Tchad : le prochain Forum national devrait se tenir dans trois ans

Les travaux du deuxième Forum national inclusif se sont refermés hier dimanche 1er novembre. Clôturant les travaux, le chef de l’Etat Idriss Deby a estimé que les travaux du genre devraient se tenir tous les trois ans

« Une évaluation triennale est nécessaire pour faire le point des avancées et des éventuels écueils qui exigent des réponses adéquates » a proposé le Maréchal du Tchad, Idriss Deby Itno. Il a précisé que cette initiative permet de donner un souffle nouveau à la 4ème République. « Je peux affirmer, avec force et conviction, que la mission est accomplie », a déclaré le numéro du Tchad

Ainsi, le troisième Forum national inclusif devrait se tenir en 2023, soit un an de plus sur le deuxième. Le temps d’exécuter les résolutions adoptées par les participants. 28 résolutions ont été adoptées.

« La réussite de ces assises est à mettre au crédit de chacune et chacun de vous. Vous avez su vous surpasser et transcender les divers clivages pour l’intérêt supérieur de la Nation tchadienne », affirme le chef de l’Etat dans son discours. Il affirme qu’il a apprécié le climat des échanges et des débats qui a été parfaitement enveloppé de l’esprit de citoyenneté responsable, de partage d’idées et de « contradiction féconde ».

Tchad : le collectif des mouvements citoyens et artistes s’oppose à la 4ème République

Le collectif des mouvements citoyens et artistes, a organisé une conférence de presse ce vendredi 27 avril 2018, à la maison des médias du Tchad, pour une mobilisation citoyenne afin de dire non à la 4ème République.

Le porte-parole du mouvement citoyen Iyina, Nadjo Kaina, soutient que le but de cette mobilisation est de mener conjointement des actions dont l’objectif ultime est de faire sortir le peuple tchadien de la misère programmée et de permettre à chacun de prendre son destin en main. Selon lui, le peuple tchadien vit dans la souffrance et la désolation depuis des années. Il est manipulé par le parti au pouvoir : « compatriotes tchadiens, femmes, hommes et enfants, en bientôt 28 ans de règne du régime en place nous n’avons connu qu’injustice, déshonneur, aucune politique sociale crédible, la jeunesse est abandonnée à elle-même, vivant dans la précarité avec un avenir hypothéqué, l’inexistence d’une véritable politique d’orientation du système éducatif et de l’emploi, le non-respect du quota accordé aux femmes dans les instances de prises de décisions, les violations massives des droits humains, les coupures d’électricités et d’internet, non content de nous asservir le système en place dans une désinvolture totale, a d’abord organisé un forum d’une manière unilatérale et aujourd’hui cherche à valider cette forfaiture par une assemblée nationale illégitime », a-t-il expliqué.

L’artiste Ray’s Kim, quant à lui, déplore le fait que le gouvernement n’implique pas la population dans les prises de décisions. De son avis, prendre des décisions sans la population c’est être contre la population. « La jeunesse surtout, doit se sentir concerné par la chose publique, mais la jeunesse n’existe pas dans cette logique, alors qu’il y a des jeunes qui peuvent apporter une touche particulière dans le développement du Tchad », a-t-il ajouté. Il invite donc la jeunesse à se battre pour avoir sa place dans les instances de prises de décisions, afin de se faire respecter.

Grace Helta du Mouvement Citoyen Projet pour une Alternance Crédible au Tchad (PACT), appuyant Ray’s KIM, déclare que la jeunesse ne compte pas pour le régime au pouvoir, puisqu’il modifie la constitution comme bon le semble sans faire appel à elle. Selon elle, si la jeunesse est le fer de lance de la nation comme le dit si bien le chef de l’Etat tchadien, pourquoi l’écarter lorsqu’il s’agit de gérer la vie de la nation ? Elle appel les hommes et les femmes à l’unité pour faire entendre leur voix.

A la lueur de ses analyses et situations, les artistes engagés, activistes et membres citoyens, apportent leur soutien à la déclaration rendue publique du clergé catholique, affirment leur opposition au processus de changement de la constitution, demandent l’arrêt du processus de changement en cours, lancent un appel à toute la population tchadienne et particulièrement à la jeunesse de barrer la route à cette forfaiture, et sollicitent la communauté internationale pour une sortie de crise devant conduire à une alternance politique.

Répondant aux préoccupations des journalistes sur les questions des actions à entreprendre pour amener la population à dire non à la 4ème République et la manière dont il va se prendre pour le faire, le collectif des mouvements citoyens et artistes défend que cette conférence c’est pour prendre d’abord à témoin l’opinion nationale et internationale de sa position face au processus de la 4ème République, et non appeler la masse à sortir car la population tchadienne n’est pas encore préparée à sortir et à se défendre. « Notre rôle est de poser des jalons pour pouvoir dire non à travers les conférences, des regroupements dans les arrondissements. Nous sommes encore à l’état embryonnaire, nous ne sommes pas encore au niveau où il faut appeler la population à sortir pour manifester », a-t-il souligné.

Soutenant son slogan « ensemble nous pouvons », le collectif des mouvements citoyens et artistes, demande à chaque tchadien d’apporter sa pierre de contribution, au-delà des querelles et considérations afin de s’unir pour une cause juste et un combat réel. Les signataires sont : Nadjo Kaina, Moussa Aimé, Djigri parterre, Ray’s Kim Edm, Grace Helta, Abba Ngol, Makryst, N2A, Fattaall et Dam-zica.

“La machine de l’enrichissement illicite et immoral va cesser” Idriss Déby Itno

La nouvelle République du Tchad qui vient de démarrer définitivement, avec la promulgation de la loi constitutionnelle,  sera débarrassée de certaines pratiques indélicates a laissé entendre le Président.

Le président de la République donne le ton pour le combat tout enrichissement illicite et le détournement des biens de l’État. La 4e République est bâtie sur des valeurs fortes qui imposent des attitudes, des pratiques et des comportements nouveaux et vertueux orientent le président Idriss Déby Itno. Il estime que la maitrise du train de vie de l’État, la rigueur dans la gestion de la chose publique et l’assainissement des finances publiques doivent être au centre des priorités.

Le chef de l’État d’annoncer que, la lutte contre le détournement des deniers publics et la prévarication est un engagement qui doit être tenu contre vents et marées. « Le Gouvernement qui sera mis en place aura la mission première de mener une guerre sans merci contre toutes les formes de pratiques qui sapent le développement et compromettent le futur de la Nation » révèle le président.

Toutefois il reconnait que de nombreuses personnes ont bâti des fortunes importantes sur la base du détournement et de la corruption. Mais, le chef de l’État assure que cette machine de l’enrichissement illicite et immoral va cesser de fonctionner, quelles que soit sa marque et sa puissance. « La mise en place d’un pool judiciaire chargé de la répression des infractions économiques et financières qui est l’une des résolutions majeures du Forum National Inclusif est la traduction concrète de cet engagement. Ceux qui pensent toujours qu’ils ont le quitus de détourner allègrement et impunément les deniers publics seront sévèrement punis conformément à la loi en vigueur » prévient-il. Idriss Déby de conclure que : « tout travailleur doit, dorénavant, vivre de son salaire ».

Le Tchad entre dans sa quatrième République

La nouvelle Constitution tchadienne est entrée en vigueur le 04 Mai 2018. Elle accorde des pouvoirs renforcés à Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990.

Le président tchadien Idriss Déby a signé, vendredi 4 mai à N’Djamena, l’ordonnance portant création de la 4e République lors d’une cérémonie solennelle, affirmant qu’elle impliquait « des comportements nouveaux et vertueux ».

« L’entrée en vigueur effective de la nouvelle Constitution consacre la refondation de notre Nation qui se veut plus ambitieuse et plus forte« , a affirmé le chef de l’État qui, avec ce texte et la 4e République qu’il instaure, voit ses pouvoirs renforcés.

Critiquée par l’opposition, « la nouvelle Constitution qui entre dans sa phase matérielle est le parfait condensé des aspirations et attentes du peuple« , a cependant affirmé Idriss Déby. Selon lui, la nouvelle République « est bâtie sur des valeurs fortes qui imposent des attitudes, des pratiques et des comportements nouveaux et vertueux ».

Car « je reconnais volontiers que de nombreuses personnes ont bâti des fortunes importantes sur la base du détournement et de la corruption« , a-t-il dit, ajoutant : « Je vous assure, mes chers compatriotes, que cette machine de l’enrichissement illicite et immoral va cesser de fonctionner quelle que soit sa marque et sa puissance« .

Législatives en novembre 2018

Au pouvoir depuis 1990, le président Déby a par ailleurs demandé « le concours des partenaires financiers » pour organiser les élections législatives repoussées depuis 2015, dont il a confirmé qu’elles devaient bien se tenir en novembre 2018. Une date qu’il sera « difficile de tenir » sans l’aide de la communauté internationale, « étant donné la modicité de nos moyens », a-t-il affirmé.

Le président Déby a en outre décrété une « amnistie générale », invitant tous les Tchadiens, qui « pour une raison ou pour une autre ont quitté leur pays », à « rentrer dignement ».

L’entrée en vigueur de la 4e République a été précédée de la démission, jeudi, du Premier ministre Albert Pahimi Padacké et de son gouvernement, la nouvelle Constitution supprimant le poste de Premier ministre.

« Coup d’État consitutionnel »

Un recours en annulation contre le projet de loi constitutionnelle déposé mercredi par 26 députés de l’opposition tchadienne au Conseil constitutionnel a été rejeté.

Le leader de l’opposition, Saleh Kebzabo, a dénoncé vendredi dans un communiqué l’adoption de ce texte comme « un coup d’État constitutionnel contre la démocratie et le peuple tchadien », affirmant que « tous les pouvoirs [sont] désormais concentrés aux mains d’un seul homme ». Il a exhorté « la communauté internationale à sortir de son silence qui pourrait être considéré comme de la complicité » avec le président Déby.

L’opposition, des organisations de la société civile et l’Église catholique avaient demandé que la nouvelle Constitution soit adoptée par référendum et non par voie parlementaire. La plupart des députés de l’opposition avaient boycotté le vote du texte lundi à l’Assemblée.