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Présidentielle/Togo: l’opposition dénonce des « irrégularités » et veut croire en la victoire

Au lendemain de la présidentielle au Togo, le candidat de l'opposition Agbéyomé Kodjo a dénoncé des "irrégularités dans le scrutin"…

Au lendemain de la présidentielle au Togo, le candidat de l’opposition Agbéyomé Kodjo a dénoncé des « irrégularités dans le scrutin » et assure pouvoir gagner face au président sortant Faure Gnassingbé, en lice pour un quatrième mandat, et dont le parti garde un fort ancrage territorial.

L’outsider de l’opposition Agbéyomé Kodjo, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, a créé la surprise samedi soir, après le début du dépouillement, notamment à Lomé, la capitale, où il a largement devancé le parti historique de l’opposition, l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre.

Son domicile, ainsi que celui de son principal soutien, l’ancien archevêque de Lomé, Mgr Kpodzro, ont ensuite presque aussitôt été encerclés pendant quelques heures par les forces de l’ordre, qui ont affirmé vouloir garantir leur sécurité.

« Vu les dénonciations de fraudes qui ont émaillé ce scrutin, il est impossible au candidat sortant – le président Faure Gnassingbé – d’être élu au 1er tour », a déclaré M. Kodjo à la presse.

« J’ai la conviction que dans la semaine à venir, je dirigerai ce pays », a-t-il ajouté, dénonçant un scrutin « émaillé de nombreuses irrégularités ».

Le scrutin s’est déroulé samedi dans le calme, mais la société civile a recensé des bourrages d’urnes et des inversions de résultats.

Des délégués de l’opposition se sont également vus refuser les accès dans certains bureaux de vote et internet a été coupé par intermitence dans la capitale ou totalement dans certaines régions sensibles.

Ces incidents s’ajoutent au retrait d’accréditation de nombreux observateurs ainsi qu’à l’abandon du système de sécurisation électronique des résultats quelques jours avant le vote.

Aucun résultat officiel n’a été communiqué pour le moment, mais le candidat du Mouvement patriotique pour le développement et la démocratie (MPDD), M. Kodjo affirme avoir une large avance dans les régions Maritime (Sud) et Plateaux (centre-sud), être au coude à coude le parti au pouvoir Union pour la République (Unir) dans le centre et avoir réalisé de très bons scores dans les Savanes (nord).

Selon des informations obtenues par l’AFP, les régions nord et centre avaient connues peu d’engouement pour le vote, avec des bureaux de vote qui ont enregistré moins de 20% de participation à Sokodé, deuxième ville du pays, mais Unir y maintenait une légère avance.

– Siphonné l’opposition traditionnelle –

« Les résultats (de M. Kodjo) dans certains bureaux de vote de Lomé traditionnellement acquis à l’opposition ne sauraient parler pour tout le pays », affirme à l’AFP une source à la présidence.

« Unir a maintenu tous ses fiefs traditionnels et a fait mieux que par le passé partout y compris dans des zones difficiles au sud et à Lomé », ajoute cette même source, qui se félicite d’une campagne électorale proche du peuple.

Les résultats officiels étaient attendus en début de semaine, mais pourraient être annoncés dès dimanche soir, selon des informations obtenues par l’AFP.

Une chose est certaine, c’est que M. Kodjo a en effet siphonné les voix de l’opposition traditionnelle de l’ANC, qui a d’ailleurs reconnu sa défaite dès samedi soir, par un bref communiqué.

C’est un coup de massue pour son leader Jean-Pierre Fabre, rival historique du chef de l’Etat, à qui on reproche de ne pas avoir su tirer profit des manifestations monstres de 2017-2018 où des dizaines de milliers de personnes sont régulièrement descendues dans les rues pour demander la démission de « Faure ».

« Vous avez vu non, on a donné nos votes à Agbeyome. C’est un vote sanction pour Fabre. On l’a soutenu en 2005, en 2010, en 2015 et il nous a trahi », déclaraient des électeurs surexcités à Bè, quartier de Lomé acquis à l’opposition.

Les candidats de l’opposition avaient assuré qu’ils s’allieraient en cas de second tour pour faire barrage au président sortant, mais aucun n’a fait de déclaration officielle dans ce sens depuis la fermeture des bureaux de vote.

La possibilité d’un second tour, si aucun des candidats n’obtient de majorité, pourrait être préjudiciable pour Faure Gnassingbé, mais ce scénario reste peu probable dans un pays où le parti au pouvoir garde un ancrage extrêmement important à tous les postes administratifs et au sein du pouvoir traditionnel.

« Dire non à Unir, c’est refuser de manger », expliquait à l’AFP un cadre associatif de Dapaong, dans l’extrême nord du pays, pendant la campagne.

Dimanche, la situation était calme dans la capitale, les habitants se rendaient à l’église comme à l’accoutumée, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Faure Gnassingbé a été propulsé au pouvoir par l’armée en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans.

Il a ensuite remporté les élections de 2005, 2010 et 2015 dans des scrutins contestés par l’opposition.

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