Tchad : l’ancien chef des renseignements généraux arrêté

L’ancien chef rebelle Baba Laddé attend d’être édifié sur les raisons de son arrestation.

Au Tchad, deuxième nuit passée dans les locaux des services secrets pour l’ancien chef rebelle et ex-patron des services de renseignements généraux, le général Abdelkader Baba Laddé. Interpellé lundi 26 décembre, l’ancien maquisard qui a fait ses armes entre le nord de la Centrafrique et le sud du Tchad n’a toujours pas été notifié sur ce qui lui est reproché.

L’ancien chef rebelle peul tchadien, appréhendé à son domicile de Paris-Congo, dans le VIe arrondissement de N’Djamena, serait dans les locaux des services de renseignements, rapportent plusieurs sources locales. Il revenait d’un séjour à Dourbaly, à 95 kilomètres de la capitale où il a célébré la fête de la Nativité avec des chrétiens peuls.

Même si officiellement aucune raison n’est avancée pour expliquer cette interpellation, beaucoup d’observateurs estiment qu’elle est la conséquence d’une fiche que l’officier a envoyé à l’ambassadeur des États-Unis au Tchad et qui s’est retrouvée sur les réseaux sociaux.

Dans le document, Babba Laddé, met en garde les États-Unis, la France et leurs alliés contre un supposé projet d’agression de la part des partisans du président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, contre les ambassades de ces pays à Bangui.

Ancien chef rebelle, Abdelkader Mahamat avait été nommé chef des renseignements généraux par Mahamat Idriss Déby Itno, devenu président de la transition tchadienne depuis avril 2021, après la mort de son père Idriss Deby Itno dans le nord du pays à la suite d’une contre-offensive de l’armée contre les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT). Il a été démis de ses fonctions en février 2022.

Tchad: formation d’un collectif pour dénoncer une amnistie sélective

Composé de dix personnes issues de différents métiers de la société, ce collectif pense qu’il existe une politique de deux poids deux mesures dans l’application de l’amnistie générale.

 

Le mouvement de l’Action citoyenne pour l’application intégrale de l‘amnistie au Tchad demande l’application de l’amnistie générale pour tous les prisonniers politiques. La mesure a été décrétée en mai dernier par le président Idriss Déby pour l’ensemble des ex-rebelles, mais de nombreux prisonniers qui devaient en bénéficier sont toujours derrière les barreaux, selon ce collectif de la société civile.

Le collectif est composé de dix personnes issues de la société civile. Avocats, juristes, écrivains… tous dénoncent une amnistie sélective. Une dénonciation exprimée lors d’une conférence de presse, samedi 10 novembre, quelques jours après le retour de l’opposant historique Acheikh Ibn-Oumar qui a lui-même bénéficié d’une amnistie.

« Il y a ceux qui, au niveau de la diaspora, sont reçus avec tous les honneurs. Pendant ce temps, nous avons recensé, à ce jour, 73 personnes qui n’ont plus de raisons de rester en prison. Tous ceux qui répondent aux critères d’atteinte à l’intégrité de l’Etat doivent bénéficier automatiquement de l’amnistie sans autres conditions », souligne Jean Bosco Manga, porte-parole de l’Action citoyenne pour l’application intégrale de l’amnistie au Tchad (Acaiat).

Dans la liste du collectif, figure le cas d’Abdelkader Baba Laddé, ex-rebelle emprisonné depuis quatre ans. Cependant, pour le ministre de la Justice, Djimet Arabi, l’ordonnance 19 est claire. Il rappelle que seules les personnes poursuivies pour atteinte à l’intégrité de l’Etat peuvent bénéficier de l’amnistie.

« Baba Laddé est poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation. Je citerai l’incendie volontaire ou le viol, l’assassinat, la détention illégale d’armes. Certaines de ces infractions n’entrent pas immédiatement dans le cadre de cette loi d’amnistie », précise le ministre de la Justice.

Un comité technique a été mis en place par le ministère pour examiner au cas par cas ceux qui peuvent bénéficier de l’amnistie du chef de l’Etat.

Tchad : Baba Laddé transféré à N’Djamena pour être soigné et jugé

C’est qu’a annoncé le ministre tchadien de de la justice hier 16 aout lors d’une sortie médiatique.

 

L’ex-chef rebelle tchadien Abdelkader Baba Laddé, emprisonné depuis 2015 dans son pays, sera bientôt jugé, a indiqué le ministre de la Justice, indiquant qu’il serait transféré d’une prison du centre vers N’Djamena pour son jugement et des soins.

« Des dispositions sont déjà prises pour son évacuation sur N’Djamena pour des soins, et dans le même temps, son dossier est prêt pour un jugement », a indiqué jeudi à  le ministre de la Justice Djimet Arabi.

L’inquiétude était grandissante à propos de son état de santé, après son transfert d’une prison du nord du pays à une autre, à 300km de N’Djamena, selon le représentant tchadien de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Dobiang Assingar.

« Baba Laddé est très malade et vomit du sang dans son lieu de détention, à la maison d’arrêt de Moussoro », dans le centre-ouest du Tchad, a indiqué M. Assingar, qualifiant son état de santé de « critique ».

Entré en rébellion au Darfour en 1998, Baba Laddé – « père de la brousse » en peul – arrive en Centrafrique en 2008 où il disait vouloir « libérer les peuls », des éleveurs de bétail transhumants.

A l’époque, Baba Laddé était épaulé en Centrafrique par Ali Darassa, désormais chef d’un des principaux groupes armés qui sévissent dans les provinces centrafricaines, le groupe Union pour la paix en Centrafrique (UPC).

Revenu au Tchad en 2013 comme conseiller du Premier ministre, il s’exile à nouveau puis devient préfet du département de Grande Sido (sud) en 2014 avant d’être démis de ses fonctions et de se réfugier en Centrafrique.

Arrêté en décembre 2014 par les Casques bleus de la Minusca en Centrafrique, Baba Laddé a été extradé vers le Tchad en janvier 2015 et inculpé de dix chefs d’accusation dont détention illégale d’armes, association de malfaiteurs, incendie volontaire et viols.

 

 

Tchad: Abdelkader Baba Laddé est malade

L’ex-rebelle est dans un état de santé inquiétant depuis quelques semaines déjà. Il est actuellement en détention à la prison de Koro Toro.

 

Au Tchad, l’inquiétude monte au sujet de la santé de l’ancien rebelle, Abdelkader Baba Laddé. Emprisonné depuis trois ans suite à des poursuites pour plusieurs chefs d’accusation tels que détention illégale d’armes de guerre, rébellion, association de malfaiteurs, incendie volontaire et viol, le chef militaire ne parvient pas à rentrer dans la capitale pour se soigner.

Livré à la justice tchadienne le 2 janvier 2015 par la Centrafrique où il s’est réfugié après avoir échappé à une tentative d’arrestation des forces tchadiennes, Abdelkader Baba Laddé a été interné à Ndjamena, la capitale, puis transféré au bagne de Koro Toro, en plein désert.

Malade depuis plusieurs semaines, il a été déplacé à Moussoro, la ville la plus proche de la prison, où le médecin qu’il l’a examiné a sollicité des examens supplémentaires.

 

Maintien en détention

Dans une lettre au garde des Sceaux, le représentant de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), Dobian Assingar, s’inquiète de l’état de santé du prisonnier et s’interroge sur les raisons de son maintien en détention alors qu’une ordonnance du chef de l’Etat a amnistié tous les rebelles à l’occasion de la proclamation de la IVe République au mois de mai 2018.

De source judiciaire, l’administration pénitentiaire s’active à transférer l’ancien chef rebelle à un endroit où il pourra bénéficier des soins. La même source précise cependant que Baba Laddé ne peut bénéficier de l’amnistie du chef de l’Etat parce que certains chefs d’accusation pour lesquels il est poursuivi ne figurent pas dans l’ordonnance d’amnistie. Ce sera donc à la cour criminelle devant laquelle il comparaîtra de décider de son sort.