Coronavirus: 118 morts de plus en Chine, près de 900 nouvelles contaminations

L’épidémie de nouveau coronavirus a fait 118 morts supplémentaires en Chine continentale, pour l’essentiel dans la province du Hubei, portant à 2.236 le nombre total de décès au niveau national, ont annoncé vendredi les autorités sanitaires.

La Commission nationale de la Santé a par ailleurs fait état de 889 nouveaux cas de contamination confirmés en 24 heures en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao).

Plus de 75.000 personnes ont été infectées au Covid-19 en Chine, et des centaines ailleurs dans plus de 25 pays.

La quasi-totalité des nouveaux décès en Chine a été enregistrée dans la province centrale du Hubei, à l’épicentre de l’épidémie, et la plupart dans sa capitale, Wuhan, la métropole où est apparu le virus en décembre.

La Commission de la santé du Hubei avait fait état plus tôt vendredi, dans son décompte quotidien, de 115 morts supplémentaires sur les 24 dernières heures et de 411 nouveaux cas de contamination dans la province, dont 319 à Wuhan.

Plus de la moitié des nouvelles contaminations ont donc eu lieu dans d’autres provinces chinoises. Les craintes restent vives vis-à-vis d’une éventuelle propagation du virus dans le pays, en dépit des drastiques restrictions de circulation et des mesures de confinement adoptées dans de nombreuses villes.

La Chine a déclaré jeudi qu’elle avait à nouveau modifié la méthode de comptage des patients atteints du nouveau coronavirus et qu’elle inclura désormais uniquement ceux ayant passé un test de laboratoire.

Il s’agissait là de la deuxième révision des critères en seulement huit jours, une décision qui pourrait brouiller les statistiques et compliquer le suivi de la propagation de la maladie.

Arrêt de Fessenheim: un « événement historique » en France, pas si rare ailleurs

L’arrêt de la centrale de Fessenheim, « événement historique » selon les termes de la ministre Elisabeth Borne, annonce un long processus de démantèlement, qui a déjà connu bien des précédents à l’étranger.

Un arrêt « historique »?

Cette fermeture scelle le vaste programme d’équipement nucléaire décidé par Paris dans le contexte du choc pétrolier et lancé en 1977 avec la mise en route de Fessenheim.

« Oui c’est historique: c’est l’arrêt des deux premiers réacteurs qui ont été le départ du parc français », souligne Thierry Charles, directeur adjoint de l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN).

Pays le plus nucléarisé au monde, la France a décidé de réduire la part de l’atome dans sa production électrique, de 72% aujourd’hui à 50% d’ici à 2035.

Dans l’Hexagone, la dernière fermeture remontait au surgénérateur Superphénix, en 1997. Auparavant, c’est le réacteur de Chooz A (Ardennes), fonctionnant à eau sous pression comme Fessenheim mais plus « petit » (300 mégawatts électriques et non 900 MWe), qui avait été arrêté, en 1991, et dont le démontage se poursuit.

Pourquoi fermer une centrale?

De nombreux pays ont fermé des réacteurs, pour raisons énergétiques, politiques ou économiques.

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique, fin 2017, 614 réacteurs de production électrique avaient été mis en service dans le monde, dont 342 à eau sous pression (REP) et 115 à eau bouillante (REB), lancés pour l’essentiel dans les années 1970 à 1990. Aujourd’hui, 50 REP et 40 REB sont fermés.

L’Allemagne, après l’accident de Fukushima en 2011, s’est donnée jusqu’à 2022 pour sortir du nucléaire.

La Suisse en a décidé de même, tout en maintenant dans l’immédiat certains sites. En décembre, après 47 ans de service, la centrale de Mühleberg a été déconnectée du réseau en raison de la cherté de son entretien.

Toujours en décembre, la Suède a fermé un réacteur, pour raisons économiques, après 43 ans, tout en prévoyant de garder l’atome.

Aux Etats-Unis, l’administration admet que des réacteurs puissent aller à 80 ans, mais certains ferment avant, en général pour des questions de rentabilité, note l’IRSN.

En France, EDF avait initialement envisagé des durées de vie de 40 ans, avant d’émettre le souhait, en 2009, qu’elles soient prolongées. Tricastin a été la première, en 2019, à subir la visite de sûreté des 40 ans.

Combien de temps prévoir pour le démontage?

A Fessenheim, une fois effectué l’arrêt, manœuvre régulièrement pratiquée pour les maintenances, EDF prévoit une phase préparatoire de cinq ans au cours de laquelle il faudra sortir les combustibles, refroidis en piscine puis évacués vers le bassin de l’usine de La Hague.

Il devra dans le même temps constituer un épais dossier pour obtenir le décret de démantèlement, à l’horizon 2025. Une étape fastidieuse car impliquant examens techniques et études de risques, recensement des matériels, etc.

« L’exploitant doit justifier l’ensemble des opérations, du début à la fin, et démontrer que des parades permettent de protéger les opérateurs et l’environnement », explique M. Charles, de l’IRSN.

Une fois approuvé, le démantèlement pourra commencer, pour environ 15 ans.

« Vu l’expérience à l’international, 20 ans au total c’est cohérent », estime M. Charles.

Restera ensuite la douloureuse question des déchets.

A Fessenheim, sur 380.000 tonnes de déchets prévus par EDF, 18.400 tonnes devraient être radioactives, dont 200 tonnes (400 m3) hautement radioactives destinées à être enfouis en couche géologique profonde (projet Cigeo prévu dans la Meuse).

Après Fessenheim, à qui le tour ?

Pour descendre à 50% de nucléaire, 12 réacteurs de plus devront fermer d’ici à 2035.

A quel rythme? Le projet de feuille de route énergétique de la France en prévoit deux en 2027-28, voire deux en 2025-26 selon la demande de courant.

« EDF aura à organiser tous les chantiers pour pouvoir les gérer. Il faut être certain que l’industrie autour pourra répondre », souligne M. Charles. « Le côté positif est que l’arrêt de Fessenheim, qui servira de tête de série, permettra au tissu industriel de s’habituer, et d’avoir une vision sur les dates d’arrêt facilitera le plan de charge ».

EDF a proposé au gouvernement d’étudier l’arrêt de « paires de réacteurs » sur les sites de Blayais, Bugey, Chinon, Cruas, Dampierre, Gravelines et Tricastin. Des sites qui en sont dotés chacun d’au moins quatre, l’idée étant d’éviter la fermeture de centrales entières.

Les Algériens bouclent dans la rue un an de contestation populaire inédite

Les Algériens bouclent vendredi, pour la 53e semaine consécutive de marches hebdomadaires, un an de contestation populaire qui aura contraint Abdelaziz Bouteflika à démissionner mais sans réussir à changer le « système » qui dirige l’Algérie depuis l’indépendance.

Le Pacte pour l’Alternance démocratique (PAD), qui regroupe des partis et associations en pointe dans le mouvement de contestation, a appelé, avec d’autres, « à faire des 21 et 22 février 2020, un moment fort de la mobilisation populaire pour disqualifier l’agenda de la régénération du +système+ et jeter les bases d’une nouvelle République ».

Il y a un an, le vendredi 22 février 2019, soudain et inattendu dans une Algérie réputée résignée, surgissait le « Hirak », mouvement de protestation populaire, massif et inédit, vent debout contre la volonté annoncée du président Bouteflika, quasi-invisible et muet depuis un AVC en 2013, de briguer un 5e mandat lors de la présidentielle prévue en avril suivant.

Après moins de six semaines de manifestations qui ne cessaient d’enfler, l’état-major de l’armée, pilier du régime, a contraint Abdelaziz Bouteflika à démissionner le 2 avril.

Assurant le pouvoir de fait, le haut commandement militaire a toutefois balayé ensuite toutes les revendications du « Hirak » sur un changement du « système », et multiplié les arrestations de responsables et manifestants.

Si la mobilisation semble marquer le pas depuis l’élection présidentielle de la mi-décembre, les manifestants restent nombreux.

– Défis –

Mais le « Hirak » est confronté à de nombreux défis, alors qu’il entame sa 2e année au moment où le régime reprend des forces.

Après avoir assumé le pouvoir de fait dès la démission de M. Bouteflika, le haut commandement militaire a organisé une présidentielle, qui a été largement boudée et remportée par Abdelmadjid Tebboune, un ex-fidèle du président déchu.

« Les militaires sont revenus dans leurs casernes, les civils sont au pouvoir, donc il y a la façade constitutionnelle et démocratique mais en fait c’est exactement ce qu’il y avait avant », souligne Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center de Beyrouth (Liban). « Tebboune n’est que la façade civile d’un régime qui reste aux mains de l’institution militaire ».

La capacité du régime « à changer sans changer et sa résilience va être testée dans les prochaines années », poursuit Mme Ghanem.

Il distribuera quelques « bienfaits politiques » sous forme de réformes limitées mais la crise économique qui s’annonce en Algérie, avec la faiblesse des cours des hydrocarbures, va l’empêcher de puiser dans la manne pétrolière pour acheter la paix sociale, comme il a eu coutume de le faire.

Largement informelle, sans structure organisée ou dirigeants identifiés, la contestation doit à son tour se repenser, à l’aube de son « An II », au risque de s’essouffler. L’ampleur des cortèges vendredi sera un test de sa vigueur.

Doit-il accepter la « main tendue » par le président Tebboune au risque d’être avalé par le régime? Doit-il se structurer pour participer au jeu institutionnel ? Au risque d’afficher au grand jour ses clivages et ses contradictions?

– Nouvelle donne –

Quoi qu’il en soit, le « Hirak » a déjà changé la donne politique, après 20 ans de présidence Bouteflika, durant laquelle toute opposition réelle a été méthodiquement découragée, entravée, bâillonnée ou « cooptée ».

Surtout, avec le mot d’ordre « pacifique », il a « réussi à faire qu’il n’y ait pas de confrontation sanglante ni de répression brutale », souligne l’historienne Karima Dirèche.

« Le fait de voir des Algériens réunis chaque vendredi depuis un an, — femmes, hommes, berbères, Chaouis, Kabyles, Frères musulmans et laïcs — dans la rue, c’est extraordinaire », remarque aussi Dalia Ghanem. « Il y a aussi le mur de la peur qui a été détruit par cette nouvelle génération très politisée et qui sait ce qu’elle veut ».

L’année qui s’ouvre va permettre « de prendre la mesure de ce que les Algériens souhaitent collectivement par rapport à leur présent et à leur avenir. Et ça prendra le temps que ça prendra », observe Karima Dirèche.

Certains « ont envie de voir les choses aller beaucoup plus vite, mais je pense que ce rythme-là convient très bien à cette contestation complètement atypique », ajoute-t-elle.

Finalement, « l’Algérie sera peut-être un cas d’école », veut croire l’historienne, directrice de recherche au CNRS (France). L’An II du « Hirak » le dira.

Législatives en Iran : les conservateurs favoris

Quelque 58 millions d’Iraniens sont appelés à élire un nouveau Parlement vendredi pour un scrutin où les conservateurs partent favoris, portés par un ressentiment populaire contre le président modéré Hassan Rohani, alimenté entre autres par la crise économique.

La onzième législature à sortir des urnes depuis la révolution islamique de 1979 commencera son travail dans un contexte de tensions exacerbées entre Téhéran et Washington, et alors que l’Iran traverse une violente récession.

Les élections se tiennent aussi près d’un mois et demi après que les forces armées iraniennes eurent abattu « par erreur » un avion de ligne ukrainien, drame qui a ajouté à la défiance de la population vis-à-vis des autorités.

Les autorités civiles ont nié toute responsabilité avant que l’état-major ne reconnaisse sa responsabilité trois jours après le drame.

Cet aveu tardif a provoqué des manifestations antipouvoir, limitées, faisant voler en éclats l’apparence d’unité nationale manifestée quelques jours plus tôt à l’occasion des funérailles du général iranien Qassem Soleimani, tué par une frappe américaine en Irak le 3 janvier.

A Téhéran, nombre d’habitants ont fait part à l’AFP de leur refus d’aller voter.

Pour Amir Mohtasham, 38 ans, au chômage depuis deux ans, « ces élections sont vaines ». « Je ne fais confiance ni aux conservateurs, ni aux réformateurs ».

– « Sans mon vote » –

Mieux loti, Mohammad, marchand de tapis âgé de 30 ans, dit avoir « voté pour Rohani avec un rêve ». « Mais on n’a rien accompli [et] il y a trop de mensonges », ajoute-t-il : « Si voter c’est légitimer, alors ce sera sans mon vote ».

Figure réformatrice, Sadeq Zibakalam, professeur à l’université de Téhéran, notait jeudi dans le journal Armân que « le changement attendu n’a pas eu lieu ».

La disqualification de milliers de candidats réformateurs et modérés réduit pratiquement le scrutin à un affrontement entre conservateurs et ultraconservateurs et pourrait alimenter l’abstention.

En fonction du poids des ultras dans la future Assemblée, la politique extérieure d’ouverture, poursuivie par M. Rohani depuis son élection en 2013, pourrait changer.

Les ultraconservateurs s’opposent à toute négociation avec l’Occident, et critiquent régulièrement ce qu’ils estiment être la passivité de M. Rohani face aux menaces du président américain Donald Trump.

Et ils sont impatients de sortir de l’accord international sur le nucléaire iranien, la grande réalisation de M. Rohani, conclu en 2015 à Vienne, mais menacé d’implosion depuis que M. Trump l’a dénoncé unilatéralement en 2018.

Dans l’esprit de M. Rohani, l’accord de Vienne devait ouvrir une ère de prospérité pour l’Iran en le sortant de son isolement international.

Au lieu de cela, le retour des sanctions américaines dans la foulée du retrait des Etats-Unis de l’accord a plongé l’Iran dans une violente récession.

Plusieurs figures réformatrices ont mis en garde contre une victoire des ultraconservateurs en cas de forte abstention.

L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de la République islamique, a appelé à une participation massive pour déjouer les « complots vicieux » des Etats-Unis et d’Israël contre l’Iran. « Voter […] est un devoir religieux », a-t-il encore affirmé mardi.

Depuis mercredi, la télévision diffuse une multitude d’appels à voter de responsables politiques ou d’ayatollahs.

– Bulletins torpilles –

Un court dessin animé diffusé plusieurs fois par jour montre les bulletins de vote se transformer comme autant de torpilles contre une flotte d’envahisseurs, envoyée par le fond.

L’abstention « augmentera la possibilité d’une agression militaire », a déclaré sur Twitter Hesameddine Achéna, proche conseiller de M. Rohani, en appelant les Iraniens à voter même s’ils ne sont pas contents du gouvernement.

Après les disqualifications massives par le Conseil des gardiens, organe aux mains des conservateurs chargé du contrôle des élections, moins de 7.200 candidats se retrouvent en lice pour briguer les 290 sièges du Parlement, selon le ministère de l’Intérieur.

Washington a annoncé jeudi des sanctions financières – essentiellement symboliques – contre cinq responsables du Conseil de gardiens, dénonçant « la manipulation des élections pour favoriser l’agenda pernicieux du régime ».

La participation aux dix dernières élections a atteint en moyenne 60,5%, selon l’Intérieur.

Le porte-parole du Conseil des gardiens, Abbas Ali Kadkhodaï, a jugé mercredi qu’une participation inférieure à 50% ne poserait « pas de problème pour la démocratie ».

Les bureaux de vote doivent ouvrir à 08h00 (04h30 GMT) et fermer à 18h00, mais la durée du scrutin est souvent prolongée, notamment à Téhéran.

Bolivie: Evo Morales interdit de se présenter au Sénat

L’ancien président bolivien Evo Morales s’est vu interdire de se présenter au Sénat par l’instance électorale suprême de son pays, une décision qui compromet son retour en politique après sa démission en novembre.

Le Tribunal suprême électoral (TSE) de Bolivie a invalidé jeudi sa candidature car l’ex-président, exilé en Argentine, ne remplit pas l’obligation de « résidence permanente » dans le pays.

Evo Morales avait quitté la Bolivie pour le Mexique après sa démission en novembre, après des semaines de manifestations à son encontre et sous la pression des forces armées, à la suite d’une élection présidentielle controversée. Il s’est ensuite réfugié en Argentine.

La décision du tribunal « est un coup contre la démocratie. Les membres (de ce tribunal) savent que je remplis les conditions pour être candidat. L’objectif final est l’élimination du MAS », a réagi M. Morales sur Twitter en évoquant son parti, le Mouvement vers le socialisme (MAS).

En revanche, son principal rival, l’ex-président Carlos Mesa (centre) a salué la décision du tribunal qui a, a-t-il dit, « correctement appliqué la loi et la Constitution ». Evo Morales « doit comprendre qu’il ne peut plus utiliser la loi selon ses intérêts », a-t-il ajouté.

Le parti de M. Morales, le MAS, sera toutefois bien représenté à l’élection présidentielle. La candidature de l’ex-ministre de l’Economie, Luis Arce, a été validée par le Tribunal suprême électoral, a indiqué jeudi son président Salvador Romero devant la presse.

Il avait été officiellement proclamé candidat du MAS le 9 février. Cet économiste proche de M. Morales a été son ministre de l’Economie pendant sa présidence de 2006 à 2019.

– En tête des sondages –

Selon les derniers sondages, Luis Arce est largement en tête des intentions de vote, avec 31,6%, devant l’ex-chef de l’Etat centriste Carlos Mesa (17,1%) et la présidente par intérim conservatrice Jeanine Añez (16,5%).

Le tribunal a également invalidé la candidature de l’ancien ministre des Affaires étrangères de M. Morales, Diego Pary, qui souhaitait se présenter dans la circonscription de Potosi (sud).

M. Morales, 60 ans, poursuivi dans son pays pour « sédition et terrorisme », ne pouvait pas déjà se représenter à la présidentielle.

La présidente par intérim avait en effet promulgué le 24 novembre une loi convoquant de nouvelles élections présidentielle et législatives, qui interdit à toute personne ayant exercé deux mandats électifs de suite de se présenter à un troisième. Ce qui a fermé la porte à une nouvelle candidature d’Evo Morales, 60 ans, qui a déjà exercé trois mandats.

L’ancien chef d’Etat avait alors décidé de briguer un poste de sénateur dans la région de Cochabamba (centre) où il a commencé sa carrière politique.

M. Morales s’était proclamé vainqueur du scrutin du 20 octobre pour un quatrième mandat, mais l’opposition avait crié à la fraude. Après plusieurs semaines de manifestations et son lâchage par la police et par l’armée, il avait annoncé sa démission et les élections ont été annulées.

Les élections générales du 3 mai visent à élire le président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés. En cas de second tour, le scrutin aura lieu le 14 juin.

L’internationale suprémaciste, déstructurée mais liée sur internet

Ils ne sont pas structurés mais s’influencent mutuellement via internet: racistes et suprémacistes du monde entier multiplient les passages à l’acte et représentent une menace croissante qui se nourrit de ses héros et de ses martyrs.

La double fusillade qui a fait neuf morts à Hanau, en Allemagne, et semble directement liée à des « motivations xénophobes », intervient après une longue liste d’actes meurtriers commis en Occident par des individus en quête de la défense de la « race blanche », qu’ils disent menacée par les migrations, la mondialisation et l’islam.

Et de Christchurch à Pittsburgh, de Halle à El Paso, les militants qui ont décidé de passer à l’acte ces derniers mois se nourrissent d’un narratif véhiculé sur internet avec une efficacité qui inquiète experts et forces de sécurité.

Pour des sources consultées par l’AFP, le néo-nazi norvégien Anders Behring Breivik, qui avait tué 77 personnes en 2011, a comme désinhibé les militants les plus tentés par l’action.

« Breivik est devenu une figure inspirante pour certains », estime Graham Macklin, professeur assistant au Centre international de l’anti-terrorisme (ICCT) de La Haye, dans un récent article consacré au sujet.

« L’écosystème numérique alimente un élan », estime-t-il. « Une attaque encourage et en inspire une autre, créant un ensemble de +saints+ et de +martyrs+ que les autres peuvent imiter ».

L’extrémisme suprémaciste blanc est entré dans une phase de mondialisation évidente, confirme de son côté le Soufan Center, un think tank spécialisé dans les questions de sécurité créé par un ancien du FBI.

– Christchurch sur Facebook Live –

Les auteurs de ces tueries « ont été célébrés en héros, martyrs, saints, commandants et autre titres honorifiques », relevait en septembre une étude signée du centre américain.

Les sympathisants « embrassent des croyances millénaristes et apocalyptiques évoquant une guerre raciale imminente, dont certains sont convaincus de la fin des temps », selon le texte.

Comme pour le jihadisme, la Toile agit en multiplicateur. Des plateformes discrètes mais accessibles (8Chan) ou ouvertes à tous (Youtube), ainsi que les réseaux sociaux les plus classiques permettent aux militants d’exalter les passages à l’acte et de promouvoir leurs fondements idéologiques.

L’attentat de Christchurch, en Nouvelle-Zélande en mars 2019, avait ainsi été diffusé en direct sur Facebook Live. Quelques mois plus tard, le tueur de Halle, dans l’est de l’Allemagne, avait lui aussi mis en ligne en direct son attaque antisémite sur la plateforme de streaming Twitch.

« Il existe de nombreux groupuscules radicaux dans le monde et internet est un facilitateur dans leur rencontre nationale, voire internationale », constate pour l’AFP Anaïs Voy-Gillis, géographe à l’Institut français de géopolitique, spécialiste de l’extrême droite.

Selon elle, le massacre de Breivik a permis de « réenclencher » la dynamique d’un terrorisme d’extrême droite qui lui préexistait. « Au-delà des actes qui ont toujours une sorte d’effet boule de neige, le contexte actuel avec notamment la crise migratoire de 2015 a sûrement participé à la radicalisation de plusieurs personnes qui sont désormais prêtes à passer à l’acte au nom d’une cause qu’ils estiment supérieure ».

Obnubilées par le jihadisme, les autorités du monde entier doivent désormais intégrer cette menace, peut-être moins prégnante mais bien réelle.

En France, une commission d’enquête de l’Assemblée nationale évoquait en juin de timides tentatives de contacts entre « des groupuscules d’ultra-droite présents en France » et des structures européennes, notamment en Allemagne, en Grèce et en Belgique mais aussi en Italie, Grande-Bretagne, Espagne ou encore Autriche.

Auditionné, Nicolas Lerner, patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), jugeait « extrêmement limitées » les capacités de ces mouvements à se coordonner à l’échelle européenne.

Mais coordonnés ou pas, ces groupuscules sont devenus prioritaires pour les autorités américaines.

Selon un rapport du FBI daté de novembre 2019, 19% des actes de terrorisme commis par des « loups solitaires » aux Etats-Unis viennent d’idéologies « défendant la supériorité de la race blanche ». Soit exactement la même proportion que l’islamisme radical.

Conclusion sans appel tirée par Russell Travers, directeur du National Counterterrorism Center: « Pendant deux décennies, les Etats-Unis ont pointé du doigt les pays étrangers exportateurs d’idéologie islamiste extrême. Nous sommes désormais vus comme des exportateurs d’idéologie suprémaciste blanche. C’est une réalité que nous allons devoir gérer ».

Un homme poignardé dans une mosquée à Londres, un suspect arrêté

Un homme a été arrêté après une attaque jeudi à l’arme blanche dans la Mosquée centrale de Londres qui a fait un blessé, a annoncé la police, pour laquelle il ne s’agit pas d’un acte de « nature terroriste ».

« Un homme de 29 ans, dont on pense qu’il assistait à la prière, a été arrêté à la mosquée, soupçonné de tentative de meurtre », a déclaré Scotland Yard.

« L’incident n’est pas considéré à ce stade comme étant de nature terroriste », a-t-on ajouté de même source.

Un septuagénaire a été blessé dans cette attaque survenue près de Regent’s Park, dans le centre de la capitale britannique. La victime a été hospitalisée et ses jours ne sont pas en danger, a précisé la police.

Il s’agit du muezzin, l’homme chargé d’appeler à la prière, qui a été attaqué pendant la prière d’Asr, vers 15H00 heures locale et GMT, a fait savoir la Mosquée centrale de Londres dans un communiqué posté son site internet.

« L’assaillant a été appréhendé par les fidèles jusqu’à ce que la police arrive et l’arrête », a ajouté la mosquée.

« Je suis profondément attristé », a réagi sur Twitter le Premier ministre conservateur Boris Johnson. « C’est vraiment horrible que cela puisse se produire, surtout dans un lieu de culte. Mes pensées vont à la victime et à toutes les personnes touchées ».

Des photos et des vidéos montrant un jeune homme qui porte un pull à capuche rouge, pieds nus, maintenu à terre par des policiers, ont circulé sur les réseaux sociaux.

Un témoin de l’attaque a déclaré que le suspect avait été un habitué de la mosquée et qu’il avait été vu au moins six mois auparavant.

« Nous avons été choqués, nous ne savions pas ce qui était en train de se passer, on a vu le type au sol, du sang sur son épaule et le couteau au sol », a dit ce témoin, Abi Watik, 59 ans, cité par l’agence de presse britannique PA.

Il a raconté que la victime avait été blessée à l’épaule juste après le début des prières. Le suspect était « derrière lui, puis il l’a poignardé », a-t-il poursuivi, soulignant que le suspect était resté « silencieux tout le temps » de l’attaque.

Il y a eu « un coup de couteau, une frappe, au niveau du cou », a déclaré à des journalistes devant la mosquée Mustafa Fiel, le directeur du Faith Forums de Londres, une association interreligieuse.

Le maire de la capitale, Sadiq Khan, qui est musulman, s’est dit « profondément préoccupé » par l’incident. « Chaque Londonien a le droit de se sentir en sécurité dans son lieu de culte et je veux rassurer les communautés de Londres que les actes de violence dans notre ville ne seront pas tolérés », a-t-il écrit sur Twitter.

40 mois de prison pour un ami de Trump après l’intervention du président

Roger Stone, l’ancien conseiller ami de Donald Trump dont le procès a déclenché une polémique à Washington en raison des interventions du président américain dans le dossier, a finalement été condamné jeudi à 3 ans et 4 mois de prison.

Le ministère de la Justice, en se défendant d’agir sur instruction présidentielle, avait déjugé ses procureurs qui avaient initialement requis entre 7 et 9 ans contre M. Stone, reconnu coupable en novembre d’avoir menti au Congrès.

Ses recommandations d’une sentence comprise entre 3 et 4 ans ont bien été suivies par la juge fédérale Amy Jackson.

« Il n’a pas été poursuivi, comme certains l’ont dénoncé, pour avoir défendu le président. Il a été poursuivi pour avoir couvert le président », a-t-elle déclaré après le prononcé de peine, se félicitant que « la vérité existe et importe toujours ».

La semaine dernière, les procureurs fédéraux qui instruisaient l’affaire avaient requis entre 7 et 9 ans de prison contre M. Stone.

Mais Donald Trump avait dans la foulée dénoncé un « erreur judiciaire » et laissé planer le doute quant à une amnistie présidentielle pour ce consultant de 67 ans, connu pour son style flamboyant et son tatouage de Richard Nixon dans le dos.

Le lendemain, le ministère de la Justice avait à son tour jugé la recommandation « excessive » et suggéré une sentence comprise entre 3 et 4 ans de détention. Désavoués par leur hiérarchie, les quatre procureurs fédéraux s’étaient retirés de l’affaire.

La réaction du président n’avait pas tardé: « Félicitations au ministre de la Justice Bill Barr pour avoir pris en charge un dossier totalement hors de contrôle ! »

L’Attorney général des Etats-Unis a eu beau assurer que les commentaires présidentiels n’avaient eu aucun impact sur la décision de ses services, il s’est retrouvé sous le feu des critiques.

Outre l’opposition démocrate, plus de 2.200 anciens fonctionnaires du ministère de la Justice l’ont appelé à démissionner, l’accusant dans une lettre ouverte d’avoir accordé un « traitement de faveur » à Roger Stone et d’être « aux ordres du président ».

– « Impossible » –

Sur la défensive, Bill Barr a martelé que Donald Trump, dont il est l’un des plus solides défenseurs, ne lui avait pas demandé d’intervenir.

Dans une rare note dissonante, il a toutefois demandé au milliardaire new-yorkais d’éviter de tweeter sur les dossiers judiciaires, estimant que cela rendait son travail « impossible ».

Peine perdue, la Maison Blanche assure que le président a le droit « de commenter des affaires criminelles » et que cela ne relève pas de « l’ingérence ».

Et Donald Trump était reparti à la charge, en retweetant de nombreux commentaires portant sur les démêlés d’autres de ses proches avec la justice ou sur l’origine de l’enquête russe, dénonçant un procès « très injuste » pour Roger Stone.

Jeudi matin, il avait de nouveau tweeté sur l’affaire, deux heures avant que la peine soit connue, pour s’émouvoir d’un manque d' »équité ».

Mardi, le ministre avait, selon des sources anonymes citées par de nombreux médias américains, fait savoir à l’entourage du président qu’il pourrait quitter son poste si ces tweets devaient continuer.

La porte-parole du ministère a toutefois balayé des « rumeurs » infondées. « Le ministre n’a aucunement l’intention de démissionner », a précisé Kerri Kupec.

Roger Stone, expert autoproclamé des « coups fourrés », a été reconnu coupable d’avoir exercé des pressions sur des témoins et menti au Congrès sur ses contacts avec l’organisation WikiLeaks, au sujet d’e-mails démocrates piratés lors de la campagne présidentielle de 2016.

Clamant son innocence, il soutient que des membres du jury étaient « partiaux ». Il n’a pas été immédiatement incarcéré jeudi au prononcé de sa peine à Washington.

Durant son procès, il s’était notamment fait remarquer en postant sur Instagram une photo de la juge Amy Jackson à côté d’un viseur d’arme à feu. Elle lui avait interdit de commenter son dossier publiquement.

Dupond-Moretti veut demander l’asile politique pour Assange à Emmanuel Macron

Les nouveaux avocats français de Julian Assange, Eric Dupond-Moretti et Antoine Vey, souhaitent rencontrer Emmanuel Macron afin d’obtenir l’asile politique en France pour le fondateur de WikiLeaks, ont-ils annoncé jeudi lors d’une conférence de presse.

« Nous allons demander à rencontrer le président de la République dans les jours qui viennent, pour ne pas dire dans les heures qui viennent » pour lui exposer la « situation désespérée » que traverse Julian Assange, emprisonné à Londres et menacé d’extradition vers les Etats-Unis qui l’accusent d’espionnage, a détaillé Me Dupond-Moretti.

« Il a de plus en plus de mal à parler. Il est parfois prostré », a-t-il ajouté, faisant part de son inquiétude.

« Les 175 ans de prison qu’on lui promet aux Etats-Unis, c’est une peine indigne, insupportable et contraire à l’idée que l’on peut tous se faire des droits de l’Homme », a-t-il poursuivi lors de cette conférence de presse organisée avec RSF et en présence du père de Julian Assange, John Shipton.

« On travaille bien sûr sur la possibilité de demander aux autorités françaises un asile politique, notre Constitution le permet, nous avons un exemple », « l’asile politique accordé à l’ayatollah Khomeini », a ajouté l’avocat, admettant que ce n’était « pas le meilleur exemple ».

En outre, il compte saisir avec des avocats belges la Cour européenne des droits de l’Homme : « pour des raisons techniques, cette juridiction a déjà été saisie » et a estimé la requête « irrecevable mais nous allons la saisir sur un autre fondement ».

« Nous réfléchissons collectivement aux moyens juridiques qui pourraient assurer sa protection de manière concrète, nous envisageons de déposer une série de demandes devant toutes les institutions qui sont mobilisables pour permettre une protection juridique », a abondé Antoine Vey.

Les deux avocats français ont intégré il y a environ un mois l’équipe de défense internationale d’Assange, aux côtés d’avocats belges, britanniques, espagnols et américains, sous la coordination de l’ancien juge espagnol Baltasar Garzon, également présent à la conférence.

Une première demande d’asile en France faite par l’ancien conseil de Julian Assange, Juan Branco, n’avait pas aboutie. Une demande d’asile vient par ailleurs d’être faite à la Suisse par des ONG.

« On analyse les canaux juridiques qui permettent de déposer cette demande », notamment via le président de la République, a indiqué Me Vey, précisant ne pas connaître le contenu de la première demande.

Sur le choix de la France, Me Dupond-Moretti a fait valoir des critères de rattachement professionnels, une partie des structures de Wikileaks est hébergée en France, et personnels. Julian Assange a vécu dans le pays de 2007 à 2010, son deuxième enfant, toujours mineur, et la mère de cet enfant sont de nationalité française et résident dans le pays.

Fusillades en Allemagne : ce que l’on sait du suspect

L’unique suspect de la double fusillade de Hanau, qui a fait neuf morts mercredi soir dans le centre de l’Allemagne, apparaît comme un paranoïaque au discours raciste, éduqué et adepte de théories conspirationnistes.

Avant d’être retrouvé sans vie auprès du corps de sa mère, Tobias R., 43 ans, a laissé derrière lui une vidéo et un manifeste de 24 pages, que l’AFP a pu consulter.

Peter Neumann, spécialiste du terrorisme au King’s College de Londres, décrit sur Twitter, à partir des mêmes sources, une personnalité « d’extrême droite » avec « un important problème de santé mentale ».

Voilà ce que l’on sait du suspect et de son mobile.

– Qui est Tobias R. ? –

Tobias R. se présente sur son site internet comme un Allemand né en 1977 à Hanau, une ville de près de 100.000 habitants du centre de l’Allemagne. Il y a grandi et effectué sa scolarité.

Après son baccalauréat, il a suivi une formation de conseiller bancaire à Francfort puis a fait des études de gestion à Bayreuth (Bavière) entre 2000 et 2007.

Selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP à Hanau, l’auteur de la double fusillade habitait très près du deuxième bar visé, dans un quartier populaire.

– « Surveillé depuis toujours » –

Dans son manifeste, où apparaissent des dessins au trait minutieux censés le représenter dans différentes situations de sa vie, il assure avoir été constamment espionné depuis son enfance par une « organisation secrète » qui pouvait « lire dans ses pensées ».

Parmi les « pensées » qu’il prétend avoir vu se réaliser, il évoque pèle-mêle : les guerres en Irak et en Afghanistan déclenchées par les Etats-Unis; son souhait, « réalisé » en 2004, de voir Jürgen Klinsmann devenir sélectionneur de l’équipe allemande de football et plusieurs films hollywoodiens dont il avait imaginé le scénario (« Allô maman, ici bébé », « The Cell », « Starship Troopers », etc.).

« Rien de tout cela ne peut être une coïncidence », y estime-t-il, précisant qu’il a porté plainte à trois reprises, en vain.

Sa surveillance continuelle explique, selon lui, qu’il soit toujours resté célibataire. Il ne reprend néanmoins aucune rhétorique visant les femmes en général, à la différence de la mouvance misogyne des « incels » (« célibataires involontaires »).

– Motivations xénophobes –

Dans son manifeste, il appelle à « anéantir » la population d’au moins 24 pays, dans le Maghreb, le Moyen-Orient, notamment celle d’Israël, et d’Asie du Sud, avançant des thèses racialistes.

Dans sa vision du monde, l’existence de ces « groupes ethniques » est « en soi une erreur fondamentale ».

Sa haine des étrangers pourrait être née quand, à 22 ans, en formation bancaire, il dit avoir subi un braquage. Pendant l’identification des suspects, « 90% des personnes qui seront présentées sont étrangères », affirme-t-il.

Convaincu de la suprématie du peuple allemand et admirateur du président américain Donald Trump, il enjoint les Etats-Unis à prendre la tête du combat pour « sauvegarder l’Occident », notamment pour contrer l’influence grandissante de la Chine.

– Complotisme –

Dans une vidéo postée sur Youtube une semaine avant ses crimes, supprimée depuis, il avait appelé en anglais « tous les Américains » à « se réveiller », prétendant que leur « pays est sous le contrôle de sociétés secrètes invisibles » qui utilisent des « méthodes maléfiques inconnues comme le contrôle des esprits ».

Filmé devant un fauteuil marron, un mur de classeurs vieillots et un petit lit, il parle également de l’existence de « bases militaires souterraines » dans lesquelles certaines personnes font « l’éloge du diable », « maltraitent, torturent et tuent de petits enfants ».

Son site internet personnel comportait également des sections sur des personnes disparues, sur les recherches prétendument secrètes du gouvernement américain concernant les extraterrestres ou sur les expériences psychologiques de la CIA dans les années 1950 et 1960.

A Hanau après les fusillades, stupeur et interrogations

« J’aurais pu faire partie des victimes! »: des dizaines d’habitants sous le choc se sont recueillis jeudi près des lieux de la double fusillade raciste qui a tué neuf personnes à Hanau, près de Francfort.

« J’ai entendu des bruits et je pensais que c’était les derniers pétards du Nouvel an qui étaient utilisés… puis en allant sur mon balcon j’ai vu partout des lumières bleues! », raconte à l’AFP Inge Bank, 82 ans.

Habitante d’Hanau depuis 10 ans, elle ne comprend toujours pas comment un Allemand de 43 ans, Tobias R., a pu tirer sur un bar à chicha de la ville, le Midnight, puis gagner en voiture un deuxième établissement à deux kilomètres, l’Arena Bar.

Là, après avoir sonné à la porte, il a tué cinq personnes présentes dans la zone fumeur, dont une femme, faisant au total neuf morts et six blessés dans ces deux lieux.

– ‘Honte’ –

Les victimes, dont certaines sont d’origine ou de nationalité étrangère, avaient entre 21 et 44 ans, selon le parquet antiterroriste. Un Bosnien et un Bulgare figurent parmi elles.

« C’est une honte que de telles choses se produisent encore aujourd’hui », déplore Mme Bank, née peu avant l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale.

Un peu plus loin, Ahmed, 30 ans, a du mal à retenir ses larmes.

« C’est un bar tout à fait normal, moi-même je vais y acheter mes cigarettes! (…) Je suis choqué ! Je connais bien certaines des personnes qui étaient là », se lamente-t-il. « J’aurais pu faire partie des victimes ».

En fin de matinée, la police scientifique avait dû recouvrir d’une bâche un tag laissé par le tueur présumé faisant la publicité de son site internet personnel sur un mur blanc.

C’est sur son site que Tobias R. a publié un manifeste de 24 pages dans lequel il tient un discours raciste, appelant à l’extermination des peuples de 24 pays, tout en se disant observé depuis l’enfance par une « organisation secrète » et en développant des thèses conspirationnistes.

Au fur et à mesure de la journée, fleurs et bougies ont été déposées près des lieux du drame, toujours barrés par un important dispositif policier.

– Ville multiculturelle –

Plusieurs proches des victimes mais aussi des habitants de la ville s’y sont recueillis tout au long de la journée, se prenant parfois dans les bras, en pleurs.

« Je suis très triste parce que la Hesse et tout particulièrement Hanau est connue pour accueillir des gens de différentes religions et nationalités », gémit Sabuhr Alizadeh, un Afghan de 20 ans, habitant depuis 4 ans dans la ville.

« Bien sûr que tout cela nous inquiète. On ne pense jamais que cela puisse arriver ici, devant notre porte. Quel drame », s’exclame Baran Celik, 27 ans, né a Hanau.

Beaucoup comptent participer à la marche funèbre prévue à partir de 17H00 GMT sur la place du marché, à laquelle se joindront entre autres le chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier et le maire d’Hanau, le social-démocrate Claus Kaminsky.

Dans toute l’Allemagne, plus de 50 rassemblements sont également prévus dans la soirée pour rendre un dernier hommage aux victimes.

Syrie: deux soldats turcs tués dans une frappe aérienne

La Turquie a annoncé jeudi que deux de ses soldats avaient été tués dans le nord-ouest de la Syrie par une frappe aérienne, une escalade qui intervient au moment où Moscou hausse le ton contre Ankara en l’accusant de « soutenir des terroristes ».

Ces derniers développements rendent la situation de plus en plus volatile dans la province d’Idleb, risquant d’aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique, avec près d’un million de depuis décembre.

Selon le ministère turc de la Défense, deux soldats turcs ont été tués et cinq blessés par une frappe aérienne dans la région d’Idleb, qu’Ankara a imputée à l’aviation syrienne. Ces pertes portent à 16 le nombre de soldats turcs tués à Idleb en février.

Les affrontements entre Ankara et Damas, qui se sont multipliés depuis début février, suscitent en outre des frictions de plus en plus fortes entre la Turquie, qui soutient des groupes rebelles à Idleb, et la Russie, qui appuie militairement le régime syrien.

Jeudi, l’armée russe a ainsi indiqué avoir mené des frappes pour stopper une attaque de factions armées soutenues par Ankara contre des positions du régime, appelant la Turquie à « cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes ».

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG, a rapporté que des groupes appuyés par la Turquie avaient lancé une offensive dans la région d’Al-Nayrab, au sud d’Idleb, faisant état de 25 combattants tués dans les deux camps.

Selon Moscou et l’OSDH, l’artillerie turque a bombardé des positions du régime pour soutenir cette attaque.

Cette offensive intervient au lendemain d’une mise en garde du président Recep Tayyip Erdogan qui avait sommé les forces d’Assad de se retirer de certaines positions à Idleb avant fin février, menaçant sinon de recourir à la force.

La Turquie a dit jeudi avoir riposté à la frappe ayant tué ses militaires en bombardant des positions du régime. Elle affirme avoir éliminé une cinquantaine de soldats syriens et détruit plusieurs blindés, un bilan invérifiable de manière indépendante dans l’immédiat.

– Négociations infructueuses –

La région d’Idleb fait l’objet d’un accord de « désescalade » entre Ankara et Moscou, mais celui-ci n’est plus que théorique.

Le régime, appuyé par l’aviation russe, a déclenché en décembre une offensive pour reprendre ce dernier bastion rebelle et jihadiste, y enregistrant plusieurs gains ces dernières semaines.

Et la Turquie y a dépêché ces derniers jours d’importants renforts militaires, ce qui n’a pas suffi pour l’instant à dissuader le régime de poursuivre son opération.

Des discussions entre responsables turcs et russes depuis une semaine n’ont pas permis de réduire les tensions.

« Il y a eu un petit rapprochement (des positions) lors des dernières négociations. Cependant, nous n’avons pas encore obtenu ce que nous voulons », a déclaré jeudi le chef de la diploamtie turque Mevlüt Cavusoglu.

Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région frontalière, c’est parce qu’elle redoute l’arrivée sur son sol d’une nouvelle vague de réfugiés. Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens.

Depuis le début de l’offensive du régime dans le nord-ouest de la Syrie, la situation humanitaire à Idleb n’a fait qu’empirer.

– « Pires drames humanitaires » –

D’après l’OSDH, plus de 400 civils, dont 112 enfants, ont péri depuis que le régime a lancé son offensive.

Selon l’ONU, environ 900.000 personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, ont en outre fui les violences dans le nord-ouest de la Syrie depuis décembre.

Environ 170.000 d’entre elles dorment en plein air en dépit des rudes conditions hivernales, a indiqué jeudi l’ONU.

Face à cette situation, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a exhorté jeudi la Turquie et les autres pays voisins de la Syrie à accueillir un plus grand nombre de réfugiés.

Le HCR a également réclamé « une action urgente pour permettre aux personnes prises au piège dans le conflit de rejoindre des lieux en sécurité ».

« Depuis plusieurs semaines, c’est l’un des pires drames humanitaires qui est en train de se passer » dans la région d’Idleb, a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron en arrivant à Bruxelles pour un sommet de l’Union européenne.

« Je veux condamner avec la plus grande fermeté les attaques militaires qui sont menées depuis plusieurs semaines par le régime de Bachar al-Assad contre les populations civiles d’Idleb », a-t-il ajouté.

burx-gkg/avz

Fusillades en Allemagne : ce que l’on sait du suspect

L’unique suspect de la double fusillade de Hanau, qui a fait neuf morts mercredi soir dans le centre de l’Allemagne, apparaît comme un paranoïaque au discours raciste, éduqué et adepte de théories conspirationnistes.

Avant d’être retrouvé sans vie auprès du corps de sa mère, Tobias R., 43 ans, a laissé derrière lui une vidéo et un manifeste de 24 pages, que l’AFP a pu consulter.

Peter Neumann, spécialiste du terrorisme au King’s College de Londres, décrit sur Twitter, à partir des mêmes sources, une personnalité « d’extrême droite » avec « un important problème de santé mentale ».

Voilà ce que l’on sait du suspect et de son mobile.

– Qui est Tobias R. ? –

Tobias R. se présente sur son site internet comme un Allemand né en 1977 à Hanau, une ville de près de 100.000 habitants du centre de l’Allemagne. Il y a grandi et effectué sa scolarité.

Après son baccalauréat, il a suivi une formation de conseiller bancaire à Francfort puis a fait des études de gestion à Bayreuth (Bavière) entre 2000 et 2007.

Selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP à Hanau, l’auteur de la double fusillade habitait très près du deuxième bar visé, dans un quartier populaire.

– « Surveillé depuis toujours » –

Dans son manifeste, où apparaissent des dessins au trait minutieux censés le représenter dans différentes situations de sa vie, il assure avoir été constamment espionné depuis son enfance par une « organisation secrète » qui pouvait « lire dans ses pensées ».

Parmi les « pensées » qu’il prétend avoir vu se réaliser, il évoque pèle-mêle : les guerres en Irak et en Afghanistan déclenchées par les Etats-Unis; son souhait, « réalisé » en 2004, de voir Jürgen Klinsmann devenir sélectionneur de l’équipe allemande de football et plusieurs films hollywoodiens dont il avait imaginé le scénario (« Allô maman, ici bébé », « The Cell », « Starship Troopers », etc.).

« Rien de tout cela ne peut être une coïncidence », y estime-t-il, précisant qu’il a porté plainte à trois reprises, en vain.

Sa surveillance continuelle explique, selon lui, qu’il soit toujours resté célibataire. Il ne reprend néanmoins aucune rhétorique visant les femmes en général, à la différence de la mouvance misogyne des « incels » (« célibataires involontaires »).

– Motivations xénophobes –

Dans son manifeste, il appelle à « anéantir » la population d’au moins 24 pays, dans le Maghreb, le Moyen-Orient, notamment celle d’Israël, et d’Asie du Sud, avançant des thèses racialistes.

Dans sa vision du monde, l’existence de ces « groupes ethniques » est « en soi une erreur fondamentale ».

Sa haine des étrangers pourrait être née quand, à 22 ans, en formation bancaire, il dit avoir subi un braquage. Pendant l’identification des suspects, « 90% des personnes qui seront présentées sont étrangères », affirme-t-il.

Convaincu de la suprématie du peuple allemand et admirateur du président américain Donald Trump, il enjoint les Etats-Unis à prendre la tête du combat pour « sauvegarder l’Occident », notamment pour contrer l’influence grandissante de la Chine.

– Complotisme –

Dans une vidéo postée sur Youtube une semaine avant ses crimes, supprimée depuis, il avait appelé en anglais « tous les Américains » à « se réveiller », prétendant que leur « pays est sous le contrôle de sociétés secrètes invisibles » qui utilisent des « méthodes maléfiques inconnues comme le contrôle des esprits ».

Filmé devant un fauteuil marron, un mur de classeurs vieillots et un petit lit, il parle également de l’existence de « bases militaires souterraines » dans lesquelles certaines personnes font « l’éloge du diable », « maltraitent, torturent et tuent de petits enfants ».

Son site internet personnel comportait également des sections sur des personnes disparues, sur les recherches prétendument secrètes du gouvernement américain concernant les extraterrestres ou sur les expériences psychologiques de la CIA dans les années 1950 et 1960.

Tirs de lacrymogènes sur une manifestation en faveur de soldats à Khartoum

La police soudanaise a tiré des gaz lacrymogènes sur des centaines de manifestants rassemblés jeudi à Khartoum pour réclamer la réintégration de soldats, forcés à prendre leur retraite pour leur soutien à la révolution de 2019, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des centaines de jeunes ont manifesté à Khartoum près du palais présidentiel en brandissant des drapeaux soudanais et des pancartes barrées des slogans « L’armée est l’armée du Soudan » et « Non au renvoi des hommes libres de l’armée ».

Des pneus ont été brûlés et des routes bloquées par les manifestants. La police est ensuite arrivée sur les lieux et a tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser.

Plus tôt cette semaine, l’armée a publié une liste d’officiers de différents rangs contraints à prendre leur retraite après avoir exprimé leur soutien à la révolution ayant abouti à la destitution du président Omar el-Béchir en avril 2019.

Cette liste a été publiée « comme à chaque début d’année (…) conformément à la politique interne des forces armées soudanaises », a déclaré le porte-parole de l’armée, Amer Mohammad Al-Hassan, cité par l’agence de presse officielle Suna.

Sur les réseaux sociaux, une campagne a rapidement été lancée par des militants pour soutenir Mohammad al-Sadiq, un lieutenant écarté par l’armée pour avoir soutenu leur révolte qui avait été déclenchée en décembre 2018 contre l’augmentation du prix du pain avant de réclamer la chute du régime d’Omar el-Béchir, aujourd’hui en prison.

L’Association des professionnels du Soudan (SPA), fer de lance de la révolte, est à l’origine de la manifestation de jeudi.

Le Soudan s’est doté en août 2019 d’un Conseil souverain, une instance à majorité civile appelée à superviser la transition politique, selon les termes d’un accord entre le Conseil militaire, qui avait succédé à M. Béchir, et les meneurs de la contestation.

Lendemain de débat difficile pour Michael Bloomberg dans les primaires démocrates

Enfin descendu dans l’arène des primaires démocrates, le milliardaire Michael Bloomberg a dû encaisser les attaques violentes de ses adversaires lors d’un premier débat télévisé mercredi soir qui a montré les fragilités de sa candidature.

La campagne se poursuit jeudi avant le troisième vote des primaires présidentielles, samedi dans le Nevada, première fois qu’un nombre important d’électeurs latinos et noirs s’exprimeront, après les étapes de l’Iowa et du New Hampshire au début du mois.

A ce stade, le sénateur Bernie Sanders bénéficie d’une forte dynamique, en tête des sondages, mais huit candidats restent en lice. Il reste des mois de primaires, jusqu’à la convention d’investiture en juillet.

Cela fait six ans que M. Bloomberg, qui vient de fêter son 78e anniversaire, a quitté la mairie de New York, six années qu’il n’avait plus à croiser le fer en politique. Il était devenu à l’inverse un mécène caritatif et politique très courtisé –il a donné 10 milliards de dollars à de multiples institutions, à des causes écologistes, anti-armes à feu et pro-immigration, et a financé de multiples candidats démocrates à des élections parlementaires ou locales ces dernières années.

Le patron de l’agence de presse éponyme, neuvième fortune de la planète, est habitué à être accueilli sur un tapis rouge dans les grands conclaves climatiques internationaux, et n’avait à l’évidence plus l’habitude de se faire secouer.

Ses adversaires, à commencer par la sénatrice Elizabeth Warren, ont utilisé le débat de mercredi à Las Vegas pour contrecarrer le déluge publicitaire que Michael Bloomberg déverse depuis son entrée tardive en campagne, fin novembre, à la télévision et sur internet. Sur YouTube, les clips promouvant la candidature de « Mike » sont omniprésents. Il a dépensé, sur ses fonds personnels, plus de 400 millions de dollars, une somme inouïe pour ses rivaux.

Ces dépenses l’ont rapidement fait gagner en notoriété et l’impact se voit dans les sondages: il s’est hissé en février en troisième place de plusieurs enquêtes d’opinion, ce qui fait rager les démocrates qui depuis plus d’un an font campagne sur le terrain, lèvent des fonds à coups de 10 ou 50 dollars, avaient fait huit débats auparavant et ont rédigé d’épais programmes.

« Les démocrates prendraient un risque énorme si on ne faisait que remplacer un milliardaire arrogant par un autre », a lancé Mme Warren, 70 ans.

– Le coup de Warren –

La candidature de M. Bloomberg a aussi engagé les démocrates dans un débat risqué sur le capitalisme lui-même, le parti se voyant de facto pris d’assaut par un « socialiste démocrate », Bernie Sanders, qui n’a jamais formellement adopté l’étiquette démocrate et a dit que les milliardaires ne devraient pas exister, et un milliardaire anciennement républicain qui estime sa richesse bien méritée.

Seize fois, le mot « milliardaire » a été prononcé durant ce débat de deux heures, le plus virulent à ce jour.

« Les Américains se retrouvent un peu perdus à devoir choisir entre un socialiste qui pense que le capitalisme est la source de tous leurs maux, et un milliardaire qui pense que l’argent est la source de tout pouvoir », a asséné Pete Buttigieg, ancien maire d’une ville moyenne et représentant l’aile modérée du parti. « Et si on choisissait un vrai démocrate? »

Elizabeth Warren a sans doute réalisé son débat le plus mémorable: elle a fait preuve de pugnacité et de répartie tout en expliquant ce que serait une présidence Warren, focalisée sur une amélioration du niveau de vie des familles financée par un nouvel impôt sur la fortune des très riches, ayant plus de 50 millions de dollars.

« C’est un impôt sur le dixième des 1% les plus riches d’Amérique », a-t-elle redit, énumérant ses projets: garde, crèche et école gratuite universelle dès la première année de vie, alors que l’école gratuite commence généralement à 5 ans aux Etats-Unis; nouveaux investissements dans les écoles, annulation de dettes étudiantes…

« Je ne suis pas d’accord avec l’impôt sur la fortune, mais je suis d’accord que les riches ne paient pas assez », a répondu Michael Bloomberg, qui veut convaincre les démocrates que son expérience de patron d’entreprise est la bonne pour battre Donald Trump en novembre et gérer le pays pour les quatre années suivantes.

Pour le milliardaire, le premier test électoral aura lieu le 3 mars, quand 14 Etats voteront en même temps.

En campagne électorale, Netanyahu promet des logements pour colons à Jérusalem-Est

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en pleine campagne électorale en vue des législatives du 2 mars, a promis jeudi la construction de milliers de nouveaux logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, une annonce aussitôt dénoncée par les Palestiniens.

Le statut de Jérusalem est l’une des pierres d’achoppement du conflit israélo-palestinien, les Palestiniens entendant faire de la partie orientale de la ville, occupée et annexée par Israël, la capitale de leur futur Etat alors que les autorités israéliennes considèrent l’ensemble de la ville comme leur capitale.

Et le développement des colonies à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, deux territoires palestiniens occupées par Israël depuis 1967, demeure un sujet de vives tensions entre les deux camps.

« J’ai de grandes nouvelles aujourd’hui. Nous ajoutons 2.200 logements à Har Homa », a déclaré M. Netanyahu à 11 jours des troisièmes législatives en moins d’un an, un scrutin clé à la survie politique du Premier ministre inculpé pour corruption.

« J’ai fondé ce quartier en 1997 lorsque j’ai été élu Premier ministre, malgré les objections du monde entier », a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par son bureau, apparaissant à proximité de cette colonie.

« Il y a aujourd’hui 40.000 habitants, et nous en ajoutons 10.000. Har Homa sera composée de 50.000 habitants, comme une ville israélienne moyenne ».

M. Netanyahu a aussi annoncé la construction de milliers de logements à Givat Hamatos, un autre secteur de Jérusalem-Est. « Cela signifie 4.000 nouveaux logements, 1.000 pour les habitants arabes de Beit Safafa (secteur palestinien à proximité, NDLR) et 3.000 pour des habitants juifs », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre avait déjà donné son accord « définitif » e 2014 à la construction de plus de 2.000 logements à Givat Hamatos, quelques mois avant des élections législatives, sans qu’aucun logement n’y soit finalement construit.

– « Plus de tensions » –

« La tentative de Netanyahu de remporter les voix de la droite israélienne à la veille des élections au détriment des droits des Palestiniens ne mènera pas à la paix et à la stabilité, mais à plus de tensions et de violences dans la région », a réagi Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, dans un communiqué.

Le Premier ministre israélien courtise ouvertement les électeurs de la droite nationaliste face à la formation de son rival centriste Benny Gantz, après deux élections n’ayant pas réussi à les départager clairement.

Ces élections sont d’autant plus cruciales pour M. Netanyahu qu’il doit faire face, à partir de la mi-mars, à la justice qui l’accuse de corruption, malversation, abus de confiance dans trois affaires.

La loi israélienne prévoit que tout ministre poursuivi pénalement doit démissionner de ses fonctions, mais cette mesure ne s’applique pas au Premier ministre.

– « Provocation irresponsable » –

« Netanyahu fait des promesses qu’il ne pourra pas tenir », estime l’alliance des partis israéliens de gauche, réagissant à l’annonce du Premier ministre sur les nouveaux logements de colonisation, qu’elle dénonce comme « une provocation irresponsable destinée à attraper quelques voix à droite ».

Selon l’ONG israélienne anticolonisation « La paix maintenant », « la construction à Givat Hamatos est un sérieux coup porté à la solution à deux Etats », soit un Etat palestinien indépendant et viable aux côtés d’Israël.

Plus de 600.000 personnes habitent dans des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Illégale au regard du droit international, la colonisation des territoires occupés s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion de M. Netanyahu et de son allié à Washington, le président Donald Trump.

Ce dernier a présenté fin janvier son plan pour le Proche-Orient qui prévoit notamment de faire de Jérusalem la capitale « indivisible » de l’Etat d’Israël et de créer une capitale d’un Etat palestinien dans des faubourgs de Jérusalem.

Pour l’Autorité palestinienne, l’annonce jeudi de nouveaux logements dans les colonies de Jérusalem-Est « participe de la mise en oeuvre » du projet de Trump, jugé « historique » par les autorités israéliennes.

L’Allemagne sous le choc après les tueries « racistes » de Hanau

Quelques heures après la double fusillade meurtrière de Hanau qui a fait neuf morts, les enquêteurs allemands tentent de retracer le parcours de l’assaillant dont le mobile « raciste » ne fait plus de doute ni pour le parquet antiterroriste, ni pour les autorités.

La chancelière allemande Angela Merkel a dénoncé « le poison » du racisme, faisant le lien avec d’autres attentats d’extrême droite depuis 20 ans dans le pays, après ces attaques menées par un Allemand aux « motivations xénophobes ».

L’assaillant présumé, Tobias R., 43 ans, a été retrouvé mort dans son appartement, de même que sa mère, tuée par balle, portant le bilan total à 11 morts, dont neuf dans les deux fusillades.

Les victimes, dont certaines sont d’origine ou de nationalité étrangère, avaient entre 21 et 44 ans, selon le parquet. Un Bosnien et un Bulgare figurent parmi les victimes.

– Des victimes d’origine kurde –

Le père de l’unique suspect a lui été retrouvé indemne, hors de l’appartement.

Le parquet antiterroriste cherche à déterminer si l’auteur a pu bénéficier de complicité pour mener ces attaques dont le mobile est « profondément raciste ».

Mercredi soir, un bar à chicha, le Midnight, avait été visé par des tirs dans le centre de Hanau, ville de près de 100.000 habitants à 20 kilomètres de Francfort, avant que le tireur ne gagne en voiture un deuxième établissement, l’Arena Bar, dans le quartier périphérique de Kesselstadt.

L’assaillant a sonné à la porte du deuxième bar et tiré sur des personnes présentes dans la zone fumeur, tuant cinq personnes dont une femme, selon des informations de Bild.

« Les victimes sont des gens que nous connaissons depuis des années », dont deux employés de l’Arena, a réagi le fils du gérant du bar, absent comme son père au moment des tirs et cité par l’agence DPA. « C’est un choc pour tout le monde. »

Parmi les tués figurent « plusieurs victimes d’origine kurde », a indiqué la Confédération des communautés du Kurdistan en Allemagne (Kon-Med), accusant les dirigeants allemands de ne pas « résolument combattre le terrorisme d’extrême droite ».

L’auteur présumé, qui a suivi une formation de conseiller bancaire puis des études de gestion, a laissé derrière lui une vidéo et un manifeste de 24 pages, que l’AFP a pu consulter.

Il y appelle notamment à « anéantir » la population d’au moins 24 pays, parmi lesquelles celles du Maghreb, du Moyen-Orient, d’Israël ou encore d’Asie du Sud, avançant des thèses racialistes tout en assurant être surveillé depuis l’enfance.

– Pleurs –

Les enquêteurs ont également retrouvé dans sa voiture des munitions et des chargeurs. Le suspect était muni d’un permis de chasse.

Jeudi, une dizaine de personnes se recueillaient devant les lieux à la mi-journée, dont une femme en pleurs réconfortée par une autre et un vieil homme en larmes.

« Je connaissais bien les personnes qui étaient dans ce bar (…) Ca aurait pu être moi », a affirmé à l’AFP Ahmed, un habitant de 30 ans du quartier.

« Je ne comprends pas, nous n’avons pas de problèmes liés au racisme ici », s’est étonnée une autre voisine.

Plusieurs rassemblements sont prévus jeudi en fin de journée, à Hanau notamment mais aussi Porte de Brandebourg, à Berlin.

Le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, qui a déposé des gerbes de fleurs sur les sites visés avec sa collègue de la Justice, Christine Lambrecht, a promis de nouvelles mesures dans les prochains jours.

A Bruxelles, de nombreux dirigeants ont exprimé leur solidarité à Angela Merkel avant l’ouverture du sommet européen. Emmanuel Macron s’est dit « aux côtés » de la chancelière. La présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, s’est déclarée « choquée par la tragédie ».

– Menace –

L’association Ditib, principale organisation de la communauté turque musulmane d’Allemagne, a parlé dans un communiqué de « jour noir dans l’histoire de l’Allemagne » et réclamé plus de protection pour ses fidèles.

La menace d’un terrorisme d’extrême droite inquiétait de plus en plus les autorités allemandes, depuis notamment le meurtre d’un élu allemand pro-migrants, membre du parti de la chancelière Merkel, en juin dernier.

Vendredi, 12 membres d’un groupuscule d’extrême droite ont été arrêtés. Ils sont soupçonnés d’avoir planifié des attaques de grande ampleur contre des mosquées.

En octobre, un extrémiste de droite négationniste avait tenté de commettre un attentat dans une synagogue de Halle, un massacre n’étant évité que de justesse. Il avait toutefois abattu une passante et le client d’un restaurant de kébabs, diffusant en direct sur internet ses forfaits.

Dans son allocution, Mme Merkel a aussi évoqué les meurtres de neuf personnes d’origine immigrée et d’une policière commis entre 2000 et 2007 par le trio néonazi « Clandestinité nationale-socialiste » (NSU). L’affaire a été marquée par une cascade de scandales autour de l’enquête et des services de renseignements intérieurs, censés disposer d’indics dans les milieux néonazis et vivement critiqués pour leur aveuglement.

Pape Pie XII: quatre choses à savoir sur les archives vaticanes

L’ouverture lundi 2 mars de l’ensemble des archives du Vatican sur le pontificat du pape Pie XII (1939-1958) – 81 ans après son élection – était réclamée depuis des décennies par historiens et organisations juives.

Voici quatre clefs pour comprendre l’événement.

– Shoah: une masse d’archives déjà publiées –

Les archives les plus sensibles, concernant la Seconde guerre mondiale, ont déjà été en grande partie publiées par le Vatican. Des révélations spectaculaires seraient donc surprenantes. Mais les chercheurs auront pour la première fois un accès direct à tous les documents de la période de la Shoah et chercheront les pièces manquantes du puzzle.

Pour répondre à la polémique sur Pie XII – qui démarra dans les années 60 avec la sortie de la pièce de théâtre incendiaire « Le Vicaire » de l’Allemand Rolf Hochhuth – quatre prêtres jésuites livrèrent en 1981 au bout de 16 ans de labeur, onze volumes de documents intitulés « Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la deuxième guerre mondiale ».

Par la suite, une commission mixte juive-catholique de six historiens instituée en 1999 fut chargée de trancher, mais elle réclama plus d’accès aux archives du Vatican et se disloqua en 2001.

– Les années avant son élection documentées –

Quelque 30.000 volumes d’archives du pontificat de Pie XI (1922-1939), son prédécesseur, ont déjà été rendus publics par le Saint-Siège livrant ainsi des indications sur le cardinal Eugenio Pacelli, futur Pie XII. Ce dernier fut en effet nommé secrétaire d’Etat (numéro deux du Vatican) en 1930. En 1933, il signa un concordat avec l’Allemagne hitlérienne sur les relations entre les autorités allemandes et l’Eglise.

Ces archives couvrent aussi une grande partie de son long séjour en Allemagne de 1917 à 1929 en tant que nonce (ambassadeur du Saint-Siège), soit durant la montée au pouvoir d’Hitler.

– L’Eglise à la défense d’un « juste » –

L’Eglise catholique a toujours fait valoir que Pie XII avait contribué au sauvetage de plusieurs milliers de Juifs en les faisant cacher dans des institutions religieuses de Rome sous l’occupation allemande. Elle estime aussi que la prudence verbale du pape a évité des représailles envers les catholiques en Europe.

Le processus de béatification de Pie XII a été ouvert en octobre 1967. Benoît XVI l’a proclamé « vénérable » fin 2009, première étape vers une béatification à condition qu’un miracle soit reconnu, une décision qui avait créé un tollé chez les organisations juives.

En 2010, Benoît XVI affirma que le pape Pie XII avait été « l’un des grands justes, qui a sauvé des juifs plus que personne ». « Il a personnellement souffert énormément, nous le savons. Il savait qu’il devait parler et pourtant la situation le lui interdisait », avait-il noté.

En 2014, le pape François a dit avoir « un peu d’urticaire existentiel » face aux attaques contre Pie XII, « un grand défenseur des Juifs », en critiquant l’attitude des grandes puissances alliées qui auraient pu bombarder les voies ferrées conduisant aux camps.

– Ses détracteurs attaquent son silence –

Le silencieux et très diplomatique Pie XII – voix morale susceptible d’avoir été écoutée par les catholiques allemands – est vilipendé par de nombreux historiens pour n’avoir jamais condamné explicitement l’extermination en cours des Juifs par le régime nazi.

Ce pape originaire de la noblesse romaine est aussi dénoncé pour avoir gardé le silence lorsque le 16 octobre 1943 plus d’un millier de personnes de la communauté juive de Rome, furent raflés dans leur quartier (l’ex-ghetto) à quelques encablures du Vatican.

Après cette rafle, les témoignages confirment que des Juifs furent cachés dans de nombreuses institutions catholiques, mais aucun document écrit ne prouve que Pie XII avait fait cette recommandation, pointent ses critiques.

Beaucoup d’historiens concluent que ce pape réprouvait l’antisémitisme hitlérien, mais qu’il était aussi le pur produit d’un enseignement catholique traditionnellement anti-judaïque jusqu’à la prise de conscience du Concile Vatican II (1962-1965). Les Juifs n’étaient donc pas la priorité de ce pape, préoccupé avant tout par le sort des catholiques et farouchement opposé au communisme.

Ethiopie: restitution d’une couronne cachée pendant 21 ans aux Pays-Bas

Le gouvernement éthiopien a repris possession jeudi d’une couronne d’une valeur inestimable, datant du 18e siècle, qu’un ancien réfugié avait cachée pendant plus de 20 ans dans un petit appartement des Pays-Bas.

La couronne a été restituée lors d’une cérémonie à Addis Abeba, en présence du Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et de la ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la Coopération au développement, Sigrid Kaag.

Ornée de cuivre doré, avec des gravures représentant Jésus-Christ et ses apôtres, la couronne a soudainement refait surface l’an passé lorsqu’un réfugié éthiopien devenu citoyen néerlandais, Sirak Asfaw, a contacté l’expert d’art néerlandais Arthur Brand.

Sirak Asfaw a fui l’Éthiopie à la fin des années 1970, à l’époque des purges de la « Terreur rouge ». Il a découvert par hasard en avril 1998 la couronne dans une valise laissée par l’un de ses compatriotes ayant échappé comme lui à la dictature.

M. Sirak a estimé qu’il ne pouvait pas rendre la couronne en raison de la « situation instable en Ethiopie ». Il a promis au mystérieux propriétaire de la valise que la couronne « ne quitterait pas sa maison sauf pour rentrer » dans son pays d’origine.

Persuadé que s’il la rendait, « elle disparaîtrait à nouveau », il l’a conservée pendant 21 ans dans un endroit secret de son appartement dans la cité portuaire de Rotterdam.

Après l’investiture de M. Abiy en avril 2018, M. Sirak a finalement jugé que la situation en Ethiopie était assez stable et sécurisée pour rendre la couronne.

Celle-ci aurait appartenu à l’un des plus puissants chefs de guerre éthiopien du 18e siècle, « ras » Welde Sellase. Ce dernier en aurait probablement fait don à une église située près de la ville de Mekele, dans le nord de l’Éthiopie.

Jacopo Gnisci, un chercheur à l’Université d’Oxford qui a examiné l’objet et confirmé son authenticité, estime qu’il existe dans le monde moins d’une trentaine de ces couronnes, appelées « zewd ».

« Nous sommes honorés et ravis d’avoir pu contribuer à la restitution légitime » de cette couronne, a déclaré dans un communiqué Mme Kaag.

M. Abiy a remercié en retour le gouvernement néerlandais pour sa coopération, selon la radio-télévision Fana BC, proche du pouvoir éthiopien.

La couronne a commencé à être exposée jeudi au musée national à Addis Abeba.

Togo: Faure Gnassingbé vers un quatrième mandat présidentiel

Quelque 3,6 millions d’électeurs togolais sont appelés aux urnes samedi, pour une élection présidentielle qui devrait reconduire pour un quatrième mandat Faure Gnassingbé, dont la famille est à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest depuis plus d’un demi-siècle.

Le chef de l’Etat s’est dit « serein et confiant » de remporter le scrutin dès le premier tour, et devrait être réélu, sans grande surprise face à une opposition réprimée et divisée.

Les scènes de liesse lors de ses meetings, notamment dans le nord, sont davantage la preuve d’un appareil d’Etat et d’un parti au pouvoir bien en place sur le territoire, que d’un véritable engouement populaire pour une élection sans grand suspense.

« Tous les responsables locaux sont d’Unir », le parti au pouvoir, explique à l’AFP un cadre associatif de Dapaong, dans l’extrême nord du pays. « Dire non à Unir, c’est refuser de manger », selon lui.

La campagne ne passionne pas les 7,8 millions de Togolais, et, sans les affiches électorales qui parsèment le pays, il serait difficile d’imaginer que la présidentielle est dans quelques jours à peine.

Faure Gnassingbé a d’abord été installé au pouvoir par l’armée le 5 février 2005 quelques heures après la mort de son père, qui a lui-même dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

Il a ensuite été élu la même année dans un scrutin contesté par l’opposition et marqué par 400 à 500 morts, selon l’ONU.

« Quand j’ai succédé à mon père, les conditions dans lesquelles ça s’est fait, c’est sûr que c’est un peu comme le péché originel parce que c’est l’armée qui a pris cette décision », a-t-il reconnu dans un entretien accordé à l’AFP et au journal Le Monde, avant d’ajouter: « Entre temps je me suis retiré (…) et nous avons organisé des élections ».

L’opposition et la société civile n’ont cessé de dénoncer un régime autoritaire, des arrestations arbitraires et l’absence d’alternance démocratique: des critiques « exagérées », selon le chef de l’Etat, qui a expliqué ne pas sentir « l’âme d’un dictateur ».

Lors de cette quatrième campagne électorale, « Faure », tel qu’il est surnommé au Togo, a voulu se poser en « réconciliateur » d’un pays divisé après des années de crise politique.

Des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes, sont descendues dans les rues entre 2017 et 2018 pour demander sa démission, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution, lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

– +Perplexes et dubitatifs+ –

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et c’est sur un front divisé que se présenteront samedi six candidats face au chef de l’Etat.

Le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) pourrait se trouver chahuté par l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui a enlevé de nombreux soutiens ces derniers mois, dont celui de l’ancien archevêque de Lomé.

Les candidats de l’opposition ont toutefois prévenu qu’ils s’uniraient pour faire barrage à Faure Gnassingbé en cas de second tour, mais ce scenario paraît plutôt improbable, selon les observateurs.

En effet, un grand nombre de Togolais de l’opposition ne croient plus à une vraie alternance démocratique par les urnes.

Plusieurs partis ont décidé de boycotter le scrutin. C’est le cas du Parti national panafricain (PNP), à l’origine des manifestations de 2017 et dont des dizaines de militants ont été arrêtés, ou du Parti des Togolais de Nathaniel Olympio, qui affirme que « les conditions actuelles ne permettent pas la tenue d’un scrutin libre et transparent ».

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral, s’ajoutant aux 9.000 observateurs du conseil épiscopal Justice et Paix qui n’ont pas non plus été autorisés à surveiller le vote.

« Cela nous laisse vraiment perplexes et dubitatifs sur l’issue de ce scrutin », a regretté David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD).

Le président sortant reste néanmoins soutenu par nombre de ses pairs ouest-africains et la communauté internationale.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

« Faure » peut s’appuyer sur une armée disciplinée et des services de renseignement efficaces, formés notamment par des Israéliens.

Sur le plan du développement, il a lancé un vaste projet d’électrification et la réfection de 4.000 km de pistes pour désenclaver les zones rurales.

Toutefois, la majorité de la population vit toujours dans une grande pauvreté. Et sa promesse de créer « plus de 500.000 emplois » semble difficilement réalisable, faute de tissu industriel.

Coronavirus: un premier mort en Corée du Sud, plus de 100 personnes contaminées

Une première personne atteinte du nouveau coronavirus est morte en Corée du sud où le nombre des personnes contaminées a doublé au cours des dernières 24 heures, passant à une centaine, ont annoncé jeudi les autorités.

Dans la seule ville de Daegu, la quatrième plus grande de Corée du Sud avec plus de 2,5 millions d’habitants, près de 50 victimes d’une transmission massive de la maladie ont été recensées.

Une femme de 61 ans membre de la secte chrétienne « l’Eglise Shincheonji de Jésus », ignorant avoir contracté la pneumonie virale, est en effet soupçonnée d’avoir contaminé à elle seule une quarantaine de personnes, notamment en assistant à des offices religieux.

Après avoir eu de la fièvre le 10 février, elle a refusé à deux reprises de se soumettre à un test de dépistage du nouveau coronavirus au prétexte qu’elle n’était pas récemment allée à l’étranger.

Elle a ensuite assisté à au moins quatre offices avant d’être diagnostiquée porteuse du virus. La municipalité de Daegu a fait savoir que 1.001 fidèles de l’Eglise Shincheonji de Jésus pourraient avoir assisté aux mêmes offices qu’elle.

Cette secte affirme que son fondateur Lee Man-hee a endossé les habits de Jésus Christ et emmènera au paradis 144.000 personnes le jour du Jugement dernier.

L’Eglise Shincheonji a fermé toutes ses structures en Corée du sud et s’est dite, dans un communiqué, « [désolée] que l’un de nos membres, qui considérait avoir un rhume parce qu’il ne s’était pas rendu l’étranger, ait contaminé de nombreux membres de notre église, suscitant l’inquiétude au sein de la communauté locale ».

Le commandement de la garnison de l’armée américaine installé à Daegu – qui rassemble un total d’environ 10.000 personnes – a quant à lui restreint ses accès et ordonné aux militaires ayant assisté aux offices de l’Eglise Shincheonji de Jésus de rester en quarantaine.

Par mesure de précaution, les services d’urgence de quatre hôpitaux de la ville ont été fermés, a dit un responsable de la municipalité, tandis que le maire de Daegu, Kwon Young-jin, a appelé la population à demeurer chez elle.

Non loin de Daegu, dans le Comté de Cheongdo, à 320 kilomètres au sud de Séoul, un homme d’une soixantaine d’années est mort mercredi des suites de la maladie – il a été testé positif au coronavirus au lendemain de son décès -, a expliqué le centre coréen de contrôle et de prévention des maladies.

Il faisait partie d’un groupe de quinze personnes contaminées – des patients et des membres du personnel – dans un seul hôpital.

51 nouveaux cas ont été signalés en 24 heures en Corée du Sud, ce qui y porte à 104 le nombre total des personnes ayant contracté la maladie.

Holocauste: le Vatican s’apprête à ouvrir les archives sur Pie XII

Une centaine d’historiens s’apprêtent à plonger dans les archives que le Vatican ouvrira le 2 mars sur Pie XII, le pape le plus controversé de l’Histoire, critiqué pour n’avoir jamais condamné publiquement l’Holocauste nazi.

Il s’agit d’un moment « décisif pour l’histoire contemporaine de l’Eglise et du monde », a expliqué jeudi à la presse le cardinal Tolentino de Mendonça, archiviste et bibliothécaire de la Sainte Eglise romaine.

Le prélat a souhaité que l’attention ne se concentre pas uniquement sur l’Holocauste, mais aussi sur « la tumultueuse période de l’après-guerre avec l’opposition croissante entre deux blocs », communiste et occidental.

Décidée en mars 2019, la mise à disposition de ces documents doit permettre de répondre à la controverse sur Pie XII (1939-1958), une polémique qui a commencée tardivement dans les années 60. Et notamment à déterminer si le chef de l’Eglise catholique pendant la Seconde guerre mondiale, un ancien diplomate du Saint-Siège en Allemagne mâtiné de prudence, a été trop silencieux et passif, face à la promulgation de lois raciales en Europe et au pire génocide de l’Histoire.

Une prise de parole publique condamnant explicitement les agissements des nazis, parlant des lois raciales et de l’extermination des Juifs, aurait-elle pu influencer les catholiques allemands et changé le cours de l’Histoire ?

Les détracteurs du Pie XII le pensent. Ses soutiens arguent que des déclarations tonitruantes d’un pape, encerclé dans le Vatican par les nazis puis les fascistes italiens, auraient mis en danger les catholiques en Europe.

La polémique a donné naissance à des dizaines d’ouvrages, dont des best-sellers ravageurs allant jusqu’à parler du « pape d’Hitler » (John Cornwell en 1999).

– Une « histoire grise » –

Pour le grand rabbin de Rome, Riccardo di Segni, « l’histoire de Pie XII n’est pas +une légende noire+ mais plutôt grise ».

Dans un texte diffusé par la presse italienne, il estime que « les historiens devront travailler comme s’ils étaient dans une chambre stérile et isolée, libres de tout préjugé et influence ». Même s’il pense qu’il s’agit d’une utopie, tant le sujet est accaparé d’un côté par des défenseurs à tout crin de Pie XII, de l’autre par des accusateurs inflexibles.

Cent cinquante chercheurs du monde entier ont déjà demandé l’accès aux seules « archives apostoliques » centrales du Vatican (ex-« archives secrètes »), a précisé jeudi Mgr Sergio Pagano, qui chapeaute cette section, mettant à disposition 121 fonds documentaires et 20.000 fascicules sur Pie XII.

Les premiers servis seront des experts du musée-mémorial américain de l’holocauste et des représentants de la communauté juive de Rome, précise-t-il. Les chercheurs se disputeront une vingtaine de places pendant ce qui sera « une année chargée », a-t-il reconnu.

Mais des dizaines d’autres consulteront les autres archives significatives du Saint-Siège. Par exemple, les archives de la Congrégation pour la doctrine de la foi (ex-Inquisition).

Selon son archiviste Mgr Alejandro Cifres Giménez, 200 mètres d’étagères abritant 1.749 fascicules sont consacrés aux 19 ans de pontificat de Pie XII. Consultables dans une salle de lecture de 14 places.

Johan Ickx, des archives historiques de la Secrétairerie d’Etat (gouvernement central) portant sur les relations diplomatiques avec d’autres Etats proposera « 1,3 million de documents numérisés et répertoriés, pour aider les chercheurs à aller vite », une nouveauté. Les historiens pourront par exemple trouver des documents sur les contacts entre le nonce (ambassadeur du Saint-Siège) à Berlin et les autorités allemandes.

« Il faudra des années pour examiner tous ces dossiers et émettre un jugement historique », estime Mgr Pagano, qui glisse néanmoins que « rien de surprenant n’a émergé », la période de la Seconde guerre mondiale ayant déjà été grandement dévoilée par l’Eglise en 1981.

Il redoute en revanche les amateurs de « scoops » friands des conclusions à l’emporte-pièce.

Vatican oblige, quelques documents de la période resteront secrets, comme les archives documentant le conclave – l’élection du pape – ou les procès à l’encontre d’évêques pendant son pontificat, qui fut le plus long du 20ème siècle après celui de Jean Paul II. Enfouis à l’abri des regards dans le bunker des archives du Vatican, qui abrite 85 kms d’étagères.

Lesotho: à la veille de son inculpation pour meurtre le Premier ministre annonce sa démission prochaine

Le Premier ministre du Lesotho, Thomas Thabane, sera inculpé vendredi, selon la police, du meurtre de sa précédente épouse, dernier rebondissement dans cette affaire qui empoisonne le sommet de l’Etat et a contraint jeudi le chef de gouvernement à annoncer sa démission d’ici « fin juillet ».

Le 14 juin 2017, Lipolelo Thabane, âgée de 58 ans, était assassinée alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru. Ce crime était intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Lors de sa prise de fonctions, le 16 juin 2017, Thomas Thabane était assis aux côtés de celle qui allait devenir deux mois plus tard son épouse, Maesaiah.

L’enquête sur le meurtre de Lipolelo Thabane a piétiné pendant deux ans. Mais depuis quelques semaines, c’est coup de théâtre sur coup de théâtre dans le petit royaume d’Afrique australe à l’histoire politique instable.

Début février, Maesaiah Thabane, 43 ans, a été inculpée du meurtre de sa rivale. Vendredi, ce sera au tour du Premier ministre, 80 ans, d’être inculpé de meurtre dans cette affaire, selon la police.

« Il a été convenu avec son avocat qu’il (Thomas Thabane) comparaîtra devant la justice demain (vendredi) et sera formellement inculpé » du « meurtre » de Lipolelo Thabane, a déclaré jeudi le numéro deux de la police Paseka Mokete, à l’AFP.

« Cela ne signifie pas nécessairement qu’il était présent (sur le lieu du crime, NDLR) mais qu’il agissait de concert » avec le ou les meurtriers, a-t-il ajouté.

Au même moment jeudi, Thomas Thabane, sous la pression depuis des semaines de son parti, a annoncé sa démission au plus tard le 31 juillet.

« Je quitterai effectivement le poste de Premier ministre à la fin juillet de cette année ou plus tôt si les préparatifs nécessaires à mon départ sont terminés », a-t-il déclaré sur la radio publique.

« Au-delà de cette date, je serai disponible pour donner des conseils à mon successeur », a-t-il ajouté.

– Ultimatum –

L’annonce de son départ n’est pas une grande surprise puisque mi-janvier, Thomas Thabane avait prévenu qu’il démissionnerait à une date qui restait encore à préciser. Il avait justifié sa décision par son âge avancé.

La réalité est que son parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), fatigué par cette affaire, le presse depuis des semaines de partir. Lundi, l’ABC a même frappé du poing sur la table en lui ordonnant de démissionner d’ici jeudi. Un ultimatum que le Premier ministre a donc ignoré.

La population du Lesotho, pays enclavé dans l’Afrique du Sud, s’est dite abasourdie par l’annonce de Thomas Thabane.

« Cela défie tout logique qu’il veuille rester au pouvoir malgré la controverse », a réagi une vendeuse de rue dans la capitale, Malefa Mpobole, âgée de 52 ans.

« Ce vieil homme devrait partir tant qu’il peut encore le faire. Il nous a déçus (…). Il devrait partir, avec sa femme », a estimé une autre habitante de Maseru, Lenka Ntjabane, 43 ans.

En janvier, la police avait interrogé le chef du gouvernement dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de de sa précédente épouse.

Dans une déclaration sous serment transmise à la justice, le chef de la police Holomo Molibeli avait accusé Thomas Thabane d’être « impliqué » dans le crime. Il avait fait état d’un appel téléphonique suspicieux localisé à l’endroit du meurtre et passé depuis le téléphone portable du Premier ministre.

Afrique du Sud: le président Ramaphosa dénonce les propos de l’ex-président De Klerk sur l’apartheid

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a qualifié jeudi de « trahison » les déclarations du dernier président sud-africain du régime de l’apartheid, Frederik De Klerk, niant que ce système ségrégationniste soit un crime contre l’humanité.

« L’apartheid est un crime contre l’humanité. C’était un crime contre le peuple opprimé de l’Afrique du Sud avant même d’être déclaré tel par les Nations unies », a dit M. Ramaphosa devant le Parlement, suscitant des applaudissements nourris. « J’irais même jusqu’à dire que, de mon point de vue, le nier est une trahison ».

C’est la première fois que M. Ramaphosa s’exprimait sur le sujet depuis les commentaires faits par M. De Klerk la semaine dernière dans une interview à la radio-télévision publique SABC.

L’ex-président, qui a depuis fait son mea culpa, avait provoqué une vive polémique en « niant » la gravité de l’apartheid, tombé officiellement en 1994.

« L’idée que l’apartheid ait été un +crime contre l’humanité+ était et reste un projet de propagande lancé à l’initiative des Soviétiques et de leurs alliés de l’ANC (Congrès national africain, qui luttait contre le régime est est parvenu au pouvoir en 1994), et du Parti communiste pour stigmatiser les Sud-Africains blancs en les associant à de réels crimes contre l’humanité qui incluent généralement (…) le massacre de millions de personnes », avait-il affirmé.

Ces propos avaient déclenché une très vive polémique en Afrique du Sud, profondément meurtrie par des décennies de régime ségrégationniste où la majorité noire n’avait pas les mêmes droits que la minorité blanche.

Les parlementaires du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) avaient dénoncé la présence de M. De Klerk le 13 février dans l’hémicycle, lors du discours annuel de la nation du président Ramaphosa.

Pur produit du régime de l’apartheid, Frederik De Klerk en avait précipité la chute en libérant en 1990 Nelson Mandela, héros de la lutte contre ce régime et avec qui il a partagé le prix Nobel de la paix en 1993.

Arabie: Pompeo visite les troupes américaines lors d’une visite axée sur l’Iran

Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo a rendu visite aux troupes américaines stationnées en Arabie saoudite jeudi après s’être entretenu avec le roi Salmane au deuxième jour d’une visite focalisée sur les moyens de contrer l’Iran.

Les Etats-Unis ont envoyé des renforts militaires au Moyen-Orient et notamment en Arabie saoudite, sur la base aérienne Prince Sultan à environ 80 kilomètres au sud de la capitale saoudienne, après une série d’attaques dans le Golfe imputées à l’Iran par Washington et Ryad.

« La visite de Pompeo souligne la relation de longue date entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis en matière de sécurité et réaffirme la détermination de l’Amérique à se tenir aux côtés de l’Arabie saoudite face au comportement pernicieux de l’Iran », a indiqué le département d’Etat américain dans un communiqué.

« En réponse aux attaques et à la demande de l’Arabie saoudite, les Etats-Unis ont déployé un (système de) défense antimissile et des avions de combat dans le cadre d’une mission défensive de dissuasion pour protéger (le royaume) contre toute future attaque », selon le texte.

Cette visite de trois jours de M. Pompeo en Arabie saoudite, allié majeur des Etats-Unis dans la région, intervient plus d’un mois après un pic de tensions entre Washington et Téhéran consécutif à la mort du puissant général iranien Qassem Soleimani dans une frappe américaine à Bagdad le 3 janvier.

Les tensions se sont ensuite accrues après des frappes iraniennes sur deux bases abritant des soldats américains en Irak, faisant craindre à des pays du Golfe des représailles iraniennes en raison de la présence de troupes américaines sur leur sol.

Les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran, croissantes depuis le retrait unilatéral de Washington en mai 2018 de l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015, avaient déjà atteint un pic l’année dernière après des attaques de tankers dans le Golfe et d’infrastructures pétrolières en Arabie saoudite imputées à Téhéran par Washington et Ryad. L’Iran a nié toute implication.

En Arabie saoudite, Mike Pompeo devait aussi rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du pays, et le ministre de la Défense, le prince Khaled ben Salmane.

M. Pompeo avait affirmé vouloir évoquer lors de sa visite des questions économiques mais aussi la question des droits humains en Arabie saoudite, pays sous le feu des critiques des ONG en raison de la répression contre les militants et opposants.

Syrie: 170.000 civils vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés

Près de 170.000 civils contraints de fuir les bombardements du régime dans le nord-ouest de la Syrie vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés, a affirmé jeudi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).

Environ 900.000 personnes -dont ces 170.000 personnes-, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont fui les violences depuis début décembre dans la région d’Idleb et ses environs, où les forces gouvernementales et leur allié russe ont repris leur offensive contre les rebelles et les jihadistes, selon l’ONU.

Jamais le pays, en guerre depuis 2011, n’a connu un tel exode sur une période aussi courte. Au total, le conflit syrien a poussé à l’exil des millions de civils et tué plus de 380.000 personnes.

La crise est d’autant plus préoccupante que cette récente vague de déplacements survient en plein hiver avec des températures passant sous le seuil de zéro degré et de la neige dans certaines régions près de la frontière turque.

« Les conditions hivernales très difficiles aggravent la souffrance de ces personnes vulnérables qui ont fui leur maison pour échapper aux violences, la plupart d’entre elles ayant été déplacées de nombreuses fois en neuf ans de conflit », selon l’ONU.

Dans son dernier communiqué jeudi, l’Ocha estime que « près de 170.000 de ceux qui ont été récemment déplacés vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés ».

Selon cet organisme de l’ONU, les camps accueillant une partie des autres déplacés sont bondés et de nombreuses familles doivent mettre leurs tentes sur des terrains avec aucun accès à des services de base comme des toilettes.

Dénonçant une violence « aveugle » dans le nord-ouest du pays, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires Mark Lowcock avait appelé plus tôt cette semaine à un cessez-le-feu pour éviter une catastrophe humanitaire.

Mais mercredi, la Russie s’est opposée à l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une déclaration réclamant une cessation des hostilités et le respect du droit international humanitaire dans cette région, selon des sources diplomatiques.

L’ONU a appelé la Turquie voisine à accueillir ces déplacés, mais ce pays qui accueille déjà quelque 3,7 millions de Syriens depuis 2011 veut éviter un nouvel afflux.

Lesotho: le Premier ministre sera inculpé vendredi pour le meurtre de sa précédente épouse (police)

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane sera inculpé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, tuée en 2017 dans la capitale Maseru, a annoncé à l’AFP jeudi le numéro deux de la police de ce petit royaume d’Afrique australe.

De son côté, le chef de gouvernement, sous la pression de son parti pour démissionner, a déclaré jeudi qu’il allait quitter ses fonctions « d’ici la fin juillet ».

Cette annonce du Premier ministre a coïncidé avec celle du numéro deux de la police, Paseka Mokete. « Demain matin (vendredi), il a été convenu avec son avocat qu’il (Thomas Thabane) comparaîtra devant la justice et sera formellement inculpé » du « meurtre » de Lipolelo Thabane, sa précédente épouse, a déclaré Paseka Mokete.

« Cela ne signifie pas nécessairement qu’il était présent (au moment du crime), mais qu’il agissait de concert » avec le ou les meurtriers, a-t-il ajouté.

Le 14 juin 2017, Lipolelo Thabane, âgée de 58 ans, avait été assassinée alors qu’elle rentrait chez elle en voiture à Maseru. Ce crime était intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Ce meurtre déstabilise le sommet de l’Etat depuis quelques semaines.

Début février de cette année, l’épouse actuelle du Premier ministre, Maesaiah Thabane, a été inculpée du meurtre de sa rivale. Et le parti au pouvoir, la Convention de tous les Basotho (ABC), a lancé lundi un ultimatum au Premier ministre pour qu’il démissionne d’ici à jeudi.

Thomas Thabane, âgé de 80 ans, a annoncé jeudi qu’il quitterait son poste « à la fin juillet ».

« J’espère que les prochains mois où j’occuperai mon poste donneront suffisamment de temps au parlement et à mon parti pour travailler aux dispositions nécessaires pour la transition », a déclaré le Premier ministre dans une adresse diffusée sur la radio publique.

Cette annonce n’est pas une grande surprise puisque mi-janvier, Thomas Thabane avait prévu qu’il démissionnerait à une date qui restait à préciser.

Après un bras de fer au sommet, la Tunisie pourrait enfin avoir un gouvernement

Une nouvelle mouture du gouvernement a été dévoilée tard mercredi soir par le Premier ministre Elyes Fakhfakh en Tunisie, écartant a priori le spectre de nouvelles élections, au terme d’un bras de fer entre le président Kais Saied et le parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

M. Fakhfakh a présenté une liste remaniée par rapport à celle dévoilée quatre jours plus tôt et qui avait été rejetée par Ennahdha. Première force du Parlement avec 54 sièges, cette formation obtient sept portefeuilles mais pas ceux qu’elle escomptait.

Conséquence: plus de quatre mois après la fin des élections, la jeune démocratie tunisienne pourrait enfin être dotée, prochainement, d’un nouveau gouvernement, à la faveur d’un vote à l’Assemblée, où il devra décrocher la majorité de 109 voix (sur 217 sièges).

Quand précisément? Mercredi soir, le chef de l’Etat a adressé un courrier au président du Parlement pour lui demander de fixer une date pour la plénière. Le bureau du Parlement doit se réunir dans les 48 heures après réception de cette correspondance et fixer la date dans un délai ne dépassant par une semaine.

« Enfin, le dénouement! », a titré jeudi le quotidien francophone La Presse, sûr de son fait malgré les multiples rebondissements des derniers mois.

« Si on se réfère aux déclarations des différents partis, il y a une intention d’accorder la confiance », a dit à l’AFP le politologue Selim Kharrat.

– « Tout à fait démocratique » –

Mercredi soir, face aux blocages, des négociations intenses ont continué jusqu’à la dernière minute, avec l’aide de la puissante centrale syndicale UGTT -un médiateur historique-, et l’organisation patronale Utica.

« La période des concertations, malgré ses difficultés et sa complexité, s’est déroulée de façon tout à fait démocratique », a commenté Elyes Fakhfakh.

Alors qu’Ennahdha avait soutenu Kais Saied au second tour de la présidentielle à l’automne dernier, les négociations de l’hiver ont mis au jour de profondes divergences entre les principaux acteurs de la politique tunisienne, tous deux désireux d' »imposer leurs orientations », selon Abdellatif Hannachi, professeur d’histoire contemporaine.

Néophyte en politique mais élu avec un très confortable score, Kaies Saied est un spécialiste du droit constitutionnel très critique du système parlementaire partisan. Il défend notamment une décentralisation radicale du pouvoir.

M. Ghannouchi, lui, est une figure de la classe politique aux commandes depuis la révolution de 2011, qui a toutefois vu son poids électoral s’éroder.

Par pur pragmatisme, il a accédé à la présidence de l’Assemblée (ARP) à la faveur d’une alliance avec son principal adversaire électoral, Qalb Tounes, mené par le sulfureux magnat des médias Nabil Karoui.

– « Lutte pour le pouvoir » –

Dans leur bras de fer, MM. Saied et Ghannouchi ont argué « d’interprétations différentes de la Constitution. Mais, au fond, c’est une lutte pour le pouvoir », avait relevé mardi le quotidien Chourouk.

Saluée lors de son adoption en 2014 comme une avancée majeure sur le chemin de la démocratie, la Constitution tunisienne a en effet donné naissance à un régime hybride, ni parlementaire ni présidentiel, prompt à ce type de blocage.

Au final, si Ennahdha a obtenu sept ministères dans la dernière mouture du gouvernement, il n’a pas eu ceux escomptés, notamment l’Intérieur et la Justice.

Durant le week-end, la formation d’inspiration islamiste avait évoqué une démission de M. Fakhfakh ou une motion de censure contre le gouvernement sortant, deux options lui permettant de proposer une autre figure au poste de Premier ministre.

Mais Kais Saied avait coupé court lundi soir à ces plans, en assénant au passage devant les caméras un cours de droit à un Rached Ghannouchi mal à l’aise. Non sans avoir martelé que l’unique alternative à l’octroi de la confiance au gouvernement Fakhfakh était de se préparer à une dissolution de l’Assemblée.

Ennahdha a justifié mercredi soir sa volte-face par la nécessité de prendre « en considération la situation économique et sociale » du pays et le conflit en Libye voisine.

Les incertitudes politiques des derniers mois pénalisent une économie tunisienne à la fragilité chronique, en laissant de nombreux dossiers en suspens dont celui des négociations avec les bailleurs de fonds.

Quant aux Tunisiens, une décennie après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali, ils attendent toujours un gouvernement à même de s’attaquer aux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

Brésil: Bolsonaro repousse les limites du politiquement incorrect

Insultes à répétition, attaques misogynes à caractère sexuel: le président brésilien Jair Bolsonaro multiplie les dérapages que ses détracteurs jugent indignes de sa fonction.

Le chef de l’Etat a provoqué une vague d’indignation sans précédent mardi en insinuant qu’une journaliste du très respecté quotidien Folha de S. Paulo, Patricia Campos Mello, aurait tenté d’obtenir un scoop contre lui en échange de relations sexuelles avec sa source.

En termes de misogynie, Jair Bolsonaro n’en est pas à son coup d’essai. En août 2019, il s’en était pris au physique de Brigitte Macron, épouse du président français, qui l’avait vivement critiqué en raison de la recrudescence des feux de forêt en Amazonie.

« Il est de plus en plus évident que le président a besoin d’un traitement thérapeutique de toute urgence », a estimé Paulo Jeronimo de Sousa, président de l’Association Brésilienne de Presse (ABI), considérant les propos de Jair Bolsonaro « lâches » et « embarrassants ».

« Ce comportement misogyne est indigne de la fonction présidentielle et constitue un affront à la Constitution », a-t-il ajouté, réclamant que le procureur-général « prenne les mesures nécessaires » contre Jair Bolsonaro. Celui-ci avait été élu fin 2018 en se présentant comme un candidat antisystème et « politiquement incorrect ».

Ivar Hartmann, professeur de Droit à la Fondation Getulio Vargas (FGV) considère ces propos « déplorables », mais ne croit pas pour autant qu’ils puissent « entraîner des conséquences légales ».

– « Écran de fumée » –

La loi brésilienne prévoit que « porter atteinte à la dignité et l’honneur » de la fonction présidentielle est passible de destitution.

Mais pour qu’une procédure de destitution aboutisse, elle doit être approuvée par les trois cinquièmes des députés, ce que la plupart des analystes jugent peu probable dans le cas de Jair Bolsonaro.

« La gauche va sûrement argumenter que ces propos portent suffisamment atteinte à la dignité de la fonction pour motiver une destitution (…) mais je ne vois pas le Congrès disposé à aller jusque là », estime Ivar Hartmann.

Depuis le début du mois, le président brésilien a adressé deux bras d’honneur à la presse à Brasilia.

Rodrigo Maia, président de la Chambre des Députés, a tiré la sonnette d’alarme mercredi, craignant que l’agressivité du président n’envoie « un signal négatif aux investisseurs ».

« La présidence est contaminée par les incivilités, l’ignorance et le machisme abject de son occupant », a fustigé Folha de S. Paulo dans un éditorial mercredi.

Dans la chronique politique qu’elle signe au journal Estado de S. Paulo, la journaliste Vera Magalhaes a accusé M. Bolsonaro de « dégrader l’image de la fonction présidentielle pour créer un écran de fumée ».

Les agressions verbales du président sont ainsi vues comme un moyen de détourner l’attention de sujets sensibles.

En décembre, quand un journaliste lui a posé une question sur des accusations de corruption pesant contre son fils aîné, le sénateur Flavio Bolsonaro, il a répondu par un commentaire homophobe, lui lançant: « tu as une tête terrible d’homosexuel! ».

« Quand il n’est pas capable de fournir une réponse rationnelle, il répond avec des blagues, souvent offensantes, pour créer un écran de fumée », renchérit Ivar Hartmann, qui souligne que ce ton agressif « plaît au noyau dur de son électorat »

– « Grossièreté inacceptable » –

En ce moment, le sujet sensible pour la famille Bolsonaro est la mort du chef présumé d’une milice paramilitaire soupçonnée d’avoir orchestré l’assassinat de l’élue de gauche Marielle Franco il y a deux ans.

Ex-capitaine du Bope, bataillon d’élite de la police militaire de Rio de Janeiro, Adriano Magalhães da Nobrega avait été décoré en 2005 à l’initiative de Flavio Bolsonaro, qui avait par ailleurs embauché sa mère et son ex-épouse dans son cabinet.

Considéré comme un fugitif, l’ancien policier a été tué le 9 février dans l’Etat de Bahia (nord-est), lors d’une fusillade après avoir ouvert le feu sur les agents qui allaient l’arrêter, selon les autorités locales.

Mais Jair Bolsonaro a évoqué une « exécution sommaire » perpétrée selon lui par des policiers à la solde du gouverneur de gauche Rui Costa.

Lundi, une vingtaine de gouverneurs ont fait part de leur indignation, réclamant plus « d’équilibre, de sagesse et de dialogue » de la part du chef de l’Etat.

Mardi, l’ex-président de centre droit Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) a estimé que les insinuations de Jair Bolsonaro étaient d’une « grossièreté inacceptable ».

Même quand il n’attaque personne, le président brésilien parvient parfois à détourner l’attention avec des déclarations improbables teintées de vulgarité.

En août, il avait par exemple préconisé de « faire caca un jour sur deux » pour préserver l’environnement.

Israël annonce des milliers de nouveaux logements pour colons à Jérusalem-Est

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi la construction de milliers de nouveaux logements dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville, moins de deux semaines avant des législatives lors desquelles il joue sa survie politique.

« Nous ajoutons 2.200 logements à Har Homa », a déclaré le Premier ministre dans une vidéo diffusée par son bureau, dans laquelle il apparait à proximité de ladite colonie.

« J’ai fondé ce quartier en 1997 lorsque j’ai été élu Premier ministre, malgré les objections du monde entier », a-t-il ajouté. « Il y a aujourd’hui 40.000 habitants, et nous en ajoutons 10.000. Har Homa sera composée de 50.000 habitants, comme une ville israélienne moyenne ».

M. Netanyahu, en campagne pour les législatives du 2 mars, les troisièmes en moins d’un an, a aussi annoncé la construction de milliers de logements dans un autre secteur de la partie orientale de Jérusalem.

« Mais la nouvelle encore plus importante aujourd’hui est que j’ai approuvé la construction à Givat Hamatos. Cela signifie 4.000 nouveaux logements, 1.000 pour les habitants arabes de Beit Safafa (secteur palestinien à proximité, NDLR) et 3.000 pour des habitants juifs », a-t-il déclaré.

– « Jérusalem unifiée » –

« La construction à Givat Hamatos est un sérieux coup porté à la solution à deux Etats » (israélien et palestinien, NDLR), a estimé sur Twitter l’ONG israélienne anticolonisation « La paix maintenant ».

« C’est le dernier endroit qui permettrait une continuité territoriale entre Bethléem et Jérusalem-Est », a indiqué l’ONG.

Aujourd’hui, plus de 600.000 personnes habitent dans les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La colonisation de ces territoires, occupés depuis 1967 par Israël, s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion de M. Netanyahu et de son allié à Washington, le président Donald Trump.

Ce dernier a présenté fin janvier son plan pour le Proche-Orient qui prévoit notamment de faire de Jérusalem la capitale « indivisible » de l’Etat d’Israël et de créer une capitale d’un Etat palestinien dans des faubourgs de Jérusalem.

Les Palestiniens veulent faire de l’ensemble de Jérusalem-Est leur capitale et rejettent le projet américain, jugé « historique » par Israël.

« Nous connectons toutes les parties de Jérusalem unifiée, je lève toutes les restrictions et Jérusalem se construit avec nous », a ajouté M. Netanyahu jeudi.