande le maire Anastasios Manolas, ancien officier de l’armée de Terre.

Au cours des derniers mois, des manifestations similaires ont eu lieu dans d’autres communes du nord de la Grèce où les habitants faisaient corps pour empêcher les bus de déverser les migrants arrivant des îles.

La semaine dernière à Vrasna, des parents d’élèves ont refusé de partager l’école maternelle avec un petit nombre d’enfants réfugiés, qui ont été contraints de chercher un autre établissement scolaire.

Sur les îles aussi, l’exaspération est à son comble, depuis que le gouvernement a annoncé l’ouverture à l’été de nouvelles infrastructures « fermées » pour héberger les migrants.

Les insulaires, favorables à la fermeture des camps insalubres de Lesbos, Samos et Chios, annoncée par le gouvernement, refusent cependant leur remplacement par d’autres centres, craignant que la situation ne perdure.

Cinq ans après la grande crise migratoire de 2015, l’impasse dans laquelle se trouve la Grèce, à nouveau première porte d’entrée des migrants en Europe, a provoqué des manifestations émaillées d’incidents aux relents xénophobes, et de bagarres entre migrants et populations locales des îles égéennes.

La colère des insulaires est encore montée d’un cran quand le gouvernement a annoncé la réquisition de terrains pour les futurs centres d’hébergement.

Le ministre des Migrations Notis Mitarachi a finalement donné aux autorités des îles une semaine de réflexion pour suggérer des localisations alternatives pour les nouveaux camps.

Coronavirus: près de 1.900 morts, l’OMS contre toute mesure disproportionnée

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre toute mesure « disproportionnée » face au coronavirus, alors que l’épidémie a déjà fait près de 1.900 morts.

Le nombre de contaminations en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), a grimpé mardi à 72.300. Ailleurs dans le monde, environ 900 personnes contaminées ont été recensées dans une trentaine de pays et territoires.

Mais l’OMS s’est voulue rassurante lundi: en dehors de la province chinoise du Hubei (centre), épicentre de l’épidémie, la maladie Covid-19 « touche une très petite proportion de la population » et son taux de mortalité n’est pour l’heure que d’environ 2%.

Le principal foyer de contamination hors de Chine reste le paquebot de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine début février dans la baie de Yokohama près de Tokyo, après un test positif sur un croisiériste débarqué à Hong Kong.

Ses plus de 3.700 passagers avaient reçu l’ordre de rester dans leur cabine pendant deux semaines. Mais cela n’a pas empêché la propagation du virus: au moins 454 personnes ont été contaminées à bord.

Plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants. Plus de 300 Américains ont ainsi été rapatriés par avion vers les Etats-Unis, où ils ont entamé lundi une quarantaine de 14 jours — la durée maximale supposée de l’incubation.

– « Proportionnées » –

Un deuxième cas positif a été recensé parmi les quatre passagers français à bord du navire, a annoncé lundi le ministère français de la Santé, en précisant que ces malades sont pris en charge par les autorités sanitaires japonaises.

Le directeur de l’OMS a cependant estimé lundi qu’il n’était pas nécessaire de suspendre l’ensemble des croisières dans le monde, se disant opposé à toute « mesure de portée générale » face au coronavirus.

« Les mesures doivent être proportionnées à la situation, prises sur la base de preuves et d’éléments de santé publique », a déclaré à la presse Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que « le risque zéro n’existe pas ».

Cet appel intervient au moment où l’opérateur d’un navire de croisière américain, le Westerdam, cherche à retrouver la trace de quelque 1.200 voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge malgré la crainte de contaminations potentielles.

Samedi, le virus a été diagnostiqué chez une ex-passagère américaine de 83 ans arrivée en Malaisie. Mais des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour rentrer chez eux, laissant craindre une propagation de l’épidémie.

« Si nous devons interrompre toutes les croisières du monde au cas où il y aurait un contact potentiel avec un possible agent pathogène, où nous arrêterons-nous? », a cependant déclaré le Dr Michael Ryan, directeur des urgences de l’OMS.

– « Trop tôt » –

« Devons-nous arrêter les bus dans le monde entier? », a-t-il fait mine de s’interroger devant la presse à Genève.

L’OMS s’était déjà prononcée contre la restriction brutale des voyages, alors qu’Etats-Unis, Australie et Nouvelle-Zélande notamment ont interdit l’entrée sur leur territoire aux étrangers s’étant récemment rendus en Chine — dont évidemment de nombreux Chinois.

Des conférences commerciales, des compétitions sportives et des manifestations culturelles ont été annulées ou reportées, tandis qu’un grand nombre de compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers la Chine continentale.

Mardi, le bilan humain y a atteint les 1.868 morts. Et un directeur d’hôpital de la ville de Wuhan, d’où est partie l’épidémie, est décédé après avoir été contaminé, a annoncé la télévision publique CCTV.

Selon le dernier bilan quotidien, 98 personnes ont succombé au virus lors des dernières 24 heures, soit le quatrième jour de repli.

A 1.886, le nombre quotidien de nouvelles contaminations est au plus bas depuis le début du mois.

Ailleurs dans le monde, seul cinq décès ont été enregistrés jusqu’à présent (aux Philippines, à Hong Kong, au Japon, en France et à Taïwan).

En dehors du Hubei, bouclé par un cordon sanitaire afin de contenir l’épidémie, seules 79 nouvelles contaminations ont été recensées mardi en Chine continentale. Le 4 février, elles étaient 890.

– Apple pessimiste –

Alors que la perspective d’un vaccin est encore lointaine, les autorités chinoises ont demandé lundi aux personnes guéries de donner leur sang afin d’en extraire le plasma pour soigner les malades.

Ce plasma d’ex-patients infectés contient des anticorps qui pourraient permettre de diminuer la charge virale chez les personnes sévèrement atteintes.

Afin de mieux contrer l’épidémie, le gouvernement chinois a annoncé mardi une exemption de droits de douane punitifs qu’il imposait dans le cadre de sa guerre commerciale avec les Etats-Unis sur certains équipements médicaux américains.

Des équipements utilisés pour la transfusion de patients ou mesurer la pression artérielle seront ainsi exemptés à partir du 2 mars.

Mais les grandes entreprises mondiales craignent une chute de la demande. Apple a annoncé lundi que sa prévision de chiffre d’affaires pour le deuxième trimestre ne serait sans doute pas atteinte en raison de l’épidémie en Chine — pays crucial pour l’entreprise américaine.

Ioukos: une affaire russe à 50 milliards devant la justice néerlandaise

Plus de quinze ans après les faits, un tribunal néerlandais tranchera mardi sur le volet principal de la tentaculaire affaire Ioukos, ancien groupe pétrolier dont les anciens actionnaires réclament 50 milliards de dollars à la Russie.

Accusée par les ex-actionnaires d’avoir orchestré le démantèlement de Ioukos pour des raisons politiques, la Russie avait été condamnée en 2014 par la Cour permanente d’arbitrage (CPA), juridiction internationale située à La Haye, à leur verser une indemnisation de 50 milliards de dollars (46 milliards d’euros), ce que le pouvoir russe a refusé.

Jugeant que la CPA n’avait pas compétence pour octroyer cette indemnisation, un tribunal néerlandais avait annulé son jugement en 2016, une décision contestée par les requérants qui espèrent avoir gain de cause mardi devant la Cour d’appel de la Haye.

Dirigée par l’oligarque et ennemi déclaré du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, arrêté en 2003 et libéré après une décennie de prison, la compagnie Ioukos a été accusée par Moscou de fraude fiscale et d’escroquerie de grande ampleur.

L’entreprise, alors premier producteur d’or noir de Russie, avait été placée en liquidation judiciaire en août 2006, à l’issue d’un procès retentissant largement considéré comme inspiré par le Kremlin pour contrecarrer les ambitions politiques de M. Khodorkovski.

Ioukos avait été vendu à la découpe en grande partie au groupe pétrolier public russe Rosneft. Cette entreprise, de taille modeste alors, est devenue grâce aux actifs du groupe démantelé un géant mondial, piloté par un homme de confiance de Vladimir Poutine, Igor Setchine.

Les anciens actionnaires tentent depuis d’obtenir une indemnisation de leurs pertes causées par la dissolution de Ioukos.

Une pierre angulaire du procès a été la question de la compétence de la CPA pour juger de la question et octroyer cette indemnisation, que le tribunal néerlandais lui a refusée en première instance.

– « Corruption », « agissements illégaux » –

La CPA avait basé sa décision sur le Traité sur la charte de l’énergie (TCE), qui protège les investissements internationaux dans les projets énergétiques.

« La Fédération de Russie a signé le TCE, mais ne l’a pas ratifié », avait assuré la justice néerlandaise en 2016, indiquant que les décisions de la CPA étaient donc « contraires à la loi russe ».

Une autre des questions se posant « a trait aux circonstances de prise de contrôle de Ioukos par les oligarques russes aux cours de sa privatisation en 1995 et 1996 », a indiqué à l’AFP Andrea Pinna, avocat de la Russie.

Dans la foulée de la chute de l’URSS, des hommes d’affaires peu scrupuleux ont amassé des fortunes immenses et des empires influents en acquérant pour des sommes très réduites les actifs soviétiques, en particulier dans le secteur des matières premières, alors que le pays était plongé dans une crise profonde et que la population glissait dans la pauvreté. Parmi eux, M. Khodorkovski.

« La Russie estime que l’acquisition de Ioukos n’a été possible que par corruption et autres agissements illégaux », affirme Me Pinna, soulignant qu’il ne s’agit « pas d’un dossier politique, mais d’un dossier purement juridique qui a un enjeu financier de 50 milliards de dollars ».

Me Emmanuel Gaillard, qui représente les anciens actionnaires, affirme pour sa part à l’AFP que « la Russie déploie des efforts de diplomatie considérables pour tenter de discréditer les acteurs de l’affaire ».

« Leur stratégie est de tout déformer pour tout compliquer, pour faire oublier la plus grande expropriation du XXIe siècle », regrette-t-il.

Arrêté en 2003, M. Khodorkovski a été libéré en décembre 2013 à la suite d’une grâce accordée par le président russe, et vit depuis en exil. Son associé, Platon Lebedev, a quant à lui passé plus de 10 ans en prison, suite à des procès dénoncés par les défenseurs des droits de l’Homme.

L’affaire Ioukos est largement considérée comme le moment où Vladimir Poutine a mis au pas les grands oligarques russes dont l’influence sur le système politique a connu son apogée sous Boris Eltsine.

Quelle que soit l’issue de l’appel mardi, l’affaire devrait se poursuivre devant la Cour de cassation néerlandaise.

Indignation au Mexique après l’assassinat d’une fillette de sept ans

La découverte d’une fillette de sept ans tuée au Mexique a suscité une vive indignation lundi, deux jours après que des centaines de femmes eurent manifesté contre le meurtre particulièrement brutal d’une jeune femme qui a choqué le pays.

Le corps de la fillette portant des signes de torture a été retrouvé samedi à Tlahuac, au sud-est de la capitale, après avoir été porté disparue le 11 février.

Lundi, les parents de l’école où l’enfant étudiait ont exigé justice et plus de sécurité pour les mineurs et les femmes en brandissant lors d’un rassemblement des bannières demandant « Justice! » et s’interrogeant « à qui le tour demain? ».

Le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, a estimé qu’un tel cas était la conséquence de « la décomposition de la société » intervenue durant « la période néolibérale » avant son arrivée au pouvoir.

Le parquet local a offert une récompense de deux millions de pesos (environ 107.000 dollars) en échange d’informations permettant d’identifier qui a enlevé et tué l’enfant.

Le porte-parole du procureur, Ulises Lara, a déclaré aux journalistes que la mère de la jeune fille était venue la chercher à l’école et que, ne la trouvant pas, elle avait commencé les recherches. Selon des images détenues par les autorités, le jour où la fille a disparu elle a été vue tenue par la main par une autre femme.

La mère de la fillette a demandé justice pour son enfant.

« J’ai besoin de votre soutien, car aujourd’hui c’était ma fille mais demain sera peut-être la vôtre », a-t-elle dit.

Elle a accusé un homme d’avoir tué sa fille, sans toutefois donner davantage de détails.

Cet assassinat est intervenu deux jours après que des centaines de femmes eurent manifesté dans plusieurs ville du Mexique pour dénoncer le meurtre particulièrement brutal d’une femme de 25 ans.

La jeune femme a été poignardée par son compagnon qui l’a ensuite dépecée et éventrée puis lui a arraché des organes qu’il a jetés dans les toilettes de l’appartement où ils vivaient.

L’affaire a également déclenché des protestations contre la diffusion, probablement par des responsables de la justice et de la police, d’images du corps mutilé de la jeune femme qui ont été publiées par des tabloïds de la capitale.

En 2019, le Mexique a enregistré 1.006 féminicides, selon des chiffres officiels qui sont sans doute en-dessous de la réalité.

Une distribution d’aide tourne au drame au Niger, 20 morts

Une vingtaine de personnes ont été tuées et plusieurs blessées lundi dans une bousculade provoquée par une distribution de vivres et d’argent à des réfugiés et des personnes déplacées à Diffa, dans le sud-est du Niger.

« Malheureusement, il y a eu quinze femmes et cinq enfants qui sont décédées (…) dans ce drame regrettable », a déclaré à la télévision publique Issa Lémine, le gouverneur de Diffa, qui a rendu visite aux blessés admis dans des centres de soin de cette ville.

La bousculade a également fait une dizaine de blessés dont de nombreux enfants, selon la télévision.

Selon Issa Lémine, une première distribution « s’est bien terminée » dimanche à la Maison des jeunes et de la culture (MJC).

Ce lundi matin, une deuxième opération de ce type devait avoir lieu à « l’arène de lutte traditionnelle » qui « a été sécurisée pour la circonstance » mais les gens se sont plutôt dirigés vers le lieu de la distribution de la veille.

Donc, « très tôt, aux environs de 02H00 (01H00 GMT), les femmes se sont attroupées devant la MJC et à 06H00 (05H00 GMT) quand on a ouvert le portail, il y a eu un mouvement d’ensemble et beaucoup de personnes étaient tombées et ont été piétinées ».

« Nous avons un bilan provisoire de 20 morts, essentiellement des femmes et des enfants tués dans une bousculade pendant une opération de distribution de vivres et d’argent à la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Diffa », la capitale régionale du sud-est du Niger, proche du Nigeria, avait auparavant expliqué un responsable médical.

Des sources humanitaires ont confirmé le nombre des morts et fait état d’une dizaine de blessés.

L’aide était offerte par Babagana Umara Zulum, le gouverneur de l’Etat nigérian de Borno (nord-est du Nigeria), qui est allé lundi visiter les sites de réfugiés nigériens ayant fui les attaques de Boko Haram et qui sont installés dans plusieurs zones de la région de Diffa depuis 2015.

Ce responsable avait déjà quitté Diffa avant la bousculade, a déclaré à l’AFP un officiel nigérien.

« On distribuait des vivres et de l’argent, à raison de 5.000 nairas (la monnaie nigériane – soit 15 euros) par personne. Il étaient des milliers, en majorité des réfugiés, qui avaient appris la nouvelle de la distribution et qui ont quitté leurs camps, situés parfois à une centaine de kilomètres pour venir à Diffa », a expliqué à l’AFP un habitant.

« Même de simples habitants de Diffa se sont rués pour espérer recevoir l’aide », a témoigné un autre.

« L’information sur la distribution s’était répandue dès les premières heures de la journée et des milliers de personnes ont envahi la cour et les environs de la MJC », a raconté à l’AFP un agent de la municipalité de Diffa qui se trouvait près des lieux du drame.

Du riz, de l’huile, des vêtements et de l’argent devaient être distribués aux réfugiés, a-t-il précisé.

– « Piétinés à mort » –

« Dès que les premières personnes ont reçu leur ration, la foule compacte a commencé à +bouillir+, les organisateurs ont été vite débordés : hommes, femmes, enfants ont commencé à se presser les uns contre les autres. Les plus faibles sont tombés par terre » et des enfants ont été « piétinés à mort », a affirmé cet agent.

« D’habitude, ce sont des représentants des bénéficiaires qui viennent chercher les aides à Diffa et repartent les redistribuer sur les sites, mais cette fois ce sont les réfugiés eux-mêmes qui ont décidé de parcourir des dizaines de kilomètres pour venir recevoir leur aide », a dit un élu local à l’AFP.

« Très vite, les secours sont arrivés pour évacuer les blessés vers différents centres de soin et pour acheminer les corps à la morgue de l’hôpital de Diffa » proche, selon un journaliste local.

La visite du gouverneur de Borno était la première d’un haut responsable civil nigérian dans la région de Diffa où il s’est rendu à Bosso, Garin-Wazan et Toummour, trois localités qui abritent plus de 100.000 réfugiés du Nigeria, sur un total de 300.000 dans toute la région.

En plus de l’insécurité liée aux attaques régulières de Boko Haram, Diffa est confrontée à de graves inondations provoquées par une crue de la Komadougou Yobé, la rivière qui sépare le Niger du Nigeria, qui ont déjà fait de plus de 20.000 personnes des sans-abri, selon les autorités locales.

Les eaux ont également dévasté des champs de poivrons et de riz, deux piliers de l’économie locale.

Au total, le Niger, un des Etats les plus pauvres du monde, abrite près de 450.000 réfugiés (Nigérians, Maliens et Burkinabé) et déplacés internes, chassés par les violences jihadistes ou des bandes armées, selon l’ONU qui s’inquiète du manque de fonds pour couvrir tous les besoins.

Certains réfugiés et personnes déplacées vivent au milieu d’une population déjà très pauvre.

Une distribution d’aide tourne au drame au Niger, 20 morts

Une vingtaine de personnes ont été tuées et plusieurs blessées lundi dans une bousculade provoquée par une distribution de vivres et d’argent à des réfugiés et des personnes déplacées à Diffa, dans le sud-est du Niger.

« Malheureusement, il y a eu quinze femmes et cinq enfants qui sont décédées (…) dans ce drame regrettable », a déclaré à la télévision publique Issa Lémine, le gouverneur de Diffa, qui a rendu visite aux blessés admis dans des centres de soin de cette ville.

La bousculade a également fait une dizaine de blessés dont de nombreux enfants, selon la télévision.

Selon Issa Lémine, une première distribution « s’est bien terminée » dimanche à la Maison des jeunes et de la culture (MJC).

Ce lundi matin, une deuxième opération de ce type devait avoir lieu à « l’arène de lutte traditionnelle » qui « a été sécurisée pour la circonstance » mais les gens se sont plutôt dirigés vers le lieu de la distribution de la veille.

Donc, « très tôt, aux environs de 02H00 (01H00 GMT), les femmes se sont attroupées devant la MJC et à 06H00 (05H00 GMT) quand on a ouvert le portail, il y a eu un mouvement d’ensemble et beaucoup de personnes étaient tombées et ont été piétinées ».

« Nous avons un bilan provisoire de 20 morts, essentiellement des femmes et des enfants tués dans une bousculade pendant une opération de distribution de vivres et d’argent à la Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Diffa », la capitale régionale du sud-est du Niger, proche du Nigeria, avait auparavant expliqué un responsable médical.

Des sources humanitaires ont confirmé le nombre des morts et fait état d’une dizaine de blessés.

L’aide était offerte par Babagana Umara Zulum, le gouverneur de l’Etat nigérian de Borno (nord-est du Nigeria), qui est allé lundi visiter les sites de réfugiés nigériens ayant fui les attaques de Boko Haram et qui sont installés dans plusieurs zones de la région de Diffa depuis 2015.

Ce responsable avait déjà quitté Diffa avant la bousculade, a déclaré à l’AFP un officiel nigérien.

« On distribuait des vivres et de l’argent, à raison de 5.000 nairas (la monnaie nigériane – soit 15 euros) par personne. Il étaient des milliers, en majorité des réfugiés, qui avaient appris la nouvelle de la distribution et qui ont quitté leurs camps, situés parfois à une centaine de kilomètres pour venir à Diffa », a expliqué à l’AFP un habitant.

« Même de simples habitants de Diffa se sont rués pour espérer recevoir l’aide », a témoigné un autre.

« L’information sur la distribution s’était répandue dès les premières heures de la journée et des milliers de personnes ont envahi la cour et les environs de la MJC », a raconté à l’AFP un agent de la municipalité de Diffa qui se trouvait près des lieux du drame.

Du riz, de l’huile, des vêtements et de l’argent devaient être distribués aux réfugiés, a-t-il précisé.

– « Piétinés à mort » –

« Dès que les premières personnes ont reçu leur ration, la foule compacte a commencé à +bouillir+, les organisateurs ont été vite débordés : hommes, femmes, enfants ont commencé à se presser les uns contre les autres. Les plus faibles sont tombés par terre » et des enfants ont été « piétinés à mort », a affirmé cet agent.

« D’habitude, ce sont des représentants des bénéficiaires qui viennent chercher les aides à Diffa et repartent les redistribuer sur les sites, mais cette fois ce sont les réfugiés eux-mêmes qui ont décidé de parcourir des dizaines de kilomètres pour venir recevoir leur aide », a dit un élu local à l’AFP.

« Très vite, les secours sont arrivés pour évacuer les blessés vers différents centres de soin et pour acheminer les corps à la morgue de l’hôpital de Diffa » proche, selon un journaliste local.

La visite du gouverneur de Borno était la première d’un haut responsable civil nigérian dans la région de Diffa où il s’est rendu à Bosso, Garin-Wazan et Toummour, trois localités qui abritent plus de 100.000 réfugiés du Nigeria, sur un total de 300.000 dans toute la région.

En plus de l’insécurité liée aux attaques régulières de Boko Haram, Diffa est confrontée à de graves inondations provoquées par une crue de la Komadougou Yobé, la rivière qui sépare le Niger du Nigeria, qui ont déjà fait de plus de 20.000 personnes des sans-abri, selon les autorités locales.

Les eaux ont également dévasté des champs de poivrons et de riz, deux piliers de l’économie locale.

Au total, le Niger, un des Etats les plus pauvres du monde, abrite près de 450.000 réfugiés (Nigérians, Maliens et Burkinabé) et déplacés internes, chassés par les violences jihadistes ou des bandes armées, selon l’ONU qui s’inquiète du manque de fonds pour couvrir tous les besoins.

Certains réfugiés et personnes déplacées vivent au milieu d’une population déjà très pauvre.

CHAN-2020: le Cameroun, pays-hôte, versé avec le Mali, le tenant marocain tire le Togo

Le Cameroun, pays-hôte en avril du Championnat d’Afrique des nations (CHAN-2020), a hérité d’un groupe où figure le Mali, selon le tirage effectué lundi à Yaoundé, tandis que le Maroc, tenant de ce trophée réservé aux joueurs évoluant sur le continent, affrontera le Togo.

Ainsi le Cameroun affrontera lors du match d’ouverture le Zimbabwe, mais il sera aussi opposé au Mali et au Burkina Faso dans le groupe A.

Outre le Togo, le groupe du Maroc est complété par le Rwanda et l’Ouganda.

La République démocratique du Congo (RDC) aura affaire à la Libye, au Congo et au Niger dans le groupe B. Et le groupe D sera composé de la Zambie, la Guinée, la Namibie et la Tanzanie.

La compétition, organisée du 4 au 25 avril dans trois villes du Cameroun (Yaoundé, Douala et Limbé), oppose seulement les footballeurs africains jouant dans leur championnat national sur le continent.

Elle doit servir de tour de chauffe avant la compétition reine du continent, la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se jouera en 2021 au Cameroun, et fait figure de test de la capacité de Yaoundé à héberger une compétition internationale.

La Confédération africaine de football (CAF) avait retiré à ce pays, au dernier moment en novembre 2018, l’organisation de l’édition 2019 de la CAN, au profit de l’Egypte, en raison de retards dans les travaux d’infrastructures.

Alors que des doutes persistent sur la capacité du Cameroun a accueillir la CAN en 2021, le ministre camerounais des Sports, Narcisse Mouelle Kombi, a assuré que son pays organisera cette compétition. « C’est une certitude », a-t-il asséné lundi soir lors du tirage au sort à Yaoundé.

Outre les infrastructures, le Cameroun doit accueillir ces deux compétitions au moment où il est confronté à deux sanglants conflits. Dans le nord du pays, le groupe jihadiste Boko Haram multiplie depuis 2013 les attaques, tuant civils et militaires. Les assauts se sont intensifiés ces derniers mois.

Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les forces de sécurité et des groupes séparatistes anglophones s’affrontent depuis trois ans, prenant en tenaille les populations. Le conflit a déjà fait plus de 3.000 morts et forcé 700.000 personnes à fuir leurs domiciles. Limbé, l’une des trois villes qui accueillent le CHAN-2020, est située dans la région du Sud-Ouest.

Les groupes du CHAN-2020:

Groupe A: Cameroun, Mali, Burkina Faso, Zimbabwe

Groupe B: Libye, RDC, Congo, Niger

Groupe C: Maroc, Rwanda, Togo, Ouganda

Groupe D: Zambie, Guinée, Namibie, Tanzanie

Municipales: Le choix d’Agnès Buzyn à Paris révèle les fragilités de la macronie

En choisissant Agnès Buzyn pour mener campagne à Paris, Emmanuel Macron improvise une solution d’urgence qui le prive d’un pilier du gouvernement, un choix révélateur des fragilités de la macronie, selon des analystes.

« Même s’il s’agit d’une personnalité appréciée, ce choix précipité démontre la fragilité du dispositif macronien. Cela ressemble à du rafistolage », commente auprès de l’AFP Jérôme Fourquet, le directeur Opinion et Stratégies de l’Ifop, en rappelant qu’encore vendredi, Agnès Buzyn affirmait ne pas vouloir être candidate.

« Alors que nous sommes en pleine épidémie de coronavirus et crise sociale dans les hôpitaux, la ministre quitte le navire en pleine tempête. Cela crée du scepticisme dans une partie de l’opinion, en particulier ceux qui sont concernés, comme les personnels hospitaliers », explique-t-il au sujet de la désormais ex-ministre de la Santé.

Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on estime avoir fait le meilleur choix, capable de transformer une crise aiguë – le retrait de Benjamin Griveaux à la suite de la diffusion de vidéos intimes – en avantage.

« En quelques heures, nous avons compris que c’était la bonne candidate pour Paris », explique un proche du chef de l’Etat. « Pour preuve, la mobilisation fébrile du camp Hidalgo. Agnès Buzyn est le vrai remède à la maire sortante: ni sectaire, ni déconnectée », fait-il valoir.

« C’est maladroit. Cela témoigne d’un problème de vivier de La République en marche et même d’un certain désarroi de la majorité », juge au contraire le directeur de recherches au CNRS Luc Roban, interrogé par Ouest-France.

Le pouvoir a choisi pour remplacer Benjamin Griveaux « une personne sérieuse, solide, qui a le sens des responsabilités » mais « cela donne l’image d’une mesure prise en urgence pour des raisons politiques, alors que d’importants dossiers sont en attente », insiste-t-il.

– « Repli » –

Même scepticisme chez Jean-Daniel Lévy, directeur du département Politique et Opinion d’Harris Interactive, qui décrit un président « acculé ». « Il n’avait déjà pas eu la main avec Cédric Villani. Puis plusieurs candidats potentiels pour Paris ont refusé. Il a dû nommer quelqu’un qui risque de montrer une méconnaissance des enjeux parisiens », avertit-il.

Sans oublier que l’ex-ministre peut être critiquée pour sa gestion du dossier des urgences, où le conflit social dure depuis 11 mois.

La candidature d’Agnès Buzyn illustre l’évolution récente de LREM, selon l’expert en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, qui y voit « le repli sur un petit cercle de fidèles avec un profil politique, la volonté de cibler en priorité l’électorat de droite ».

A cela s’ajoute l’impact sur l’opinion de la succession des départs du gouvernement, Agnès Buzyn était la 17e ministre à partir depuis le début du quinquennat, souligne Jérôme Fourquet.

« La liste des départs s’allonge furieusement, ce qui crée une instabilité », explique le politologue de l’Ifop, en citant les cas récents de Jean-Pierre Delevoye, écarté pour avoir gardé un mandat rémunéré en même temps que son poste de « Monsieur retraites » au gouvernement, et de François de Rugy, démissionnaire après la révélation de dîners fastueux à l’Assemblée.

L’affaire Griveaux « arrive après les affaires Benalla, Ferrand, de Rugy… à chaque fois, des personnalités politiques de la majorité sont mises en cause en raison d’un certain mode de vie, d’une certaine jouissance du pouvoir », renchérit Luc Rouban.

« Cela renvoie l’image d’une classe politique un peu cynique, un peu vulgaire, qui peut donner le sentiment de jouer avec la démocratie, de jouer sur tous les tableaux. Ce côté un peu +cour de Louis XVI+. C’est, je le crains, une machine à alimenter le populisme », selon lui.

« Les catégories populaires, particulièrement, sont assez exigeantes sur ces questions de morale, de discipline. Or les crises politiques se multiplient, et toujours un peu sur le même registre », conclut le politologue.

Foot: consternation au Portugal après les cris racistes envers Marega

Le monde du football et les dirigeants politiques portugais ont affiché lundi leur consternation et leur solidarité envers le joueur franco-malien du FC Porto Moussa Marega, qui a abandonné la veille la pelouse du Vitoria Guimaraes après avoir été victime de cris racistes.

« Moussa Marega a été la cible d’insultes racistes qui doivent être sévèrement punis », a réagi la Fédération portugaise de football, tandis que la Ligue s’est engagée à « tout faire pour que cet épisode de racisme ne reste pas impuni ».

« Nous devons tous exprimer notre solidarité envers lui et le refus total de ce type de comportement », a déclaré le Premier ministre Antonio Costa, alors que le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa a mis en garde contre les conséquences « dramatiques » du racisme et de la xénophobie.

La Fédération malienne de football (Femafoot) a elle aussi affirmé son « soutien total et sa solidarité » à l’international de 28 ans, disant dans un communiqué avoir « suivi avec consternation et indignation les actes racistes dont a fait l’objet l’attaquant des Aigles du Mali ».

L’association portugaise SOS Racisme a, elle, demandé que les auteurs des cris racistes soient « sévèrement punis » mais s’est inquiété d’un phénomène qu’elle juge « transversal à la société portugaise ».

– Enquête de police –

De son côté, l’ancien star du football néerlandais Ruud Gullit a estimé que les deux équipes auraient dû quitter le terrain: « Ses coéquipiers auraient dû le protéger, tout comme l’équipe adverse, en disant +On quitte le terrain+. C’est ce qui me déçoit le plus », a commenté Gullit à Berlin en marge des Laureus World Sports Awards.

La police portugaise a indiqué qu’elle étudiait les images de surveillance captées à l’intérieur du stade afin d’identifier les supporters ayant insulté le footballeur du FC Porto.

Dimanche, l’attaquant de 28 ans a décidé de quitter le terrain à la 71e minute d’un match du Championnat du Portugal. Après avoir signé le but de la victoire 2-1 de son équipe (60e), il l’a célébré avec un des sièges noirs du stade qui lui avait été lancé depuis les gradins, ce qui lui a valu un carton jaune.

Puis, excédé par les chants racistes et les cris de singe qu’il a entendus, il a décidé de quitter la pelouse 11 minutes plus tard. Certains de ses coéquipiers et des joueurs adverses ont tenté de l’en dissuader, mais le joueur est quand même retourné aux vestiaires quelques minutes plus tard, escorté par des membres de l’équipe technique de Porto.

– « Nous sommes Marega » –

Ancien joueur du Vitoria Guimaraes (2016-2017), l’attaquant international malien, né aux Ulis (banlieue de Paris), a pénétré dans le tunnel menant aux vestiaires en pointant ses deux pouces vers le bas en signe de désapprobation en direction des gradins du stade de Guimaraes, après avoir adressé des doigts d’honneur au public.

Le lendemain, la presse sportive évoquait l’incident en Une pour prendre sa défense de façon unanime: « Crime » (O Jogo), « Nous sommes Marega » (A Bola), « Marega 5 – Racisme 0 » (Record).

Le Vitoria Guimaraes a réagi dans un communiqué pour affirmer qu’il comptait « censurer toute manifestation de violence, racisme ou intolérance ».

Exception notable au tollé provoqué par cette affaire, le principal groupe de supporters du Guimaraes a usé de l’ironie pour « féliciter la machine médiatique qui n’a vu que du +racisme+ contre un joueur mais pas le +racisme+ de ce même joueur », dans un message publié sur son compte Facebook.

« S’il y a eu des attitudes racistes envers Marega ou si Marega a provoqué les supporters du Vitoria, il faut condamner les deux », a réagi pour sa part le seul député d’extrême droite siégeant au Parlement portugais, André Ventura.

Les Etats-Unis saluent la lutte contre la corruption de l’Angola

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a salué lundi à Luanda la lutte contre la corruption engagée par le président angolais Joao Lourenço, notamment contre la famille de son prédécesseur José Eduardo dos Santos.

« En deux ans et demi au pouvoir, le président Lourenço a fait un travail formidable pour faire (de la corruption) un fantôme du passé », a déclaré Mike Pompeo lors d’une conférence de presse après s’être entretenu avec le président angolais.

Joao Lourenço « augmente la transparence, il aide les institutions financières à faire le ménage et poursuit » les coupables, a salué le secrétaire d’Etat américain en tournée en Afrique.

« Je suis optimiste dans le fait qu’il va continuer à libérer l’Angola de la corruption », a-t-il ajouté.

Depuis qu’il est président, Joao Lourenço, membre du parti au pouvoir depuis l’indépendance de l’Angola en 1975, a fait le ménage au sein des institutions, des entreprises publiques et de l’appareil sécuritaire du pays au nom de la lutte contre la corruption.

Plusieurs proches de son prédécesseur ont été directement visés.

La fille de l’ex-président, Isabel dos Santos, limogée de son poste de PDG du géant pétrolier public Sonangol, est accusée de fraude, détournement de fonds et blanchiment d’argent par la justice angolaise. Elle dénonce « une attaque politique ».

Son demi-frère, José Filomeno dos Santos, qui présidait le fonds souverain du pays, est lui jugé depuis décembre à Luanda pour détournements de fonds publics.

Pendant ses 38 ans au pouvoir (1979-2017), José Eduardo dos Santos a mis l’économie de son pays, un des plus pauvres du monde, en coupe réglée au profit d’une poignée de proches.

La corruption a « freiné pendant trop longtemps le vaste potentiel » de l’Angola, a encore estimé Mike Pompeo lundi.

« Nous sommes déterminés, nous faisons cela dans le monde entier, nous voulons que les transactions financières dans le monde soient transparentes », a-t-il ajouté, se disant prêt à « aider » l’Angola.

Ce pays d’Afrique australe figure au 146e rang sur 180 de l’indice de perception de la corruption de l’organisation Transparency International.

Le secrétaire d’Etat américain s’est également dit « encouragé » par les efforts du gouvernement angolais de privatiser 195 entreprises publiques, une décision qui « va grandement attirer des investissements privés ».

Il a en enfin remercié l’Angola qui a invité le président américain Donald Trump à se rendre dans le pays. « Il aimerait beaucoup venir ici », a déclaré Mike Pompeo, ajoutant cependant que « cette année était chargée car il s’agit d’une année électorale ».

Après trois ans d’administration Trump, Mike Pompeo est le plus haut responsable américain à effectuer une tournée en Afrique subsaharienne. Après le Sénégal et l’Angola, il est attendu lundi soir en Ethiopie jusqu’à mercredi.

Au Mexique, des enfants cancéreux en sursis faute de médicaments

A cinq ans, la petite Dhana est en sursis et se bat sur deux fronts : la leucémie lymphoblastique aiguë qui la ronge et la pénurie de médicaments qui sévit au Mexique.

A cause de cette carence, la fréquence des chimiothérapies a ralenti.

Ce fut le cas à la clinique gouvernementale de son Chiapas natal, dans le sud du pays. Cela continue aujourd’hui à l’hôpital pour enfants « Federico Gomez », à Mexico, où elle a été admise.

Les médicaments sont venus à manquer en septembre et octobre 2018, puis en février 2019. A cela s’est ajouté la fermeture, en août 2019, de sept des 17 usines du plus important producteur et distributeur de méthotrexate au Mexique, un élément majeur des traitements administrés.

« Le nouveau gouvernement avait pourtant promis qu’il n’y aurait plus d’interruption des traitements », explique à l’AFP le père de Dhana, Israel Rivas. « Ce n’est pas le cas ».

Et la situation s’aggrave. « Il n’y a pas eu une seule chimiothérapie possible en janvier », ajoute-t-il d’une voix nouée par l’inquiétude.

Dhana n’est pas la seule. Des parents de jeunes cancéreux ont pris contact avec son père via les réseaux sociaux. Ensemble, ils dénoncent la pénurie de méthotrexate, de vincristine et d’autres médicaments pour traiter cette maladie à travers le pays.

« A Federico Gomez, il y a 530 enfants concernés, mais dans tout le Mexique, il y en a beaucoup plus », s’emporte M. Rivas.

Il fait état de messages de parents vivant à Tijuana (nord), Oaxaca (sud), Puebla (centre), Mérida (est), Guadalajara (ouest), Minatitlan (sud), Acapulco (sud).

Selon les chiffres du ministère de la Santé, quelque 7.000 mineurs sont chaque année atteints de cancer.

S’ils bénéficient d’un traitement complet et rapide, le taux de survie peut dépasser 57,5% des cas.

– Le Cancer n’attend pas –

Mais pour Crisanto Flores, le père de Cristal, 3 ans et demi, le manque de médicaments est une option inconcevable.

De condition modeste, il a été contraint de déménager à Mexico afin que sa fille puisse y être soignée.

Et en janvier, il a traversé l’un des moments les plus critiques de la maladie de sa fille: le principal traitement nécessaire à la chimiothérapie de Cristal a manqué.

« Si la vincristine n’est pas disponible, la maladie va gagner du terrain », explique-t-il. La petite a déjà perdu l’usage d’un oeil.

Emmanuel Garcia, en Basse-Californie (nord), et Alejandro Barbosa, à Jalisco (ouest), vivent à près de 2.000 km l’un de l’autre.

Tous les deux se battent pour obtenir des médicaments.

« À Jalisco, il y a trois hôpitaux publics touchés par la pénurie de médicaments. Nous en achetons auprès de distributeurs certifiés par le gouvernement qui les convoient de l’étranger, ce qui est très coûteux », explique M. Barbosa de l’association « Nez rouge ».

Le prix de la vincristine a grimpé en flèche en raison de la pénurie. En moins d’un an, il est passé d’environ 440 (22 euros) à 2.220 pesos (110 euros).

Emmanuel Garcia a lui aussi rejoint le groupe des parents depuis décembre.

« Et qu’en est-il des autres dans le sud du Mexique ? », s’insurge-t-il.

-Une pénurie sans fin –

Pour se faire entendre, le 22 janvier, un groupe de parents d’enfants malades a bloqué l’accès à l’aéroport de Mexico.

Le lendemain, le président Andrés Manuel Lopez Obrador a été contraint d’aborder le sujet, mais sans rien proposer.

« Nous ne manquerons jamais de médicaments », a-t-il promis sans plus de détails. Le gouvernement explique en partie la pénurie par le démantèlement de l’ancien système d’achats gouvernemental qui était rongé par la corruption. Ces personnes et les entreprises « volaient (l’Etat) depuis longtemps », a déclaré le chef de l’Etat.

Des manifestations réunissant quelques familles ont eu lieu ces derniers jours, mais sans grand écho.

A Merida, capitale du Yucatan (sud-est), Flor Gonzalez, mère d’un enfant cancéreux, Remi, vit dans l’attente.

« Les médecins appliquent des traitements incomplets », dit-elle en relatant le cas d’un enfant qui a rechuté en raison du recours à un médicament de substitution.

Au Mexique, plus de 26,4 millions d’enfants n’ont accès à aucun type de sécurité sociale.

Une « assurance populaire », en place depuis 2003 et annulée en 2020, était l’un des programmes permettant à ces enfants de se faire soigner.

Villageois tués au Cameroun anglophone: « un malheureux accident » dit l’armée

L’armée a démenti lundi que des militaires aient tué 22 civils dont des enfants il y a trois jours en zone anglophone, assurant que le drame était le résultat d’un « malheureux accident » après des échanges de tir entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Cette version des militaires, qui ne parlent que de « cinq victimes » civiles, a immédiatement déclenché un tollé sur les réseaux sociaux.

Vendredi peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balles et brûlé des habitants.

Dimanche, un représentant de l’ONU dans la province, avait assuré à l’AFP que 22 civils, dont 14 enfants, une femme enceinte et deux femmes portant des bébés, avaient été tués par « des hommes armés ».

L’opposition, ainsi que de nombreuses personnalités d’ONG de défense des droits Humain avaient aussitôt accusé l’armée, certains internautes diffusant d’horribles photos d’enfants aux corps calciné ou mutilés. Ces photos n’ont pas pu être authentifiées par l’AFP.

L’armée a catégoriquement démenti lundi, plus de trois jours après le drame. « Il s’agit tout simplement d’un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation dans la région », a expliqué à l’AFP et dans un communiqué le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

– Explosion de carburant –

Selon lui, quatre militaires et deux gendarmes qui effectuaient une « reconnaissance nocturne à pied » près d’une habitation « transformée en camp fortifié » et en stock d’armes, ont essuyé des « tirs nourris ». « Sept terroristes » ont alors été mis « hors d’état de nuire » lors de cette opération, selon lui.

Mais « les combats vont se poursuivre jusqu’à l’explosion de plusieurs contenants de carburant, suivie d’un violent incendie qui va affecter quelques habitations voisines », poursuit le colonel Atonfack, ajoutant: « Cet incendie a fait 5 victimes, dont une femme et 4 enfants, bien loin de ce qui est relayé dans les réseaux sociaux ».

« Ils ont tiré sur les gens et brûlé des victimes, leurs corps sont dans un horrible état », a assuré, sous couvert de l’anonymat, un travailleur humanitaire qui a recueilli des témoignages.

« Les gens nous ont appelés au téléphone pour dire que des militaires sont venus et ont cassé les portes, tiré sur ceux qui se trouvaient sur place et brûlé des maison », a affirmé lundi à l’AFP Louis Panlanjo, habitant de Ntumbo et membre d’une ONG locale. Environ 800 villageois « ont quitté les lieux pour se réfugier dans le centre ville », a-t-il ajouté lundi.

D’autres sources évoquent un bilan mortel bien plus élevé: l’avocat et militant des droits de l’Homme Agbor Felix Nkongho, parle de 32 civils tués. Un habitant, qui a requis l’anonymat, affirme que 35 corps ont été retrouvés et accuse l’armée, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.

– « Monstres » –

Largement critiqué pour son mutisme, Yaoundé est finalement sorti du silence trois jours après le drame. « Cela nous a pris tout le week-end pour enquêter, c’est pour cela que nous ne réagissons qu’aujourd’hui », a plaidé le colonel Atonfack auprès de l’AFP.

Mais pour plusieurs personnalités, la version de l’armée passe mal.  » Incroyable!!!!!!!!!! Mais qui sont ces monstres ?!?!? Qui sont-ils ?!?!? D’où sortent-ils ?!?! », s’est émue sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011. « Après avoir nié le massacre, voilà comment l’armée traite les vies humaines », a-t-elle encore tweeté.

Pour le célèbre blogueur camerounais Florian Ngimbis « le déroulé des opérations tel que relaté fait plus penser à un mauvais scénario de série Z « , écrit-il sur le réseau social, assénant: « Ce serait drôle si les circonstances n’étaient pas si dramatiques ».

Depuis plusieurs années, l’armée camerounaise est accusée par des ONG internationales de défense des droits Humains de commettre des exactions contre des civils dans les deux régions anglophones, comme dans l’Extrême-Nord du pays où les militaires affrontent le groupe jihadiste Boko Haram.

Un sanglant conflit entre forces de sécurité et groupes armés anglophones séparatistes a fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés en trois ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplée principalement par la minorité anglophone camerounaise.

Lundi, le procès de sept militaires accusés d’avoir froidement exécuté en 2015 dans le nord deux femmes et leurs bébés, ajourné à de nombreuses reprises ces derniers mois, a repris à Yaoundé. A l’époque de ces assassinats, révélés par une vidéo, le gouvernement avait parlé de « fake news » et d' »horrible trucage », avant de se rétracter et arrêter les sept militaires.

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Afrique du Sud: mea culpa de l’ex-président de Klerk après avoir « nié » la gravité de l’apartheid

Le dernier président sud-africain de l’apartheid, Frederik de Klerk, a fait son mea culpa lundi, après avoir provoqué une vive polémique dans le pays en « niant » la gravité du système ségrégationniste tombé officiellement en 1994.

Début février, Frederik de Klerk, dernier président blanc de l’Afrique du Sud (1989-1994), « a nié que l’apartheid était un crime contre l’humanité », selon un communiqué de sa fondation.

Ces propos ont provoqué l’ire des parlementaires du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF), qui ont dénoncé la présence, le 13 février dans l’hémicycle, de M. de Klerk lors du discours annuel de la nation du chef de l’Etat Cyril Ramaphosa.

« Nous avons un meurtrier dans cette chambre », avait déclaré le leader de l’EFF, Julius Malema, avant de quitter le parlement en signe de protestation.

Le 14 février, Frederik de Klerk, 83 ans, a publié un communiqué pour dénoncer les « attaques au vitriol » de l’EFF et pour défendre sa position sur l’apartheid.

« L’idée que l’apartheid ait été un +crime contre l’humanité+ était et reste un projet de propagande initié par les Soviétiques et leurs alliés de l’ANC (Congrès national africain, au pouvoir depuis 1994) et du parti communiste pour stigmatiser les Sud-Africains blancs en les associant à de réels crimes contre l’humanité qui incluent généralement (…) le massacre de millions de personnes », avait-il affirmé.

« Quelque 23.000 personnes sont mortes dans des violences politiques en Afrique du Sud entre 1960 et 1994 », avait-il souligné.

Ces propos ont déclenché une très vive polémique en Afrique du Sud, profondément meurtrie par des décennies de régime ségrégationniste où la majorité noire n’avait pas les mêmes droits que la minorité blanche.

« Il est irresponsable (…) de débattre du degré d’horreur de l’apartheid », a souligné dimanche le très respecté Desmond Tutu, prix Nobel de la paix. « En se demandant si l’apartheid était un crime contre l’humanité », l’ex-président de Klerk « a rouvert de vieilles plaies », a dénoncé l’ancien archevêque.

Pressé de toute part, l’ancien président a été contraint lundi « de retirer » ses propos et de « présenter ses excuses pour la confusion, la colère et les blessures » qu’il a causées.

« Je suis d’accord » avec Desmond Tutu qu’il « n’est pas temps de pinailler pour savoir à quel point l’apartheid était inacceptable. C’était totalement inacceptable », a-t-il souligné.

Frederik de Klerk, pur produit du régime de l’apartheid, en avait précipité la chute en libérant en 1990 Nelson Mandela, héros de la lutte contre ce régime et avec qui il a partagé le prix Nobel de la paix en 1993.

Coronavirus: traque de centaines de croisiéristes débarqués au Cambodge

Retrouver la trace des passagers désormais éparpillés pour endiguer une éventuelle propagation: l’opérateur d’un navire de croisière américain traquait lundi des centaines de voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge, après qu’une des passagères a été testée positive au nouveau coronavirus.

La compagnie Holland America, propriétaire du paquebot Westerdam, travaille « en étroite coordination » avec divers gouvernements, l’Organisation mondiale de la Santé et des centres de dépistage aux Etats-Unis « pour enquêter et suivre les personnes qui pourraient avoir été en contact » avec la touriste infectée.

Après avoir été refusés par plusieurs pays asiatiques par peur du coronavirus, les 1.455 passagers du paquebot avaient été autorisés à accoster jeudi dans le port de Sihanoukville au sud du Cambodge, une décision saluée par Donald Trump alors que de nombreux ressortissants américains se trouvaient à bord.

Plus de 1.200 croisiéristes avaient débarqué du navire dans les jours suivants, après avoir passé pour certains un rapide examen médical.

Le Premier ministre Hun Sen avait accueilli les premiers en personne, ironisant sur « la maladie de la peur » et assurant qu’aucun cas n’avait été détecté à bord.

Certains avaient même été autorisés à se rendre sur les plages de Sihanoukville ou à visiter en bus Phnom Penh, des clichés publiés par des médias locaux les montrant souriants et sans masque.

Mais, samedi, une passagère américaine de 83 ans, qui avait pris un avion pour la Malaisie pour rentrer chez elle, a été diagnostiquée positive à Kuala Lumpur.

Des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour prendre le chemin du retour, laissant craindre une propagation de l’épidémie qui a déjà tué près de 1.800 personnes en Chine.

Face à cela, les autorités cambodgiennes ont intensifié les contrôles sur les personnes encore présentes dans le pays.

« J’ai de jeunes enfants à la maison (aux États-Unis, ndlr) et je ne voudrais pas risquer de les infecter », a relevé à l’AFP Christina Kerby qui a débarqué il y a quelques jours et se trouve actuellement à Phnom Penh.

– Interdiction de transit –

Tous les pays de la région mettent en place des mesures pour se protéger de l’épidémie.

La Thaïlande, qui avait refusé au Westerdam d’accoster, envisage d’interdire l’entrée sur son territoire aux passagers du paquebot, mais un certain nombre d’entre eux ont déjà transité par le royaume.

Singapour a, elle, placé en quarantaine deux de ses ressortissants qui se trouvaient à bord. La cité-Etat a annoncé qu’elle n’autorisera « aucun autre croisiériste à entrer ou à transiter ».

Les passagers du Westerdam avaient embarqué le 1er février à Hong Kong, où une personne est décédée et 60 ont été infectées. Ils devaient ensuite poursuivre leur voyage au Japon.

Mais, par crainte de l’épidémie, le paquebot s’était vu interdire d’accoster dans l’archipel nippon, puis à Taïwan, aux Philippines, sur l’île américaine de Guam et enfin en Thaïlande, avant d’être accepté par le Cambodge, proche allié de Pékin qui investit des milliards de dollars dans le royaume.

A bord du navire, il reste encore 233 passagers et 747 membres d’équipage.

« Nous allons prélever des échantillons sur l’ensemble de ces personnes afin qu’elles soient testées », a déclaré à l’AFP un responsable cambodgien, ajoutant qu’elles resteront confinées sur le paquebot jusqu’aux résultats.

Quant à la touriste américaine testée positive, elle est actuellement sous observation en Malaisie. Son mari a également été placé sous surveillance.

Le nouveau coronavirus a fait à ce jour 1.775 morts et contaminé plus de 70.500 personnes, essentiellement en Chine continentale.

Une réunion entre les ministres des Affaires étrangères chinois et de l’Asean (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) doit se tenir au Laos le 20 février, a appris l’AFP de sources concordantes.

Japon: peine de mort requise au procès du tueur de 19 handicapés

La peine capitale a été requise lundi au tribunal de Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, à l’encontre de Satoshi Uematsu, un Japonais de 30 ans jugé pour le meurtre de 19 handicapés résidents d’une maison spécialisée.

« Nous demandons la peine de mort », a déclaré un représentant du bureau des procureurs de Yokohama devant la cour.

Le verdict est attendu le 16 mars.

Bien que son avocat ait plaidé qu’il était sous l’emprise de stupéfiants, M. Uematsu n’a pas nié les faits et assuré avoir agi en étant pleinement responsable. Il avait été arrêté juste après son forfait commis le 26 juillet 2016.

En pleine nuit, alors que la plupart des occupants dormaient, il s’était introduit dans un centre pour handicapés mentaux à Sagamihara, dans la banlieue ouest de Tokyo, lieu où il avait auparavant travaillé.

Il était passé de chambre en chambre pour poignarder les résidents, laissant 19 morts et 26 blessés, dont la moitié grièvement. Il s’était ensuite rendu dans un commissariat, ses couteaux ensanglantés avec lui, pour avouer son crime. Il est jugé pour six chefs d’inculpation au total.

La tuerie de Sagamihara, une des pires de l’histoire récente du Japon, avait horrifié le pays, où le taux de criminalité est extrêmement faible. L’opinion publique avait aussi été choquée par les motivations de Satoshi Uematsu, liées à sa haine déclarée des handicapés mentaux. Il n’a exprimé aucun remord.

Il avait quitté son emploi au centre de Sagamihara quelques mois avant son attaque. Hospitalisé de force après avoir raconté à des collègues qu’il comptait y faire un carnage, il avait toutefois été rapidement libéré, un médecin ne l’ayant pas jugé dangereux.

La Belgique suspend la demande de remise à l’Espagne du Catalan Puigdemont

La Belgique ne livrera pas à l’Espagne les responsables indépendantistes catalans Carles Puigdemont et Toni Comin avant que le Parlement européen se soit prononcé sur une demande de levée de l’immunité de ces deux eurodéputés, a tranché lundi la justice belge.

Joint par l’AFP, un des avocats des Catalans, Me Simon Bekaert, a confirmé la décision rendue par la chambre du conseil du tribunal néerlandophone de Bruxelles.

« Le juge a décidé de reporter sine die le traitement de la demande d’extradition (…), en attendant la décision du Parlement européen sur la demande de levée d’immunité », a déclaré l’avocat.

M. Puigdemont, ex-président de la région Catalogne, et M. Comin, un de ses anciens « ministres », avaient fui en Belgique fin octobre 2017 après une tentative de sécession.

Ils sont tous deux recherchés par la justice espagnole, qui les accuse notamment de « sédition » et a déjà émis plusieurs mandats d’arrêt européens pour obtenir leur remise par la Belgique.

Les derniers mandats d’arrêt en date remontent à l’automne 2019.

Le juge d’instruction belge ayant engagé la procédure avait décidé de la suspendre début janvier, en vertu de la qualité d’eurodéputé de MM. Puigdemont et Comin leur offrant une immunité.

Une décision que n’a fait que confirmer lundi la chambre du conseil, selon Me Bekaert. « Dans son raisonnement, le juge a dit qu’il était lié par la décision du mois de janvier », a expliqué l’avocat.

Quant à la demande de levée de l’immunité de MM. Puigdemont et Comin, formulée le mois dernier par un juge espagnol, le Parlement européen n’a pas encore tranché. La décision finale n’est pas attendue avant juin, selon des sources parlementaires.

Outre Carles Puigdemont et Toni Comin, d’autres responsables indépendantistes catalans ont été élus en mai 2019 au Parlement de Strasbourg.

L’un d’eux, Oriol Junqueras, ancien numéro deux du gouvernement catalan, emprisonné en Espagne, s’est vu retirer son mandat après sa condamnation à 13 ans de prison et d’inéligibilité par la justice espagnole.

Une autre, Clara Ponsati, qui s’est réfugiée en Ecosse, est également sous le coup d’une demande de levée de son immunité. La procédure a été engagée la semaine dernière par le Parlement européen.